Un cortège silencieux et une cérémonie œcuménique ont marqué, mardi soir à Villach, le souvenir des victimes de l’attaque au couteau survenue samedi après-midi. Les autorités civiles et religieuses d’Autriche se sont rassemblées pour exprimer leur solidarité et leur compassion envers les familles touchées par cette tragédie. Mgr Josef Marketz, évêque du diocèse de Gurk, a insisté lors de la messe commémorative en l’église Saint-Jacques sur l’importance de ne pas laisser la haine envahir les cœurs. « Sans espérance, aucun homme ne peut survivre, aucune société ne peut tenir », a-t-il déclaré, « partageant » l’autel avec le surintendant protestant Manfred Sauer.
L’attaque du 15 février 2025 à Villach en Autriche est un attentat islamiste au couteau contre des piétons orchestré par un homme de 23 ans, présenté par les enquêteurs comme étant un ressortissant syrien ayant un « statut de résident légal ». L’attaque a entraîné la mort d’un adolescent de 14 ans et blessé cinq autres personnes.
L’espérance, a souligné Mgr Marketz, est ce qui donne « la force intérieure et la persévérance face aux épreuves de la vie ». Sans elle, la société sombre dans la résignation, l’irritabilité et même la violence. L’évêque a particulièrement adressé ses paroles aux jeunes. Au début de la cérémonie, Mgr Marketz a lu un message de condoléances de l’archevêque Pedro Lopez Quintana, nonce apostolique en Autriche. Ce dernier a exprimé sa profonde tristesse pour la famille du jeune garçon de 14 ans décédé et a assuré de ses prières pour le repos de son âme ainsi que pour le rétablissement des blessés.
À la fin de la messe, le chancelier fédéral Alexander Schallenberg a pris la parole, appelant à « opposer au réseau de la terreur un réseau solide de résilience et de sécurité ». Il a exprimé sa solidarité avec la famille du jeune victime, tué de manière « si brutale et insensée ». Bien que l’islamisme ait une fois de plus montré « son visage hideux », le chancelier a insisté sur le fait que la colère ne devait pas dicter nos actions. « Le terrorisme ne parviendra pas à diviser notre société ni à saper nos valeurs fondamentales, notre mode de vie et notre liberté », a-t-il affirmé. Schallenberg a également rendu hommage au courage d’un passant syrien, dont l’intervention héroïque a probablement évité d’autres victimes.
Günther Albel, maire de Villach, a quant à lui évoqué la douleur des proches des victimes, insistant sur le fait que cet attentat lâche avait plongé la ville dans une « sombre nuée de deuil ». Il a rappelé que cette attaque ne visait pas seulement quelques individus, mais « notre démocratie, notre liberté, tout ce qui fait l’essence de Villach ». Face à cette horreur, la réponse ne doit pas être la peur ou la haine, mais l’amour et l’unité. « Nous sommes tous à vos côtés, nous vous entourons de notre soutien », a-t-il assuré aux familles endeuillées.
Le surintendant Manfred Sauer, représentant de l’église protestante, a évoqué les ténèbres qui ont envahi la ville samedi dernier, contrastant avec la lumière d’une simple bougie, symbole d’espérance et de confiance. Citant l’Évangile de Jean, il a rappelé que « lumière et ténèbres, aveuglement et clairvoyance » sont souvent proches. Il a déploré que la vie d’un jeune ait été « éteinte comme une bougie ».
L’imam de Villach, Esad Memi, ainsi que d’autres représentants de la communauté musulmane de Carinthie, ont également participé à la cérémonie, apportant leur solidarité et compassion de la part de leur communauté. La messe s’est conclue par le chant œcuménique « Viens, Seigneur, bénis-nous, afin que nous ne nous séparions pas », un hymne déjà chanté en ex-RDA, comme l’a rappelé le curé Pirker.
Marche silencieuse et dépôt de gerbes
Avant la messe, une marche commémorative a débuté à 18 heures, marquée par le son des cloches des églises environnantes. Partant du café Bernold, dans le centre-ville de Villach, le cortège a traversé le pont de la ville, lieu de l’attentat, avant de se diriger vers l’église Saint-Jacques. Un espace de recueillement avait été aménagé près du pont, où les participants ont déposé des bougies et des fleurs. Le chancelier Schallenberg, le gouverneur Kaiser et le maire Albel y ont également déposé une gerbe. La grande cloche de la paix de l’église Saint-Jacques a résonné pendant la marche, tandis que la messe, retransmise en direct sur ORF III, était également diffusée à l’extérieur pour accueillir la foule nombreuse.
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