Le pape Léon XIV vient de poser un acte majeur dans la gouvernance économique du Saint-Siège. Par son motu proprio Coniuncta cura, signé le 29 septembre et rendu public le 6 octobre 2025, le Souverain Pontife a abrogé l’une des principales mesures financières prises sous le pontificat de François, celle qui imposait la centralisation stricte des avoirs du Vatican sous la tutelle de l’APSA et leur gestion exclusive par l’Institut pour les Œuvres de Religion (IOR).
Un tournant symbolique et concret
Ce texte constitue la première grande décision financière du pape Léon XIV. Il marque une inflexion nette : désormais, les dicastères pourront à nouveau utiliser des banques et intermédiaires financiers à l’étranger pour gérer leurs actifs, dès lors que cela sera jugé « plus efficace ou plus opportun ».
C’est donc la fin du carcan imposé en 2022 par François, lequel voulait rapatrier tous les avoirs du Vatican à l’intérieur des murs de la Cité, après les scandales ayant secoué le Secrétariat d’État.
Léon XIV justifie ce revirement en s’appuyant sur les recommandations du Conseil pour l’Économie, qu’il dit avoir adoptées à l’unanimité. Ce conseil, créé par François lui-même, conserve la mission de surveiller les comptes et les investissements du Saint-Siège.
Héritage de François et prudence effacée
En 2022, le pape François avait voulu répondre à une double urgence : les affaires de corruption, notamment le scandale du bâtiment de Londres à Sloane Avenue, ayant coûté près de 200 millions d’euros, et le manque de liquidités.
Son rescrit avait deux objectifs : d’une part, ramener tous les comptes sous contrôle unique de l’APSA, et d’autre part, confier la gestion des investissements au seul IOR, banque la plus surveillée et réputée pour sa transparence.
Mais trois ans plus tard, Léon XIV estime que le temps de la méfiance est passé. Il dit ne « pas perdre le sommeil » à cause des finances vaticanes et considère que les mesures prises sous François ont déjà porté leurs fruits. Cependant, nombre d’observateurs notent que ce motu proprio efface l’un des garde-fous les plus solides mis en place pour éviter de nouveaux scandales du type de Londres.
Retour de confiance en l’APSA
Le geste de Léon XIV traduit aussi une réhabilitation implicite de l’APSA (Administration du Patrimoine du Siège Apostolique), autrefois critiquée pour son manque de transparence et ses placements hasardeux. Sous François, ce département avait été mis à l’écart, jugé trop centralisé et vulnérable à des irrégularités financières. En 2016 déjà, les services de contrôle avaient dénoncé une gestion opaque et un risque de fraude élevé. Aujourd’hui, Léon XIV semble accorder une confiance renouvelée à l’archevêque Giordano Piccinotti, responsable actuel de l’APSA, qu’il a rencontré à plusieurs reprises avant sa décision.
Dans une interview récente, le pape a souligné les bons résultats financiers de l’année 2024, évoquant plus de 60 millions d’euros de bénéfice. Il s’est étonné que certains parlent encore de crise : « Pourquoi pleurer sur une crise alors que les chiffres sont bons ? », a-t-il déclaré.
Mais les experts internes rappellent que ces profits sont relatifs, car ils ne prennent pas en compte le déficit structurel de l’ensemble des comptes du Saint-Siège.
Fin du repli financier imposé par François
La décision de Léon XIV ne supprime pas totalement l’obligation pour les dicastères de passer par l’APSA, mais elle met fin à la contrainte de rapatrier toutes les ressources dans la Cité du Vatican. C’est un signal fort : le pape estime que les finances du Saint-Siège sont suffisamment stables pour reprendre le chemin des marchés internationaux. Cette attitude tranche avec celle de François, qui mettait en garde contre le risque d’un effondrement du fonds de pension et d’un déséquilibre durable.
François parlait alors de « décisions difficiles » et de « sacrifices nécessaires » pour assurer la pérennité des retraites des employés du Vatican.
Léon XIV, au contraire, relativise ces inquiétudes, parlant d’un « problème universel des États modernes », et plaide pour un discours plus optimiste sur la situation économique de l’Église.
Optimisme sincère ou illusion comptable ?
Les motivations profondes de cette réforme demeurent floues. Le pape évoque une simple mise en œuvre des recommandations du Conseil pour l’Économie, sans autre détail.
Certains analystes avancent que les premiers mois de son pontificat auraient vu un afflux de dons et promesses financières, permettant de desserrer la contrainte budgétaire. D’autres soupçonnent qu’il a pu recevoir une vision trop optimiste de la situation réelle, ou qu’il cherche à stimuler des rendements plus rapides en rouvrant les portes aux placements étrangers.
Ce choix pourrait donc être interprété de deux manières :
– soit comme un signe de confiance lucide dans la gestion actuelle ;
– soit comme une tentative risquée de masquer un déficit encore bien présent en relançant des pratiques que le Saint-Siège voulait précisément bannir.
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