Alors que les violences s’aggravent dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), l’Église catholique tire la sonnette d’alarme face à une situation humanitaire de plus en plus désespérée. Élie Mbulegheti, directeur de la communication de Caritas Butembo-Beni, a dénoncé avec gravité les souffrances endurées par les populations locales, prises en étau entre les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, et les forces armées congolaises (FARDC).
Ces derniers jours, les rebelles du M23 ont pris le contrôle de Nyabibwe, une ville minière située à environ 100 kilomètres de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu. Cette avancée intervient malgré un cessez-le-feu unilatéral déclaré par le groupe rebelle, que le gouvernement congolais a qualifié de « fausse communication ». Plus tôt, le M23 s’était déjà emparé de Goma, la capitale du Nord-Kivu, une ville de plus de deux millions d’habitants.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les combats ont déjà fait au moins 900 morts et 2 880 blessés dans la région de Goma. Mais au-delà des chiffres, c’est tout un peuple qui est plongé dans la détresse. « Les gens ne sont même plus libres de fuir », a confié Élie Mbulegheti à Crux. Depuis la reprise des attaques du M23 en 2021, la province du Nord-Kivu vit sous une menace constante. En juin 2023, les rebelles ont pénétré dans le diocèse de Butembo-Beni, s’emparant de Kanyabayonga et de plusieurs autres villages.
Une crise humanitaire sans précédent
Les déplacements de population se multiplient, avec plus de 200 000 foyers affectés rien qu’à Goma. « Certains déplacés commencent à retourner dans leurs villages, non pas parce que la paix est revenue, mais parce qu’ils n’ont plus d’autre choix. Leurs lieux de refuge et leurs foyers sont tous deux en proie aux conflits », a expliqué Mbulegheti. Les hôpitaux, déjà dépourvus de moyens, sont submergés par l’afflux de blessés, tandis que des milliers d’enfants, devenus orphelins, survivent dans des conditions précaires, dépendant de la solidarité des habitants locaux pour leur nourriture et leur éducation.
Face à cette tragédie, les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) ont exprimé leur profonde tristesse et leur solidarité spirituelle avec les victimes. Dans une déclaration datée du 3 février, ils ont déploré « l’énorme perte en vies humaines » causée par l’intensification des combats entre les FARDC et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda.
« Nous suivons avec une grande tristesse et une profonde inquiétude la détérioration de la situation sécuritaire dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu », ont-ils écrit, soulignant les pillages et les déplacements massifs de populations déjà appauvries par des décennies de conflits récurrents. Les évêques ont également exprimé leur proximité fraternelle avec Mgr Willy Ngumbi, évêque de Goma, et Mgr François Xavier Maroy, archevêque de Bukavu, ainsi qu’avec l’ensemble du peuple de Dieu vivant dans ces régions meurtries.
Les racines d’un conflit complexe
La guerre dans l’est de la RDC trouve ses racines dans des tensions ethniques, des luttes politiques et le contrôle des ressources naturelles précieuses de la région. Le Rwanda justifie son implication par la nécessité de protéger les Tutsis congolais face aux forces hutues liées au génocide de 1994, qui avait fait environ 800 000 morts. Cependant, la RDC et de nombreux analystes estiment que les véritables motivations du Rwanda, comme celles des quelque 120 milices opérant dans la région, sont liées à l’exploitation des minerais stratégiques.
La région regorge en effet de cobalt, de coltan, d’étain, de tantale et d’or, des ressources essentielles pour les industries électroniques et les technologies renouvelables. Le cobalt, par exemple, est un composant clé des batteries rechargeables, tandis que le coltan est utilisé dans les appareils électroniques.
Dans ce contexte, l’Église catholique continue de jouer un rôle crucial, non seulement en dénonçant les injustices, mais aussi en apportant une aide concrète aux populations déplacées et aux victimes de cette guerre « inutile », comme l’ont qualifiée les évêques. Face à l’ampleur de la crise, leur appel à la paix et à la solidarité résonne comme un cri d’espoir dans un pays en proie à la violence et à la désolation.
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