Le pèlerinage annuel « Summorum Pontificum » rassemble en ce mois d’octobre des fidèles du monde entier à Rome. À l’occasion de cette 13ᵉ édition, l’idée d’un ordinariat personnel pour les catholiques attachés au rite tridentin émerge en France. Cette structure pourrait fournir aux fidèles une stabilité pastorale, une reconnaissance directe auprès du Saint-Père, et un évêque dédié pour les représenter. En France, c’est le père Louis-Marie de Blignières, dominicain et fondateur de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier, qui a lancé cette proposition pour répondre aux attentes des catholiques fidèles à la forme traditionnelle de la liturgie.
Contexte du « Summorum Pontificum » et de « Traditionis Custodes »
L’importance du pèlerinage tient au lien avec le motu proprio Summorum Pontificum, signé en 2007 par le pape Benoît XVI, qui facilitait la célébration de la messe selon le Missel de 1962, ou messe tridentine. Ce geste visait à rapprocher les fidèles attachés à la liturgie ancienne. Cependant, en 2021, le pape François a révisé cette politique avec le motu proprio Traditionis Custodes, restreignant sévèrement l’usage du rite tridentin. Ces nouvelles restrictions ont provoqué des tensions et des incompréhensions entre les catholiques traditionalistes et certains évêques, particulièrement en France où la célébration de messes et de sacrements selon l’ancien rite est devenue un sujet de négociation.
Une situation délicate en France
Pour le père Louis-Marie de Blignières, la situation des catholiques traditionalistes en France est aujourd’hui « très compliquée« , c’est ce qu’il a relaté dans un entretien avec OSV news. Les restrictions imposées par Traditionis Custodes ont non seulement réduit les lieux où la messe tridentine peut être célébrée, mais ont aussi suscité un malaise parmi les fidèles. D’après le père, les évêques s’efforcent de suivre les directives de Rome, mais cette obéissance entraîne parfois la fermeture de lieux de culte dédiés à cette liturgie et rend difficile l’accès aux sacrements, notamment pour les confirmations et les mariages.
« Les évêques peinent à comprendre notre attachement au rite traditionnel, » déclare le père de Blignières, ajoutant que les fidèles perçoivent ce rite comme une richesse liturgique irremplaçable, ancrée dans une spiritualité catholique profonde. Parmi les points de friction figure la question de la concélébration de la messe chrismale durant la Semaine Sainte, un rite auquel les traditionalistes préfèrent ne pas participer pour conserver la pratique de célébrer individuellement la messe.
Fidélité et continuité dans la tradition
Le père de Blignières souligne que son attachement à la messe traditionnelle ne signifie pas une opposition à l’Église post-conciliaire. Il reconnaît la validité de la messe célébrée selon le Missel de Paul VI, ainsi que la continuité de Vatican II avec l’enseignement traditionnel de l’Église. Cette distinction le sépare des groupes schismatiques, tels que ceux associés à l’archevêque Marcel Lefebvre en 1988. Le père rappelle d’ailleurs l’effort du pape Jean-Paul II, qui avait mis en place la commission Ecclesia Dei pour offrir un cadre aux communautés attachées au rite ancien sans rompre avec Rome.
La proposition d’un Ordinariat Personnel
Dans ce contexte tendu, le père de Blignières propose la création d’un ordinariat personnel pour les catholiques français fidèles à la messe tridentine. Inspirée des ordinariats existants pour les anglicans, cette structure offrirait un cadre stable pour la célébration de la messe et des sacrements dans l’ancien rite. Selon le père de Blignières, un tel ordinariat pourrait soulager les évêques diocésains de la gestion des communautés traditionalistes, tout en offrant à ces dernières une meilleure intégration dans l’Église.
Un modèle comparable existe déjà au Brésil pour l’administration apostolique personnelle de Saint-Jean-Marie-Vianney. Les ordinariats anglicans, créés sous le pontificat de Benoît XVI en 2011, montrent aussi la possibilité d’intégrer des traditions spécifiques tout en restant pleinement fidèles au Saint-Siège.
Un cadre pastoral respectueux et constructif
En juin 2024, le père de Blignières a précisé que cet ordinariat ne chercherait pas à isoler les catholiques traditionalistes dans une sorte de « ghetto » liturgique, mais au contraire, à offrir un espace de paix et de stabilité pour la liturgie traditionnelle. La structure permettrait de répondre aux besoins des fidèles sans créer de division, facilitant ainsi une meilleure coopération avec les diocèses.
Pour le père de Blignières, cette proposition d’ordinariat reste modeste en termes de réalisation à court terme, mais elle ouvre la voie à des réflexions constructives et respectueuses. « Nous devons avancer de manière constructive, sans recriminations, » conclut-il.
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