Le pape François a publié une nouvelle encyclique intitulée Dilexit Nos (« Il nous a aimés ») ce jeudi, appelant à une redécouverte de la dévotion au Sacré-Cœur pour répondre aux défis pressants de notre époque moderne. Dans ce document, il soutient que la spiritualité du Sacré-Cœur représente une réponse essentielle face à ce qu’il appelle une « société liquide », dominée par la technologie et le consumérisme.
François explique :
« Vivant à une époque de superficialité, passant frénétiquement d’une chose à l’autre sans vraiment savoir pourquoi, finissant comme des consommateurs insatiables et esclaves des mécanismes d’un marché indifférent au sens profond de nos vies, nous avons tous besoin de redécouvrir l’importance du cœur. »
Intitulé Lettre sur l’amour humain et divin du Cœur de Jésus-Christ, ce document est la première encyclique papale entièrement dédiée au Sacré-Cœur depuis Haurietis Aquas du pape Pie XII en 1956. Tout au long du texte, François combine les éléments traditionnels de la dévotion au Sacré-Cœur avec des préoccupations contemporaines, présentant le cœur du Christ comme une réalité unificatrice dans un monde fragmenté.
Cette publication répond à une annonce faite par le pape en juin dernier, quand il avait précisé que méditer sur l’amour du Seigneur pourrait « éclairer le chemin du renouveau ecclésial et apporter une parole significative à un monde qui semble avoir perdu son cœur ».
L’encyclique a été présentée à la presse par l’archevêque Bruno Forte, théologien italien et membre du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, ainsi que par Sœur Antonella Fraccaro, supérieure générale des Disciples de l’Évangile (Discepole del Vangelo), au Vatican, le 24 octobre.
De l’Écriture à l’intelligence artificielle : la vision du pape
Avec environ 30 000 mots, l’encyclique puise largement dans l’Écriture et la tradition, s’appuyant sur les écrits de Sainte Thérèse de Lisieux, de Saint François de Sales, et de Saint Charles de Foucauld. Publié alors que le Synode sur la Synodalité clôture ses délibérations à Rome, le document souligne à la fois la spiritualité personnelle et l’engagement missionnaire communautaire.
Le pape François développe sa vision en cinq chapitres, en commençant par une exploration philosophique et théologique de « l’importance du cœur », avant de passer à des réflexions sur les actions et les paroles d’amour du Christ, la signification théologique de la dévotion au Sacré-Cœur, ainsi que ses dynamiques spirituelles et ses implications sociales.
Le pape François face à l’ère technologique
« Les algorithmes qui opèrent dans le monde numérique montrent que nos pensées et notre volonté sont bien plus ‘uniformes’ qu’on ne l’avait pensé auparavant », écrit François, arguant que les solutions technologiques ne peuvent à elles seules répondre aux besoins plus profonds du cœur humain. Il souligne que la signification du mot « cœur » ne peut être capturée uniquement par la biologie, la psychologie, ou l’anthropologie.
« À l’ère de l’intelligence artificielle, nous ne devons pas oublier que la poésie et l’amour sont nécessaires pour préserver notre humanité. Aucun algorithme ne pourra jamais saisir, par exemple, la nostalgie que chacun de nous ressent, quel que soit notre âge, et où que nous vivions », ajoute-t-il.
Le pape insiste sur le fait que la dévotion au Sacré-Cœur n’est pas simplement une pratique spirituelle privée mais qu’elle a des implications profondes pour la vie sociale et les relations humaines. « Le monde peut changer, à commencer par le cœur », affirme-t-il, liant la transformation individuelle à un renouveau social plus large.
L’enseignement du Sacré-Cœur, de Pie XII à François
L’encyclique s’appuie sur des siècles de dévotion catholique au Sacré-Cœur tout en offrant de nouvelles perspectives pour les défis modernes. François cite abondamment les enseignements des papes précédents, en particulier ceux de Saint Jean-Paul II.
« La dévotion au Sacré-Cœur, telle qu’elle s’est développée en Europe il y a deux siècles, sous l’impulsion des expériences mystiques de Sainte Marguerite-Marie Alacoque, répondait à la rigueur janséniste, qui finissait par ignorer l’infinie miséricorde de Dieu », rappelle le pape défunt.
« Les hommes et les femmes du troisième millénaire ont besoin du cœur du Christ pour connaître Dieu et se connaître eux-mêmes ; ils en ont besoin pour construire une civilisation de l’amour. »
Heidegger, les frissons et le cœur
Dans un développement théologique et philosophique significatif, l’encyclique engage un dialogue avec la pensée moderne, notamment à travers la discussion de la compréhension des émotions humaines selon le philosophe allemand Martin Heidegger. Le pape cite l’idée de Heidegger selon laquelle « la philosophie ne commence pas avec un concept pur ou une certitude, mais avec un choc », car « sans émotion profonde, la pensée ne peut pas débuter. La première image mentale serait donc celle des frissons. »
Pour François, c’est là que le cœur intervient en « écoutant de manière non métaphorique la ‘voix silencieuse’ de l’être, en se laissant tempérer et déterminer par elle ».
« Une nouvelle civilisation de l’amour » : la voie à suivre
Le pape conclut en appelant à un renouveau des pratiques traditionnelles du Sacré-Cœur, en les situant dans une perspective contemporaine. Il explique que « nos communautés réussiront à unir et à réconcilier des esprits et des volontés différents, afin que l’Esprit puisse nous guider dans l’unité en tant que frères et sœurs. La réconciliation et la paix naissent également du cœur. Le cœur du Christ est ‘extase’, ouverture, don et rencontre. »
Dans sa vision spirituelle, le pape lie l’amour du Christ à la mission plus vaste de l’Église dans le monde moderne, en appelant à ce qu’il qualifie, suivant les mots de Saint Jean-Paul II, de « civilisation de l’amour », construite sur l’amour du Christ. Cette vision s’appuie également sur ses encycliques sociales précédentes, Laudato Si’ et Fratelli Tutti, en présentant l’amour du Christ comme le fondement de la résolution des défis contemporains.
Cet article a été publié originellement et en anglais par le Catholic World Report (Lien de l’article). Il est republié et traduit avec la permission de l’auteur.
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