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La Sainte Messe est la plus grande consolation des âmes du Purgatoire

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La Sainte Messe permet d’aider nos proches, car nous ne pouvons nous faire une idée de ce qu’endurent les pauvres âmes du Purgatoire. L’expérience seule nous l’apprendra. En attendant, voici la doctrine des Pères.

Un des premiers, par l’antiquité comme par le génie, Saint Augustin, dit :

« Pour être purifié et admis au nombre des élus, le condamné est soumis à un feu dont l’action est plus pénétrante que tout ce qu’on peut voir, sentir et imaginer sur la terre. »

N’aurions-nous d’autres témoignages que celui-ci, il suffirait à nous effrayer ; mais le Saint Docteur s’explique plus énergiquement encore :

« Bien que ce feu doive sauver ceux qui le subiront, il est cependant certain qu’il sera plus terrible pour eux que toutes les souffrances qu’un homme puisse endurer ici-bas. Cependant, quels supplices horribles n’ont pas supporté les martyrs ? »

Lisez, dans la vie des Saints, la description des tortures infligées aux Confesseurs de la foi, et ensuite méditez ces deux textes.

« Il vaudrait mieux, continue Saint Cyrille d’Alexandrie, souffrir tous les tourments possibles jusqu’à la fin du monde, que de passer un seul jour en Purgatoire. »

« La moindre atteinte de ce feu, ajoute saint Thomas, est plus cruelle que tous les maux de la vie. »

Paroles terrifiantes et presque incroyables. Comment ferons-nous, si nous sommes précipités dans ces flammes ardentes ? Hélas ! notre place y est marquée; car, loin d’être assez parfaits pour les éviter, nous sommes remplis de désirs mauvais, couverts d’innombrables souillures.

Je pourrais citer beaucoup d’autres passages des Pères, je me bornerai à l’autorité de Saint Bernard et de Sainte Madeleine de Pazzi.

« Entre le feu naturel et celui du Purgatoire, dit l’illustre Abbé de Clairvaux, il y a une différence aussi grande qu’entre le feu réel et l’image du feu. »

Sainte Madeleine de Pazzi, qui avait vu le Purgatoire, où elle avait retrouvé son frère, assure que « le feu terrestre n’est auprès de celui-là, qu’un agréable jardin ». Je n’ai rencontré nulle part ailleurs de comparaison plus propre à faire ressortir la nécessité d’expier nos péchés dès ce monde, si nous voulons éviter l’expiation infiniment plus terrible de l’autre ! Voilà des vérités bien propres à éveiller en nous une compassion sincère pour ceux qui nous ont précédés dans cette prison.

Nous comprendrons mieux encore l’intensité de leurs douleurs, si nous réfléchissons que ce sont leurs âmes qui souffrent ; car la souffrance de l’âme est infiniment plus vive que celle du corps. Le feu qui agit sur le corps brûle de l’extérieur à l’intérieur ; celui du Purgatoire, au contraire, a son foyer dans l’âme elle-même ; il la brûle d’une manière spirituelle et continue.

Il y a plusieurs moyens de venir en aide aux habitants de ces régions désolées et même de les délivrer ; mais de tous le plus efficace, le plus salutaire, est le Saint Sacrifice de la Messe, ainsi que l’affirme l’Eglise par l’organe du Concile de Trente :

« Les âmes du Purgatoire, dit-elle, sont secourues par les suffrages des fidèles, et surtout par le précieux Sacrifice de l’Autel. »

Deux cents ans auparavant, le Docteur angélique avait enseigné la même doctrine :

« Ce Sacrifice, écrivait-il, est le meilleur moyen de libérer promptement les âmes souffrantes. »

C’est qu’à la Messe, non seulement le Prêtre et les assistants demandent à Dieu la grâce de ces âmes, mais qu’ils lui offrent, en outre, une rançon d’une valeur immense. Qu’un débiteur insolvable soit incarcéré sur l’ordre d’un juge, le remboursement de la créance, opéré en son nom par la main d’un ami généreux, sera mille fois plus efficace pour l’arracher aux sévérités des lois que toutes ses prières.

Les âmes du Purgatoire ne sont point en révolte contre Dieu, car la pénitence les a réconciliées, et elles ne demeurent dans ce lieu d’affliction que pour se purifier de leurs taches. Si donc, par compassion, vous priez pour elles et leur abandonnez vos mérites, vous satisfaites à leur place et vous abrégez leur effroyable supplice :

« Prenez garde, dit Jésus, de ne pas vous faire jeter en prison, car je vous déclare que vous n’en sortirez pas, jusqu’à ce que le dernier denier soit payé. »

Remarquez combien est sévère l’arrêt du Sauveur : il refuse de remettre même un denier à l’âme qui lui doit mille talents. D’autre part, si vous entendez la Sainte Messe pour cette captive infortunée, vous acquittez une grande partie de sa dette. On ne sait dans quelle mesure les peines du Purgatoire sont remises par le Saint Sacrifice.

Dieu ne l’a pas révélé ; mais il est certain qu’une Messe dite ou entendue par vous personnellement a plus de vertu que si on l’offrait à votre intention après votre mort. C’est la doctrine de Saint Ambroise :

« Une Messe entendue par une personne pendant sa vie, dit-il, vaut mieux pour elle que beaucoup d’autres dites après sa mort. »

Êtes-vous en état de grâce, vous vous ménagez une augmentation de gloire dans le Ciel ; êtes-vous coupable d’un péché mortel, il y a lieu d’espérer que Dieu vous accordera le bienfait d’un repentir sincère ; votre dernière heure est-elle fixée, et le Seigneur prévoit-il que, s’il ne change pas son décret, vous tomberez dans l’enfer, il avancera ou retardera peut-être ce moment décisif, de manière à ne vous appeler à son tribunal que réconcilié avec lui par la pénitence.

Les Messes que vous entendez ou que vous faites dire vous-même sont précieuses à un autre point de vue : elles vous accompagneront devant le souverain Juge, demandant grâce pour vous, et, si elles ne vous préservent entièrement du Purgatoire, elles vous empêcheront tout au moins d’y être enfoncé si profondément : autant d’avantages que ne pourraient avoir celles qui suivraient votre mort ; car les mérites de Jésus-Christ, réservés alors aux assistants, ne sont plus directement attribués aux défunts ; l’application qu’on en fait en leur faveur n’a plus lieu que par voie d’intercession ou de suffrages.

L’aumône moyennant laquelle vous faites offrir le Saint Sacrifice est un nouveau titre à la générosité du Seigneur : vous vous privez de votre argent, vous prenez sur vos plaisirs ou sur vos besoins, tandis qu’une fois mort, vous ne gênez que vos héritiers. Il serait donc à craindre que Dieu ne vous en sût gré que dans une mesure restreinte.

Observez enfin que le temps de la vie présente est celui de la miséricorde, le temps de la vie future celui de la justice, et concluez de là qu’une seule Messe entendue par vous sur la terre doit être plus efficace que plusieurs entendues par vos frères, pour le repos de votre âme.

« Autant une paillette d’or est supérieure en prix à un lingot de plomb, autant, dit saint Bonaventure, une petite pénitence, librement accomplie en cette vie, est préférable, aux yeux de Dieu, à une grande pénitence imposée dans l’autre. »

Il n’en est pas moins vrai que la Sainte Messe, dite après notre mort, adoucit pour nous la terrible épreuve du Purgatoire. Seulement, comme nous n’avons là-dessus aucune donnée précise, aucune révélation expresse, nous ne pouvons rien définir. Tout ce que nous savons, c’est que le temps de la purification est abrégé par le Saint Sacrifice.

Si la simple pensée de soulager nos défunts doit déjà nous encourager suffisamment à profiter de tous les moyens mis à notre disposition, la certitude de les secourir dans une telle mesure, par la Messe, ne doit-elle pas nous exciter davantage encore à l’entendre ou à la faire dire chaque jour ?

Qui donc prétendra aimer son prochain s’il n’assiste pas ses frères du Purgatoire ? D’autre part, celui qui n’a pas de charité pour les hommes peut-il en avoir pour Dieu ? Ah ! vous donneriez de votre état un indice effrayant, si vous négligiez une si fréquente et si facile occasion d’aider ces âmes souffrantes !

Vous ne sauriez pousser à leur égard la charité trop loin. Voici un fait qui vous montrera combien elles ont besoin de vos suffrages assidus. Je le tire des Éphémérides Dominicaines. Le père de Saint Louis Bertrand se proposait de garder le célibat et d’entrer chez les Chartreux.

Saint Bruno et Saint Vincent lui apparurent deux fois et lui ordonnèrent de se marier. Il leur obéit, et de ce mariage naquit Louis qui, dès sa dix-septième année, se consacra à Dieu dans l’Ordre de Saint-Dominique, malgré la résistance de ses parents. Quelques années après, son père tomba très gravement malade ; le Saint resta près de lui, l’exhorta avec la plus vive ferveur et put espérer, en raison de ses admirables dispositions, qu’il irait au Ciel tout droit. Aussi quelle ne fut pas sa peine lorsqu’il le vit en esprit dans le Purgatoire, où il implorait son secours !

Les plaintes et l’aspect lamentable de cette âme chérie étant constamment présents à sa pensée, il s’en affligea au point de tomber malade. Pour la soulager, il s’imposait de rudes pénitences, jeûnait tous les jours au pain et à l’eau, se flagellait toutes les nuits et disait la Messe aussi souvent qu’il le pouvait. Il associait ses frères à ses suppliciés comme à ses angoisses filiales, et ne cessait d’invoquer Dieu, dans son cœur, sans parvenir à désarmer sa justice.

Il y avait près de huit ans que le mort souffrait, lorsqu’il lui apparut de nouveau ; cette fois, il était délivré. Il le remercia du service qu’il lui avait rendu et lui déclara que, sans son secours, il aurait souffert de longues années encore. Cette histoire, qui nous montre un homme très vertueux et favorisé d’apparitions célestes, tourmenté si longtemps en Purgatoire et destiné à y rester davantage encore sans les mortifications et les prières de son fils, cette histoire, dis-je, doit nous effrayer sur l’avenir qui nous attend.

Elle doit nous engager aussi à prier ardemment pour nos défunts et à ne pas nous consoler par la fausse imagination qu’ils sont déjà dans le Ciel. Si vous ne pouvez faire célébrer la Messe, entendez-la au moins, et exhortez vos amis à l’entendre à leur intention.

Voici le conseil que Tamberinus donna à une pauvre veuve qui se plaignait à lui de ne pouvoir faire dire une Messe pour son mari : Entendez-en beaucoup et offrez-les à Dieu, car il est possible que votre époux reçoive plus de fruit d’une que vous entendrez qu’il n’en recevrait d’une autre célébrée sur votre demande, mais à laquelle vous n’assisteriez pas.

Gobat approuve ce conseil. Je le trouve bon, moi aussi, et je le donne à mon tour à tous les pauvres gens qui sont dans le même embarras que cette femme. Bien qu’en principe, vous disposiez d’un plus grand trésor de grâces quand vous faites dire la Sainte Messe que lorsque vous vous contentez d’y assister, il n’en reste pas moins vrai que, par une prière fervente, vous pouvez obtenir beaucoup durant le Saint Sacrifice, et que vous procurez ainsi à vos chers morts un grand soulagement.

Oh ! si nous pouvions contempler le torrent de grâces qui s’échappe de l’Autel, nous serions étonnés de sa largeur et de sa puissance ; si les sombres voûtes du Purgatoire s’ouvraient à nos yeux pendant que les eaux rafraîchissantes se déversent sur les âmes plaintives, nous comprendrions combien notre zèle les console, et peut-être les verrions-nous échanger alors le lieu de leur supplice contre le séjour de la félicité ! vous qui dites ou entendez la Messe à leur intention, je ne saurais trop vous exhorter à y mettre tout votre cœur et toute votre piété ; car vos mérites sont les derniers bienfaits que vous puissiez leur procurer.

Souvenez-vous que, suivant votre ferveur ou votre indifférence, vous augmenterez ou affaiblirez les secours qu’elles attendent si impatiemment au milieu des flammes. La meilleure manière de les soulager, c’est de répandre sur elles, en l’offrant pendant la Messe, le sang précieux du Sauveur. Le livre du Lévitique nous fournit une preuve touchante de cette vérité :

« Je vous ai donné de ce sang, dit le Seigneur, afin qu’il vous serve sur l’autel pour l’expiation de vos âmes, et que l’âme soit purifiée. »

Le prophète annonce ici, écrit saint Thomas, que le Sacrifice de l’Eucharistie servira aux âmes du Purgatoire. En effet, si Dieu avait donné aux Juifs le sang des animaux, afin qu’ils l’offrissent sur l’autel, pour l’expiation de leurs péchés, il est évident que le sang de Jésus-Christ nous est donné à la même fin ; et si le sang des animaux purifiait les âmes, combien plus efficace encore devra être celui du Sauveur !

Quelle utilité n’avons-nous pas droit d’en attendre pour nos frères souffrants ! À leur première effusion, ces ondes sacrées ont délivré tous les captifs, ainsi que nous l’apprend Zacharie :

« Tu as, par le sang de ton alliance, ouvert les portes des cachots. »

Cette action bienfaisante continue chaque jour à la Messe. Mais quel besoin d’insister ? Non, jamais le malade que dévore une fièvre brûlante ne sera soulagé par un verre d’eau fraîche autant que le sont les âmes sur lesquelles coule, d’une manière mystique, le précieux sang de Jésus-Christ. Lorsque le Bienheureux Henri Suso, Prêtre de l’Ordre des Frères Prêcheurs, étudiait à Cologne, il fit, avec un religieux de ses amis, un pacte aux termes duquel celui des deux qui survivrait à l’autre dirait pour le défunt une Messe le lundi et le vendredi de chaque semaine.

Son compagnon étant mort le premier, Frère Henri remplit d’abord exactement son engagement, mais finit par le négliger. Son ami lui apparut plusieurs fois pendant la nuit et lui reprocha en gémissant de manquer à sa promesse. Frère Henri l’assura qu’il ne l’avait jamais oublié dans ses prières.

« Cela ne suffit pas, dit le mort, ce sont des Messes qu’il me faut. Le sang de Jésus-Christ peut seul éteindre les flammes qui me brûlent. »

Le Bienheureux lui promit de nouveau de célébrer pour lui. Il le fit et délivra cette âme, qui revint le remercier de l’avoir tirée du Purgatoire. Si les prières du Bienheureux Henri ont été insuffisantes, que dire des nôtres, si sèches, si distraites ?

Je me hâte de vous rappeler néanmoins qu’unies à celles du Prêtre au Saint Sacrifice, elles acquièrent une puissance considérable. Avant de clore ce chapitre, citons comme motifs d’encouragement les paroles de Saint Jérôme :

« Les âmes du purgatoire ne souffrent pas pendant le Sacrifice offert à leur intention. »

Saint Grégoire dit la même chose :

« Les peines des défunts à l’intention desquels la messe est dite, ou que le célébrant recommande particulièrement, sont suspendues ou diminuées pendant ce temps -là. »

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Je multiplierais volontiers les citations, si je ne m’étais déjà étendu trop longuement. Admirable enseignement que celui de ces deux Pères ! Consolante doctrine qui nous montre le sang de Jésus-Christ, tempérant l’ardeur des flammes dévorantes, ou préservant de leurs morsures les âmes pour lesquelles nous l’offrons !

Source : La Sainte Messe – Révérend Père Martin de Cochem – 1898

Publié par Napo

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