Des bienveillances que Dieu a manifestées pour nous dès nos origines
in , , , , ,

Des bienveillances que Dieu a manifestées pour nous dès nos origines


IMPRIMER CET ARTICLE / Faire un don à Lecatho.fr

Les jours d’autrefois ! rappelons-les. Renouvelons dans nos cœurs, dans un esprit de reconnaissance et dans un esprit de prière, le souvenir des bienveillances que Dieu a manifestées pour nous dès nos origines.

Écho de la tradition conservée par Hinemar, Surius, Marlot et autres, Baronius en fait ainsi le récit :

« Dans la chapelle du palais dédiée à saint Pierre, saint Rémi, Clovis et sainte Clotilde étaient assis, entourés des clercs qui avaient accompagné le Pontife, et des officiers du Roi et de la Reine. Le prélat donnait au Roi des enseignements salutaires, et lui inculquait les commandements évangéliques.

Pour confirmer la prédication du saint évêque, Dieu voulut montrer visiblement ce qu’il dit à tous les fidèles :

« Quand deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux« .

Tout à coup, en effet, une abondante lumière, plus éclatante que celle du soleil, remplit toute la chapelle et l’on entendit en même temps ces paroles :

« La paix soit avec vous. C’est moi, ne craignez rien : Demeurez dans mon amour.« 

Puis, après ces paroles, la lumière disparut, et une odeur d’une incroyable suavité embauma le palais, afin de prouver avec évidence que l’auteur de la lumière, de la paix et de la douceur y était venu, car, l’évêque excepté, aucun des assistants n’avait pu le voir, parce qu’ils étaient éblouis par l’éclat de la lumière.

Sa splendeur pénétra le Saint Pontife, et la lumière qu’il rayonnait illuminait le palais avec plus d’éclat que les flambeaux qui réduiraient…

Un miracle digne des temps apostoliques, pour me servir des expressions d’Hormisdas, succéda à cette apparition, comme le rapportent Aimoin et Hinemar, évêque de Reims ; je veux parler de l’ampoule du saint chrême apportée du ciel par une colombe, et qui servit à sacrer Clovis et, à son exemple, tous les rois de France, ses successeurs

Par ces éclatants prodiges, poursuit le grand historien de l’Église, Dieu voulut manifester clairement de quel poids était la conversion du roi des Francs et de son peuple ».

La miraculeuse conversion des Francs suivit celle du roi. Sur la demande de saint Rémi, Clovis alla parler aux Francs. Mais avant qu’il ait pris la parole, la puissance divine prend le devant, et tout le peuple s’écrie d’une seule voix :

« Nous repoussons les dieux mortels, pieux prince ; nous sommes prêts à suivre le Dieu immortel annoncé par Rémi. »

À cette nouvelle, le Pontife, comblé de joie, ordonne de préparer le bain sacré. Tout le temple est embaumé d’une odeur divine, et Dieu accorde aux assistants une si grande grâce, qu’ils se croyaient parfumés des odeurs du ciel.

Baronius ajoute :

« Instruit de la voie de Dieu, le roi entra avec la courageuse nation des Francs par la porte de la lumière éternelle. Elle crut au Christ et devint une nation sainte, un peuple d’acquisition, afin qu’en lui fût annoncée la puissance de CELUI qui les appela des ténèbres à son admirable lumière ».

C’est une légende, dira-t-on ; mais Dieu ne peut-il faire des prodiges ? N’avait-il point une raison suffisante d’en faire pour consacrer et engager à son service le peuple dont il voulait faire son bras droit ? Et enfin, comment nier un prodige raconté par de graves et saints historiens, implicitement affirmé par le témoignage du pape Hormisdas, qui écrit à saint Rémi que des miracles égaux à ceux des temps apostoliques éclatèrent en France, confirmés par la Sainte Ampoule et le don de guérir les écrouelles, témoignage scellé pour ainsi dire par le Christ lui-même, qui appellera plus tard le roi de France « le fils aîné de son Cœur sacré » !

« À dater de là, dit Mgr Pie, une grande nation, une autre tribu de Juda commença dans le monde. Les pontifes de Rome, d’accord avec les évêques de Gaule, ne s’y méprirent point. À travers l’obscurité profonde qui leur avait si longtemps et si douloureusement voilé le mystère de l’avenir, ils saluèrent aussitôt l’astre nouveau qui se levait en Occident, et ils conçurent des présages qui n’étaient point trompeurs. »

Un historien, de ceux qui sont les moins disposés à voir dans les événements humains l’intervention divine, M. Th. Lavallée, a dit également :

« La conversion de Clovis fui un immense événement, elle commença la grandeur des Francs et de la Gaule. Dès ce moment, ce pays devient le centre du catholicisme, de la civilisation et du progrès. Dès ce moment, il prend la magistrature de l’Occident qu’il n’a pas cessé d’exercer ».

Les papes et les évêques entrevirent dès les premiers jours cette glorieuse carrière et la prophétisèrent.

Le pape Anastase II écrivit à Clovis :

« Nous louons Dieu qui a tiré de la puissance des ténèbres un si grand prince, AFIN DE POURVOIR L’ÉGLISE D’UN DÉFENSEUR, et l’a orné du casque du salut pour combattre ses pernicieux adversaires. Courage donc, cher et glorieux fils, afin d’attirer sur votre sérénissime personne et sur votre royaume la protection céleste du Dieu tout-puissant ; qu’il ordonne à ses anges de vous garder dans toutes vos voies, et vous donne partout la victoire sur vos ennemis. »

« Et saint Remi, avant de mourir, dit Baronius, inspiré par l’Esprit-Saint, à la façon des patriarches, donna à la France une bénédiction consignée dans son testament, confirmée par la signature des évêques (saint Vaast, saint Médard, saint Loup) et dont voici les termes :

« Si mon Seigneur Jésus-Christ daigne écouter la prière que je fais chaque jour pour la maison royale, afin qu’elle persévère dans la voie où j’ai dirigé Clovis POUR L’ACCROISSEMENT DE LA SAINTE ÉGLISE DE DIEU, puissent les bénédictions que l’Esprit-Saint a versées sur sa tête par ma main pécheresse s’accroître par ce même Esprit sur la tète de ses successeurs !

Que de lui sortent des rois et des empereurs qui feront la volonté du Seigneur pour l’accroissement de la Sainte Église et qui seront, par sa puissance, confirmés et fortifiés dans la justice. Puissent-ils chaque jour augmenter leur royaume, le conserver et mériter de régner éternellement avec le Seigneur dans la Jérusalem céleste ! »

Saint Avitus, évêque de Vienne, qui n’avait pu assister au baptême de Clovis, lui écrivit aussi une lettre :

« Où l’on ne sait, dit M. Godefroid Kurth, ce qu’il faut admirer le plus de l’élévation du langage, de la justesse du coup d’œil ou de l’inspiration sublime de la penséeDe toute votre antique généalogie, vous n’avez rien voulu conserver que votre noblesse, et vous avez voulu que votre descendance fit commencer à vous toutes les gloires qui ornent une haute naissance.

Vos aïeux vous ont préparé de grandes destinées, vous avez voulu en préparer de plus grandes à ceux qui viendraient après vous… Puisque Dieu, grâce à vous, va faire de votre peuple le sien tout à fait, eh bien ! offrez une partie du trésor de foi qui remplit votre cœur à ces peuples assis au-delà de vous, et qui, vivant dans leur ignorance naturelle, n’ont pas encore été corrompus par les doctrines perverses (l’arianisme) ; ne craignez pas de leur envoyer des ambassades et plaidez auprès d’eux la cause de Dieu qui a tout fait pour la vôtre.

C’est le programme du peuple franc qui est ici formulé. Pour qui, à quatorze siècles de distance, voit se dérouler dans le passé le rôle historique de ce peuple, alors enveloppé dans les ténèbres de l’avenir, il semble qu’on entende un voyant d’autrefois prédire la mission d’un peuple d’élus.

La nation franque s’est chargée, pendant des siècles, de réaliser le programme d’Avitus : elle a porté l’Évangile aux peuples païens, et, armée à la fois de la croix et de l’épée, elle a mérité que ses travaux fussent inscrits dans l’histoire sous ce titre : Gesta Dei per Francos ».

En même temps qu’elle leur était donnée par Dieu, signifiée par le pape et par les évêques, la mission d’être dans le monde les défenseurs de la Sainte Église était conférée aux rois des Francs par les empereurs romains. Quoique transporté en Orient, l’empire romain conserva longtemps en Occident son prestige.

Aussi Clovis ne se crut assuré de ses conquêtes qu’en recevant de l’empereur Anastase le titre et les insignes de patrice, de consul et d’auguste. Dans sa joie, comme le raconte Grégoire de Tours, il prit solennellement possession de sa nouvelle dignité à Saint-Martin de Tours, et fit frapper, pour les distribuer au peuple, des monnaies à l’effigie d’Anastase, avec cette devise au revers : Victoire à Clovis, Auguste, Roi, homme illustre.

Dès ce jour, Clovis fut donc également investi, au nom de l’Empereur, de la double mission de protéger l’Église et les pauvres. Et dès lors, cette mission fut toujours regardée comme le plus précieux héritage des souverains de la France.

En conférant le patriciat aux rois mérovingiens, les empereurs d’Orient leur disaient :

« Comme nous ne pouvons nous acquitter seuls de la charge qui nous est imposée, nous vous accordons l’honneur de faire justice aux églises de Dieu et aux pauvres, vous souvenant que vous rendrez compte au Souverain Juge. »

Quand peu à peu les liens de l’Orient et de l’Occident se brisèrent, les Papes, au nom « de Pierre, présent à Rome dans sa chair », et du consentement des Romains, donnèrent seuls ce mandat.

Grégoire III investit du patriciat Charles-Martel, titre que la mort ne lui permit pas d’accepter, mais qui passa à Pépin et à ses fils. C’est ce qui explique comment le Pape fut consulté pour l’élection de Pépin au trône de France. Trois ans après son sacre, Etienne lui écrivait en ces termes au nom de saint Pierre et au sien :

« Pierre, apôtre, appelé par Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, et avec moi l’Église catholique, apostolique, romaine, maîtresse de toutes les autres, et Etienne, évêque de Rome.

À vous, hommes très excellents, Pépin, Charles et Carloman, tous trois rois ; aux évêques, abbés, ducs, comtes, à toutes les armées et à tous les peuples des Francs.

Moi, Pierre, ordonné de Dieu pour éclairer le monde, je vous ai choisis pour mes fils adoptifs, afin de défendre contre leurs ennemis la cité de Rome, le peuple que Dieu m’a confié et le lieu où je repose selon la chair.

À lire aussi | La Passion de Jésus-Christ excite et enflamme le cœur de l’homme

Je vous appelle donc à délivrer l’Église de Dieu qui me fut recommandée d’En-Haut; et je vous presse, parce qu’elle souffre de grandes afflictions et des oppressions extrêmes… Je vous prie et je vous conjure, comme si j’étais présent devant vous ; car, selon la promesse reçue de Notre-Seigneur et Rédempteur, je distingue le peuple des Francs entre toutes les nations…

Prêtez aux Romains, prêtez à vos frères tout l’appui de vos forces, afin que moi, Pierre, vous couvrant de mon patronage en ce monde et dans l’autre, je vous dresse des tentes dans le royaume de Dieu ».

Ainsi, les Francs sont frères des Romains, non pas seulement comme tous les catholiques en tant que fils spirituels de Pierre, mais comme ses fils adoptifs, comme concitoyens, titre que d’autres Papes nous donnent.

Source : L’esprit familial dans la maison, dans la cité et dans l’État – Mgr Henri Delassus

Qu'est-ce que tu penses de l'article ?

Laisser un commentaire