Trois années après le début du conflit russo-ukrainien, la petite communauté catholique en Russie, souvent oubliée et méconnue, ressent durement les conséquences de cette guerre. Malgré sa discrétion médiatique, cette Église, qui ne compte guère plus de 796 000 fidèles dispersés sur 396 paroisses, cherche encore à jouer un rôle de médiation pour la paix.
Mgr Stephan Lipke, récemment consacré évêque auxiliaire en Sibérie et secrétaire général de la Conférence épiscopale russe, a exprimé clairement les divisions internes auxquelles les catholiques russes font face : certains appuient le gouvernement et sa guerre, tandis que d’autres craignent pour leurs liens familiaux avec l’Ukraine. Face à ces déchirements, Lipke reconnaît tristement que les signes d’une véritable réconciliation sont quasiment inexistants aujourd’hui.
La communauté catholique russe est dans une situation délicate, contrainte au silence face à la répression croissante du gouvernement de Poutine. Même si elle tente parfois de prendre position, notamment en critiquant la législation récente interdisant les offices religieux dans les appartements, son influence demeure limitée. Pire encore, certaines autorités locales compliquent l’action pastorale, comme dans le diocèse de Saratov où des religieuses ukrainiennes ont récemment été interdites d’entrée.
Pour les fidèles ordinaires, la situation est tout aussi difficile. Une universitaire catholique basée à Moscou, qui a demandé l’anonymat par peur des représailles, décrit un quotidien pénible où les sanctions occidentales touchent avant tout les plus faibles. Elle ne comprend pas non plus le rapprochement récent entre Donald Trump et Vladimir Poutine, qu’elle qualifie de douloureux et humiliant pour les Ukrainiens. « Si les États-Unis commencent à soutenir la Russie, tout espoir s’effondre », affirme-t-elle tristement.
Cette universitaire ressent profondément la fracture spirituelle et sociale au sein même des paroisses. Beaucoup de catholiques russes soutiennent ouvertement la guerre, provoquant une réelle souffrance chez ceux qui, comme elle, y sont opposés. « Une partie de mon âme s’est éteinte il y a trois ans, au début de cette guerre », confie-t-elle en ajoutant qu’elle se retient de toute joie personnelle tant que dure le conflit.
Du côté orthodoxe, la situation n’est guère meilleure. Si le Patriarche Kirill de Moscou soutient activement les objectifs militaires du Kremlin, d’autres voix orthodoxes tentent de dénoncer un nationalisme religieux. Un récent manifeste orthodoxe rappelle que nul ne peut revendiquer Dieu dans un conflit terrestre, dénonçant fermement toute forme de messianisme national.
Malgré ces tensions, des rapprochements encourageants existent au niveau local. Ainsi, Mgr Lipke a récemment été invité par l’évêque orthodoxe Nikodim de Novosibirsk, signe d’une coopération possible loin des agitations politiques. De même, lors d’une visite à Kursk, l’archevêque catholique Paolo Pezzi a pu échanger amicalement avec le métropolite orthodoxe Herman sur la manière dont l’Église aide concrètement les victimes et les réfugiés du conflit.
En dépit du climat de suspicion généralisé, Mgr Pezzi appelle sans cesse à la prière pour la paix, notamment dans le cadre du Jubilé de 2025, insistant sur la nécessité de se fonder sur l’Évangile et l’enseignement catholique plutôt que sur des considérations politiques passagères. Selon lui, chacun doit suivre sa conscience devant Dieu, surtout en ces temps où les divisions humaines semblent insurmontables.
Finalement, même si la petite Église catholique russe paraît bien fragile dans l’immense machine politique et militaire de la Russie, elle continue discrètement son rôle de témoignage et de solidarité chrétienne. Sa voix, certes modeste, cherche encore à être un pont fragile entre les peuples déchirés par la guerre.
💡🤖 Pour garantir des articles d'actualité à jour, précis et bien sourcés, l'intelligence artificielle est utilisée comme outil d'assistance. Elle contribue à la réécriture, à la vérification des faits et à l'optimisation du contenu.















