L’Association Médicale Islamique de Grande-Bretagne (BIMA) a récemment exprimé une opposition ferme aux projets de modification de la législation sur le suicide assisté. Cette prise de position s’appuie sur des préoccupations morales ancrées dans la tradition islamique. Pour l’organisation, le suicide assisté s’oppose à la « boussole morale musulmane », en écho aux valeurs de compassion et de dignité humaine qui caractérisent la prise en charge des patients.
Cette déclaration marque un point d’inflexion, puisqu’elle fait de BIMA l’une des premières voix des groupes médicaux à s’opposer publiquement au projet de loi sur le suicide assisté en Angleterre, présenté par la députée travailliste Kim Leadbeater. Ce projet de loi, visant les adultes en phase terminale, soulève des inquiétudes quant aux effets de cette législation sur les communautés vulnérables et marginalisées, dont la situation précaire a été mise en lumière durant la pandémie de Covid-19.
Une préoccupation éthique pour les plus vulnérables
La BIMA, qui représente près de 8 000 professionnels de santé musulmans travaillant au sein du NHS et des communautés britanniques, s’appuie sur une enquête auprès de ses membres. Les résultats révèlent une opposition généralisée au suicide assisté, s’appuyant sur des raisons éthiques, pratiques et sociales. Selon l’association, cette opposition renforce sa position contre l’introduction du « suicide assisté » et de « l’euthanasie » au Royaume-Uni.
Le communiqué de BIMA souligne également que les soins aux mourants sont un devoir essentiel des professions de santé représentées par l’association, un marqueur de compassion au cœur de toute société qui se veut respectueuse de la dignité humaine. Ce souci, en cohérence avec la « boussole morale musulmane », est un fondement inaltérable de la profession médicale. En effet, l’assistance à la mort bouleverse non seulement les valeurs éthiques des soignants, mais également le mode de soin dans le pays.
Une objection fondée sur l’éthique et l’expérience des soins palliatifs
Parmi les objections soulevées, les médecins musulmans de BIMA font part de préoccupations fondées, tant sur leur code de déontologie professionnelle que sur les dangers que pourrait poser cette législation pour les personnes vulnérables. Dans un système de santé aux ressources limitées, ces individus, ainsi que les communautés marginalisées, rencontrent déjà des difficultés à accéder aux soins, en particulier aux soins palliatifs.
L’association rappelle également les leçons tirées de la pandémie, qui a révélé le traitement inégal des minorités ethniques et des personnes vulnérables, souvent peu écoutées dans le système de santé. Cette législation, selon BIMA, pourrait amplifier les inégalités de soins et accroître les risques pour ces patients, qui connaissent déjà des expériences de fin de vie marquées par des difficultés d’accès aux soins.
Le problème des soins palliatifs sous-financés au Royaume-Uni
La BIMA souligne en outre que le système de santé britannique, tout comme les organisations de soins palliatifs, est affaibli par des années de sous-financement et de pénuries de personnel. De nombreux hospices, d’un bout à l’autre du pays, subissent des difficultés financières et réduisent leurs services, ce qui impacte davantage les personnes économiquement vulnérables et marginalisées, exacerbant leurs craintes quant aux souffrances en fin de vie.
L’association conclut en soulignant que la solution réside non pas dans la légalisation du suicide assisté ou de l’euthanasie, mais dans le soutien accru du personnel de santé et des services de soins. Les familles et les patients méritent un système de soins palliatifs de qualité, permettant un accompagnement respectueux et digne jusqu’à la fin de vie.