Le 27 novembre 2024, les législateurs australiens ont franchi une étape décisive vers l’interdiction des réseaux sociaux pour les enfants de moins de 16 ans. Ce projet de loi, qui a récemment été adopté par la chambre basse du parlement, prévoit de sévères amendes pour les entreprises ne respectant pas la nouvelle législation. Si elle est confirmée, cette interdiction marquerait un tournant significatif dans la régulation des plateformes numériques à l’échelle mondiale.
Le projet de loi décrit par Uca News impose aux plateformes de réseaux sociaux, telles que Facebook, Instagram, TikTok et Snapchat, de prendre des mesures « raisonnables » pour empêcher les jeunes adolescents de moins de 16 ans d’ouvrir des comptes. Les entreprises qui ne respecteraient pas cette règle s’exposent à des amendes pouvant atteindre 50 millions de dollars australiens (32,5 millions de dollars US). Bien que cette législation soit l’une des plus strictes au monde, elle soulève d’importantes questions concernant son application.
Le Premier ministre Anthony Albanese, à l’origine du projet, a fermement soutenu cette initiative, soulignant que les réseaux sociaux sont devenus des lieux où se multiplient les pressions sociales, l’anxiété, les arnaques et la présence de prédateurs en ligne. Il a aussi insisté sur l’importance de ramener les jeunes Australiens à des activités plus saines, telles que les sports en plein air.
Cependant, cette législation manque de précisions concernant les modalités de mise en œuvre. Il faudra probablement attendre encore un an avant que les détails sur l’application de la loi ne soient définis par les régulateurs. Des experts pointent déjà du doigt la difficulté d’implémenter une telle interdiction de manière efficace, étant donné que les restrictions d’âge sont facilement contournables.
Les critiques à l’égard de la législation ne manquent pas. De nombreux experts en sécurité numérique estiment que cette approche pourrait être contre-productive. Susan Grantham, spécialiste des médias sociaux, parle d’une réaction « précipitée » qui pourrait entraîner des conséquences imprévues. Selon elle, une interdiction pure et simple des réseaux sociaux ne réglerait pas le problème de la sécurité en ligne des jeunes. Au contraire, elle pourrait isoler les jeunes qui dépendent de ces communautés virtuelles, ou même pousser les adultes à poster des contenus inappropriés, pensant que les enfants ne sont plus présents sur ces plateformes.
De plus, cette législation pourrait amener les jeunes à se tourner vers des versions non réglementées de ces plateformes, créant ainsi de nouveaux espaces dangereux et non surveillés. Selon Grantham, une approche plus constructive consisterait à développer des programmes d’éducation à la citoyenneté numérique, comme celui de la Finlande, où les enfants dès l’âge de cinq ans apprennent à analyser de manière critique ce qu’ils voient en ligne.