Le récent rituel de purification lors de l’investiture de Claudia Sheinbaum, première femme présidente du Mexique, a suscité des réactions mitigées au sein de l’Église catholique mexicaine. Certains y voient un geste symbolique pour reconnaître les peuples indigènes, tandis que d’autres, notamment des exorcistes, s’inquiètent de possibles dérives spirituelles.
Un rituel de purification controversé
Lors de l’investiture de Claudia Sheinbaum, une cérémonie indigène a été réalisée sur la place de la Constitution, au cœur de Mexico. Des femmes indigènes, entourées d’encens et de fleurs, ont invoqué des « nahuales« , des esprits protecteurs et guides spirituels, afin de bénir la nouvelle présidente. Elles ont prié le Soleil, Père des ancêtres africains, pour qu’il réside dans le cœur de Sheinbaum et des femmes mexicaines.
Cette cérémonie, comme l’a souligné une participante, visait à demander « vie, lumière et sagesse » pour la nouvelle présidente. Les nahuales, dans la tradition mexicaine, sont considérés comme des esprits protecteurs capables de se transformer en animaux, accompagnant une personne tout au long de sa vie. L’événement a duré une trentaine de minutes et s’est déroulé sous les regards des partisans et des médias locaux.
La réaction des autorités catholiques
Le cardinal Felipe Arizmendi, évêque émérite du diocèse de San Cristobal de Las Casas, a réagi en affirmant que cette cérémonie n’était ni populiste ni un simple spectacle. Pour lui, il s’agissait d’un acte symbolique visant à réparer une « dette historique » envers les peuples indigènes du Mexique. Arizmendi espère que cet événement reflète un engagement durable envers ces communautés marginalisées, notamment les femmes indigènes.
Il a également souligné que la liberté religieuse doit être garantie par le gouvernement, et que le christianisme a un rôle à jouer dans la construction de la paix sociale. Le cardinal, connu pour promouvoir un rite indigène de la messe, semble voir dans cette cérémonie une forme de reconnaissance culturelle, plutôt qu’une menace pour la foi chrétienne.
Les critiques des exorcistes
Cependant, tous ne partagent pas cet avis. Le père Alberto Medel, exorciste et coordinateur du Comité théologique du Collège des exorcistes de l’archidiocèse de Mexico, a vivement critiqué la cérémonie, la qualifiant de mise en scène plutôt que d’un véritable rituel indigène. Selon lui, la foi catholique est profondément enracinée au sein du peuple mexicain, et cette cérémonie semble être un texte écrit à l’avance, dénaturant la véritable spiritualité indigène.
Medel estime que ce type de rituel ne reflète en rien la réalité spirituelle des peuples indigènes, mais cherche à manipuler une certaine sensibilité populaire. Pour lui, présenter des croyances où le soleil ou la lune sont divinisés est un affront aux peuples indigènes eux-mêmes, qu’il juge ridiculisés par cette représentation.
Le père Eduardo Hayen, exorciste du diocèse de Ciudad Juarez, va encore plus loin. Dans un article intitulé Catholiques et rituels païens, il a qualifié cette cérémonie de « rituel de sorcellerie« . Selon lui, même si Sheinbaum n’a pas participé directement à un culte satanique, elle s’est néanmoins associée à des pratiques néopaïennes. Il rappelle que le fait de s’engager dans de tels rites, même inconsciemment, peut ouvrir des portes spirituelles dangereuses, facilitant l’action du diable dans la vie des personnes concernées.
Le père Hugo Valdemar, ancien directeur des communications de l’archidiocèse de Mexico, abonde dans ce sens. Il met en garde contre les conséquences spirituelles de tels rituels, qui selon lui, invitent littéralement le démon à entrer dans la vie de ceux qui y participent. Pour Valdemar, ces cérémonies ne sont pas des actes anodins, mais des portes ouvertes à l’action démoniaque, déguisées sous des apparences de respect des traditions culturelles.