L’homélie de Mgr Charles Pope en ce 21ᵉ dimanche de temps ordinaire ; L’Évangile d’aujourd’hui présente le fondement biblique de la fonction de Pierre, la fonction de la papauté, car les successeurs de Pierre sont les papes.
Le mot « pape » est simplement une version française du mot « papa« . En italien et en espagnol, le pape est affectueusement appelé « Papa » pour indiquer qu’il est le père de la famille, l’Église.
Examinons les fondements de la fonction de Pierre en trois étapes.
I. L’enquête qui illustre – Le texte dit que Jésus se rendit dans la région de Césarée de Philippe et qu’il demanda à ses disciples : « Qui dit-on que le Fils de l’homme est ? » Ils répondirent :
Ils répondirent :
« Les uns disent Jean le Baptiste, d’autres Élie, d’autres encore Jérémie ou l’un des prophètes.«
Il leur dit :
« Mais vous, qui dites-vous que je suis ?«
En posant ces questions, Jésus n’est pas simplement curieux de savoir ce que les gens pensent de lui. Il semble plutôt utiliser ces questions comme un moyen d’enseigner aux apôtres (et à nous) comment la vérité est révélée et garantie de manière adéquate.
Les deux premières questions de Jésus révèlent l’inadéquation de deux méthodes courantes :
- Le sondage – Jésus demande que les foules disent qu’il est. À l’époque moderne, nous aimons faire des sondages ; beaucoup accordent beaucoup d’importance aux résultats. De nombreuses personnes, dont des catholiques, aiment à souligner que x% des catholiques pensent ceci ou cela à propos de certains enseignements moraux, doctrines ou disciplines. Leur position est que si plus de 50 % des catholiques croient quelque chose, cela doit être vrai, et donc l’Église doit changer son enseignement.
Comme le montre clairement l’Évangile d’aujourd’hui, un sondage ne donne pas nécessairement la vérité. En fait, dans ce cas, toutes les affirmations de la foule étaient fausses. Jésus n’est ni Jean-Baptiste, ni Élie, ni Jérémie, ni l’un des prophètes redivivisés. Ainsi, diriger l’Église par le biais de sondages ne semble pas être un modèle qui fonctionne.
- Le groupe d’experts – Jésus se tourne maintenant vers un groupe d’experts, un « comité d’experts« , si l’on veut. Il demande aux douze : « Qui dites-vous que je suis ?« . Jésus est accueilli par un silence. Peut-être regardaient-ils autour d’eux comme des élèves nerveux dans une salle de classe, ne voulant pas répondre de peur de passer pour des imbéciles. La politique du groupe ne conduit pas à la vérité, mais à une sorte de silence intéressé et politiquement correct.
Pierre finit par prendre la parole, mais comme Jésus le soulignera, il ne le fait pas parce qu’il est membre du groupe, mais pour une toute autre raison.
Le comité d’experts n’est donc pas en mesure d’exposer la vérité religieuse sur l’identité de Jésus.
En posant ce genre de questions, Jésus instruit par le biais de l’enquête. Les sondages et les comités d’experts ne permettent pas d’obtenir la vérité absolue sur son identité. Tout ce que nous avons, ce sont des opinions ou un silence politiquement correct. Après avoir exposé cette insuffisance, l’Évangile s’attache maintenant à décrire le plan de Dieu qui consiste à exposer de manière adéquate les vérités de la foi.
Le texte dit : Simon Pierre répondit :
« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant« .
Jésus lui répondit :
« Tu es heureux, Simon, fils de Jonas. Car ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père céleste.«
Il nous est enseigné ici non seulement que Pierre a parlé, mais aussi comment il a connu la vérité. Jésus est très clair pour nous enseigner que Pierre a parlé avec raison, non pas parce qu’il était le plus intelligent (il ne l’était probablement pas), ou parce que quelqu’un d’autre le lui a dit (Jésus est clair sur le fait que la chair et le sang ne lui ont pas révélé cela), ou parce qu’il a deviné et qu’il a obtenu par hasard la bonne réponse. Jésus enseigne que Pierre a connu la vérité et l’a dite parce que Dieu le Père la lui a révélée. Dieu le Père a inspiré Pierre. Il y a une sorte d’onction à l’œuvre ici.
La méthodologie de Dieu, lorsqu’il s’agit de révéler et de garantir de manière adéquate les vérités de la foi, est d’oindre Pierre.
Ce ne sont pas des sondages ou des panels que Dieu utilise, c’est Pierre.
Bien que des vérités puissent émerger dans l’Église au sens large, reflétant ce qui est révélé, seuls Pierre et ses successeurs peuvent définitivement énoncer des points de vue dont la vérité est garantie de manière adéquate. Ainsi, les autres apôtres ne sont pas écartés par Dieu, mais il oint Pierre pour les unir et donner une déclaration solennelle à ce qu’ils ont vu et entendu.
Le Catéchisme dit ceci de Pierre et de ses successeurs, les papes :
Lorsque le Christ a institué les Douze, il les a constitués sous la forme d’un collège ou d’une assemblée permanente, à la tête de laquelle il a placé Pierre, choisi parmi eux ….. Le Seigneur a fait de Simon seul, qu’il a appelé Pierre, le « roc » de son Église. Il lui a donné les clés de son Église et l’a institué pasteur de tout le troupeau. La fonction de lier et de délier, qui a été donnée à Pierre, a également été attribuée au collège des apôtres unis à son chef. Cette fonction pastorale de Pierre et des autres apôtres appartient au fondement même de l’Église et est poursuivie par les évêques sous la primauté du pape.
Le Pape, évêque de Rome et successeur de Pierre, est la source et le fondement perpétuels et visibles de l’unité des évêques et de l’ensemble des fidèles. En effet, le Pontife romain, en raison de sa charge de Vicaire du Christ et de pasteur de toute l’Église, a un pouvoir plein, suprême et universel sur toute l’Église, pouvoir qu’il peut toujours exercer sans entrave.
Le collège ou corps des évêques n’a d’autorité que s’il est uni au Pontife romain, successeur de Pierre, qui en est le chef. En tant que tel, ce collège a une autorité suprême et entière sur l’Église universelle, mais ce pouvoir ne peut être exercé sans l’accord du Pontife romain. Le collège des évêques exerce son pouvoir sur l’Église universelle de manière solennelle lors d’un concile œcuménique. Mais il n’y a jamais de concile œcuménique qui ne soit confirmé ou au moins reconnu comme tel par le successeur de Pierre (Catéchisme de l’Église catholique, 880-884 sélectionné).
Toutes ces vérités renvoient au moment décrit dans l’Évangile d’aujourd’hui, où nous voyons comment Dieu lui-même choisit d’agir.
Notons également la dimension de la foi que nous sommes appelés à avoir. Nous devons adhérer à l’enseignement et à la direction du pape, non pas simplement parce que nous pensons qu’il est plus intelligent, ou parce qu’il pourrait avoir le pouvoir, les richesses ou d’autres moyens mondains de nous impressionner ou de nous obliger à adhérer. Non, nous approuvons l’enseignement du pape parce que, par la foi, nous croyons qu’il est inspiré par Dieu. Ce n’est pas en la chair et le sang que nous plaçons notre confiance, c’est en Dieu lui-même. Nous croyons que Dieu a agi en notre nom en oignant quelqu’un pour affirmer la vérité et garantir de manière adéquate que cette vérité est révélée par Lui.
Le texte dit :
« Je te le dis, tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. Je te donnerai les clés du royaume des cieux. Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. »
Jésus ne se contente pas de féliciter Simon pour un moment de perspicacité charismatique. Il va plus loin, déclarant qu’il bâtira son Église sur Simon, qu’il nomme Pierre (rocher). Jésus ne veut pas simplement dire qu’il s’agit d’un don personnel ou d’une reconnaissance qui s’éteindra avec Pierre. En lui donnant les clés, il établit une fonction. Il ne se contente pas d’accorder à Pierre une promotion personnelle. Ce sera la manière dont Dieu renforcera et unira l’Église. Dans l’Évangile de Luc, Jésus en dit davantage à ce sujet :
« Simon, Simon, voici que Satan t’a réclamé, afin de vous passer tous au crible comme le blé ; mais j’ai prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne défaille pas ; et quand tu seras revenu à toi, affermis tes frères (Luc 22:31). »
Cela montre une fois de plus que le plan de Dieu pour l’Église est de renforcer un homme, Pierre (et ses successeurs à l’avenir), afin qu’à son tour l’Église tout entière puisse être renforcée et unie. Ainsi, le Seigneur Jésus établit non seulement Pierre, mais aussi sa fonction. Tels sont la vision et le plan de Dieu pour son Église.
Beaucoup se sont opposés à cet enseignement. Nous n’avons pas le temps de fournir ici une réponse complète à chaque objection, mais franchement, la plupart d’entre elles se résument à une sorte de vœu pieux de la part de ceux qui veulent que ce texte signifie quelque chose d’autre que ce qu’il signifie clairement. Rien n’est plus clair que le fait que Jésus établit Pierre et une fonction qui servira de fondement à l’unité et à la force de son Église.
Il est également vrai que nous vivons à une époque qui a mis à l’épreuve de nombreux catholiques qui étaient traditionnellement les plus grands partisans de la papauté. Pour beaucoup, notre pape actuel a été une source de controverse plutôt que d’unité. Pourtant, la fonction perdure ; il est de notre devoir de prier pour lui, de le respecter et de chercher à maintenir l’unité. Les préoccupations concernant certaines de ses déclarations doivent être exprimées avec charité et une bonne volonté manifeste. Bien que saint Paul ait jugé bon d’exprimer sa consternation face à certaines décisions prudentielles de saint Pierre (voir Gal 2,11), nous devons nous rappeler que saint Paul était un évêque et un apôtre. Ainsi, les catholiques qui ont des préoccupations aujourd’hui feraient bien de travailler avec les évêques pour exprimer leurs préoccupations, qu’il s’agisse de leur propre évêque ou d’un évêque qu’ils savent pouvoir approcher.
En vérité, « si personne n’est pape, tout le monde est pape« . Sans tête visible, il n’y a pas de principe sur terre pour l’unité de l’Église. L’expérience protestante a tenté de remplacer le pape par l’Écriture, en lui donnant une autorité unique. Cependant, les protestants ne parviennent pas à se mettre d’accord sur ce que dit l’Écriture et n’ont aucun moyen terrestre de résoudre leurs conflits. Alors qu’ils affirment que l’autorité réside dans l’Écriture seule, en revendiquant l’onction du Saint-Esprit et donc la capacité d’interpréter correctement l’Écriture, ils placent en réalité le lieu de l’autorité en eux-mêmes, devenant de fait le pape même qu’ils dénoncent.
J’ai lu que certains objecteurs pensent que les catholiques sont arrogants lorsqu’ils affirment que nous avons un pape en qui nous avons confiance et qui est oint par Dieu pour nous enseigner sans erreur la foi et la morale. Mais qu’est-ce qui est le plus arrogant, affirmer qu’il y a un pape ou agir moi-même comme un pape ?
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En fin de compte, l’expérience protestante est un échec. Selon les estimations, le nombre de dénominations protestantes s’élèverait à 30 000. Je pense que ce chiffre est exagéré, mais pas de beaucoup. Elles affirment toutes que les Écritures sont leur source de vérité, mais divergent sur de nombreux points essentiels : la nécessité du baptême, le principe « une fois sauvé, toujours sauvé », la moralité sexuelle et l’autorité. Lorsqu’ils ne parviennent pas à résoudre ces questions, ils se divisent tout simplement.
Jésus a installé un individu dans ce rôle pour manifester sa fonction de rocher et de chef : Pierre et ses successeurs.
Cette homélie a été publiée originellement par Mgr Charles Pope –ADW (Lien de l’article).