Le père Bohdan Heleta, prêtre rédemptoriste de l’Église gréco-catholique ukrainienne, a partagé son expérience, relayée par CathoBel concernant sa captivité en Russie lors d’une rencontre en ligne organisée par les médias du Saint-Siège. Arrêté le 16 novembre 2022 à Berdyansk, une ville alors sous occupation russe depuis neuf mois, il a été détenu pendant un an et demi avant d’être libéré, avec son confrère le père Ivan Levytskyi, le 28 juin 2024. Son témoignage révèle une épreuve spirituelle intense, marquée par la souffrance mais aussi par la grâce divine.
Une épreuve offerte pour le salut des ennemis
Le père Heleta a décrit sa détention comme une véritable épreuve de foi, une croix qu’il a portée en union avec le Christ. « Ce que j’ai vécu était extrêmement difficile, mais ma motivation pour endurer cette douleur était de l’offrir pour le salut de mes ennemis », a-t-il confié. Dans un environnement où la dignité humaine était bafouée, où la mort semblait omniprésente, le prêtre a trouvé sa force en Dieu. « Aucun prisonnier ne craignait la mort, mais plutôt les tortures infligées au corps. Moi, j’ai remercié Dieu de m’avoir permis d’unir ces souffrances à celles du Christ. Ce n’est pas mon mérite, mais celui du Seigneur. Dans ma faiblesse, Il m’a donné Sa force. »
Le prêtre a également exprimé sa douleur face au sort des autres détenus, notamment ceux qui, ne connaissant pas Dieu, n’ont pas pu supporter l’horreur de leur condition. « Il y a eu des suicides, des actes de désespoir… Ces gémissements, ces agonies, je ne les oublierai jamais. Mais je dédie tout cela au salut des autres, pour témoigner que seul Dieu peut nous sanctifier si nous choisissons de passer des ténèbres à la lumière. »
Une détention inhumaine
Le père Heleta et le père Levytskyi ont été détenus dans une prison de guerre comptant environ 1 800 prisonniers, dont ils étaient les seuls civils. Accusés à tort de terrorisme – des armes auraient soi-disant été trouvées chez eux –, ils ont partagé le sort des prisonniers de guerre ukrainiens. Le père Heleta a tenté de soutenir ses compagnons d’infortune, bien que les conditions rendent cette aide difficile. « Je n’ai pu aider que ceux qui étaient dans mon baraquement, environ 200 personnes. Mais j’ai demandé au Seigneur d’étendre Son amour et Sa miséricorde à tous. »
Les conditions de détention étaient particulièrement rigoureuses. Les prisonniers étaient contraints de rester debout toute la journée, de 6 heures du matin à 22 heures le soir, sans pouvoir s’asseoir ou se coucher. « Nous marchions dans une petite cour de 60 mètres sur 40. C’était le seul moment où nous pouvions communiquer, même me confesser », a raconté le prêtre.
La prière, source de force
Malgré les risques, le père Heleta a obtenu la permission de prier brièvement matin et soir. « Le contact de la caserne, un prisonnier désigné par l’administration, a accepté, même si cela représentait un danger pour lui. Nous lisions l’Évangile et priions pendant cinq minutes avant de sortir le matin, et avant de nous coucher le soir. Aujourd’hui encore, je m’étonne que cela ait été possible. Je remercie Dieu pour cette grâce. »
Lors de son entretien avec les journalistes du Vatican, le père Heleta a impressionné par sa paix intérieure et son absence totale de haine envers ses geôliers. « Le Seigneur guérit tout par Sa grâce. Une personne dans la grâce ne peut répondre par des insultes ou de la haine. Bien sûr, il y a eu des moments de désespoir, mais ce n’était jamais total. C’était une profonde tristesse de voir des êtres créés à l’image de Dieu capables de telles cruautés. Beaucoup croyaient même faire le bien. Mais comment peut-on faire le bien en torturant autrui ? »
Le sens chrétien de la souffrance
Interrogé sur la manière dont un croyant doit percevoir la souffrance, le père Heleta a répondu avec simplicité :
« Le Christ Lui-même ne voulait pas souffrir. Il a demandé que cette coupe Lui soit épargnée, mais Il a dit : “Que Ta volonté soit faite.” Nous ne voulons pas souffrir, mais nous voulons faire la volonté de Dieu. Et quelle est cette volonté ? Que tous soient sauvés. La souffrance fait donc partie de notre chemin, car le Christ nous l’a montré. J’y crois fermement, non seulement en tant que prêtre, mais aussi en tant que simple chrétien. »
Les prisonniers civils, grands oubliés
Mgr Visvaldas Kulbokas, nonce apostolique en Ukraine, a également pris part à cette rencontre. Il a souligné l’importance du rôle des médias dans la diffusion de l’espérance, citant l’exemple d’un journaliste ukrainien qui, à Bakhmut, a sauvé des vies en distribuant des journaux pour contrer la propagande russe. « Ce dialogue est un dialogue de prière », a-t-il déclaré, avant de rappeler que les prisonniers civils sont souvent les grands oubliés. « Lorsque nous présentons des listes de prisonniers civils à la partie russe, elle répond qu’ils ne sont plus considérés comme Ukrainiens. Des milliers de personnes sont concernées. Nous devons nous souvenir d’eux et prier pour eux. »
💡🤖 Pour garantir des articles d'actualité à jour, précis et bien sourcés, l'intelligence artificielle est utilisée comme outil d'assistance. Elle contribue à la réécriture, à la vérification des faits et à l'optimisation du contenu.