Dans un contexte de réorientation de la politique étrangère des États-Unis sous l’administration Trump, l’Afrique se trouve confrontée à une réalité brutale : la réduction drastique de l’aide internationale. Le gouvernement américain a annoncé la suppression de plus de 90 % des contrats d’aide étrangère de l’USAID (Agence des États-Unis pour le développement international), ainsi qu’une coupe de 60 milliards de dollars dans l’assistance mondiale. Cette décision, motivée par la politique « America First », soulève des inquiétudes majeures, notamment en Afrique, où des millions de vies dépendent de ces programmes.
Le père Stan Chu Ilo, professeur de recherche au Center for World Catholicism and Intercultural Theology de l’Université DePaul à Chicago, tire la sonnette d’alarme. Pour lui, l’Afrique doit urgemment se libérer de ce qu’il appelle « la maladie de la dépendance à l’aide ». Selon lui, cette dépendance n’est pas seulement économique, mais aussi mentale, et elle empêche le continent de réaliser son plein potentiel.
Les conséquences de ces coupes budgétaires pourraient être catastrophiques. En Afrique du Sud, par exemple, l’arrêt des financements américains pourrait entraîner la mort de 500 000 personnes au cours des dix prochaines années, selon les estimations du père Ilo. Les programmes de lutte contre le VIH/sida, qui ont permis de sauver plus de 20 millions de vies, sont particulièrement menacés. De même, les efforts pour contenir des épidémies comme Ebola pourraient être compromis.
Face à cette nouvelle donne géopolitique, le prêtre nigérian propose des solutions à court et à long terme. À court terme, il s’agit de combler le vide laissé par la réduction de l’aide internationale. Mais à long terme, l’Afrique doit s’attaquer aux racines du problème : la corruption, les flux financiers illicites et le manque d’autonomie économique.
Chaque année, l’Afrique perd 128 milliards de dollars à cause de la corruption, soit l’équivalent de 50 % de ses recettes fiscales et de 25 % de son PIB, selon la Fondation Mo Ibrahim. « Si l’Afrique s’attaquait sérieusement à la corruption, au gaspillage et à la mauvaise gestion des fonds, elle aurait moins besoin d’aide étrangère », explique le père Ilo. Il propose la création d’institutions panafricaines robustes pour lutter contre la corruption, notamment une cour continentale anti-corruption et un mécanisme crédible d’examen par les pairs.
Les flux financiers illicites, qui drainent 50 milliards de dollars par an hors du continent, constituent un autre défi majeur. Ces pratiques sapent les réserves de change, faussent la concurrence et affaiblissent la capacité des États à maintenir leur stabilité économique. Le père Ilo appelle à une réponse unifiée du continent pour endiguer ces flux, tout en plaidant pour une réforme de l’architecture financière et commerciale mondiale. « Le commerce intracontinental, essentiel pour sortir de la dépendance à l’aide, ne pourra prospérer sans une transformation des chaînes de valeur mondiales », souligne-t-il.
L’autosuffisance alimentaire et énergétique est également un pilier essentiel de cette autonomie. Le prêtre insiste sur la nécessité de développer une éducation axée sur la technologie, de l’école primaire à l’université. « L’Afrique doit poser les bases d’une innovation technologique locale dans des secteurs clés comme l’agriculture, les mines, la pharmacie et la fabrication », affirme-t-il.
Mais au-delà des réformes structurelles, le père Ilo souligne que la dépendance à l’aide est avant tout une question de mentalité. « L’Afrique doit cultiver un état d’esprit d’autonomie et rejeter la mentalité de victime. Une réforme complète de l’apprentissage des compétences de vie est nécessaire, avec un accent sur la confiance collective et la libération des esprits africains de cette mentalité de dépendance », explique-t-il.
Pour mettre en œuvre ces changements, le continent a besoin de leaders visionnaires et éthiques. « Nous devons engager une conversation sérieuse sur ce que signifie un État capable dans un contexte africain, et sur la manière dont la démocratie actuelle peut favoriser l’émergence de tels États », conclut le père Ilo. Selon lui, cette réflexion doit commencer maintenant, car l’avenir de l’Afrique en dépend.
En somme, face à la réduction de l’aide internationale, l’Afrique est à un carrefour. Elle doit choisir entre continuer à dépendre de l’extérieur ou embrasser une nouvelle voie, celle de l’autonomie et de la dignité retrouvée.
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