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Les moyens de se préserver et d’éviter le Purgatoire.

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Les moyens de se préserver et d'éviter le Purgatoire.

Mais pour nous, pour nos propres intérêts, qu’y a-t-il à faire afin d’éviter le Purgatoire ? Car je ne pense pas que nous soyons assez saints pour souhaiter, avec sainte Catherine de Gênes ou sainte Catherine de Sienne, d’y demeurer jusqu’à la fin des temps, dans l’intention de glorifier la justice de Dieu ; ce sont des sentiments et des aspirations dont l’héroïsme dépasse trop le niveau commun de notre grâce.

Le plus sage pour nous est de désirer humblement, et de chercher avec soin les moyens d’abréger le temps de notre expiation future. Ces moyens sont de deux sortes ; il y a les moyens généraux et les moyens particuliers ; les uns et les autres nous sont connus par les nombreuses révélations que j’ai citées précédemment, en sorte que ce chapitre sera comme le résumé pratique de tous les autres.

Les moyens généraux peuvent se résumer à un seul ; voulez-vous sérieusement éviter le Purgatoire ?

Fuyez la seule chose qui y mène, le péché ; fuyez toute espèce de péchés, mais par-dessus tout le péché véniel, cet écueil fatal à tant de pauvres âmes ; ne méprisez pas les petites choses, ces dettes de chaque jour qui s’accumulent sans nous inquiéter, à cause de leur petitesse même, et qui arrivent à former ainsi à la fin de notre vie, un total qui effraie l’imagination ; n’oubliez pas qu’il vous sera demandé compte de tout, même d’une parole inutile ! De omni verbo otioso red dent rationem.

Construisez sérieusement l’édifice de votre vie surnaturelle ; n’y employez que le marbre et la pierre des solides vertus ; rejetez avec soin ce qui ne fait que briller aux yeux des hommes. Ces vertus de pacotille, ce bois, cette paille qui, au témoignage de l’Apôtre, ne sont bons qu’à être consumés par le feu ; par-dessus tout, veillez, parce que l’ennemi vous attaque de près et priez, parce que vous êtes faibles.

Et comme, malgré vos efforts, vous ferez encore bien des fautes, et que ces fautes devront nécessairement être expiées en ce monde ou en l’autre, si vous voulez éviter les flammes du Purgatoire, faites pénitences en ce monde. Cela vous est bien facile, vous n’avez qu’à ajouter à la pénitence sacramentelle, l’acceptation résignée des peines de chaque jour ; avec cela et les indulgences que la sainte Église, cette bonne Mère, vous accorde, vous pouvez être sûrs de faire votre Purgatoire par avance, en sorte que si vous descendez un jour dans ces sombres cachots, ce sera parce que vous l’aurez bien voulu, tels sont les conseils généraux que nous donnent les saints livres ; je n’y insiste pas ; chacun en comprend la portée.

Mais je veux m’arrêter davantage aux moyens particuliers que nous avons de fléchir la divine justice et d’abréger ainsi notre Purgatoire. Bien que toutes les vertus chrétiennes soient excellentes en elles-mêmes, il en est néanmoins qui ont pour le cœur de Dieu, s’il est permis de parler ainsi, un attrait particulier, et qui l’inclinent visiblement à user de miséricorde envers ceux qui les pratiquent.

Quelles sont ces vertus privilégiées dont la pratique doit nous ménager la faveur de notre juge et adoucir notre Purgatoire ? Au premier rang, on a toujours mis la dévotion à la très sainte Vierge. C’est un fait d’expérience, qu’on pourrait appuyer sur des multitudes de récits ; il est certain que la divine Mère, qui se plaît à prendre le titre de reine du Purgatoire, est toute puissante pour secourir dans les flammes expiatrices ses dévots serviteurs et abréger le temps de leur exil.

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Comment cela est-il possible, dira un théologien, puisque le Sauveur lui-même ne peut rien changer aux arrêts de sa justice ? La sainte Vierge est-elle donc devenue plus puissante que son divin Fils ? Nullement ; mais que de moyens elle a de nous secourir sans toucher en rien aux droits imprescriptibles de la justice divine ! Personne ne niera qu’elle peut nous ménager la grâce d’une sainte mort, en nous assistant d’une manière toute spéciale à cette heure suprême ; et ici que de récits touchants je pourrais apporter en preuve !

Vous m’avez tant de fois priée de venir à votre dernière heure, disait-elle un jour à un de ses serviteurs, en lui apparaissant sur son lit d’agonie ; chaque fois que vous récitiez la salutation angélique, vous me demandiez de vous protéger à l’heure de la mort ; vous me l’avez demandé avec ferveur des milliers de fois pendant votre vie ; eh ! Mon fils, me voici, ne craignez rien.

Si ses enfants mourants sont dans l’état du péché mortel, et ne peuvent plus se confesser, elle leur obtient la grâce de la contrition parfaite ; j’ai cité plusieurs exemples de ce genre ; on en ferait des volumes, rien que de ceux qui sont connus, et que de faits inconnus de ce genre doivent se passer dans les ombres de la mort ! Que de mystères de miséricorde, qui ne seront publiés à la gloire de Marie qu’au jour du dernier jugement ; certes, il n’est pas présomptueux d’affirmer qu’il y a des milliers d’âmes qui seraient actuellement dans les abîmes de l’Enfer, sans l’intervention de celle que l’Église salue du titre de Refuge des pécheurs.

Nous avons vu au chapitre premier que la très sainte Vierge assiste quelquefois au jugement de ses dévots serviteurs, pour les défendre contre les accusations du maudit et adoucir la rigueur de la sentence.

Une fois dans le Purgatoire, les enfants de Marie ne sont pas abandonnés de leur divine mère ; tous les samedis, les révélations des saints nous l’ont appris, elle descend dans ces sombres cachots pour visiter ses amis et en délivrer quelques-uns, particulièrement ceux qui, ayant porté fidèlement le saint scapulaire et rempli les conditions de la confrérie, ont droit, d’après la promesse formelle de Marie, d’être délivrés le premier samedi après leur mort.

Les confrères du Rosaire n’ont pas de promesse de ce genre, mais nous avons vu qu’ils sont puissamment secourus après leur mort par les mérites de cette prière ; il en est de même de ceux qui portent avec amour la médaille miraculeuse ; ils ont droit, dans le Purgatoire, à une protection spéciale de Marie, et de nombreux faits nous attestent que cette protection ne leur fait pas défaut.

Enfin, il y a toutes les fêtes de la très sainte Vierge, qui sont, comme je l’ai dit ailleurs, les fêtes du Purgatoire et pardessus toutes les autres, la fête de l’Assomption ; or, c’est par centaines de milliers que l’on compte annuellement les âmes délivrées. Après cela, il ne nous reste plus qu’à nous écrier avec saint Bernard ; oh ! Qu’il fait bon être des dévots de Marie !

La dévotion à la sainte Eucharistie est aussi très efficace à soulager, dans le Purgatoire, ceux qui l’ont pratiquée pendant leur vie ; cela se comprend ; de toutes les œuvres que l’on peut offrir pour le soulagement des défunts, la première est sans contredit l’oblation du divin Sacrifice ; par une conséquence toute naturelle, ceux qui ont une dévotion particulière pour honorer le divin Sacrement de l’autel ont droit à une part de choix dans les fruits rédempteurs du Sacrifice. Voici ce qu’on lit à ce sujet dans les révélations de sainte Gertrude.

( Louis de Blois, Miroir spiri tuel , ch . XII . ) Une de ses religieuses, qui avait mené la vie d’un ange dans le cloître, lui apparut un jour pour se recommander à ses prières ; à cause de plusieurs imperfections, elle était encore privée de la claire vision de Dieu ; mais en récompense de son tendre amour pour la divine Eucharistie, elle contemplait, dans les ravissements de l’amour, la sainte humanité du Sauveur ; oh ! Ma mère, disait-elle à la sainte, que je suis heureuse du culte que j’ai rendu à Jésus-Eucharistie, dans les jours passagers de mon existence terrestre ! Oh ! Le bon maître que nous servons ! Grâce à cette dévotion particulière au divin Sacrement, je recueille des fruits plus abondants de l’adorable hostie, quand on l’offre pour moi ! Aussi je ne tarderai pas d’être introduite à jamais au céleste séjour, où mon divin époux m’attend pour me couronner.

Rappelons-nous aussi l’histoire touchante de ce vieux paysan, qui, raconte le vénérable curé d’Ars, passait chaque jour de longues heures au pied de l’autel ; c’était à l’époque où la petite église d’Ars, encore inconnue comme son curé, ne voyait presque personne en dehors des offices ; hélas ! C’est l’histoire de combien de sanctuaires ! Au moins le saint curé était là chaque jour, à ce poste d’honneur qui est le nôtre ; il ne tarda pas à remarquer la présence de ce bon paysan.

-Mon ami, lui dit-il un jour, que faites-vous ainsi à l’église pendant de longues heures ?

-Monsieur le curé, les gens du monde, quand ils ont un procès, ne manquent pas d’aller voir leurs juges pour leur exposer leur affaire ; voici que je suis vieux : je paraîtrai bientôt devant mon juge, c’est une grosse affaire que je viens lui recommander chaque jour, car je veux absolument gagner mon procès.

-Et que lui dites-vous pendant ces longues heures ?

-Monsieur le curé, je ne lui dis rien , je le regarde et il me regarde : nous nous comprenons bien, allez, cela suffit !

O l’admirable simplicité ! C’est à vous qu’est promis le royaume des cieux. D’après tout ce que j’ai dit précédemment, en parlant de l’obligation que nous avons de secourir les défunts, on peut conclure qu’un des meilleurs moyens d’abréger son Purgatoire, c’est de s’appliquer avec zèle à soulager les âmes du Purgatoire ; si Dieu, comme nous l’avons vu, punit d’ordinaire par l’oubli et la privation des suffrages, ceux qui se sont montrés égoïstes et oublieux envers les défunts ; on ne peut douter qu’il n’use de miséricordes toutes spéciales envers ceux qui se sont montrés dévoués aux âmes du Purgatoire ; donnez et l’on vous donnera. Date et dabitur vobis, c’est la règle évangélique.

Une autre vertu qui paraît tout à fait propre à toucher le coeur de Dieu, c’est la charité envers nos frères. Voulez-vous vous ménager un jugement favorable ? Rien de plus facile ! Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés, ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés : Nolite judicare, et non judicabimini, nolite condemnare et non condemna bimini.

Vous aurez certainement besoin du pardon de Dieu, que vous avez beaucoup offensé, pardonnez et l’on vous pardonnera à votre tour. Plus d’une fois peut-être le péché mortel a fait de vous l’ennemi de Dieu, c’est pourquoi je vous dis : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et votre Père céleste en agira de même avec vous ; benefacite his qui oderunt vos , et persecuti fue runt vos.

Ici encore les exemples surabondent pour confirmer la doctrine du Maître : en voici deux seulement.

Une pauvre veuve avait un fils unique, sur qui naturellement elle avait reporté toute sa tendresse ; c’était en Italie, à une époque où les rues étaient souvent ensanglantées par les querelles des particuliers. Un soir, elle était seule à la maison, quand se présente à elle un jeune homme hors d’haleine :

–ô Madame, de grâce, cachez-moi ; j’ai eu le malheur de tuer un homme ; on me poursuit . Sauvez-moi !

La bonne dame le reçoit, le cache dans la chambre de son fils et un moment après les sbires se présentent :

–Ma dame , n’auriez – vous pas vu un meurtrier qui s’est sauvé de ce côté ; nous ne pouvons savoir où il a passé.

La dame leur fait visiter l’appartement ; il n’y a pas trace de celui qu’ils cherchent. Cependant, avant de se retirer, un des agents lui dit :

-Madame ne voudrait pas certainement égarer la justice et faciliter à un misérable qui vient de tuer son fils, les moyens de s’échapper.

À ces mots terribles, la pauvre mère se sent défaillir d’horreur.

Eh ! Quoi, c’est le meurtrier de son fils qui est là caché chez elle, et qu’elle va dérober aux recherches de la justice ; mais bientôt l’héroïsme de la chrétienne prend le dessus sur la faiblesse de la mère, elle laisse partir les agents, et quand ils sont déjà loin, elle va trouver le meurtrier de son fils :

-Malheureux que vous ai-je fait pour que vous me priviez de mon unique consolation ? Mais je vous pardonne pour l’amour de N.-S. Jésus-Christ ; voici une bourse, vous trouverez dans l’écurie un cheval ; fuyez, ne reparaissez jamais dans une maison que vous avez remplie de deuil.

O puissance du pardon des injures ! La nuit suivante, elle voit paraître son fils tout rayonnant de gloire :

– O ma mère, soyez bénie de votre générosité ! J’étais condamné à un long Purgatoire, mais parce que vous avez généreusement pardonné à mon meurtrier, le Seigneur m’a remis toute mon expiation. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ; beati misericordes, quoniam ipsimisericordiam consequentur !
(Voir le P. Seigneri, l’instruction du chrétien. – Ire partie, 11° disc. )

Le second exemple est emprunté à la vie de la bienheureuse Marguerite-Marie. Pendant qu’elle était chargée du pensionnat, au couvent de Paray, une des élèves vint à perdre son père. Comme la bienheureuse était en grand renom de sainteté parmi les enfants, cette jeune fille s’empressa de recommander son cher défunt à ses prières.

À quelque jour de là, la sœur l’appelant à part, lui dit :

-Ma chère enfant, remerciez Dieu ; votre père est au Ciel ; mais, quand vous verrez Madame votre mère, demandez lui donc quelle est l’action extraordinaire de charité que votre père fit dans sa dernière maladie ; c’est cet acte-là qui lui a valu d’échapper, à peu près entièrement, aux expiations du Purgatoire.

Or, voici ce qui s’était passé. Le défunt, qui était de bonne maison, avait eu des démêlés avec un boucher, son voisin ; quand il fut sur le point de recevoir le saint Viatique, il le fit appeler près de son lit, et avec une humilité touchante, lui demanda pardon des torts qu’il avait eus à son égard. Cette humble réconciliation, bien remarquable dans un homme de son rang, à l’égard d’un simple artisan, avait suffi au jugement de Dieu pour couvrir toutes ses autres fautes et l’exempter des flammes du Purgatoire. ( Vie de la bienheureuse Marguerite-Marie . )

Voici ce qu’écrivait encore la bienheureuse Marguerite Marie à la mère de Greffyé, sa supérieure :

Une personne était en Purgatoire pour autant de jours seulement qu’elle avait vécu d’années sur la terre. Notre Seigneur me fit connaître qu’entre toutes les bonnes œuvres que cette personne avait faites, il avait eu un très particulier égard à lui rendre un jugement favorable, à cause de certaines occasions d’humiliation qu’elle avait eue dans le monde, et qu’elle avait souffertes par un esprit chrétien, non seulement sans se plaindre, mais sans en parler.

L’Aumône qui, d’après l’Écriture, délivre de la mort, est aussi bien propre à nous ménager un jugement miséricordieux ; heureux, dit le Seigneur, celui qui a l’intelligence du pauvre et de l’orphelin, beatus qui intelligit super egenum et pauperem.

Au jour mauvais, Dieu le délivrera, in die mala liberabit eum Dominus. Quel est ce jour mauvais, sinon le jour de colère où nous serons tous appelés à rendre nos comptes à la divine justice ? Rappelons-nous ce que j’ai dit ailleurs au chapitre de l’Aumône, nous verrons qu’elle n’est pas moins efficace à préserver du Purgatoire qu’à soulager ceux qui y sont déjà. Pour la consolation de ceux qui vivent en communauté, et qu’aurait pu effrayer ce que j’ai dit ailleurs du Purgatoire des religieux et religieuses, il faut qu’ils sachent qu’ils ont un moyen très simple de s’exempter du Purgatoire, c’est la parfaite observance de leurs règles ; et cette pénitence n’est pas petite au dire du bienheureux Berchmans : mea maxima pænitentia vita communis.

Nous avons vu que la vénérable Agnès de Langeac reçut les remerciements d’une de ses religieuses défuntes, pour avoir considérablement abrégé son Purgatoire, en veillant à lui faire parfaitement observer toutes ses règles ; je pourrais citer bien des faits du même genre, je me contenterai du suivant.

( Vie de la bienheureuse Émilie au diario dominicano, 3 mai. ) La bienheureuse Émilie, prieure des Dominicaines de Verceil, avait coutume de mener ses sœurs par cette âpre voie du sacrifice. Une des religieuses de la communauté, nommée sœur Marie- Isabelle, était négligente à l’office ; elle s’acquittait de ce devoir journalier avec le plus grand dégoût, aussi, à peine le dernier verset des psaumes fini, elle sortait du chœur la première ; un jour qu’elle s’en allait ainsi à la hâte, en passant devant la stalle de la prieure, celle-ci l’arrêta : où donc allez-vous si vite, ma bonne sœur, et qui vous presse de sortir ? La pauvre sœur, prise au dépourvu, avoua humblement qu’elle s’ennuyait à l’office et qu’elle aurait bien voulu qu’il fût plus court.

C’est fort bien, reprit la prieure, mais s’il vous en coûte tant de chanter, commodément assise, les louanges de Dieu, au milieu de vos saurs, comment ferez-vous, dites- moi, dans le Purgatoire quand vous serez retenue au milieu des flammes ? Pour vous éviter cette terrible épreuve, je vous ordonne à l’avenir, de ne plus quitter votre place, que la dernière.

La pauvre sœur se soumit avec simplicité ; elle en fut bien récompensée. À quelque temps de là, elle mourut, et Dieu lui compta, comme autant d’heures du Purgatoire, les heures qu’elle avait passées ainsi dans la pratique de l’obéissance.

Enfin, il est une vertu de la dernière heure, qu’il est bien facile de pratiquer, et qui touche singulièrement le coeur de Dieu et l’incline à un jugement miséricordieux. C’est l’acceptation humble et soumise de la mort, comme expiation de nos péchés. J’ai lu, dans la vie de la Mère Françoise du Saint- Sacrement, qu’une âme fut condamnée à un long Purgatoire… Pour n’avoir pas eu cette soumission.

C’était une jeune personne, pleine d’ailleurs de vertus, mais, quand la main glacée de la mort voulut cueillir sa jeunesse dans sa fleur, elle résista de toutes ses forces en disant, comme la jeune captive de Chénier : Je ne veux pas mourir encore ! Elle eut plus tard à expier, par de longues souffrances, cette révolte de la nature. Au contraire, voici un exemple où cette acceptation volontaire mérita à celui qui la fi l’exemption totale du Purgatoire.

Le Père Caraffa, général de la Compagnie de Jésus, eut à assister à la mort un jeune seigneur, condamné injustement au dernier supplice. Mourir à la fleur de son âge, quand on est riche, heureux, que la vie déborde et que l’avenir nous sourit, c’est dur, il faut bien l’avouer ; un criminel pourrait s’y résigner encore, par l’horreur de son crime, mais un innocent ! Néanmoins, le Père sut si bien l’exhorter, il lui parla avec tant d’onction de la nécessité d’accepter la mort, en expiation de ses fautes passées, que ce pauvre malheureux monta sur l’échafaud, non seulement avec résignation, mais avec une joie toute chrétienne, se tenant assuré que cette mort injuste lui obtiendrait le pardon de Dieu.

Le peuple, qui assistait à son supplice, fut extrêmement édifié de l’entendre exprimer ces beaux sentiments, jusque sous la hache du bourreau. Or, au moment où la tête tombait, le Père Caraffa vit son âme monter triomphante au Ciel ; il alla trouver aussitôt la mère du condamné, et lui raconta ce qu’il avait vu, pour la consoler, et il était si transporté de joie de ce qu’il avait vu, qu’il ne cessait de s’écrier, de retour dans sa cellule :

– Oh ! Le bienheureux ! Oh ! Le bienheureux !

La famille voulait faire célébrer un grand nombre de messes pour le repos de son âme :

– C’est inutile, répondit le Père, réjouissons-nous plutôt, car je vous déclare que cette âme n’a pas même passé par le Purgatoire.

Un autre jour qu’il était occupé à quelque travail, il s’arrêta tout à coup, changeant de visage et regardant vers le ciel, comme s’il y apercevait quelque spectacle merveilleux, alors on l’entendit s’écrier :

– Ô l’heureux sort ! Ô l’heureux sort !

Et comme son compagnon lui demandait l’explication de ces paroles.

– Eh ! mon Père, c’est l’âme du supplicié qui m’est apparue dans la gloire. Oh ! Que sa résignation lui a été profitable !
( Vie du Père Vincent Caraffa, liv . II , ch. VII . )

Voici ce qu’on lit encore à ce sujet, dans la vie de la mère Isabelle de Saint-Dominique, liv. III , chap . vil .

Il s’agit de la sœur Marie de Saint-Joseph, une des quatre premières carmélites qui embrassèrent la réforme de sainte Thérèse. Notre-Seigneur, voulant que sa sainte épouse fut reçue en triomphe dans le ciel, aussitôt après son dernier soupir, acheva de purifier et d’embellir son âme, par les souffrances qui marquèrent la fin de sa vie.

Les quatre derniers jours qu’elle passa sur cette terre , elle perdit la parole et l’usage de ses sens ; elle était en proie à une douloureuse agonie ; les religieuses avaient le cœur navré de la voir en cet état. La mère Isabelle de Saint Dominique s’approchant de la malade, lui suggéra de faire beaucoup d’actes de résignation et d’abandon entre les mains de Dieu.

Sœur Marie de Saint-Joseph entendit et fit intérieurement ces actes, mais sans pouvoir donner aucun signe extérieur. Elle mourut dans ces saintes dispositions et, le jour même de sa mort, tandis que la mère Isabelle entendait la messe, priant pour le repos de son âme, Notre-Seigneur lui montra sa fidèle épouse couronnée de gloire, et lui dit :

– Elle est du nombre de ceux qui suivent l’agneau ;

Marie de Saint-Joseph de son côté, remercia la mère Isabelle de tout le bien qu’elle lui avait fait à l’heure de la mort ; elle ajouta que les actes de résignation qu’elle lui avait suggérés lui avaient mérité une grande gloire en Paradis, et l’avaient exemptée des peines du Purgatoire.

On comprendra facilement que l’acceptation religieuse et résignée de la mort ait la vertu d’abréger le Purgatoire, si l’on veut bien réfléchir à ce que dit saint Paul, que la mort est le châtiment dû au péché, stipendium peccati mors, Accepter humblement ce châtiment, c’est l’élever à la hauteur d’une expiation, c’est en faire même un sacrement, selon la belle pensée du Père Lacordaire.

Voilà pourquoi l’Église, en accordant à ses enfants l’indulgence plénière in articulo mortis, y met, comme condition essentielle l’acceptation religieuse de la mort. Une sainte âme qui vivait au commencement de ce siècle, la mère Marie-Anne du Bourg, avait coutume de dire qu’il y a, dans cette disposition, une telle vertu satisfactoire, que l’instant où le corps est inhumé, est souvent, pour les âmes très pures, celui où elles sortent du Purgatoire et entrent en Paradis ; c’est ce qui arriva au P. de la Colombière, directeur de la Bienheureuse Marguerite -Marie. (Vie de la Bienh,lettre à la mère de Greffyé.)

Méditons ces exemples et faisons-en notre profit ; toutes ces pratiques sont faciles, ces vertus n’ont rien qui demande d’héroïques efforts. Évitons toute espèce de péché, mais surtout le péché véniel ; prions pour demander le secours de Dieu, sans quoi nous ne pouvons rien ; et à la prière, joignons la vigilance, une vigilance de tous les instants ; en un mot, remplissons de notre mieux les devoirs généraux de la vie chrétienne et les devoirs particuliers de notre état.

Joignons à cela la dévotion à la très sainte Vierge ; chaque fois que nous récitons l’Ave Maria, pensons à cette dernière invocation : Sainte Marie, priez pour nous, maintenant et à l’heure de notre mort. Aimons la sainte Eucharistie ! Prêtres, célébrons avec toute la ferveur possible ; simples fidèles, communions souvent et pieusement, tous, prêtres ou fidèles, aimons à visiter, dans la solitude du tabernacle, celui qui sera un jour notre juge.

Dans nos rapports avec nos frères, soyons bons, charitables, prudents pour épargner leur réputation ; aimons les pauvres, ces préférés de Notre-Seigneur ; faisons -leur l’aumône de notre bourse, si nous le pouvons, et si nous ne le pouvons pas, si nous sommes pauvres nous-mêmes, faisons-leur l’aumône plus précieuse encore de notre dévouement.

Prions beaucoup pour les âmes souffrantes ; n’ayons pas une dévotion égoïste et sans entrailles ; pensons aux autres, pendant notre vie, si nous voulons qu’on pense à nous après notre mort. Si nous avons le bonheur d’être sous le joug de l’obéissance religieuse, portons ce joug avec amour, il en sera plus léger.

Ne faisons pas avec négligence l’œuvre de Dieu, et puis quand viendra pour nous l’heure suprême, endormons-nous avec confiance et avec amour entre les bras de Jésus et de Marie. En vivant et en mourant ainsi, nous aurons pris le meilleur moyen de nous délivrer des supplices du Purgatoire, et d’aller sans retard au ciel jouir de la félicité des saints.

Source : Le purgatoire d’après les révélations des Saints.

Publié par Napo

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