Les tensions envers les communautés chrétiennes en Inde ne cessent de s’intensifier, particulièrement dans les États dominés par des groupes nationalistes hindous. Dernièrement, des membres de l’organisation Vishwa Hindu Parishad (VHP), liée au puissant Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) et au Bharatiya Janata Party (BJP), ont manifesté devant une église dans la ville de Rohtak, située dans l’État d’Haryana, dénonçant des conversions « illégales » au christianisme.
L’État d’Haryana, voisin de la capitale New Delhi, compte une population majoritairement hindoue, avec les chrétiens représentant moins de 0,2 % des habitants, soit à peine 6 000 personnes. Ces manifestations surviennent dans un climat où la promotion de l’identité hindoue est au centre de l’idéologie politique du BJP, souvent qualifiée de « vague safran« .
Depuis l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Narendra Modi en 2014, les chrétiens et autres minorités religieuses, comme les musulmans, signalent une montée en flèche des discriminations et des violences. Ces attaques sont exacerbées par les lois dites « anti-conversion« , adoptées dans plusieurs États. Bien que présentées comme un moyen de lutter contre les conversions forcées ou frauduleuses, ces lois sont souvent utilisées pour intimider les minorités.
À Rohtak, les membres du VHP, vêtus de tenues safran, ont organisé une cérémonie religieuse directement devant l’église, accompagnée de danses et de slogans revendiquant la construction de temples hindous. Ils accusent la communauté chrétienne de profiter de la vulnérabilité des Hindous en promettant des miracles ou des soutiens financiers pour les convertir.
Une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux montre les manifestants scandant :
« Nous avons hissé notre drapeau, les temples ont été construits là-bas.«
Ces provocations illustrent une volonté d’affirmer la domination religieuse dans un espace où la minorité chrétienne est déjà marginalisée.
Dans l’État de Chhattisgarh, un dirigeant local du BJP, Anshu Tuteja, a récemment transformé un bâtiment ecclésial en centre communautaire hindou, après avoir menacé de détruire l’église si elle n’était pas évacuée sous trois jours. Le symbole religieux chrétien a été remplacé par une peinture de swastika, symbole religieux hindou, marquant un geste fort d’intimidation.
Selon un rapport de l’United Christian Forum (UCF), 834 incidents d’attaques contre des chrétiens ont été enregistrés en 2024, soit 100 de plus qu’en 2023. Cela représente, en moyenne, plus de deux agressions quotidiennes envers des fidèles chrétiens simplement pour avoir pratiqué leur foi.
L’ADF India, qui documente ces persécutions, souligne que certaines victimes sont même emprisonnées sous des accusations fallacieuses liées aux lois anti-conversion.
Face à cette montée de la violence, l’archevêque de Bangalore, Mgr Peter Machado, a demandé une condamnation publique de ces actes par le Premier ministre Modi. Bien qu’il ne s’attende pas à ce que le chef du gouvernement surveille chaque incident, une déclaration ferme de sa part pourrait, selon lui, dissuader les auteurs de ces attaques.
L’archevêque a également dénoncé l’encouragement implicite donné aux États pour appliquer ces lois anti-conversion de manière arbitraire et brutale. Il rappelle que le slogan de développement national prôné par Modi, « Sab ke saath, sab ka vikas » (Développement pour tous, avec tous), devrait s’appliquer à toutes les communautés sans distinction.
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