À l’approche de la Journée des Martyrs de l’Ouganda, le 3 juin prochain, les évêques catholiques du pays ont publié une lettre pastorale d’une quinzaine de pages, intitulée « La vérité vous rendra libres », dans laquelle ils expriment leur vive inquiétude face à la dérive morale, politique et sociale que traverse actuellement leur nation. Selon eux, l’Ouganda se trouve à un tournant décisif de son histoire, et il devient urgent de rectifier la trajectoire avant que le pire ne se produise.
Mgr Joseph Antony Zziwa, président de la Conférence épiscopale ougandaise, n’a pas mâché ses mots :
« Le pays est au bord du gouffre. Si nous ne changeons pas de cap, nous risquons de retomber dans le chaos que nous avions espéré ne plus jamais revoir. »
À travers cette lettre, les évêques dressent un tableau sombre mais lucide des maux qui gangrènent la société : torture, corruption, abus d’autorité, injustices sociales, pauvreté croissante, chômage des jeunes, et tribalismes toujours plus marqués.
Ils mettent en garde contre une politique qui sacrifie le bien commun sur l’autel de l’ambition personnelle et des calculs électoralistes, particulièrement à l’approche des élections générales de 2026. L’Église demande un sursaut de conscience, une réforme profonde, et surtout, le retour à la justice, au dialogue sincère, et à la fidélité aux principes moraux.
L’archevêque de Kampala, Mgr Paul Ssemogerere, a lui aussi pris la parole à l’occasion du 28e anniversaire du diocèse de Kasana-Luweero, dénonçant fermement l’escalade de violences verbales et physiques qui entoure déjà le climat pré-électoral. Il a évoqué avec gravité les événements récents survenus à Kawempe North lors des nominations, y voyant un signal préoccupant de la tournure que prennent les choses. « Ce n’est pas qu’un incident politique : c’est un avertissement. La torture, l’intimidation et les abus ne doivent pas devenir la norme », a-t-il déclaré.
Mgr Ssemogerere a rappelé le lourd passé de souffrance de certaines régions, comme le Grand Luweero, exhortant les habitants à refuser toute résurgence de la violence politique. « Trop de sang a déjà été versé sur cette terre. Ne laissons pas la haine reprendre racine », a-t-il plaidé.
Dans leur message, les évêques s’adressent aussi à deux piliers essentiels de la vie publique : les journalistes et les parlementaires. Aux premiers, ils rappellent leur responsabilité morale d’éclairer la vérité et de cultiver la paix. « Que la presse ne soit pas un instrument de division, mais un levier de dialogue et de responsabilité civique », a souligné l’archevêque.
Quant aux députés, les évêques les appellent à faire preuve de courage et de justice dans leur mission législative, en particulier concernant les dérives comme le jugement de civils par des tribunaux militaires. L’Église prie pour que les lois adoptées soient au service de la vérité, de la liberté, et du bien commun.
S’ils réaffirment que l’Église ne se mêle pas de politique partisane, les pasteurs de l’Église catholique ougandaise rappellent néanmoins leur devoir prophétique : celui d’éclairer la conscience des fidèles et de dénoncer le mal, quelles qu’en soient les formes. Comme le dit Mgr Zziwa, « la mission de l’Église inclut le jugement moral sur tout ce qui touche à la dignité humaine », s’inscrivant ainsi dans l’enseignement constant du Magistère, notamment celui du pape François qui appelle à une politique noble, tournée vers le bien commun.
En s’appuyant sur l’Évangile selon saint Jean – La vérité vous rendra libres –, les évêques lancent un appel solennel à tous les Ougandais, au-delà des partis, pour qu’ils embrassent la vérité, la probité et la réconciliation nationale. Le temps n’est plus aux discours creux, mais aux décisions courageuses. « Rejetons la politique de la peur et des manipulations », concluent-ils. « L’Ouganda appartient à tous ses enfants. Son avenir dépend de notre engagement aujourd’hui. »
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