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Le Saint Curé d’Ars face aux vexations diaboliques

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Si nous voulions rapporter tout ce qui a été écrit touchant les obsessions du démon, nous devrions transcrire la vie de presque tous les grands saints, parce qu’ils ont été à peu près tous tourmentés extérieurement par l’esprit du mal. Toutefois, nous ne pouvons nous empêcher de parler des vexations diaboliques endurées par un saint prêtre de notre siècle, J.-B.-M. Vianney, Saint curé d’Ars. C’est à sa belle biographie, écrite par M. l’abbé Monnin, que nous emprunterons les détails que nous allons donner.

Ordinairement, à minuit, trois grands coups contre la porte du presbytère avertissaient le Curé d’Ars de la présence de son ennemi ; et, suivant que son sommeil était profond ou léger, d’autres coups plus ou moins rudes se succédaient en approchant.

Après s’être donné le divertissement d’un affreux tintamarre dans l’escalier, le démon entrait ; il se prenait aux rideaux du lit et les secouait avec fureur, comme s’il avait voulu les arracher. Le pauvre patient ne pouvait comprendre qu’il en restât un lambeau.

Il arrivait souvent que l’esprit malin heurtait comme quelqu’un qui veut entrer ; un instant après, sans que ; la porte fût ouverte, il entrait dans la chambre, remuant les chaises, dérangeant les meubles, furetant partout, appelant le Curé d’une voix moqueuse : « Vianney ! Vianney ! » et ajoutant à son nom des menaces et des qualifications outrageuses :
« Mangeur de truffes ! Nous t’aurons bien, va, nous t’aurons bien !… nous te tenons !… nous te tenons !… »

D’autres fois, sans se donner la peine de monter, il le hélait au milieu ; de la cour, et, après avoir longtemps vociféré, il imitait une charge de cavalerie ou le bruit d’une armée en marche. Tantôt il enfonçait des clous dans le plancher, à grands coups de marteau ; tantôt il fendait du bois, rabotait des planches, sciait des lambris, comme un charpentier activement occupé dans l’intérieur de la maison ; ou bien il taraudait toute la nuit, et il semblait à M. Vianney qu’il allait, le matin, trouver son plafond criblé de trous ; ou bien encore il battait la charge sur la table, sur la cheminée et principalement sur le pot à eau, cherchant de préférence les objets les plus sonores.

Quelquefois le Saint Curé d’Ars entendait, dans la salle basse au-dessous de lui, bondir comme un grand cheval échappé qui s’élevait jusqu’au plafond et retombait lourdement des quatre fers sur le carreau ; d’autres fois, c’était comme si un gendarme, chaussé de grosses bottes, en eût fait résonner le talon sur les dalles de l’escalier ; d’autres fois encore, c’était le bruit d’un grand troupeau de moutons qui paissait au-dessus de sa tête : impossible de dormir avec ce piétinement monotone.

Une nuit que M. Vianney était plus inquiété que de coutume, il dit : « Mon Dieu, je vous fais volontiers le sacrifice de quelques heures de sommeil pour la conversion des pécheurs. » Sur-le-champ l’infernal troupeau s’en alla ; le silence se fit et le pauvre Curé put se reposer un instant.

Un soir, dit Catherine, pieuse femme chargée du soin de la maison de la Providence à Ars, un soir, M. le Curé était venu chez nous voir un malade. A mon retour de l’église, il me dit : « Vous aimez les nouvelles ; eh bien ! Je vous en apporte une toute fraîche. Écoutez ce qui m’est arrivé ce matin. J’avais quelque chose sur ma table ; vous savez ce que c’est… »

C’était sa discipline.

« Elle s’est mise à marcher comme un serpent… Cela m’a un peu effrayé. Vous savez qu’il y a une corde au bout : j’ai pris cette corde ; elle était aussi raide qu’un morceau-de bois : je l’ai remise sur ma table ; elle a re-commencé à marcher jusqu’à trois fois. »

— Vous faisiez peut-être branler votre table ? Objecta une des maîtresses présentes à la conversation.
— Non, reprit M. le Curé, je ne la touchais pas.

Les confrères du Curé d’Ars se montraient, en général, peu disposés à admettre la réalité de ces manifestations diaboliques ; ils leur cherchaient des causes naturelles et physiologiques et croyaient en trouver dans les jeûnes et les veilles immodérés du saint homme : explication sommaire et commode, mais peu satisfaisante. Il y avait à Saint-Trivier-sur-Moignans un vénérable curé, nommé M. Oranger, qui s’était mis en rapport avec l’abbé Vianney dès les premiers jours de son ministère à Ars ; il avait su l’apprécier et il le voyait souvent.

Jaloux de procurer à ses paroissiens le bienfait de la présence d’un prêtre si mortifié et si zélé, il le pria de se joindre aux missionnaires qui donnaient alors les exercices du grand jubilé.

M. Vianney consentit à tout ce que son voisin voulut ; il resta trois semaines à Saint-Trivier, prêcha de temps en temps et confessa beaucoup. Comme les vexations auxquelles il était en butte de la part du démon faisaient alors grand bruit, ses confrères s’en amusaient et lui disaient sur le ton du badinage :

« Allons ! allons ! Cher Curé, faites comme les autres ; nourrissez-vous mieux : c’est le moyen d’en finir avec toutes ces diableries. »

Un soir, on le prit sur une gamme plus haute ; la discussion s’anima du côté des contradicteurs… Bref, il fut convenu que toute cette mystique infernale n’était que rêverie, délire, hallucinations, et le pauvre Curé fut traité littéralement de visionnaire et de maniaque. Il ne répondit pas un mot à ces savantes diatribes ; il se retira dans sa chambre, insensible à tout, sauf à la joie d’avoir été humilié.

Un instant après, ses confrères se souhaitaient une bonne nuit et gagnaient tranquillement leur appartement respectif avec la conviction qu’ils avaient dit la vérité au Saint Curé d’Ars, quoique, peut-être, d’une manière un peu verte.

Mais voilà qu’à minuit ils sont réveillés en sursaut par un horrible fracas : la cure est sens dessus dessous ; les portes battent, les vitres frissonnent, les murs chancellent ; de sinistres craquements font craindre qu’ils ne s’écroulent. En un instant tout le monde est debout. On se souvient que le Saint Curé d’Ars a dit :

« Vous ne serez pas étonnés si, par hasard, vous entendez du bruit cette nuit. »

On se précipite dans sa chambre… Il reposait tranquillement.

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« Levez-vous, lui crie-t-on, la cure va tomber ! »
— Oh ! Je sais bien ce que c’est, répond-il en souriant. Il faut aller vous coucher ; il n’y a rien à craindre.

On se rassure et le bruit cesse. À une heure de là, quand tout est redevenu silencieux, un léger coup de sonnette retentit. L’abbé Vianney se lève et trouve à la porte un homme qui avait fait plusieurs lieues pour venir se confesser à lui. Il se rend aussitôt à l’église et y reste jusqu’à la messe, occupé à entendre un grand nombre de pénitents.

Le lecteur aura, sans doute, remarqué la coïncidence des événements de la nuit avec l’arrivée soudaine d’un pécheur venu de loin pour se confesser. C’était chose ordinaire qui, après de nombreux précédents, avait fini par devenir un indice presque infaillible.

Chaque fois que les taquineries du démon redoublaient de fréquence et d’intensité, le Curé d’Ars prévoyait que la grâce lui amènerait bientôt quelque grand pécheur à convertir ; ses pressentiments étaient rarement trompés, si bien que, par la suite, au lieu de se troubler de cette recrudescence de colère infernale, il l’accueillait comme le signe avant-coureur des miséricordes de Dieu et des consolations réservées à son ministère.

Avec le temps l’esprit du mal variait ses moyens d’attaque : il ne se contentait plus de frapper aux portes et de troubler le repos de M. Vianney par des bruits effrayants, il était sans cesse à imaginer de nouveaux tours dont l’audace déguisait mal la faiblesse.

Souvent il se cachait sous son lit, voire sous son chevet, et faisait, toute la nuit, retentir à son oreille tantôt des cris aigus, tantôt des gémissements lugubres, des plaintes étouffées, de faibles soupirs ; quelquefois, il l’entendait geindre bruyamment comme un homme qui se livre à un travail pénible ; d’autres fois, râler comme un malade à l’agonie. Quelquefois même, il le traînait dans son lit autour de sa chambre, de sorte qu’il ne pouvait fermer l’œil de toute la nuit.

Voyant que Saint Curé d’Ars honorait d’un culte particulier un tableau de l’Annonciation, placé sur son palier, le grappin (c’est ainsi qu’il appelait le démon) le couvrait tous les jours outrageusement de boue et d’ordure, ce qui détermina le pauvre Cure à le faire enlever, renonçant aux consolations qu’il lui donnait.

Après cet ensemble de choses prodigieuses et cette masse imposante de preuves et de témoignages, on a moins de peine à croire que l’incendie du lit de M. Vianney, survenu trois ans avant sa mort, soit l’œuvre du démon.

À la fin, le Curé d’Ars était parvenu à mépriser les attaques de son ennemi :

« Le démon est bien fin, disait-il un jour dans son catéchisme, mais il n’est pas fort ; un signe de croix le met en fuite. Tenez, il n’y a pas encore trois jours qu’il faisait un grand tapage au-dessus de ma tête. On aurait dit que toutes les voitures de Lyon roulaient sur le plancher… Pas plus loin qu’hier soir, il y avait des troupes de démons qui secouaient ma porte ; ils parlaient comme une armée d’Autrichiens : je ne comprenais pas un mot de leur jargon. J’ai fait le signe de la croix ; ils sont tous partis. »

Il y eut une nuit où il fut réveillé en sursaut et se sentit soulevé en l’air :

« Peu à peu je perdais mon lit, dit-il ; je m’armai vitement du signe de la croix et le grappin me laissa. »

C’est ainsi que M. Vianney, malgré sa sainteté, ou plutôt à cause de sa sainteté, fut tracassé, molesté, tourmenté par l’ennemi de notre salut qui, jaloux de son éminente vertu, comme de celle de Job, avait, sans doute, obtenu de Dieu la permission de la mettre à cette rude épreuve, mais elle ne fit que donner un nouvel éclat à sa vertu et ajouter de nouveaux fleurons à sa couronne céleste.

L’exemple du Saint Curé d’Ars, doit nous apprendre que personne ici-bas, pas même l’âme la plus parfaite, n’est à l’abri des attaques du malin esprit, et que souvent même, plus on est vertueux, plus on est exposé à subir ses vexations, parce que sa rage augmente en proportion de la vertu de l’homme.

Source : Guerre à Satan – Missionnaire apostolique

Publié par Napo

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