Au Danemark, une pratique suscite actuellement une vive controverse : des tests psychologiques, appelés Forældrekompetenceundersøgelse (FKU), sont utilisés pour évaluer les compétences parentales avant même la naissance des enfants. Ces tests, dénoncés par l’Institut danois des droits de l’homme, ont conduit dans certains cas à la séparation immédiate des enfants de leurs parents. Retour sur une situation inquiétante.
Les tests FKU visent à identifier d’éventuelles problématiques familiales pour intervenir de manière préventive. Cependant, leur conception est largement critiquée pour être inadaptée aux réalités culturelles et linguistiques des populations concernées, notamment celles des Inuits groenlandais vivant au Danemark.
Exemple : le cas de Keira Alexandra Kronvold, une femme de 38 ans d’origine inuïte, en est l’illustration frappante. Deux heures seulement après avoir accouché dans un hôpital de Thisted le 7 novembre dernier, les autorités ont retiré son enfant pour la placer en famille d’accueil. La mère biologique n’a droit qu’à deux heures de visite par mois.
Le recours à ces tests a un impact disproportionné sur les familles inuïtes. Selon un rapport officiel, 5,6 % des familles d’origine groenlandaise se voient retirer leurs enfants, contre moins de 1 % pour les familles danoises d’origine nordique. Ce déséquilibre alarme les défenseurs des droits humains, qui y voient une discrimination structurelle.
Exemple : en 2017, Qupalu Platou, une autre mère inuïte, a perdu la garde de ses jumeaux de deux ans après avoir échoué à un test FKU. Pire encore, les enfants ont été séparés, l’un étant placé en foyer et l’autre dans une famille d’accueil. Là encore, la mère n’a droit qu’à des visites mensuelles limitées.
En mars 2023, le gouvernement danois a annoncé le développement de nouveaux tests, plus respectueux des spécificités culturelles des familles inuïtes. Toutefois, ces outils ne sont pas encore opérationnels, et leur mise en œuvre pourrait prendre plusieurs années, selon le professeur Ask Elklit de l’Université du Danemark du Sud.
Malgré une déclaration récente de la ministre des Affaires sociales, Sophie Hæstorp Andersen, appelant les municipalités à cesser temporairement d’utiliser ces tests pour les familles groenlandaises, la pratique reste en vigueur, même pour les Danois.
Ce scandale interpelle sur la question du respect de la dignité humaine au Danemark, ainsi que sur les méthodes employées dans le cadre des interventions sociales. L’Institut danois des droits de l’homme rappelle avec urgence la nécessité de mettre fin à ces pratiques injustes. Pour les familles touchées, chaque jour compte, car il en va de l’unité et du bien-être de leurs enfants.