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De la prière pour la patrie et pour l’Église

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Discours du Bienheureux Léon Dehon sur la patrie et l’Église durant son sermon à la Capelle le 14 août 1870

Nous sommes réunis pour prier. Quel beau spectacle qu’une assemblée de chrétiens réunis pour la prière ! Dieu nous est présent dans son immensité et sa miséricordieuse Providence. Notre Seigneur, le divin crucifié, nous est présent dans son eucharistie et tout à l’heure, il descendra sur l’autel pour nous dire son amour, pour recevoir nos prières et nous ouvrir les trésors de son Père.

Tout le ciel nous considère. Tous les saints invoqués au saint sacrifice jettent sur nous un regard d’amour et vers Dieu un regard de prière. Nos bons anges sont dans l’allégresse. Entrons dans ce concert de sainteté, de pureté et d’amour.

Prions, prions pour la France, prions pour nous-mêmes et louons Marie qui triomphe en ce jour. Prions pour la France. C’est la fille aînée de l’Église et la nation bénie de Dieu. La France a sans doute bien des crimes à expier et s’il plaisait à Dieu de la punir, nous devrions nous résigner. Mais il nous est permis de nous confier en sa miséricorde.

Nous pouvons baser notre confiance sur la justice de notre cause, sur l’effort religieux de la France en ce moment et sur la prière. J’ai confiance dans la justice de notre cause. Nous allons réprimer l’orgueil et l’esprit d’envahissement d’un gouvernement inique.

Le royaume que nous combattons est né de l’apostasie. Le chef de la famille qui y règne, après avoir renié sa foi, ses vœux et ses serments forma ses états des biens volés à l’Église. Ses descendants s’armèrent pour la défense de l’hérésie, protégèrent au siècle dernier l’incrédulité, prirent part au honteux partage de la Pologne et récemment soumirent par la force à leur joug inique plusieurs provinces danoises et allemandes.

Telle est la puissance qui nous provoque en ce moment pour conquérir en Europe, au profit de son ambition, la suprématie que nous y exerçons au profit de la justice et de la vérité. La France au contraire ne détient injustement aucune province étrangère. Elle est devant Dieu la nation de Charlemagne et de Saint Louis.

Elle se bat sur le terrain qui a été témoin des triomphes du christianisme par les armes de Charlemagne et de Clovis et dans ces derniers temps, elle a prêté à Dieu en secourant son vicaire à Rome, en protégeant les chrétiens en Chine et au Japon, en les vengeant en Syrie, en Corée et aux Indes. Elle veut maintenir son rang en Europe pour conserver son rôle chevaleresque de ministre de la Justice de Dieu. Et Dieu la protègera.

J’ai confiance aussi dans le mouvement religieux qui réjouit le ciel. Ce ne sont partout que prières, pèlerinages et retours à Dieu de nos soldats avant la bataille. Nos souverains ont donné l’exemple de la prière. Dieu protègera nos armées. Nous aussi, nous allons prier généreusement. Nous appellerons la miséricorde de Dieu et ses bénédictions sur notre armée pour qu’elle obtienne par un triomphe facile une paix glorieuse.

Et en même temps que nous soulagerons, autant qu’il est en nous, les misères qu’entraîne avec elle la guerre, nous appellerons aussi sur elles les consolations du ciel. Je vous disais qu’il fallait aimer la France et prier pour elle. Mais il y a une autre patrie qu’il faut aimer aussi. C’est la grande patrie de l’Église, de l’Église du ciel et de la terre.

Dans cette patrie, nous avons un roi qui est Dieu, et ce roi nous a donné la vie et il nous la conserve et nous ne l’aimons pas ! Il a voulu gagner nos cœurs et il nous a envoyé son Fils qui a donné sa vie pour nous et nous ne l’aimons pas ! Et ce Fils de Dieu a voulu demeurer avec nous pour nous rappeler toujours son amour et nous le délaissons ! Et son amour tendre comme celui d’une mère nous cherche sans cesse et nous lui résistons ! Jerusalem, Jerusalem, quoties volui…etc.

Il a voulu et nous ne voulons pas. Il nous a donné la liberté et nous en avons usé pour être ingrats. Et il veut encore tous les jours et il va tout à l’heure encore sur cet autel nous solliciter de l’aimer un peu, lui qui nous aime infiniment. Et beaucoup de vous ne voudront pas encore !

Et vous croyez échapper à la vengeance éternelle ? Si l’enfer n’existait pas, il faudrait le créer pour tant d’ingratitude, de honte et de lâcheté. Mais cette pensée est trop triste, je ne la développe pas. J’espère que vous voudrez tous. Mais il y en a qui ne voudront qu’à demi ; il y en a qui voudront tard.

Après qu’ils auront donné toute leur vie à la matière, ils offriront à Dieu leur dernier soupir. Et si Dieu vous fait la grâce de l’accepter, ce qui est douteux, ne voyez-vous pas que sa justice aura à vous demander une longue expiation et que le vide de votre vie diminuera d’autant votre couronne. Dans ce royaume surnaturel, nous avons à conquérir la paix avec Dieu, la paix dans l’ordre de l’adoration et de l’amour.

Nous avons aussi à conquérir la paix avec nos frères. Nos frères dans ce royaume qui est le royaume de Dieu sont au ciel triomphants, au purgatoire souffrants, sur la terre militants. Que la paix avec tous serait belle et comme je comprends le grand don que nous offrait Notre Seigneur quand il a dit :

Je vous donne ma paix, je vous laisse ma paix”.

La paix, c’est-à-dire, l’union. L’union avec la cité céleste : union avec les cercles des esprits bienheureux, des prophètes de l’ancienne loi, des apôtres du Christ, des martyrs, des vierges, des saints de toutes les époques : union dans la louange de Dieu, union dans l’amour, union d’espérance en attendant l’union de félicité éternelle.

Puis union avec l’Église souffrante. Nos prières et nos bonnes œuvres leur procurent le rafraîchissement, la lumière et la paix. Leur cœur fait appel à notre cœur et en les délivrant, nous envoyons des intercesseurs dans le ciel.

Union enfin avec l’Église militante. Ah ! C’est là que le mal est sinon plus grand, du moins plus sensible et plus près de nous. Nous vivons ensemble et nous ne vivons pas dans la paix. Les uns s’inclinent devant Dieu et les autres repoussent Dieu.

J’ai voulu et tu n’as pas voulu ”.

Les uns appellent sur les familles la bénédiction du ciel et les autres la malédiction. Les uns vivent dans l’union et la sainte société de l’ange qui les garde, et les autres sont les instruments du démon.

Comme la paix surnaturelle serait féconde !

Quand vous serez plusieurs réunis en mon nom je serai au milieu de vous ”.

Quand vous serez plusieurs réunis en mon nom, tout ce que vous demanderez, vous l’obtiendrez ”.

Cette paix divine sur la terre serait la préparation de la paix du ciel qui sera la jouissance commune de Dieu et la jouissance mutuelle de tous en Dieu.

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Nous avons enfin à conquérir la paix avec nous-mêmes. Rester éloignés de Dieu, ce ne serait pas seulement la guerre, ce serait la mort. Cherchons une paix lumineuse et féconde. Si nous n’avons pas la paix avec Dieu, nous sommes des aveugles qui ne voyons ni le calvaire, ni le ciel, ni l’éternité ; et nous n’amassons rien pour le ciel, toutes nos années sont vides, toutes nos peines sont perdues.

Vous accumulez des dettes effroyables qu’il faudra payer au purgatoire et vous pourriez chaque jour, à chaque instant de votre vie amasser dans le ciel un trésor car, comme dit saint Paul :

les travaux de la terre ne sont rien en comparaison de la gloire céleste qui y correspond ”.

Source : 1er cahier “Sermons 1869-1871”, pp. 20-23 – Léon Dehon – DehonDocs

Publié par Napo

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