Marie, Reine de Miséricorde : Une Confiance Inébranlable

Dans son œuvre Les Gloires de Marie, saint Alphonse de Liguori nous invite à réfléchir sur la grandeur de notre confiance en la Vierge Marie, Reine de Miséricorde. Son titre royal ne se limite pas à une simple reconnaissance honorifique ; il est profondément ancré dans la tradition catholique et revêt une signification spirituelle immense.

Marie est Reine parce qu'elle est la Mère du Roi des rois, Jésus-Christ. Comme l'affirme saint Athanase, si le Fils est Roi, il est naturel que la Mère soit reconnue comme Reine. Saint Bernardin de Sienne va plus loin en soulignant qu'au moment où Marie accepte d'être la Mère du Verbe éternel, elle acquiert, par ce consentement, une dignité royale sur toutes les créatures. Arnauld de Chartres, quant à lui, remarque que si Marie est unie charnellement à Jésus, elle partage aussi avec Lui la même puissance souveraine.

Ainsi, si Jésus est Roi de l'univers, Marie, en tant que Mère du Roi, est aussi Reine de cet univers. Comme le souligne l'abbé Rupert, Marie a le droit de régner sur tout le royaume de son Fils. Cela conduit saint Bernardin de Sienne à conclure que toutes les créatures qui servent Dieu doivent aussi servir Marie. En effet, les anges, les hommes, et tout ce qui existe dans les cieux et sur la terre sont soumis à la domination de cette glorieuse Vierge. L'abbé Guéric ajoute, s'adressant à Marie :

"Continuez donc, ô Marie, continuez de régner en toute sécurité ; disposez à votre gré des biens de votre Fils ; puisque vous êtes la Mère et l'Épouse du Roi de l'univers, vous êtes Reine, et avez droit à l'empire et à la domination sur toutes les créatures."

Mais cette royauté de Marie, loin d'être marquée par la sévérité et la rigueur, est imprégnée de douceur et de miséricorde. C'est pourquoi l'Église la salue comme Mère de Miséricorde dans la prière du Salve Regina. Le Bienheureux Albert le Grand note que le nom de Reine évoque la compassion, contrairement à celui d'Impératrice, qui suggère plutôt la sévérité. Sénèque, philosophe antique, souligne que la vraie grandeur des souverains réside dans leur capacité à soulager les malheureux. Les rois, dans leur sacre, sont oints d'huile, symbole de miséricorde, pour rappeler qu'ils doivent gouverner avec compassion.

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Toutefois, la royauté de Marie diffère de celle des autres souverains. Elle n'est pas Reine de justice, obligée de punir les coupables ; elle est Reine de miséricorde, toujours prête à pardonner et à compatir aux souffrances des pécheurs. Saint Thomas d'Aquin explique que, lorsqu'elle a conçu et enfanté le Verbe divin, Marie a reçu la moitié du règne de Dieu, devenant ainsi Reine de miséricorde, tandis que Jésus restait Roi de justice.

Le Père Éternel a confié à Jésus l'office de juger le monde, mais à Marie, Il a donné celui de compatir et de soulager les âmes. C'est pourquoi saint Bonaventure s'écrie :

"Seigneur ! Donnez votre justice au Roi, et votre miséricorde à la Reine, sa Mère."

De même, Ernest, archevêque de Prague, affirme que Dieu a attribué à son Fils le rôle de juge, tandis que la Mère a reçu celui de compatir.

Ainsi, en couronnant Marie de l'huile d'allégresse, Dieu l'a consacrée Reine de Miséricorde. Pour nous, enfants d'Adam, Marie est une source d'espérance et de réconfort inestimable. Comme le dit saint Bonaventure, Marie est imprégnée du baume de la miséricorde et remplit son rôle de Reine avec une tendresse maternelle infinie. Elle est notre refuge, toujours prête à intercéder pour nous et à nous accorder les grâces nécessaires à notre salut.

En cette Reine, nous trouvons un modèle parfait de miséricorde et de compassion. Plaçons donc en Marie notre confiance la plus totale, sachant qu'elle est toujours prête à nous accueillir sous son manteau de miséricorde.