La ville d’Alep, déjà dévastée par des années de guerre civile, vient de tomber aux mains d’une coalition de groupes islamistes radicaux venus d’Idlib. Cette offensive éclair, aussi soudaine que violente, plonge les habitants dans une nouvelle vague d’angoisse. Pour la petite communauté chrétienne de la ville, cette situation pourrait bien être le coup de grâce.
Depuis plusieurs années, le conflit en Syrie semblait gelé. Mais le 27 novembre, tout a basculé. Des groupes islamistes coalisés autour de Hayat Tahrir al-Cham (HTC), bien connus pour leurs méthodes brutales, ont lancé une attaque depuis la région d’Idlib, proche de la frontière turque. Leur avancée rapide a surpris tout le monde. En moins de 24 heures, l’armée syrienne s’est retirée sans réelle résistance, laissant Alep aux mains des insurgés.
Les habitants, pris de panique, ont tenté de fuir. Les routes principales étant bloquées, certains ont dû emprunter des chemins secondaires dans des conditions éprouvantes. Pour beaucoup, il était déjà trop tard. Les groupes islamistes sont entrés dans les quartiers ouest, notamment ceux à forte population chrétienne comme Azizieh.
Les souvenirs de l’occupation djihadiste dans d’autres villes syriennes comme Raqqa ou Qaryatayn hantent les esprits. Bien que HTC ait demandé aux chrétiens de rester, la méfiance et la peur règnent. Vincent Gelot, responsable des projets de l’Œuvre d’Orient pour la Syrie, compare cette situation à la chute de Mossoul en 2014, où les chrétiens avaient été persécutés et chassés.
Dans cette atmosphère tendue, les évêques des différentes confessions chrétiennes ont fait le choix courageux de rester aux côtés de leurs fidèles. L’évêque latin, Mgr Hanna Jallouf, un franciscain ayant déjà affronté les pressions de HTC dans la région d’Idlib, a gardé le contact avec les nouveaux occupants. De leur côté, les frères maristes ont reçu la visite de militants tchétchènes, qui ont promis le respect des confessions, des paroles qui peinent à rassurer.
À Alep, les habitants vivent terrés chez eux, redoutant autant les djihadistes que les frappes russes déjà en cours. Une bombe a d’ailleurs touché le couvent des Franciscains. Dans une ville où l’électricité et le chauffage sont quasi inexistants, les conditions de vie deviennent insupportables, et la peur d’un nouveau champ de bataille hante tout le monde.
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