Dans un monde où les débats politiques et moraux sont de plus en plus polarisés, il est essentiel de prendre du recul et d’analyser les véritables valeurs qui sous-tendent nos sociétés. JD Vance, figure influente du paysage conservateur américain, pose une question cruciale : quelle vision positive voulons-nous défendre ? Ce témoignage offre une réponse catholique et canadienne à cette interrogation, en mettant en lumière les contradictions et les enjeux éthiques du modèle américain.
Vous pouvez retrouver l’intégralité de ce texte, sans édition ni modification, sur le site du National Catholic Reporter : Une vision à défendre : réponse canadienne à JD Vance.
JD Vance, comme moi, est catholique, et comme lui, j’ai découvert la foi à l’âge adulte. Cependant, nos visions divergent sur bien des points. Tandis qu’il soutient la sacralité de la vie, son adhésion à la peine de mort laisse planer un doute sur ce qu’il entend réellement par ce principe fondamental de notre foi (CEC, n° 2267). Par ailleurs, si Vance semble placer ses espoirs en Donald Trump, en tant que Canadien, je ne peux que m’inquiéter face aux menaces d’annexion de mon pays par l’ancien président des États-Unis.
Toutefois, il faut reconnaître que JD Vance a soulevé une question essentielle lors de son discours à la Conférence de Munich sur la sécurité. Il a demandé aux dirigeants européens quelle était leur vision positive, ce qu’ils cherchaient véritablement à défendre. Une interrogation pertinente : une nation ne peut pas se limiter à la simple conservation de la vie, elle doit incarner un projet plus grand.
Dans un premier temps, cette réflexion m’a conduit à un constat alarmant : les menaces de Trump sur le Canada ne sont pas anodines. Pourquoi voudrions-nous devenir une partie d’un pays où les soins médicaux sont inaccessibles pour une large part de la population ? Où le taux de criminalité est parmi les plus élevés du monde développé ? Où la patrie semble souvent primer sur Dieu et la charité ? Ces craintes, cependant, ne suffisent pas à construire une vision positive.
Ce que le Canada incarne, c’est une société où les soins de santé sont garantis pour tous. Là où, aux États-Unis, une naissance peut coûter environ 13 000 dollars, ici, mon épouse et moi avons simplement payé quelques frais de stationnement à l’hôpital pour accueillir nos enfants. Si défendre la vie signifie prendre soin des plus vulnérables, alors notre modèle de santé est bien plus en phase avec une vision véritablement pro-vie.
Et lorsque mon fils a dû faire face à un cancer, toutes ses opérations et traitements ont été pris en charge sans que nous ayons à nous soucier des frais. Aux États-Unis, un enfant sans assurance est 1,26 fois plus susceptible de mourir d’un cancer que celui qui est couvert. Un système où un enfant peut perdre la vie parce que ses parents ne peuvent pas payer les soins nécessaires ne peut en aucun cas se revendiquer pro-vie (CEC, n° 2411).
Cette approche ne concerne pas seulement le Canada. Dans la plupart des pays développés, l’accès aux soins est un droit fondamental. Mais ce principe incarne une vision que les États-Unis ne défendent pas suffisamment : celle d’une société où les relations humaines reposent sur l’amour et le respect de la dignité de chacun (CEC, n° 2423), où le profit ne doit pas être l’objectif ultime de l’économie (CEC, n° 2424), et où l’État doit assurer une régulation juste du marché dans l’intérêt du bien commun (CEC, n° 2425). Cette conception, qui reflète les valeurs catholiques, est pourtant absente du modèle américain actuel.
Dieu est au-dessus de ma nation, mais cela ne signifie pas que je ne dois pas la défendre. Le Canada est ma patrie, le lieu où j’ai appris à aimer véritablement. L’amour est patient, comme lorsqu’on prend le temps d’écouter les peuples autochtones marqués par l’héritage des pensionnats. L’amour est généreux, comme dans un système où chacun peut recevoir des soins médicaux sans condition de revenus. L’amour ne cherche pas l’envie, car dans une société où la solidarité est forte, il n’y a pas besoin de craindre la réussite des autres. L’amour ne tient pas un registre des torts passés, il cherche la réconciliation.
JD Vance et les dirigeants européens qu’il interpelle partagent sans doute ces valeurs. Ils peuvent les exprimer différemment ou avoir des désaccords sur leur application, mais il s’agit fondamentalement de principes chrétiens. Ce qui étonne, c’est que dans son discours à Munich, Vance a à peine mentionné le christianisme. Était-ce une question de prudence ? Peut-être. Mais il est aussi difficile d’ignorer que bien des actions et attitudes de l’administration Trump sont en totale contradiction avec l’Évangile.
Près de 29 % des Canadiens sont catholiques, mais on ne parle plus du Canada comme d’une nation chrétienne. Le pays est loin d’être parfait, mais il demeure un endroit où l’on apprend chaque jour à aimer son prochain et même son ennemi, comme le Christ nous l’a enseigné. Voilà une vision qui mérite d’être défendue, et si JD Vance et Donald Trump veulent sincèrement incarner des leaders chrétiens, alors qu’ils commencent par agir comme le Christ, et non comme Hérode.
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