La cosmologie par la grande Sainte Hildegarde, découvrez l’histoire de la création, les éléments de la nature, les astres…
Sainte Hildegarde (1098-1179)
Le 7 octobre 2012 sainte Hildegarde de Bingen a été proclamée Docteur de l’Eglise.
Dixième enfant d’une famille noble de Bemersheim, en Rhénanie, Hildegarde reçoit, dès l’âge de trois ans, des visions. Et cela durera soixante dix-huit ans ! C’est peut-être en partie pour cette raison que ses parents la confient très tôt à huit ans au couvent dépendant du monastère bénédictin de Disibodenberg, à soixante kilomètres de là, tout près de Mayence. La mère supérieure du couvent, Jutta de Sponheim, une amie de ses parents, veille à son instruction. Hildegarde prononce ses vœux perpétuels au couvent et reçoit, vers l’âge de quinze ans, le voile monastique des mains de son évêque. À la mort de Jutta de Sponheim, Hildegarde a 38 ans. Elle est élue, par les sœurs du monastère, abbesse du couvent. Toutes ces années lui ont permis de se former à la vie monastique, rythmée par le travail, l’étude et la prière liturgique, et aussi d’acquérir une érudition immense même si elle se dit volontiers ignare.
La création
La création du monde
Avant la création du monde, et sans avoir eu de commencement, Dieu a été et il est. Lumière et Splendeur il a été et il est ; et il est Vie . Au temps où Dieu a voulu faire le monde, il l’a fait de rien ; c’est en sa propre volonté qu’existait le matériau du monde.
La matière
Car, dès que la volonté de Dieu se manifesta pour opérer cette opération, aussitôt, par cette seule volonté et de la manière que Dieu le voulut, le matériau du monde, sous la forme d’un globe obscur et informe, émana de lui.
La création des anges
Et alors le Verbe du Père se fit entendre : < Que la lumière soit ! >
Et la lumière fut, ainsi que les anges de lumière. Car, lorsqu’il a dit <Que la lumière soit ! >,
il s’agissait d’une lumière sans luminaire, et qui avait une forme : ce sont les anges.
Mais, quand il a dit: < Qu’il y ait des luminaires! >,
il s’agissait de la lumière de l’ air, celle que nous voyons.
La chute de Lucifer
Or Lucifer vit qu’il y avait, du côté de l’ Aquilon, une place vide et qui ne servait à rien, et il voulut y installer le siège de sa puissance pour opérer une création plus abondante et plus grande que celle de Dieu, sans connaître la volonté qu’avait celui-ci de créer toutes les autres créatures. Il ne regarda pas le visage du Père, il ne reconnut pas sa force et ne goûta pas sa bonté, car, avant même de ressentir tout cela, il tenta de se rebeller contre Dieu. Dieu, en effet, n’avait pas encore manifesté tout cela, mais il l’avait dissimulé, comme le fait un homme puissant et fort, qui cache parfois sa force aux hommes qui ne le connaissent pas encore, jusqu’à ce qu’il voie ce que ceux-ci pensent de lui, ce qu’ils veulent entreprendre et ce qu’ils veulent faire. Et comme Lucifer, dans sa volonté dépravée, se dressait vers le néant, puisque ce qu’il voulait faire n’était que néant, il tomba dans le néant et ne put subsister, puisqu’en-dessous de lui il n’avait aucun fondement. Car s’il n’avait au-dessus de lui aucun sommet, il n’avait en-dessous de lui aucun fondement qui pût le soutenir, l’empêcher de tomber. En effet, dès qu’il s’étendit vers le néant, le commencement de son extension produisit le mal, et bientôt ce mal, dépourvu en soi de clarté et de lumière, fut enflammé sous l’effet de la Colère divine, comme le fait une roue qui se déplace et qui tourne sur elle-même, en produisant des éclairs de feu.
C’est ainsi que le mal se sépara du bien et que le bien ne toucha plus le mal, et que le mal ne toucha plus le bien. Et Dieu, comme la roue, demeura dans son intégrité, dans sa bonté, car sa paternité est remplie de bonté, et, de la sorte, sa paternité est parfaitement juste, parfaitement bienveillante, parfaitement ferme et parfaitement vigoureuse, et sa capacité est semblable à celle de la roue. Maintenant, la roue est partout, et elle est remplie de matière. Car si cette roue n’avait rien d’autre que son cercle extérieur, elle serait vide. Et si quelqu’un d’autre survenait qui veuille y travailler, cela ne se pourrait : car, sur une roue unique, il n’y a pas de place pour le travail de deux forgerons.
<O homme, regarde l’homme. En effet, l’homme contient en lui le ciel et la terre et les autres choses créées, et il est une forme unique, et en lui tout cela est caché. >
La paternité divine
La paternité divine est semblable à la circonférence de la roue, la paternité est la plénitude de la roue. La divinité existe par elle-même, et d’elle procèdent toutes choses, et, hors d’elle, il n’y a pas de créateur. Au contraire, Lucifer n’a pas gardé son intégrité, mais il s’est séparé en plusieurs morceaux, quand il a voulu être ce qu’il ne devait pas être. Car, lorsque Dieu a fait le monde, il avait primitivement l’intention de vouloir que l’homme existât.
La création de l’âme
Et quand il a fait la lumière, qui était volatile et qui pouvait voler partout, il avait en même temps l’intention de donner à une vie spirituelle, qui est souffle de vie, une masse corporelle, c’est-à-dire une forme tirée du limon de la terre, qui ne volerait ni ne soufflerait, et ne pourrait s’élever d’elle-même, car elle en serait incapable, et qui, de la sorte, serait si bien attachée à l’esprit qu’elle regarderait vers Dieu avec plus de pénétration. C’est pourquoi l’antique serpent prit en haine cet attachement ; en effet, bien que l’homme fût alourdi par son corps, il se dressait cependant vers Dieu par sa raison.
Les éléments
Les éléments et le firmament
Et Dieu fit les éléments du monde, et ceux-ci sont en l’homme, et l’homme en est constitué. Il s’agit du feu, de l’air, de l’eau et de la terre ; et ces quatre éléments sont si bien mêlés et unis entre eux que nul d’entre eux ne peut être séparé des autres, et ils se tiennent si fermement ensemble qu’on les appelle firmament.
Le soleil et les étoiles
Le soleil, qui est certainement le plus élevé parmi eux, envoie par eux son éclat et sa chaleur. Autour de lui se trouvent quelques étoiles d’une taille et d’un éclat semblables, qui sont dressées en direction de la terre à travers le firmament, comme si c’étaient des montagnes : c’est pourquoi, plus elles sont proches de la terre, plus elles semblent lumineuses. Et, autour de ce même soleil, se trouvent aussi d’autres étoiles, d’une taille et d’un éclat moindres : comparées à la taille des autres étoiles, elles sont comme des vallées, et c’est pourquoi elles sont moins visibles.
La tempête
Lorsque, dans l’éther, le feu produit beaucoup de chaleur et d’échauffement, cet échauffement entraîne parfois une brusque ébullition et un dangereux débordement des eaux qui se répandent alors sur la terre : alors naissent les tempêtes et les nuages se déchirent, comme lorsqu’une marmite placée sur un grand feu se met brusquement à bouillir et à écumer. Et ces tempêtes se produisent très souvent, par la volonté de Dieu, à cause de fautes passées, ou à cause de fautes que les hommes viennent juste de commettre, ou pour annoncer des périls à venir : guerres, famines, morts subites. Car certaines de nos activités touchent les éléments, et, de ce fait, en subissent des chocs, car elles se
trouvent mêlées aussi à ces éléments. Lorsque, dans l’éther, le feu produit moins de chaleur et d’échauffement, il provoque une ébullition plus faible et un moindre débordement des eaux ; comme une marmite sous laquelle on a fait moins de feu et qui donne une petite ébullition et peu d’écume. Mais, quand l’air
contient la bonne quantité d’eau et de chaleur, il donne une température agréable, et, comme une marmite placée sur un feu modéré, il chauffe de façon agréable. Mais, quand le soleil s’élève au plus haut, si bien que son feu brûle vivement au sommet du ciel, alors, sous l’effort de l’ardeur du soleil, l’air devient absolument sec, et le feu de ce même soleil rencontre le feu du tonnerre.
Le tonnerre
Car, dans le tonnerre, il y a un feu de justice et du froid, et une exhalaison désagréable. Mais il arrive parfois que le feu du tonnerre soit touché par le feu du soleil ; dans ce cas, il en est ébranlé et ne produit des éclairs qu’avec une certaine retenue.
L’éclair
Et c’est avec retenue qu’il gronde et s’arrête, comme un homme qu’on a irrité et qui ne va pas jusqu’au bout de sa colère, mais la contient et l’apaise. Mais parfois le feu du tonnerre est ébranlé par une violente ardeur du soleil et il s’ensuit une forte commotion : dans ce cas, il produit des éclairs puissants et dangereux et fait résonner sa voix puissante comme un homme qui, violemment excité à la colère, la fait éclater dans un geste dangereux.
La grêle
Et parfois il arrive aussi que le feu supérieur du tonnerre, touché par le feu du soleil, provoque la concentration en un seul point du froid qui est dans le tonnerre, tout comme l’eau concentre de la glace en un même point : et ce froid amène de la grêle dans les nuages et les nuages la reçoivent, puis la dispersent et l’envoient sur la terre. Car la grêle est comme l’œil du tonnerre.
La neige
Mais lorsque, en hiver, le soleil descend, il ne communique plus sa chaleur aux régions élevées du ciel, et il est plus ardent au-dessous de la terre qu’au-dessus d’elle, et il ne produit pas d’échauffement dans les hauteurs du ciel. Alors les eaux, qui sont dans les régions supérieures, se trouvent aspergées par le froid comme par une poussière, et donnent de la neige.
La pluie
Mais lorsque, plus tard, elles sont adoucies par la chaleur, elles donnent de la pluie ; et quand le soleil, de temps en temps, ne produit ni chaleur excessive ni froid excessif, alors il est à l’origine d’une douce pluie : de même qu’un homme, lorsqu’il lui arrive d’être joyeux, répand d’abondantes larmes sous l’effet de la joie.
Les vents
Les vents
Quatre vents cardinaux occupent le firmament sous le soleil et au-dessus du soleil et enveloppent le monde entier, de la partie inférieure du firmament jusqu’à sa partie supérieure, comme avec un manteau. Le vent d’Orient rassemble l’air en lui et envoie une rosée très agréable sur tout ce qui est aride. Le vent d’Occident se mêle aux nuages qui s’écoulent pour retenir leurs eaux et les empêcher de s’échapper. Le vent Austral garde le feu sous sa domination et l’empêche d’embraser toutes choses. Quant au vent du Septentrion, il retient les ténèbres extérieures pour qu’elles ne sortent pas de leurs limites. Ces quatre vents sont les ailes de la puissance de Dieu. Et quand ils se mettront en mouvement tous ensemble, ils mêleront tous les éléments, se diviseront et frapperont la mer et dessécheront les eaux.
Le jour du jugement
Mais, pour le moment, ils ont été enfermés par la clé de la toute-puissance de Dieu, dans la mesure où ils avaient à modérer les éléments, et ils ne feront courir aucun danger à aucun homme, sauf à la fin des temps, car, à ce moment-là, toutes choses seront purifiées ; et, après cela, c’est eux qui porteront les chants d’acclamation dans la symphonie des élus.
Le néant
Il n’y a aucune créature qui n’ait qu’une seule propriété et n’en ait pas plusieurs. Mais le néant n’a aucune propriété en laquelle il puisse exister, et c’est pourquoi il n’est rien ; voilà pourquoi les autres créatures qui, de leur propre volonté, s’unissent au néant, perdent leurs propriétés et sont réduites à néant.
Le firmament et les vents
Le firmament contient le feu, le soleil, la lune, les astres et les vents, toutes choses par quoi il est constitué, et dont les propriété lui donnent la force de n’être pas réduit à néant. Car, de même que l’âme maintient tout le corps de l’homme, de même aussi les vents maintiennent tout le firmament, pour qu’il ne soit pas détruit, et ils sont invisibles, tout comme l’âme, qui vient du secret de Dieu, est invisible. Et, de même qu’une maison ne tient pas sans pierres d’angles, de même il n’y aurait ni firmament ni terre ni abîme ni l’ensemble du monde avec toutes les choses qui le composent, s’il n’y avait pas les vents, car tous ces éléments ont été composés et sont maintenus par eux. Car toute la terre se déchirerait et se romprait s’il n’y avait pas les vents, tout comme un homme s’effondrerait complètement s’il n’avait pas d’os. Le vent Oriental principal maintient toute la partie orientale, le vent Occidental principal maintient toute la partie occidentale, le vent Austral principal maintient toute la partie australe et le vent Septentrional principal maintient toute la partie septentrionale.
Les vents collatéraux
Et chacun de ces vents principaux a, auprès de lui, deux vents plus faibles, comme deux bras, dans lesquels, parfois, il insuffle une partie de ses forces. Ces vents plus faibles ont la même nature que celle des vents principaux, si bien que chacun des vents inférieurs imite le vent principal, comme si celui-ci était sa tête ; bien qu’ils aient des forces moindres, ils suivent la même voie que leur vent principal, comme les deux oreilles n’occupent dans la tête qu’une seule voie pour l’audition. Et quand ils sont déchaînés par un ordre divin, ils reçoivent souffle et force de leurs vents principaux, et ils sont alors pris d’une telle agitation, ils provoquent fracas et dégâts aussi importants et aussi nombreux que les humeurs mauvaises des soucis ne provoquent de maux chez les hommes quand elles les jettent dans la maladie. Mais les vents principaux n’ont jamais été mis en mouvement sans réserve, avec toutes leurs force, depuis le commencement du monde, et ils ne le seront jamais jusqu’au dernier jour. Et, lorsqu’ils auront montré leur puissance et qu’ils auront émis la plénitude de leur souffle, alors, sous l’effet de leur puissance et de leur collision, les nuages se déchireront, les sommets du ciel s’effondreront et se rompront, comme se déchire le corps d’un homme et comme se défont tous ses membres lorsque son âme se libère en quittant son corps.
Le vent d’Orient a deux ailes par lesquelles il attire à lui l’ensemble du monde, de sorte qu’une aile s’étend depuis les sommets jusqu’au plus profond de la course du soleil, et que l’autre aile va au-devant du soleil, de façon à constituer un obstacle, pour qu’il ne s’avance pas plus loin que l’endroit où elle s’arrête. Et ce vent entretient toute l’humidité et fait germer toutes les . graines.
Le vent d’Occident a une sorte de bouche pour distribuer et répartir toutes les pluies, si bien qu’il divise et répartit toutes les pluies selon de droites voies, de façon qu’aucune pluie n’en recouvre une autre, mais qu’elle suit sa droite voie : il a, en effet, la puissance sur l’air qui porte les pluies. Et ce vent rend verdoyant tout ce qui est auprès de lui.
Le vent Austral tient une sorte de bâton de fer, qui a en haut trois branches et qui est pointu en bas. Car il a une force semblable à celle de l’acier, et qui soutient le firmament et l’abîme. De même, en effet, que l’acier domine et dompte tous les métaux, et de même que le cœur assure la force de l’homme, de même la force de ce vent maintient le firmament et l’abîme de ce monde pour qu’il ne s’effondre pas. La partie supérieure a trois forces représentées par trois branches : l’une modère la chaleur du soleil à l’orient, l’autre diminue son ardeur au midi et la troisième rafraîchit sa chaleur à l’occident, pour qu’il n’excède pas ses limites dans ces régions. La partie inférieure est pointue, parce que sa force est fixée dans l’abîme, pour éviter que le froid et l’humidité de l’abîme ne remontent outre mesure. Et ce même vent apporte la maturité à toutes choses, si bien qu’il conduit à maturité les feuilles des forêts, les plantes, les moissons, les fruits, le vin et tous les autres produits de la terre.
Le vent du Septentrion a quatre colonnes, par lesquelles il soutient tout le firmament et tout l’abîme. Mais, quand il les aura tirées à bas, tout le firmament s’écroulera dans l’abîme. Ces quatre colonnes contiennent les quatre éléments qui sont agglutinés ensemble dans cette région septentrionale, y ont une place déterminée et sont en quelque sorte étayés par ces colonnes pour ne pas tomber. Mais lorsque ce vent, au dernier jour, aura ébranlé ces quatre colonnes de toute sa puissance, le firmament s’effondrera comme on voit d’habitude les tables se replier sur elles-mêmes. Et ce vent est froid, il apporte le froid, il resserre toutes les choses par sa froidure et les retient toutes ensemble pour qu’elles ne s’effondrent pas.
Les astres
Le soleil
Le soleil, comme il a été dit plus haut, se trouve placé au sommet et, en quelque sorte, au milieu du firmament : il est fait de feu et d’air et il maintient, par son feu, tout ce qui alimente et soutient le firmament, et, par son air, les étoiles, les planètes et les nuages, pour qu’ils ne tombent ni ne s’effondrent, tout comme la terre soutient toutes les créatures qu’elle porte. Quant à l’éther, il se soutient par lui-même. Et quand le soleil se trouve au sommet du firmament, le feu va à sa rencontre et se met à son service. Et le soleil soutient tout le firmament et répand son éclat
sur toute la terre, et c’est ainsi qu’elle produit tout ce qui est verdoyant, ainsi que les fleurs. Les jours, alors, sont longs, parce que le soleil parcourt les hauteurs du firmament, et c’est l’été. Mais lorsque le soleil descend vers la terre, le froid de la terre, qui vient de l’eau, va à sa rencontre et dessèche tout ce qui est verdoyant. Et parce que le soleil, alors, descend vers la terre, les jours sont brefs et c’est l’hiver. En hiver, la chaleur du soleil est plus grande sous la terre que sur la terre : car si, alors, le froid était aussi grand sous la terre que sur la terre, ou si, en été, la chaleur était
aussi grande sous la terre que sur la terre, la terre serait complètement détruite par cet excès. Et, quand l’hiver s’approche, la tempête s’élève de l’eau et obscurcit la lumière du soleil ; c’est pourquoi les jours vont être sombres. Et, quand l’été s’approche, les tempêtes tombent sous la terre ; et les jours sont beaux et joyeux, parce que l’été est là. Et le soleil, dans sa course, est plein et entier, n’a aucune faiblesse et envoie sa lumière sur la lune, quand elle s’approche de lui, tout comme un homme envoie sa semence dans une femme.
La lune
La lune est, en effet, faite de feu et d’air subtil ; elle se trouve dans l’air, elle y possède un domicile, et il est à son tour fortifié par elle. Lorsqu’elle est vidée de sa lumière, elle va sous le soleil : partant de lui s’étend une sphère qui attire la lune vers lui, comme l’aimant attire le fer. Il l’enflamme, et toutes les autres planètes, les étoiles, l’air et les autres luminaires qui sont autour de la lune lui envoient des flammes et aident le soleil à l’enflammer. Et, une fois qu’elle est enflammée, elle s’accroît peu à peu jusqu’à sa plénitude, tout comme un bûcher ou une maison enflammée commence peu à peu à brûler jusqu’à ce qu’elle soit toute enflammée. Pendant ce temps, alors que la lune se remplit en s’accroissant, le soleil soutient les hauteurs du firmament et ne s’en écarte pas. Le soleil garde le jour avec lui et
auprès de lui, car la partie supérieure du firmament est lumineuse ; et la lune garde la nuit, parce que la terre est ténébreuse. Mais une fois que la lune s’est remplie, si bien qu’elle devient semblable à une femme enceinte, elle envoie sa lumière et la donne aux étoiles, si bien que celles-ci en deviennent plus lumineuses.
A lire aussi | La liste des péchés catholique dans la bible et la parole de Jésus-Christ
La rosée
Alors les étoiles, grâce à cette chaleur, réchauffent l’air et lui donnent vigueur ; et l’air, une fois réchauffé, envoie sa sueur, c’est-à-dire la rosée, sur la terre, et la féconde. Quand elle est ainsi arrosée, elle donne ses fruits. Car, pendant le temps où la lune se vide, si bien qu’elle donne sa lumière aux étoiles, et pendant le temps où, enflammée par le soleil, elle s’accroît jusqu’à sa plénitude, les étoiles envoient peu à peu dans l’air, pour l’échauffer et lui donner vigueur, la lumière et la chaleur qu’elles ont reçues de la lune, et l’air répand d’en-haut sa sueur sur la terre pour la féconder, de façon que, lorsque la lune sera à nouveau pleine, les étoiles, à ce moment-là, soient vidées pour recevoir à nouveau sa lumière et sa chaleur ; et que, quand la lune sera sans lumière, les étoiles en soient pleines, pour redonner force à l’air et à la terre ; et de façon que, quand les étoiles seront sans lumière, la lune soit de nouveau pleine.
La purification de l’air
Quand des étoiles filantes apparaissent dans la nuit, c’est-à-dire quand on voit des boules de feu voler dans l’air comme des traits de feu, cela signifie que les étoiles envoient leur feu dans l’air pour lui redonner force, afin qu’à son tour, par sa chaleur, il rende la terre féconde. C’est pourquoi souvent on voit et on se rend compte que l’air se purifie grâce au feu et à la chaleur des étoiles, si bien que, de lui, des souillures retombent comme des excréments.
Les filaments de l’air
De même, quand l’été et l’hiver se séparent, soit que l’été s’en aille et que vienne l’hiver, soit que s’en aille l’hiver et que vienne l’été, une espèce de coagulation semblable à de blancs filaments vole dans l’air, lorsque l’air se purifie ; et elle descend sur la terre à la suite de la collision des deux saisons de l’été et de l’hiver, quand celles-ci se heurtent l’une à l’autre. L’éclipse Si parfois on assiste à une éclipse de lune, c’est que les éléments et les tempêtes se heurtent violemment, comme s’il y avait un conflit entre eux. Mais, dans ce cas, la lune ne s’éteint pas et ne perd pas sa lumière : les tempêtes l’obscurcissent seulement pour un moment. Mais la force de la lune est si grande qu’elle triomphe de ces tempêtes et qu’elle émet à nouveau sa lumière, parce que la force de la lune est plus grande que celle de ces tempêtes.
Les cinq planètes
Il y a également cinq planètes : elles tirent leur lumière du feu et de l’éther, et elles sont la force et la fermeté du firmament. Elles suivent dans le firmament des routes qui s’élèvent si haut et qui descendent si bas qu’elles resplendissent là où le soleil ne brille pas et où il montre à peine son éclat. Là où elles se trouvent et se déplacent, elles sont au service du soleil, ralentissent sa rapidité et font pâlir son éclat, si bien qu’à cause d’elles il ne produit pas un feu aussi ardent qu’il le ferait si elles ne le retenaient pas. Et de même que les cinq sens du corps de l’homme sont liés à son corps et en sont les ornements, de même ces cinq planètes sont liées au soleil et en sont l’ornement.
La voûte céleste
Le retard du firmament
Le firmament tourne rapidement, et le soleil, ainsi que les autres planètes courent au-devant de lui dans le sens contraire et font obstacle à sa vélocité ; car si le soleil, en lui faisant obstacle, ne le retardait pas, ou si, avec les autres planètes, il ne courait pas à sa rencontre avec la même rapidité que celle qui l’entraîne, tout serait confondu et le firmament serait totalement mis en pièces. Car si le firmament était immobile et ne tournait pas, alors le soleil serait au-dessus de la terre pendant presque tout l’été, sans qu’il y ait de nuit, et au-dessous de la terre pendant presque tout l’hiver, sans qu’il y ait de jour. Mais, en fait, il tourne si bien que, du fait qu’il va à la rencontre du soleil et le soleil à sa rencontre, il est beaucoup plus vite raffermi et renforcé par le soleil, du fait que celui-ci le parcourt, le traverse et l’imprègne de son feu. Avant la chute d’Adam, le firmament était immobile et ne tournait pas, alors qu’après sa chute il a commencé à se mouvoir et à tourner. Mais, après le dernier jour, il restera immobile, comme il l’était dans la première création, avant la chute d’Adam. Maintenant, s’il tourne, c’est pour recevoir force et vigueur du soleil, de la lune et des étoiles, car s’il restait immobile, il s’effondrerait bien vite, liquéfié et ramolli. Mais, du seul fait qu’il tourne, il purifie les éléments, et cette purification donne naissance aux nuages noirs et chargés d’eau que nous voyons, tout comme l’eau que l’on met sur le feu dans une marmite bouillonne sous l’effet d’une chaleur ardente, rejette de l’écume et se purifie.
Les harmonies du firmament
Au cours de ses révolutions, il émet des sons admirables que toutefois, à cause de sa hauteur et de sa profondeur extrêmes, nous ne pouvons pas entendre : tout comme, lorsque roule un moulin ou un chariot, il émet ses propres sons. Et si le firmament se trouve si éloigné de la terre, en hauteur comme en profondeur, c’est pour que les hommes et les animaux ne meurent pas sur la terre, dès lors qu’il est loin d’eux ; car les hommes aussi bien que les animaux mourraient sous l’effet du feu, des vents, de l’eau et des nuages, s’il était proche d’eux. En effet, tout comme le corps et l’âme sont ensemble et se fortifient l’un l’autre, de même le firmament et les planètes sont ensemble et se réchauffent et se réconfortent mutuellement. Et, de même que l’âme donne vie et vigueur au corps, de même le soleil, la lune et les autres planètes réchauffent et réconfortent le firmament de leurs feux. Car le firmament est comme la tête d’un homme ; le soleil, la lune et les étoiles comme ses yeux ; l’air comme son ouïe ; les vents comme son odorat, la rosée comme son goût, les côtés du monde comme ses bras et son toucher. Et les autres créatures qui sont dans le monde sont comme son ventre, la terre comme son cœur ; et, tout comme un cœur touche à la fois les parties inférieures du corps, la terre contribue à dessécher les eaux qui s’écoulent sur elle, et elle constitue pour celles qui sont en-dessous un obstacle qui les empêche de jaillir.
La chute de Lucifer et la création du firmament
Quant à l’abîme, il est semblable aux pieds et aux pas de l’homme. Lorsque le diable, qui avait voulu siéger et régner, et qui n’a pu créer ni faire aucune créature, tomba du ciel, Dieu fit aussitôt le firmament, pour que celui-ci vît et comprit le nombre des choses que Dieu pouvait faire et créer. Et il plaça aussi le soleil, la lune et les étoiles dans le firmament, afin que le diable vît et reconnût là combien il avait perdu en gloire et en splendeur.
Les étoiles
Les étoiles n’ont ni la même grandeur ni le même éclat : certaines sont plus grandes, d’autres plus petites, certaines ont un plus grand éclat, d’autres un plus petit. Le firmament est maintenu en haut par le soleil, pour qu’il n’aille pas monter trop haut, et en bas par l’air de la terre, qui maintient la terre et les nuages, pour l’empêcher de dépasser ses bornes. De la sorte, il est maintenu en haut et en bas, comme on l’a montré plus haut, afin qu’il ne puisse pas dépasser ses justes limites.
Le Zodiaque et l’influence des astres
Les douze signes et les planètes
De même qu’il est gardé dans sa course par sept planètes, de même celles-ci lui apportent leur aide et leur service à l’intérieur des douze signes. Car, quand le soleil est parvenu au signe du Capricorne, deux planètes qui l’avaient accompagné jusqu’au signe de Sagittaire lui font une sorte de signe pour qu’il revienne à sa trajectoire antérieure et l’encouragent à reprendre sa course antérieure. Ce signe est appelé Capricorne et il fait aussi effort pour s’élever aussi.
Car ces douze signes ne sont rien d’autre, d’après leurs noms, si ce n’est que les cinq autres planètes, selon leur fonction, poussent en été le soleil en le faisant monter vers les parties hautes, ou l’accueillent au contraire en hiver, lors de sa descente, et sont ainsi à son service. Et quand le soleil est parvenu au signe du Capricorne, les trois autres planètes courent en-dessous de lui et peu à peu le poussent jusqu’au signe du Verseau. Et, quand il commence à s’élever, il réchauffe la terre à l’entour de son passage, ainsi que les eaux qui sont sous la terre et qui, de ce fait, sont plus chaudes en hiver qu’en été.
Alors, dans le signe du Verseau, la planète qui reçoit toujours sa chaleur du soleil, c’est à-dire celle qui, dans le signe du Cancer, se trouve en-dessous du soleil, et toutes les autres planètes qui arrivent rebroussent chemin. Elles accompagnent le soleil jusqu’au signe des Poissons, et quand il est parvenu à ce signe, il est, en quelque sorte, au milieu des eaux. Et les poissons, qui s’étaient d’abord cachés pour se protéger du froid, sentent à nouveau sa chaleur et procèdent à leur accouplement. Et l’autre planète qui, dans le signe du Cancer, était à la droite du soleil, se porte à sa rencontre et l’entraîne jusqu’au signe du Bélier. Et quand le soleil est aussi parvenu au signe du Bélier, deux planètes inférieures viennent à sa rencontre, l’accueillent et montent lentement avec lui et vont vers l’avant comme un bélier avec ses cornes.
Mais quand il monte plus haut, vers le signe du Taureau, ces deux planètes restent là et deux autres viennent à sa rencontre, que l’on voit rarement et qui se montrent rarement, à moins qu’elles n’apportent quelque événement merveilleux. Elles poussent le soleil vers l’avant avec beaucoup de puissance, comme un taureau qui charge vigoureusement avec ses cornes, et elles font passer le soleil vers son point culminant, si bien que, quand il est arrivé au signe des Gémeaux, l’une d’elles va d’un côté du soleil et l’autre de l’autre côté, et elles se séparent ainsi jusqu’à ce qu’elles parviennent à leur point culminant. Et alors, dans les parages du signe du Cancer, quand le soleil doit commencer à redescendre, la planète qui marche à sa droite le précède légèrement et trouve l’autre planète qui attend, plus bas que le soleil : et cette planète, sentant l’autre planète, recule légèrement, et l’astre se met à sa suite. Puis la première revient et l’autre recule, et celle-ci la suit; et ainsi, avançant et reculant, elles se déplacent pendant un certain temps, comme des crabes, jusqu’à ce qu’elles amènent le soleil à descendre.
Et la planète qui était à gauche du soleil reste là, puis les deux autres accompagnent le soleil et le retiennent pendant sa descente, pour qu’il ne courre pas trop vite durant sa descente. Et elles le conduisent ainsi jusqu’au signe du Lion. Et alors les planètes qui se trouvaient dans le signe du Bélier viennent au-devant du soleil en murmurant, et alors le soleil, comme s’il était en colère parce qu’il lui est difficile de se retourner, émet beaucoup de chaleur, si bien qu’alors résonnent la foudre et le tonnerre, puisqu’il éprouve de la peine à se mettre à descendre. Et, quand il est arrivé dans le signe de la Vierge, voici que viennent à sa rencontre les deux planètes qui étaient venues au-devant de lui dans le signe du Taureau; et alors il s’avance avec plus de calme et de douceur, car sa· chaleur et son ardeur sont adoucies, puisque la terre ne fait plus alors pousser aucun fruit, mais se contente de jouir de leur maturité. Et elles s’avancent avec lui jusque dans le signe de la Balance, où la verdeur et la sécheresse sont pour ainsi dire dans une balance, dès lors que la verdeur s’éloigne et que la sécheresse s’approche.
Et là, se séparant, elles s’en vont, l’une d’un côté du soleil, l’autre de l’autre, comme elles l’ont fait dans le signe des Gémeaux, l’accompagnant ainsi jusqu’au signe du Scorpion : et l’une des planètes reste là. Mais alors une autre planète vient au-devant du soleil, celle qui se trouvait à la partie inférieure du Cancer. Et alors la planète qui court vers lui et se déplace vers l’avant et l’arrière, reste un moment à côté du soleil, et ainsi toutes deux s’en vont avec lui. Alors, sous le signe du Scorpion, tous les êtres qui rampent recherchent leurs petites cavernes où ils vont se cacher pendant l’hiver. Et les deux planètes susdites s’avancent en même temps que le soleil jusqu’au signe du Sagittaire, et elles restent là.
Et alors, dans le signe du Sagittaire, aucune planète ne se déplace en même temps que le soleil comme elles se déplaçaient auparavant avec lui, mais elles le laissent s’avancer tout seul, tranquillement et doucement, parce qu’il est alors dans la partie basse de sa descente ; de même que, lorsqu’un navire descend un fleuve, on le laisse parfois aller tout seul en relevant les rames et en les laissant en repos pendant un certain temps. Et, parce que le soleil est en train de descendre, sa chaleur se trouve en grande partie au-dessous de la terre ainsi que dans les eaux qui sont séparées des terres. Et les deux planètes qui l’ont accompagné jusqu’au signe du Sagittaire s’élèvent alors plus haut dans les nuées et, par leur chaleur, réchauffent l’air plus que d’habitude, car autrement tout ce qui est sur la terre périrait. Et elles restent ainsi au service du soleil jusqu’au signe du Capricorne, et là ces planètes l’encouragent et l’aident pour son ascension dans la première partie de sa course, comme il a été dit plus haut.
Le soleil est, en quelque sorte, un bonnet qui coiffe le firmament, qui se montre au firmament, à la terre et aux eaux, et qui leur apporte sa chaleur, mais pas de façon égale pour tous. Car il est très fort au-dessus de la partie médiane de la terre, et en ce lieu la terre est très forte grâce au soleil, et toutes choses, qu’il s’agisse de produits de la terre ou d’animaux, sont plus fortes là que dans les autres lieux. Lorsque le soleil s’étale plus largement sur des terres plus lointaines, sur les parties basses des terres, la terre, les produits de la terre et les animaux qui sont là sont plus faibles que dans la partie médiane de la terre. Car le vin exige beaucoup de chaleur et se développe avec la chaleur, et le vin est fort sur la partie de la terre où la chaleur du soleil est grande. Le blé demande à la fois de la chaleur et du froid, et le blé pousse en abondance là où il y a la chaleur du soleil en même temps que du froid.
La variété des productions de la terre
Et il y a des terres qui sont chaudes, d’autres qui sont froides, d’autres qui sont tièdes. Et les hommes, les animaux, les fruits de la terre, leur ressemblent et pourtant ils appartiennent à de mêmes espèces, quoique, en fonction de la force du soleil, ils aient ici plus de vigueur, là moins de vigueur.
La fermeté du firmament
Le firmament est maintenu aussi par les étoiles, pour qu’il ne s’effondre pas, de la même façon que l’homme est maintenu par ses veines, pour qu’il ne s’en aille pas en pièces et ne se disloque pas. Et, de même que des veines traversent tout le corps de l’homme depuis les pieds jusqu’à la tête, de même les étoiles traversent le firmament. Et de même que le sang est en mouvement dans les veines, qu’il les met en mouvement, les fait tressaillir et battre, de même le feu est en mouvement dans les étoiles, les fait se mouvoir et leur fait émettre des sortes d’étincelles, qui ressemblent à des sauts et à des tressaillements. Il s’agit là des étoiles communes, qui déchaînent sur elles mêmes des espèces de tempêtes, comme c’est le cas actuellement pour les actions des hommes. Mais les planètes ne sont pas toujours ainsi en mouvement dans tous les sens, elles suivent seulement ce qu’elles reçoivent du soleil et de la lune et font ce que leur indiquent ces astres plus importants. En partant du lieu où elle se trouve placée, une étoile quelconque parcourt tout le firmament, comme une veine qui, depuis le pied d’un homme, monte jusqu’à sa tête. Et elles donnent éclat et chaleur à tout le firmament, tout comme les veines qui traversent le foie de l’homme apportent à ce foie sang et chaleur. E~ elles sont disposées dans tout le firmament, autant dans le firmament que nous voyons le jour que dans celui que nous voyons la nuit. Mais les étoiles sont voilées par la lumière du soleil qui apporte le jour, si bien qu’on ne peut les voir le jour, car son éclat est plus grand que leur éclat : de même que, quand on annonce les princes, les gens du peuple se taisent et que, quand les princes s’en vont, les gens du peuple s’avancent. Autrement, on les verrait aussi bien le jour que la nuit.
Les signes donnés par les astres
Les signes donnés par les étoiles
Les étoiles, parfois, montrent en elles des signes, en fonction de la façon dont les hommes se comportent dans leurs actions. Toutefois, elles ne montrent ni l’avenir ni les pensées des hommes, mais seulement les choses que fait l’homme, en manifestant sa volonté, soit dans sa voix, soit dans ses actes, parce que l’air reçoit tout cela. Et celui-ci l’attribue aux étoiles parce qu’elles montrent immédiatement les actions de l’homme. Mais Dieu a fait les étoiles au service de l’homme, pour qu’elles l’éclairent et le servent. Et c’est pourquoi elles montrent ses œuvres, comme un serviteur fait apparaître la volonté et l’action de son maître. Car, de même que l’âme brille tout de suite dans le corps de l’homme et en vient immédiatement à l’action, de même les étoiles resplendissent dans le firmament et montrent les actions de l’homme, dès que l’homme se met à agir.
Les signes donnés par les planètes
Le soleil, la lune et les autres planètes ne montrent pas toujours les actions des hommes, mais de temps en temps seulement. Et, quand elles montrent quelque chose, c’est important et cela touche à la chose publique. Car la plus haute planète, celle que l’on appelle OCVLVS, et celle qui est toute proche, au-dessus de la lune, et qui est appelée PAVPER, sont placées comme deux clous dans la profondeur du firmament et ne sont pas visibles pour les hommes, si ce n’est que parfois, lorsque les cieux sont envahis par les nuages, une sorte d’éclair envoyé par elles apparaît dans les nuages, lorsqu’elles annoncent que quelque chose va arriver. Et si parfois quelques signes apparaissent dans le soleil, cela se produit parce que ces deux planètes s’approchent du soleil, si bien qu’ainsi des signes se produisent en lui, lorsque quelque miracle va se produire. Mais les planètes elles-mêmes n’apparaîtront pas de façon à être vues de façon pleine et parfaite, si ce n’est juste avant le jour du jugement. Et alors, elles enverront leur lumière depuis les hauteurs jusque sur la terre, de manière inaccoutumée, et c’est à cela que les sages comprendront que le jour du jugement approche. Quant à la planète qui s’appelle PVPILLA, qui est derrière la plus élevée, elle produit et annonce un déluge. Et elle n’apparaît pas comme une étoile, mais elle lance des traits comme un arc. Et parfois elle a une lumière pâle, annonçant ainsi quelque chose. Et la planète qui est derrière la seconde et qui est appelée DIVES, a montré que le Christ allait combattre contre le diable. Actuellement, elle n’apparaît pas comme une planète, mais comme un éclair dans le ciel et annonce alors des miracles à venir. Et lorsque, dans le soleil, apparaît une amputation ou un changement de couleur hors du commun, cela annonce de grands prodiges dans le monde.
L’aurore
Le fait qu’au matin le soleil rougisse quand il se lève tient au froid et à l’humidité de l’air, car l’humidité et le froid qui règnent alors apportent de la rougeur dans les yeux des hommes. De la même manière, sur le tard, le soir, quand il rougit, cela tient au froid de l’air, car alors, il descend vers l’océan. VESPER, qui est aussi appelé COMES, est un ami intime et secret du soleil. Il tempère le froment et le vin, mais tantôt plus, tantôt moins. Ensuite, la planète qu’on appelle PAUPER se lève et fait apparaître ses signes, comme il a déjà été dit, et provoque la pauvreté dans la quantité des fruits de la terre.
Les signes donnés par la lune
Lorsque, dans la lune, apparaissent divers signes, c’est qu’ils sont produits par les planètes qui sont fixées comme des clous dans la profondeur du firmament et qui s’approchent du soleil pour donner des signes et changent l’aspect de la lune soit en l’éclairant soit en la mettant dans l’ombre. La lune reçoit en elle la puanteur des souffles de l’inutilité et la chaleur de l’air pur, la solidité des souffles utiles, les périls des tempêtes, l’air fort qui produit toute viridité, l’air qui fait pousser les arbres fruitiers, l’air qui dessèche et apporte la stérilité, et qui constitue l’hiver. Et elle rassemble tout cela en elle, comme un homme qui recueille du vin dans une outre, le prend puis le boit. Ainsi la lune recueille tout cela en elle quand elle croît, et le rejette quand elle décroît, et voilà pourquoi certains de ses jours sont bons et certains mauvais, certains utiles, certains inutiles, certains forts, certains faibles, certains pourris, certains verdoyants, certains secs, certains marqués par le manque de fertilité. Et parce que la lune a ce cycle en elle, son humeur commande aussi chez l’homme un cycle changeant de douleur, de travail, de sagesse et de prospérité. Et les humeurs des hommes ne doivent pas être repérées en fonction du soleil pour être équilibrées par lui, car il demeure toujours dans le même état, ne croissant ni ne décroissant ; elles ne doivent pas non plus être repérées en fonction des étoiles, car les étoiles agissent non pas par elles-mêmes mais en fonction de la lune ; ni en fonction des époques de l’année, car celles-ci sont réglées par la lune ; ni en fonction du souffle de l’air, c’est-à-dire de la pluie ou de la sécheresse de l’hiver ou de l’été, car elles se font selon la lune. En effet, toutes choses sont réglées selon la lune, car elle est la mère de tous les temps, du fait que, de même que les fils d’une mère sont comptés à partir de leur mère, de même tous les temps sont comptés à partir de la lune. L’air et les étoiles recueillent parfois les actions des hommes, et il arrive parfois, par la volonté divine, qu’en fonction de celles-ci, ils s’étendent, se replacent et émettent un souffle. Et quand ils se dressent pour cela, la lune alors se met en mouvement. Et, en fonction de cela, ses jours seront dans la sérénité et la clarté ou dans la tempête. Et c’est pourquoi la lune est accablée par de nombreux dangers et de nombreuses tempêtes, de même qu’une mère endure beaucoup de dangers et de chagrins en mettant ses enfants au monde. Et c’est pourquoi les temps de la lune sont tantôt sains et tantôt non, tantôt mûrs et tantôt non. Car si l’homme agissait selon la façon dont il a été placé, alors tous les temps et tous les vents se manifesteraient également au cours des temps de sa vie, c’est-à-dire au cours d’un printemps comme c’était au printemps précédent, au cours d’un été comme c’était l’été précédent, etc … Mais comme l’homme, par sa désobéissance, a transgressé la crainte et l’amour de Dieu, tous les éléments et tous les temps transgressent aussi leur droits : et quand, par ses actions mauvaises, il transgresse la justice, il alourdit et obscurcit le soleil et la lune, si bien que, suivant son exemple, ceux-ci se manifestent dans des tempêtes, des pluies ou des sécheresses : ainsi en va-t-il d’ailleurs pour les viscères de l’homme: car, lorsque l’homme a excédé sa mesure, ses viscères en font autant . En effet, l’estomac et la vessie de l’homme reçoivent tout ce dont son corps se nourrit. Et lorsqu’ils ont tous deux reçu aliments et boissons en excès, ils provoquent dans tout le corps les tempêtes des humeurs mauvaises, de même que les éléments le font en suivant l’exemple de l’homme. Car l’homme sème sa semence lorsque le temps est tempéré, entre le froid et le chaud, et celle-ci se développe alors pour donner des fruits. Et qui serait assez fou pour semer sa semence dans l’excessive chaleur de l’été ou le froid excessif de l’hiver ? Celle ci périrait et ne lèverait pas. Le temps de la conception
Quand engendrer ?
Voici ce qui arrive aux hommes qui ne tiennent compte ni de la maturité de leur âge ni du temps de la lune, mais veulent engendrer à n’importe quel moment, selon leur volonté : leurs enfants souffrent de déficiences physiques, et de multiples douleurs. (Cependant, aussi déficient que soit leur corps, Dieu rassemble ses perles auprès de lui.) C’est pourquoi l’homme doit considérer la maturité de son corps et examiner les moments favorables de la lune avec autant d’attention que celui qui présente ses prières pures : c’est-à-dire de façon à engendrer à une époque telle que ses enfants ne périssent pas de maladie. Il ne doit pas être comme l’homme qui accumule en lui la nourriture, comme un glouton qui ne recherche pas le bon moment pour la nourriture ; mais il doit respecter le bon moment, pour ne pas être considéré comme un glouton: c’est ainsi qu’il doit se conduire, et rechercher le bon moment pour engendrer. Que l’homme ne s’approche pas de la femme quand elle est petite fille, mais quand elle est jeune fille, car elle est alors dans sa maturité ; de son côté, qu’il ne touche pas une femme avant d’avoir de la barbe, mais seulement quand il aura de la barbe, car il est alors mûr pour engendrer une postérité. Car l’homme qui s’adonne à la gloutonnerie et à l’ivrognerie devient souvent lépreux et contrefait ; mais celui qui est réglé dans sa nourriture et sa boisson aura du sang de bonne qualité et un corps sain. De même, celui qui suit toujours ses désirs quand il s’agit de la volupté et des excès du corps, si bien que, quand le tourbillon de la force génitale s’élève en lui, il répand sa semence et la perd, celui-là, souvent, voit périr sa semence. Mais celui qui répand convenablement sa semence produit une descendance convenable.
L’homme et les éléments
Les éléments Les éléments prennent intégralement la nature humaine quand l’homme les absorbe, car l’homme est lié à eux, et eux à lui, et c’est pour cela que le sang coule en abondance en l’homme. C’est pourquoi il est écrit : < Le ciel et la terre pleurent sur l’homme >, car les guerres sans trêve que font les hommes ébranlent souvent les éléments, comme un homme qui tiendrait un filet dans sa main et l’agiterait; et l’homme met en mouvement les éléments de telle façon que ceux-ci émettent un souffle selon ses œuvres.
L’influence de la lune
Le cycle de la lune n’exerce pas de domination sur la nature de l’homme comme si elle était son dieu et comme si l’homme recevait d’elle une partie de la puissance de sa nature ou comme si la lune apportait quelque chose ou enlevait quelque chose à sa nature ou lui donnait son contenu. Mais la lune est en contact avec l’homme en prenant part, depuis l’air, à chaque action de sa vie, et ainsi, le sang et les humeurs qui se trouvent en l’homme sont mis en mouvement après la mise en mouvement de la lune, c’est-à-dire que, selon que la lune met l’air en mouvement par un vent calme ou par une tempête, que le sang et les humeurs s’écoulent alors en l’homme de l’une ou l’autre façon, ce rythme d’écoulement agit sur les comportements de l’homme. Et lorsque les veines de l’homme se gonflent dans la colère et la fureur, ainsi que dans la débauche et les festins, dans la tristesse et l’infirmité du corps et dans l’alternance perpétuelle du tourbillon des comportements de l’homme, en fonction de tout cela, ce qui s’écoule en l’homme prend un goût conforme à sa nature, de même que chaque aliment, une fois cuit, conserve son goût, conforme à sa nature. Cependant, ! L’Esprit-Saint, comme il a été écrit plus haut, pénètre toute la nature de l’homme, chez les prophètes, les sages, les gens de bien, les gens droits ; et, les attirant à lui par son choix, comme le soleil le fait pour les tempêtes, il les traverse et les purifie, si bien que cette invasion du saint Esprit de feu domine la nature changeante de l’homme, selon qu’il est écrit : < tout ce qui est né de Dieu l’emporte sur le monde > . Et ainsi il ne pèche pas. Et, de même que les nourritures de mauvaise qualité, grâce au goût des aromates, prennent un goût meilleur et perdent leur mauvais goût, de même, sous l’action du feu de l’Esprit-Saint, la mauvaise nature de l’homme se transforme en une nature meilleure que celle de sa conception ; et ainsi, il devient un homme différent dans sa propre nature, car il domine ce qui est céleste et triomphe de ce qui est terrestre : ainsi, tout ce qui est en Dieu se réjouit de ce que le serpent a été joué. Par ailleurs, comme il a été dit, toutes les autres étoiles plus petites montrent les diverses actions de l’homme qui sont banales et moins importantes. Quand la sérénité règne dans les nues, si bien qu’il n’y a dans l’air aucun mouvement de vents, de tempêtes ni de pluies, mais que les astres apparaissent dans tout leur éclat, si alors quelque nuage cache toutes les étoiles si bien qu’on ne peut plus les voir, s’il n’y a aucun mouvement de l’air, et si cela dure toute la nuit, ou même pendant la seconde et la troisième veille, cela n’est pas sans annoncer quelque espèce de prodige. Et si ce nuage cache les étoiles en un seul lieu, si bien qu’on ne peut les voir, et si ce nuage s’écarte vite, il n’annonce aucun prodige, même s’il n’y avait aucune agitation dans l’air.
Les planètes n ‘apportent aucun signe par leur seule nature
Ces annonces ne sont pas produites par la seule force des planètes elles-mêmes, ou des étoiles ou des nuages, mais par la volonté et le plan de Dieu, en fonction de ce que Dieu aura voulu montrer aux hommes par leur intermédiaire, de même qu’une monnaie fait apparaître l’image de son maître.
Les forces du feu
Quand Dieu créa le monde, il le forma à l’aide de quatre éléments, le feu, l’air, l’eau et la terre, comme on l’a dit plus haut. Le feu, qui est le plus élevé dans le firmament et parmi les éléments, a cinq qualités, l’ardeur, le froid, l’humeur, l’air, le mouvement, de même que l’homme s’appuie sur cinq sens. Car le feu est ardent, mais le froid lui fait obstacle, pour que son ardeur ne se répande pas plus qu’il ne faut. Et l’eau lui fournit de l’humeur afin d’aviver ses souffles. Et il est avivé par l’air, excité par son mouvement, si bien que sa flamme est lumineuse.
Les pouvoirs de l’air
L’air a quatre pouvoirs, produire la rosée, susciter toute viridité, produire un souffle par lequel il fait naître les fleurs, répandre la chaleur, par laquelle il fait mûrir toutes choses ; tout comme lui-même se répand dans les quatre parties
du monde. Car l’air est le produit d’un souffle qui, par la rosée, répand son humeur sur ce qui germe, si bien que tout cela verdit ; par son souffle, il fait pousser les fleurs, et par sa chaleur, il conduit tout à maturité. Quant à l’air qui est placé tout près de la lune et des étoiles, il donne de l’humidité aux astres, comme l’air proche de la terre vivifie la terre, les animaux sans raison et les êtres doués de sens, selon leur nature, et les met en mouvement sans perdre en eux sa force. Mais, lorsque ces animaux meurent, cet air revient à son état antérieur : il n’en est pas augmenté, mais demeure tel qu’il était auparavant. L’air terrestre, qui humidifie la terre, fait verdir, croître et se développer les
arbres et les herbes. Et quand il est en eux, il n’en est pas diminué ; et quand ils sont coupés ou renversés et qu’il en sort, il n’en tire pas profit, mais demeure dans l’état où il était auparavant.
Les forces de l’âme
L’âme de l’homme vient en lui, envoyée du ciel par Dieu, lui donnant la vie et lui apportant la raison. Quand elle
sort de l’homme, elle ne meurt pas, mais elle s’en va, soit vers les récompenses de la vie, soit vers les tourments de la mort, pour y demeurer éternellement.
Les forces de l’eau
L’eau possède quinze forces : la chaleur, l’air, la fluidité, le flot, la rapidité, la mobilité ; elle donne la sève aux arbres, le goût aux fruits, la viridité aux herbes ; par son humidité, elle apporte la tiédeur à toute chose ; elle soutient les oiseaux,
nourrit les poissons, fait vivre les bêtes par sa chaleur, entretient les reptiles par son écume et soutient toute chose : de même qu’il y a dix commandements et cinq livres de Moïse dans l’Ancien Testament que Dieu propose à tous pour une intelligence spirituelle. De cette source vivante sortent des eaux jaillissantes qui lavent toutes les souillures. Car l’eau est fuyante en toute créature mobile, et son ardente chaleur provoque aussi le jaillissement de toute la viridité des créatures immobiles. Elle coule de la chaleur de l’air humide, et, si elle n’avait pas de chaleur, elle serait dure à cause de son froid. Elle est fluide à cause de sa chaleur et s’écoule grâce à l’humidité de l’air. Et, si elle n’avait pas cet air, elle ne pourrait pas s’écouler. C’est grâce à ces trois forces, la chaleur, la fluidité et l’air, qu’elle est rapide, si bien que rien ne résiste là où elle est en abondance. Elle donne aussi la sève aux arbres, et, par son air, les rend souples ; par son humeur chaude, elle apporte du goût aux arbres fruitiers, à chacun selon son espèce. Les herbes ont en elles de la viridité grâce à son humeur fluide, et les pierres transpirent de son humeur. C’est ainsi que la force de l’eau maintient toutes les choses pour qu’elles ne se défassent pas, car son humeur se répand en toutes. Elle entretient aussi les oiseaux aquatiques grâce à sa chaude chaleur, et elle nourrit les poissons puisqu’ils sont nés en elle et
vivent de son souffle. Quant aux bêtes qui peuvent demeurer en elle, elles subsistent grâce à sa chaleur, et les reptiles prennent leur respiration dans son souffle, de façon à pouvoir vivre. C’est ainsi qu’avec ses forces, elle entretient et soutient toutes choses.
L’âme et la vivification des créatures.
Quand la parole de Dieu, au commencement, a retenti, la masse des créatures était froide et
sans feu. Et l’esprit de Dieu, qui est feu et vie, était porté au-dessus des eaux. Alors cet esprit insuffla la vie à chaque créature selon son espèce, et, en soufflant, alluma un feu en elles, de sorte que chaque créature ait en elle, selon son espèce, le feu et la vie. La viridité est l’œuvre du Verbe, mais il n’y aurait pas de viridité si cette œuvre n’était pas maintenue par le feu et la chaleur : et toute créature serait abandonnée sans consolation et se désagrégerait et s’effondrerait si elle n’était pas renforcée par le support de la vie ignée de l’Esprit.
L’eau
La fluidité de l’eau
De même que l’Esprit du Seigneur est feu et vie, et qu’il a donné à toute créature l’existence et la vie, de même il
y a en lui de l’eau fluide, parce qu’elle assemble, maintient et renforce les autres créatures : elle est fuyante et fragile, apportant beaucoup de vie et beaucoup de mort. Elle contient, en effet, en elle, pour donner une autre vie, un certain nombre de choses qui ne pourraient se tenir sans elle, car elles tomberaient ; et parfois, elle les détruit. Sous l’effet de sa course aqueuse, là où elle court, il y a du vent et du feu.
Le soleil et ses eaux
Les eaux qui se trouvent à peu près à l’aplomb du soleil lorsque le soleil se trouve au milieu du firmament, en quelque sorte en son cœur, ont une grande puissance et une grande étendue et elles sont denses, à cause de la chaleur solaire et fortes à cause de l’air. Mais elles ne sont pas emportées par un courant impétueux, car elles ne coulent pas ; en revanche, elles sont entraînées par le vent. Le soleil attire parfois le feu qui se trouve en elles ; et la tempête des vents rassemble parfois ces mêmes eaux en flots immenses, comme une flamme qui incendie quelque chose. Et alors l’eau s’élève comme le feu qui se dresse, et l’eau suit le feu, et ils se dressent ainsi comme les collines et les montagnes. Mais lorsque, plus tard, ils s’apaisent en s’arrêtant, ils déposent leur semence, qui est un sel fait d’eau et de feu, tout comme les plantes, quand elles sont mûres, répandent leur semence.
Le sel
Le sel, à cause de son feu, est sec, mais il a du goût grâce à l’humidité de l’eau.
Les diverses sortes d’eaux
Les rivières qui coulent à partir des grandes eaux, c’est-à-dire de la mer, et les sources qui en jaillissent, sont
salées et ont en elles plus de feu et de force que les autres eaux tout comme le cœur a plus de force que le reste du corps car les grands fleuves à partir desquels elles coulent ont plus de force que les autres fleuves, car ils courent sur le sable primitif et sain, en place depuis le commencement, et non sur celui qu’ils ont produit ou découvert dans leur course. L’eau est, en quelque sorte, le corps aqueux de la terre, et la terre, en quelque sorte, le cœur de l’eau, car l’eau entoure la terre et imprègne la terre, comme le corps entoure le cœur et le protège. Et la terre soutient l’eau, comme le corps contient le cœur. Et l’eau de la grande mer qui entoure le monde est, en quelque sorte, le flanc des eaux qui sont au-dessus du firmament, parce que le sommet de celles qui sont au-dessus du firmament et l’extrémité de celles qui sont sous le firmament sont unies l’une à l’autre. Et, à ces eaux, font face de multiples peaux du firmament qui ont été mêlées les unes aux autres comme les feuillets d’un livre, pour contenir les divers flots et les diverses inondations des eaux. Et, de même que l’âme contient en elle la raison, l’intelligence, la science et la sensibilité, de même également le firmament contient et maintient en lui quatre éléments selon son espèce. Et ces eaux se trouvent d’un seul tenant, là où elles ont été placées, et irriguent leur bouclier, c’est-à-dire la terre, lorsqu’elles se rassemblent ou se répandent,
si bien que parfois elles s’étendent sur la terre et que parfois elles montent en s’élevant. Puis elles se répandent à nouveau en pluie, et ainsi, grâce aux vents et à l’air, l’eau fortifie son bouclier pour l’empêcher de se défaire et de tomber. Quant au sable de la mer, qui, dès le commencement a été placé vers l’orient, il est souvent en contact avec un souffle de la terre indestructible : et c’est pourquoi il y a des aromates et divers remèdes dans ce sable. Si l’homme pouvait les posséder, il ne serait atteint par aucune maladie ; et si certains grains de ce sable pouvaient en être
extraits, de sorte que l’homme puisse les récupérer, ils chasseraient de lui maladies, pestes et infections. Mais l’eau est là-bas si abondante et si profonde qu’on ne peut pas les prendre.
Le débordement de la mer
Parce que, en orient, le sable et le littoral sont très élevés, la mer ne déborde pas en se répandant et en se dilatant ; mais, en occident, au midi et au nord, la hauteur du sable et du littoral n’est pas aussi grande. C’est pourquoi, là, elle
déborde souvent, provoquant de grandes et larges inondations, lorsque, comme il a été dit plus haut, elle est entraînée à la folie par le vent des tempêtes. De la sorte, elle rassemble en elle beaucoup de choses inutiles et dégoûtantes, et attire à elle les excréments des hommes, des animaux, des oiseaux et des serpents. Et c’est pourquoi les sources et les fleuves qui naissent de ces parties de la mer ne sont pas aussi bons que ceux qui viennent de la mer d’Orient.
Les diverses espèces d’eaux
Car les sources salées et les ruisseaux salés qui se répandent en jaillissant dans les diverses terres, et qui proviennent de cette région d’orient, sont purs, et, selon le climat, deviennent assez virides du fait de cette pureté. Et, dans le
sable où ils coulent, ils courent lentement et ils sont sains et utiles, peuvent être pris en boisson et sont également bons pour cuire les aliments. Et si un homme qui est malade boit souvent de ces eaux, il retrouve la santé parce que, comme un bon médicament, elles font sortir de lui les vapeurs, la souillure et la pourriture des humeurs mauvaises ; mais s’il est en bonne santé, elles lui font un peu de mal, s’il en boit, et elles provoquent en lui des
ulcères, parce qu’elles ne trouvent pas en lui quelque chose à nettoyer. Quant aux eaux des fleuves et des sources vives et jaillissantes qui naissent dans cette partie orientale, qui n’ont pas le goût du sel et qui coulent de l’orient, elles sont pures, elles ont une douce chaleur à laquelle s’ajoute une douce fraîcheur, si bien que, modérément chaudes et froides, elles sont utiles aux hommes pour leur nourriture, leur boisson, leurs bains, leur toilette. Mais, pour leurs mains, elles sont un peu âpres et dures. Les eaux salées qui proviennent de l’occident sont parfois tourbillonnantes comme une tempête ; on peut toutefois les utiliser pour faire cuire des aliments, car, grâce au feu, elles sont un peu purifiées dans la cuisson ; mais prises pour la boisson, sans être bouillies, elles sont nocives, car, dans la mer occidentale, elles attirent à elles des choses sordides et putrides, et là flottent aussi des cadavres. Si, pour une nécessité quelconque, et à cause
de la pénurie d’autres eaux, on ne peut éviter d’en prendre pour la boisson, il faut d’abord les faire bouillir et les boire quand elles sont refroidies. Les fleuves non salés, les sources vives et jaillissantes non salées qui naissent en occident et coulent depuis l ‘occident, là où le soleil se couche et disparaît, ont des eaux blanches et épaisses et ne sont pas amenées à leur perfection par la chaleur ni par le froid, car le froid et la chaleur font défaut en elles. C’est pourquoi ces eaux sont, en quelque sorte, impropres à l’usage humain, t’est-à-dire pour la boisson, la toilette et le bain, car elles
ne sont pas cuites par le soleil. Et si la nécessité impose de préparer quelques aliments en les utilisant, qu’on les fasse alors vivement bouillir, et qu’on les laisse ensuite se refroidir jusqu’à ce qu’elles soient tempérées; elles ont alors une certaine valeur pour la nourriture, parce qu’elles sont cuites vigoureusement avec les aliments. Les eaux qui sont salées et qui naissent dans la région sud de la mer, qu’il s’agisse de sources ou de fleuves, sont à peu près
claires mais pas très pures et ne valent rien pour la nourriture ni pour la boisson, car elles sont vénéneuses. De fait, de petits vers très vénéneux et de petits animaux qui sont un peu vénéneux se réfugient là pour fuir le froid et profiter du soleil, et, à cause de la chaleur, s’y installent volontiers, se baignant dans cette eau, car ils sont de la nature du sel, et ils peuvent supporter la chaleur mais pas le froid. Quant aux eaux des fleuves et des sources vives et jaillissantes qui ne sont pas salées et naissent dans le sud, où la chaleur les rend ardentes, si elles coulaient à part, séparées des autres eaux, elles seraient difficilement débarrassées de l’ardeur de leur feu, car elles ont été touchées par des feux inextinguibles et c’est d’eux qu’elles sortent ; et, après avoir bouilli, elles seraient bonnes pour la nourriture et d’autres usages, car elles auraient alors. été purifiées et cuites par le feu. Mais une fois qu’elles ont rejoint les fleuves froids., se sont unies à eux et coulent en même temps qu’eux, alors elles trouvent facilement vie dans ces flots, rejettent facilement de l’écume et ont une couleur presque argentée. Et elles sont bonnes pour la nourriture, la boisson, les bains et la toilette, car elles ont été purifiées de leur souillure et de leur amertume, comme l’eau qui, dans une marmite, est purifiée par l’ardeur du feu. Mais elles apportent de la graisse à la chair des hommes, ainsi qu’une coloration noire. Les eaux salées qui naissent dans la partie septentrionale, du côté de l’orient, et qui coulent de là, sont nocives et apportent facilement des maladies, aussi bien aux hommes qu’aux troupeaux, car la forée du sel n’y est pas saine, puisqu’il subit, dans ces régions, un changement de chaleur .et de fraîcheur ; et elles ont si peu de qualité pour la nourriture et pour la boisson qu’elles peuvent à peine être utilisées pour les autres usages. Les autres eaux, non salées, qui coulent de cette même partie septentrionale, du côté de l’orient, sont froides et utiles, parce qu’elles sont un peu touchées par l’air qui souffle de l’orient : celui-ci est sain, car il est si bien tempéré qu’il n’est ni trop chaud ni trop froid. Cet air souffle entre les montagnes qui ont été placées là depuis le commencement, et il est une sorte d’aile de !a terre des vivants : c’est pourquoi il est plus salubre et plus sain qu’un autre air. Et des eaux qui naissent là jaillissent des petites rivières et des sources qui sont à peu près pures, mais parfois un peu troubles, et qui ont un goût étranger à celui de l’eau, si bien qu’elles ont une saveur proche de celle du vin. ou de diverses autres choses. Ces eaux parfois arrêtent l’hydropisie et guérissent la paralysie, si ceux qui souffrent de ces maux en boivent, car la nature de ces eaux résiste à la nature d’une autre eau et même a la nature de l’eau pure. Et elles maintiennent les autres eaux le long desquelles elles coulent, et elles les dominent grâce à l’acidité de leur nature ; mais elles ne sont pas bonnes pour la nourriture, la boisson, les bains ou la toilette, car elles affaiblissent les autres eaux. Les eaux salées qui naissent à peu près au milieu de la partie septentrionale et coulent depuis là sont bonnes et utiles aussi bien pour les bêtes ,que pour les hommes, c’est-à-dire pour la nourriture la boisson et les autres usages des hommes, car elles se trouvent dans un air tempéré, ni trop chaud ni trop froid. Prises comme boissons, elles nettoient l’intérieur de l’homme de ses humeurs mauvaises. Les rivières qui ne sont pas salées, les sources vives et bondissantes, non salées, qui naissent a peu près
au milieu de la partie septentrionale et coulent depuis là, sont pures et ont un aspect cristallin, parfois coloré de fer. Elles sont fort froides et fort utiles, parce que leurs eaux ne sont ni sales ni souillées ni empoisonnées, du fait que les cycles du soleil ne se répercutent pas sur elles. Et ces eaux ont même une saveur franche ; elles sont utiles aux hommes et aux autres animaux, bonnes pour la nourriture, la boisson, les bains, la toilette, et elles sont même utiles pour diverses médecines. Mais les eaux salées, aussi bien des sources que des rivières, qui viennent de l’angle septentrional de la partie occidentale sont parfois presque noires, ne sont pas très pures et ne sont pas bonnes pour la nourriture et
la boisson, parce qu’elles sont porteuses de mort. Car sur la partie septentrionale, du côté occidental, il y a de grands et redoutables reptiles qu’un homme ne peut ni toucher ni voir sans mourir. Et ceux-ci avalent de ces eaux et en rejettent, parce qu’elles constituent leur nourriture. Et ces eaux sont dangereuses parce qu’elles contiennent à la fois du froid et du chaud. Et ces reptiles habitent là-bas parce qu’ils sont froids et peuvent supporter le froid mais nullement la chaleur. Les eaux qui ne sont pas salées et qui viennent de la partie septentrionale, du côté de l’occident, sont pures, d’une couleur grise, et sont mauvaises aussi bien pour les troupeaux que pour les hommes, c’est-à-dire pour la nourriture, la boisson et leurs autres usages, car elles sont lourdes à digérer et donnent aux hommes des ballonnements, car elles sont empoisonnées et s’en prennent aux entrailles des hommes. De fait, les malades sont souvent affaiblis par elles, pendant que les bien-portants ont de la peine à les digérer. Dans cette région septentrionale, la nature des eaux est plus diverse et plus multiple que dans les régions occidentales, méridionales ou orientales, parce que dans ces régions les eaux sont baignées et tempérées par la chaleur du
soleil, ce qui ne se produit pas dans la partie septentrionale, parce que le soleil n’y parvient pas. Les eaux des marais, en quelque région de la terre que ce soit, sont toutes une espèce de poison, parce qu’elles renferment les humidités mauvaises et nocives de la terre ainsi que les écumes empoisonnées des serpents. Elles sont très mauvaises à boire et s’adaptent mal aux autres usages des hommes, si ce n’est pour laver, au cas où on ne peut s’en passer pour cet usage. Celui qui, en raison de la pénurie d’autres eaux, voudra en boire, devra d’abord la faire bouillir et la faire refroidir avant de la boire ; quant au pain, aux aliments et à la cervoise qui sont préparés avec ces eaux, ils peuvent être consommés parce qu’ils sont purifiés par le feu. Les eaux des puits et les sources qui sortent des marais sont un peu meilleures que les eaux des marais, de même que, de certaines choses impures, peuvent sortir des choses pures : on peut les supporter en petite quantité, mais elles ne sont ni bien bonnes ni bien utiles. Toutes ces eaux, qui sont nocives à leur source, deviennent d’autant plus saines qu’elles sont arrivées plus loin de leur source, car, par cette longue course, elles perdent ce qu’elles contiennent de nocif et d’empoisonné, et elles en sont débarrassées et purifiées par leurs longs méandres. L’eau des puits qui ont été creusés profondément dans le sol, du fait qu’elle reste en
place et n’a pas d’ouverture pour s’écouler, est meilleure et plus douce au goût, pour la nourriture, la boisson et les autres usages, que celle des sources qui s’écoulent. Et elle est comme un doux onguent en comparaison de celle d’une source qui jaillit et s’écoule, parce que, comme elle ne s’écoule pas, elle est plus longtemps tempérée par la douce température de l’air. L’eau des sources jaillissantes est dure, et, par sa dureté, s’oppose aux aliments, si bien que ceux-ci peuvent à peine être adoucis par le feu et sont difficilement cuits. Parce qu’elle est purifiée et pure, elle a peu d’écume, et c’est pourquoi elle purifie d’autant moins les aliments, et les aliments sont d’autant moins purifiés par elle, alors que, habituellement, les aliments sont purifiés par les autres eaux et sont purifiés par la cuisson dans ces autres
eaux. Car l’eau qui coule des sources est plus légère et plus pure que l’eau des fleuves, parce qu’elle est filtrée et purifiée par la terre, le sable ou les pierres à travers lesquelles elle jaillit et s’écoule. Et elle est bonne à boire pour l’homme parce qu’elle est purifiée ; elle est même âpre et un peu semblable au vin par sa
force, mais elle n’est pas bonne pour faire digérer les aliments ou laver les yeux à cause de son âpreté. Les eaux des fleuves qui coulent sur la terre sont épaisses parce qu’elles sont imprégnées par l’air et le soleil; elles sont parfois couvertes d’écume, malsaines pour la boisson, car divers éléments de l’air et des éléments se mêlent à elles, et parce qu’elles sont emplies de brouillards et de nuages qui descendent à elles depuis les montagnes les plus basses; et, de temps en temps, par un air qui est parfois chargé d’impuretés., et c’est pourquoi elles sont mauvaises à boire et font du mal à l’homme à moins qu’on ne les fasse refroidir pour les boire en cas de besoin. D’ailleurs, en cas de besoin., elles ont aussi un peu de valeur pour faire cuire les aliments, parce qu’elles sont alors purifiées par la cuisson, deviennent plus douces et ont meilleur goût. Car il arrive parfois qu’un mauvais brouillard et un nuage dangereux descendent de certaines montagnes peu élevées et que l’air soit parfois chargé d’impuretés et qu’ainsi se forment des dépôts et
que ceux-ci se mêlent aux eaux des fleuves, des puits et des sources : et ainsi se trouve en elles un très mauvais poison, sorte de peste mortelle. Et si des hommes ou d’autres animaux boivent ces eaux, elles leur apportent la mort ou déforment leurs membres ou provoquent en eux diverses maladies. C’est pourquoi il ne faut absolument pas les boire, à moins qu’elles ne soient bouillies, car alors, dans l’écume de l’ébullition, elles rejettent leur poison. Et si la nécessité pousse un homme à en boire s’il n’a pas d’autre eau à boire, qu’il les fasse d’abord bouillir puis les laisse refroidir et qu’il les boive ainsi, car il est rare, dans ce cas qu’il reste en elles des dangers venant de l’air ou des oiseaux
qui s’y lavent ou du poison dangereux qui se trouve dans les cadavres qu’elles contiennent. Et c’est pourquoi il est nécessaire que les hommes n’en prennent pas pour leur usage sans les faire bouillir auparavant. Là où il y a des petits ruisseaux clairs et purs qui proviennent des autres flots, comme des espèces de veines, ceux-ci sont purifies du fait qu’ils coulent, et ils sont bons et utiles pour n’importe quel usage des bêtes et des gens. Les eaux de pluie sont dures et enlèvent aux malades souillures, humeurs mauvaises et pourritures, mais elles font un peu de mal aux bien-portants parce qu’elles ne trouvent pas en eux quelque chose à purifier. Lorsqu’elles ont séjourné dans une citerne, elles s’adoucissent et sont bonnes pour les bien-portants comme pour les malades. Cependant les eaux des sources qui jaillissent et coulent sont meilleures. Mais quand le soleil retire vers lui sa chaleur, ces eaux deviennent très froides et produisent leur écume, c’est-à-dire la neige, qui recouvré la terre, gêne la viridité de la terre., la bloque, sans blesser cependant les fruits de la terre. L’eau qu’elle donne n’est pas propre à l’usage humain, elle est légère et souillée : et si quelqu’un en boit, ulcères et croûtes se développent très vite en lui, et ses viscères s’emplissent d’humeurs. Les eaux de pluie, si l’on en boit, enlèvent par leur acidité les humeurs de l’estomac mais irritent les ulcères ; et les eaux venant de la neige, si l’on en boit, n’apaisent pas complètement la soif, parce qu’ elles sont légères et sont aussitôt digérées. Quant aux eaux que d’épais nuages déversent brusquement dans des averses brutales, tout comme la grêle, elles sont aussi dangereuses que les eaux bouillantes avec lesquelles on enlève les soies des ports et les poils des autres animaux, au cas où on les prendrait comme nourriture ou comme boisson. Et si quelqu’un buvait les eaux des nuages qui se déchirent et celles qui viennent de la grêle, il serait longtemps malade et sa chair se déchirerait en plaies multiples : ainsi beaucoup en mourraient.
La terre
Les vertus des terres
La terre est naturellement froide et a sept vertus : en été elle est froide, en hiver chaude, elle contient viridité et aridité, elle fait pousser les plantes et porte les animaux et elle porte toutes choses, de même que Dieu a travaillé six jours et s’est reposé le septième, quand il eut mis au service de l’homme tout ce qu’il avait créé. Car la terre, en été, est froide en profondeur., parce que le soleil donne alors la vie par la force de ses rayons, mais en hiver elle est chaude en profondeur, sans quoi elle éclaterait à cause du froid aride ; ainsi, dans la chaleur elle montre sa viridité, dans le froid son aridité. Car en hiver, le soleil est sans effet à la surface de la terre et insinue sa chaleur sous la terre, pour que la terre puisse garder toutes sortes de semences, et ainsi celle-ci, grâce à la chaleur et au froid, fait-elle pousser
toutes les plantes. Elle porte en outre les animaux qui vont et courent, pour qu’ils ne soient pas engloutis en elle : c’est qu’elle est endurcie par le froid et la chaleur et qu’elle peut ainsi les porter solidement. Car Dieu a composé la terre de telle sorte qu’elle soit fertile au moment approprié et qu’elle manque de fécondité au moment approprié, de même que la lune croît et décroît.
Arbres, blé et vin
Les arbres qui sont dans la partie méridionale et sont irrigués par les eaux d ‘orient poussent bien et donnent de
bons fruits de diverses espèces, qui ont bon goût. Mais ils ne peuvent durer longtemps. Le blé qui pousse là est de petite taille et il mûrit mal, parce que la terre est souvent humide : en effet, la terre qui produit le froment doit être sèche, car le grand froid l’abîme plus que la chaleur, parce que le blé est plutôt sec.
Les vignes qui poussent là et sont tournées vers l’orient donnent une grande quantité de vin et en produisent de bonne qualité. Quant aux plantes des jardins et aux autres herbes qui, dans cette partie orientale, sont arrosées par les eaux et poussent auprès des eat1x qui coulent de l’orient, elles sont pleines de force, ont une bonne odeur, font de l’effet en médecine et sont bonnes pour les aliments ; les vers s’y développent rarement et les mangent rarement, parce qu’elles sont bien équilibrées en froid et en chaleur, ce que les vers redoutent, car ils sont, pour leur part, humidité fétide, comme la chenille et les vers qui lui ressemblent, et se développent grâce à l’écume de l’air ; et le fruit des arbres, de quelque espèce que ce soit, qui pousse près du sol et est atteint par l’humidité de la terre, est parfois nocif, alors que celui qui se trouve au sommet des arbres n ‘est pas nocif, du fait qu’il est en contact avec l’air élevé ; et il a bon goût, et il ne fait pas de mal si on en mange beaucoup, et il peut se garder longtemps. Le blé, dans la partie occidentale, est vigoureux, mais il n’est pas gras ; le vin y est fort, mais n ‘est pas délicieux, et il peut se garder car, en ce lieu, la terre contient chaleur et froid.
Les herbes, aussi bien des jardins que des prés, qui, dans cette région, sont touchées et irriguées par les eaux de l’occident, aiguisent le goût du plaisir et soulèvent toutes les tempêtes de la chair, c’est- à-dire de la volupté., de la colère, de l’instabilité des caractères et tic perpétuelles divagations : si bien que les hommes qui les ont goutées sont parfois joyeux, parfois tristes, < parfois lents > et parfois rapides.
Le suc de ces herbes et ces herbes elles-mêmes se développent et abondent parce qu’il ne manque là ni ardente chaleur ni froid qui tombe brusquement ; c’est pourquoi elles sont vigoureuses dans leur viridité, mais dangereuses pour les usages susdits. En revanche, elles ont de l’efficacité pour les pratiques magiques et les diverses évocations, mais elles n’apportent aucune santé aux hommes, parce qu’en ce lieu le jour s’abaisse et la nuit surgit ; car, lorsque le Roi se tenait là dans sa gloire, la méchanceté y vociférait et voulut recouvrir le Roi de ténèbres ; mais, malgré toute sa force, elle était engourdie. Les arbres qui, dans la région du midi, sont arrosés par les eaux qui coulent là poussent bien et produisent beaucoup de fruits qui peuvent même se conserver car ils sont imprégnés de chaleur.
Là, le blé est abondant, charnu et délicieux ; le vin est également abondant et délicieux ; il a beaucoup de force et ne s’abîme pas facilement, mais il peut se conserver car il est adouci par beaucoup de chaleur ; en effet, le vin se développe plus à partir de la chaleur qu’à partir du froid, et le froid abîme plus le vin que la chaleur n’abîme les herbes des jardins et des prés, qui, dans ces mêmes régions, sont irriguées par ces mêmes eaux qui viennent du sud, et qui sont frêles, faibles et pâles et périssent facilement car la bonne humidité de l’air leur a été enlevée. Elles ne sont guère utiles pour la nourriture ou la boisson ; pour la médecine, elles n’ont pas de valeur car elles se dessèchent facilement ; et elles n’ont pas non plus beaucoup de valeur pour les animaux : hommes et bêtes en tirent peu de profit.
Les arbres qui, dans la région du septentrion, sont arrosés par les eaux qui naissent là, périssent facilement, et leur production, fruits et autres choses analogues, ne se développe pas bien parce que le froid les abîme. Le blé est produit là avec beaucoup de peine, et c’est pourquoi il est petit et rempli d ‘ivraie ; mais il a une certaine vigueur. Le vin pousse peu dans cette région ; il est aigrelet, parfois âpre et sans grande douceur, parce que le soleil ne le réchauffe guère.
Quant aux herbes des jardins et des prés qui sont arrosés par les eaux du septentrion, elles ne sont pas abondantes et ne valent rien pour la médecine. Elles ne font pas de mal aux bien-portants,. mais elles sont nuisibles aux malades, parce qu’elles ne poussent ni avec une juste chaleur ni avec une juste humidité, mais avec le froid: c’est pourquoi elles ne se développent guère et ne sont guère utiles.
La pluie
La pluie qui tombe brusquement et abondamment sur la terre est nocive et fait du mal à la terre et aux fruits de la terre, car elle contient diverses souillures ; si elle est modérée, elle est utile, arrose la terre et lui fait produire des fruits, car elle est douce, propre et pure, ce qui lui donne utilité et fertilité.
Source : Sainte Hildegarde ( Les causes et les remèdes: Chapitre Cosmologie )
💡🤖 Pour garantir des articles d'actualité à jour, précis et bien sourcés, l'intelligence artificielle est utilisée comme outil d'assistance. Elle contribue à la réécriture, à la vérification des faits et à l'optimisation du contenu.