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La chute de Napoléon III a brisé tout espoir d’une Algérie Française

Avant la chute de Napoléon III l’Algérie était une colonie militaire française. Elle était rattachée au ministère de la Guerre et dirigée par un gouverneur général.

Le but premier de la France après 1830 était seulement de prendre les Villes d’Alger, d’Oran, Bougie et Bône pour avoir un contrôle sur la méditerranée. Ce qui fut fait. L’idée était d’avoir « quelques Gibraltar ». Mais avec les attaques incessantes des indigènes sur les nouvelles possessions françaises, avoir seulement des possessions maritimes étaient impossible.

Reculer n’était pas une option. La France ne pouvait pas perdre ses villes au Maghreb, cela aurait été une grande humiliation. La seule choix possible a été donc d’entrer dans les terres et de conquérir plus de territoire. Après toutes ces conquêtes faites notamment par le général Bugeaud, la création des « Bureaux arabes » en 1844. Ces Bureaux arabes étaient composé d’officiers français qui connaissaient très bien les langues du pays et les mœurs des populations.

Les Bureaux arabes

À leurs têtes se trouvait un Bureau politique stationné à Alger et qui commandait à trois directions provinciales territorialement alignées sur les trois divisions militaires. Ces dernières étaient composées de bureaux de première et de deuxième classe placés auprès des commandants des subdivisions militaires, et subdivisés en postes ou cercles. Chaque Bureau arabe était composé d’un officier chef du bureau, d’un ou plusieurs officiers adjoints, d’un interprète, d’un ou plusieurs secrétaires, généralement des sous-officiers français ; d’un secrétaire indigène ou khodja, d’un chaouch, d’un médecin, d’un détachement de spahis et de moghaznis qui étaient des auxiliaires militaires recrutés localement.

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Les chefs de bureau étaient en même temps administrateurs, médiateurs, juges, officiers d’état civil et gendarmes. En quelques années seulement leur efficacité fut remarquable. Ils combattirent victorieusement la politique du cantonnement, qui visait à exproprier les tribus de leurs terrains. Mais ils s’attirèrent la foudre des colons européens qui voulaient exploiter cette terre. Conscients des réalités, soucieux de ne pas déraciner les populations et ils respectèrent la religion musulmane.

l’Empereur Napoléon III au sujet de l’Algérie

En 1863 l’Empereur Napoléon III envoya une lettre au gouverneur général de l’Algérie qui était le maréchal Pélissier :

« L’Algérie n’est pas une colonie proprement dite, mais un « royaume arabe ». Les indigènes ont comme les colons un droit égal à ma protection et je suis aussi bien l’empereur des Arabes que l’empereur des Français. »

Dans ces mots l’empereur Napoléon III sous-entend que les indigènes ne seront jamais des Français, mais qu’ils sont au même titre que les Français, ses sujets. Napoléon III déclara qu’il n’avait pas l’intention de sacrifier « deux millions d’indigènes à deux cent mille colons ». Il mena une politique très originale reposant sur l’idée d’un double statut.

Cette idée réaliste défendue par les militaires était combattue par la plupart des colons. Ces colons devinrent par la suite, des farouches opposants au régime impérial.

À la chute du Second Empire les colons prirent le contrôle de la colonie d’Algérie et s’affranchirent du régime militaire. Ces républicains très fidèles à la nouvelle république française abolirent les Bureaux arabes et les accusant de politique antinationale. Leur mépris pour les indigènes et leur laïcisme les fit passer pour des mécréants aux yeux des musulmans. C’est à ce moment-là que l’Algérie perdit toute chance de devenir un jour une terre française.

Les soulèvements indigènes après la chute du Second Empire

Mohammed el-Mokrani dont le père s’était rallié aux Français après la prise de Constantine, était devenu le chef des insurgés. Sa révolte s’expliqua principalement par une incompréhension de la nouvelle politique française, ce qui lui fit dire :

« Je consens à obéir à un soldat, mais je ne recevrai jamais d’ordres d’un juif, ni d’un marchand. »

Ce fut la fin de tout espoirs d’une Algérie française. Le début d’une plaie entre l’Algérie et la France.

Source : Bernard Lugan : pour en finir avec la colonisation