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Entretien avec SAJE distribution et ses films centrés sur Dieu

Aujourd’hui, nous avons l’honneur de vous présenter SAJE distribution, une grande société de distribution de films chrétiens qui a la vocation de nous édifier et de nous faire aimer Dieu.

Bonjour Monsieur Hubert de Torcy,

Lecatho : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Qui êtes-vous ? Quel est votre rôle dans SAJE distribution ? Êtes-vous catholique ?

Hubert de Torcy : Je suis Hubert de Torcy, marié, père de quatre enfants. J’ai fondé et je dirige SAJE depuis sa création. Je suis catholique, engagé dans la communauté de l’Emmanuel.

LC : En quelle année a été fondée SAJE distribution ? Comment avez-vous démarré l’aventure ? Quelle est la principale ambition derrière ce projet ?

HDT : SAJE a été fondée en deux temps. Une première structure a été créée en 2009 pour produire des films pour les associations, les communautés et les mouvements chrétiens. On a aussi coproduit avec KTO, à cette époque, 3 documentaires et une mini-série de fiction à destination d’Internet : Le Cathologue.

Et puis, à partir de 2014, on a démarré une nouvelle aventure qui est l’aventure de la distribution de films en salle, avec le film Cristeros.

À cette occasion, SAJE s’est restructurée de manière plus importante. L’ambition de SAJE, c’est d’évangéliser et de transformer la culture contemporaine par le biais des différents médias audiovisuels.

LC : Comment s’organise votre société, combien de personnes y travaillent et quels sont leurs rôles ?

HDT : Aujourd’hui, on est douze salariés dans l’entreprise avec trois pôles d’activité principaux :

Un pôle programmation et animation réseau qui s’occupe des relations avec les salles de cinéma, les paroisses et les écoles pour les projections publiques de nos films.

Un pôle marketing Communication qui se charge des relations presse et de faire connaître nos films au plus grand nombre.

Et puis un pôle plus administratif, financier et juridique.

LC : SAJE distribution est pionnière dans son domaine en France, il semblerait aussi que vous soyez seul sur le marché et donc sans concurrence directe aujourd’hui. Comment l’expliquez-vous ?

HDT : Effectivement, on est les seuls à faire ce que l’on fait. Il n’y a pas de concurrence parce qu’il n’y a pas non plus un marché très grand. On n’est pas aux États-Unis. Le marché américain, lui, depuis 2014, a énormément grandi et prospéré parce que les Églises catholiques, protestantes, évangéliques ont fait la preuve qu’il y avait un vrai marché pour ces films « faith-based » là-bas. C’est d’ailleurs ce qui a poussé un certain nombre de grands producteurs comme Sony, Lionsgate ou MGM à produire des films chrétiens pour ce public.

En France, ça reste encore une niche marketing, si bien que pour le moment, nous sommes les seuls effectivement sur ce terrain-là.

LC : Comment fonctionne la distribution de films ? Vous achetez un droit pour exploiter le film en France ? Devez-vous vous occuper de la traduction dans notre langue également ?

HDT : Effectivement, la distribution de films consiste à acquérir les droits d’exploitation d’un film pour un territoire donné, dans une langue donnée, sur une durée déterminée. Et une fois qu’il a acquis ces droits, le distributeur se charge de localiser le film, c’est-à-dire de le doubler, de le sous-titrer en français et puis ensuite de le faire connaître à son public.

En l’occurrence, pour nous, un public francophone, très majoritairement français.

LC : Combien de films et de séries votre catalogue propose actuellement ? Quels sont les grands thèmes ?

HDT : On a, je pense, maintenant entre 150 et 200 titres à notre catalogue, avec beaucoup de vies de saints, un certain nombre de films d’apologétiquse, essentiellement produits par les évangéliques américains d’ailleurs – je pense à des films comme Dieu n’est pas mort, Jésus L’enquête, Avez-vous la foi ? etc.

Beaucoup de nos films sont tirés d’histoires vraies, que ce soient des vies de saints ou ces grands films apologétiques.

On a aussi beaucoup de films à destination des enfants, avec de très nombreux dessins animés, à travers notamment des séries comme SuperBook ou Frère François, et quelques longs-métrages d’animation comme Le Voyage du pèlerin, Le Grand Miracle, etc.

Voilà pour les thématiques principales.

LC : Vous devez recevoir aussi beaucoup de demandes de producteurs, vous arrive-t-il de refuser des films jugés à la limite du blasphème ou un peu trop en dehors de ce que l’Église nous apprend ? Cela pèse-t-il lors de la sélection ?  Avez-vous des critères spécifiques ?

HDT : On voit beaucoup de films et on n’en retient que quelques-uns. Les films que l’on retient répondent à un critère unique, qui est en gros celui-ci :

« Est-ce que ce film m’aide à comprendre et à goûter quelque chose de l’amour de Dieu pour moi ?« 

Ça, c’est le critère essentiel pour la sélection de nos films. On essaye aussi de choisir des films qui, de plus en plus, remplissent aussi un certain nombre de critères esthétiques et cinématographiques. Parce que le niveau d’exigence de notre public a augmenté avec le temps, ce qui est normal.

Donc en résumé : Est-ce que le film nous permet d’entrer en relation avec Dieu, est-ce qu’il permettrait à une personne de rencontrer Dieu ? Et puis, est-ce que la manière dont l’histoire est racontée répond aux critères professionnels actuels d’exigence cinématographique.

LC : En plus du téléchargement, vous proposez aussi une offre de streaming/location, comme Netflix, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce service-là. Pourquoi ne pas avoir offert l’accès à tout votre catalogue avec l’abonnement VOD ?

HDT : Sur la plateforme LeFilmChretien (qu’on va rebaptiser prochainement SAJE+), nous proposons un abonnement qui permet d’accéder en illimité à tous les films de notre catalogue, soit plus de 200 titres aujourd’hui dont toutes les séries animées évoquées plus haut, pour un tarif qui est de l’ordre de 8,99 € par mois (7 €/ mois si on s’engage pour un an).

Certains de nos films ne sont pas accessibles dans le cadre de l’abonnement pour des raisons essentiellement juridiques.

En France, il y a ce qu’on appelle une « chronologie des médias » qui fait que l’on ne peut pas mettre un film qui est sorti en salle de cinéma sur une plateforme d’abonnement type Netflix avant un certain nombre de mois.

Avant, c’était trois ans. Maintenant, c’est réduit à un peu moins de deux ans. Mais si c’est ce qui fait que les films que l’on a sortis au cinéma récemment ne sont pas accessibles tout de suite aux abonnés, mais uniquement en DVD.

Pour compenser cela, on propose à nos abonnés une remise de 20 % quand ils veulent louer un film qui n’est pas dans l’abonnement. Enfin, pour certains rares titres, les ayants-droits ne nous donnent pas les droits SVOD, mais uniquement la location et l’achat digital.

LC : Concernant ce service de VOD, vous offrez aussi la possibilité aux paroisses de s’abonner pour des projections privées, c’est bien ça ? Pouvez-vous nous expliquer plus en détail cela.

HDT : Effectivement, les paroisses en France ont pris parfois l’habitude de projeter des dessins animés ou des films, dans le cadre de leur pastorale auprès des enfants ou auprès des adolescents. Et c’est une bonne chose, une fois encore, parce que vraiment, nous mettons à disposition du public francophone tous ces films pour qu’ils servent et qu’ils servent notamment à aider les paroisses, les familles, à transmettre la foi et à la fortifier.

En revanche, sur le plan légal, une projection qui sort du cadre privé, du strict cadre familial, doit se faire une fois qu’on a une autorisation du distributeur et qu’on a acheté ce qu’on appelle une licence de projection publique.

Donc normalement les paroisses et les écoles qui utilisent nos DVD devraient s’acquitter de cette licence. C’est compliqué parce qu’il faut demander au distributeur, il faut payer la licence, il faut s’acquitter des droits Sacem pour la musique et donc peu de gens font les démarches nécessaires.

Pour simplifier autant que possible, on a mis en place sur notre plateforme LeFilmChretien, un abonnement spécial pour les paroisses et pour les écoles qui leur permet de payer une somme forfaitaire unique.

En fonction de la taille de la paroisse ou de l’école, ils vont payer un forfait annuel entre 150 et 450 € par an, qui leur permet d’utiliser tous les films du catalogue de SAJE, dans le cadre de projections publiques, sans autres démarches administratives à faire.

LC : Vous faites aussi des distributions en salle, quelle est la condition d’une telle collaboration ? Le cinéma touche un pourcentage sur la vente des billets, c’est ça ?

HDT : Quand on sort un film en salles, on signe un contrat avec la salle sur lequel effectivement, on se partage, en général, à 50/50 le prix du billet, une fois déduites les différentes taxes. Sur la part qui nous revient, une fois qu’on a remboursé toutes nos dépenses, on va en général verser 50 % des bénéfices au producteur du film pour qu’il puisse récupérer lui-même sa mise de producteur et éventuellement repartir dans de nouvelles productions.

C’est la condition pour qu’il y ait toujours de la production de films chrétiens et c’est la raison pour laquelle il est important d’aller en salles et d’aller voir des films.

LC : Quel film de votre catalogue a reçu le plus de visionnage à l’heure actuelle ? Sans regarder, j’aurais dit « Garabandal » ou « La passion du Christ » ?

HDT : Le podium des films les plus regardés sur LeFilmChretien est le suivant :

– Saint Philippe Neri
– Je n’ai pas honte
– Dieu n’est pas mort

LC : Pensez-vous qu’il y a une grande demande du public français pour les films chrétiens, familiaux et historiques ? Le détachement pour le sacré et l’apathie générale envers la religion font-ils diminuer la demande pour vos films ?

HDT : La question de la foi est quand même plus complexe en France qu’elle ne l’est aux États-Unis. On a tellement rabâché aux Français que la laïcité signifiait que la foi ne devait s’exprimer que dans le secret des foyers individuels, qu’elle a du mal à s’afficher dans l’espace public…

Donc la demande aujourd’hui est difficile à quantifier. Bien entendu, elle va dépendre de la qualité des films. En tout cas, ce que je crois profondément, c’est qu’elle n’est pas que l’expression du seul public chrétien. Je pense que c’est un mensonge de croire ou de faire croire que la thématique religieuse ou la thématique de la foi ne peut toucher que les croyants.

Je pense qu’il y a ce désir de Dieu dans le cœur de chaque homme et que, en réalité, c’est un sujet qui intéresse tout le monde, quel que soit son degré de foi ou de non foi.

LC : J’ai vu récemment, que vous alliez être le distributeur du nouveau film historique qui s’annonce être une sortie revigorante pour le cinéma français avec « Vaincre ou mourir » du Puy Du Fou qui sortira le 25/01/2023. Que pouvez-vous dire sur cette collaboration, êtes-vous heureux de participer à un si grand projet français et historique ?

HDT : Nous sommes très honorés et très heureux de distribuer cette première production française d’un film de cinéma par le Puy du Fou. Nous le distribuons avec StudioCanal.

Il sort effectivement le 25 janvier 2023. C’est vraiment notre rêve que beaucoup de producteurs se mettent à produire des films inspirés et inspirants et de belles fresques historiques comme celle de Vaincre ou Mourir.

Donc, nous sommes vraiment heureux de l’arrivée de ce film et de l’arrivée de ce nouveau producteur de poids dans l’écosystème cinématographique français.

LC : Il y a aussi le film de Gad Elmaleh « Reste un peu » qui est sorti le 16/11/2022. Vous êtes devenu finalement une référence en France pour tous les réalisateurs dans le thème chrétien ? C’est une belle récompense pour tous vos efforts et une sacrée reconnaissance pour votre magnifique entreprise !

HDT : Oui, ce film fait partie justement de ces films, de ces productions françaises que nous sommes tellement heureux de voir jaillir et que nous sommes tellement heureux de pouvoir accompagner. Ça a été un très gros travail que la sortie du film de Gad, qui est un travail couronné de succès.

Le film vient de franchir le cap des 450 000 entrées. C’est un succès mérité parce que c’est vraiment un film magnifique, un film extrêmement intelligent qui parle justement à tout le monde, pas seulement aux chrétiens, et dans lequel Gad se livre avec une sincérité et une authenticité déroutantes.

LC : Que pensez-vous du cinéma français aujourd’hui, n’est-il pas toujours le même ? À part quelques films qui se démarquent une fois de temps en temps, j’ai l’impression qu’on n’arrête pas de nous rabâcher les oreilles avec de l’humour sur fond moralisateur et que tout cela tourne clairement en rond.

HDT : Eh bien justement, les 2 films que nous venons d’évoquer (Reste un peu et Vaincre ou Mourir) montrent que le cinéma français est capable de produire des films d’envergure sur des sujets pointus. Et ça, c’est une très bonne nouvelle. Il y a deux autres films qui vont sortir cette année, en 2023 :

Une production française sur L’Abbé Pierre et un film américain, réalisé par Abel Ferrara, sur Padre Pio. Je n’ai pas encore vu ces films, mais cela montre qu’il y a vraiment un intérêt pour ces sujets-là.

LC : La désertion des salles de cinéma touche tout le monde. Pensez-vous que les salles de projection, dans les années à venir représenteront vraiment un terrain à investir ? Comment voyez-vous l’avenir de ce côté-là ?

HDT : C’est difficile de savoir quel va être l’avenir des salles, qui est effectivement très challengé par la multiplication des plateformes et des séries qui, qu’on le veuille ou non, maintient les personnes chez elles pour regarder dans leur canapé des séries plutôt que de les inciter à retrouver l’émotion du grand écran dans les salles de cinéma.

Le Covid a énormément profité à ces plateformes et a eu un impact non négligeable sur les salles de cinéma, c’est assez clair. Quel va être l’avenir des salles de cinéma ? Personne ne le sait vraiment. Ce qu’on constate, c’est que ça redémarre doucement.

En 2022, en gros, on a fait 25% d’entrées de moins en France qu’en 2019. Mais, je dirais qu’il y a deux types d’expériences qui restent l’apanage des salles de cinéma :

À mon sens, c’est une des meilleures manières de continuer à exister en salles pour des films indépendants et plus confidentiels. De plus en plus, nous organisons de notre côté des événements sur deux ou trois séances uniques ou l’on essaie de mobiliser le public pour faire le succès de certains films.

On l’a fait notamment récemment à la Toussaint avec le film Entre ciel et terre, qui a rassemblé 14 000 spectateurs sur une centaine de salles qui n’ont donné le film qu’à 3 reprises sur trois séances uniques

LC : Qu’allez-vous développer dans l’avenir de votre entreprise, y a-t-il des projets qui vous tiennent à cœur ?

HDT : L’avenir de SAJE, c’est clairement la production. Ça faisait partie vraiment de notre intuition dès l’origine, quand on s’est lancé dans la distribution en 2014. On avait vraiment à cœur de démarrer par une activité de distribution afin de faire la preuve de l’existence d’un marché pour le type de films qu’on rêve de produire un jour à notre tour.

Cette étape de la distribution va bien sûr se poursuivre. Aujourd’hui, nous sommes vraiment reconnus comme des experts dans notre domaine et on est souvent sollicités par des producteurs ou des distributeurs pour les aider à sortir les films qu’ils ont dans leur catalogue avec une dimension chrétienne.

Les deux dernières expériences étant justement le film de Gad Elmaleh qu’on a contribué à sortir pour le compte de StudioCanal ou le film de Terrence Malick, Une vie cachée qui nous avait donné l’occasion de travailler avec le distributeur UGC.

Mais maintenant, il faut qu’on avance et qu’on allume le deuxième étage de la fusée, qui est la production de films.

On a aujourd’hui une dizaine de films en développement avec des scénaristes très différents. Certains d’entre eux arrivent à maturité pour commencer à entrer dans les phases de financement et on espère vraiment fortement que 2023 et 2024 verront nos premiers films commencer à être tournés.

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LC : Pour conclure, quel est votre film favori du catalogue de SAJE distribution ?

HDT : C’est difficile de désigner un film favori, mais disons que pour moi, il y a quelques rares films qui sont sur une ligne de crête, et qui parviennent, sans rien renier de leur côté prophétique et de l’annonce de l’Évangile clairement explicite dans le film, à toucher un grand public grâce à l’excellence du genre dans lequel ils ont été réalisés.

Et dans le catalogue de SAJE, je vois au moins quatre films qui remplissent ces critères-là et qui sont pour moi vraiment des chefs-d’œuvre du genre. Ils réussissent à toucher le grand public et à intéresser le grand public à des préoccupations spirituelles avec beaucoup de talent.

Je pense à :

Pour les soutenir, suivre l’actualité et découvrir leur catalogue riche en films édifiants, n’hésitez pas à suivre les liens de la société SAJE distribution ci-dessous.

www.sajedistribution.com

www.laboutiqueSaje.com

www.lefilmchretien.fr

https://www.youtube.com/channel/UCih-yIVyHv7JAdYKiOHrlCA

www.vaincreoumourir.fr

Je souhaite remercier toutes les équipes de SAJE Distribution pour leur formidable travail, ainsi que Claire de Lorgeril du pôle presse et sans oublier Monsieur Hubert de Torcy d’avoir accepté de se prêter à cet entretien.