Il se présente simplement en disant : « Je ne suis qu’un réparateur de pneus ». Et pourtant, depuis plus de trente ans, Grégoire Ahongbonon, né au Bénin et installé en Côte d’Ivoire, a rendu à la dignité plus de 200 000 malades mentaux à travers l’Afrique de l’Ouest. Son œuvre, la Communauté Saint Camille, est devenue un phare de charité chrétienne dans des terres où les malades sont souvent abandonnés, enchaînés, voire traités comme des possédés.
D’une réussite matérielle à la nuit de l’âme
À 23 ans, Grégoire menait une vie prospère : propriétaire de taxis, marié et père de six enfants, tout semblait lui sourire. Mais, comme il le raconte, « quand arriva l’argent, j’ai oublié Dieu ». En un mois, tout s’écroula : accidents, faillites, solitude. Il pensa même mettre fin à ses jours, jusqu’à ce qu’un prêtre missionnaire le prenne sous son aile. Grâce à lui, il retrouva la foi et partit en pèlerinage à Jérusalem. Là, Dieu toucha son cœur.
À son retour, Grégoire réunit des amis pour prier et visiter les malades dans les hôpitaux. Un jour, il découvrit une salle d’abandon : des malades mentaux, nus, affamés, sans soins. « En Afrique, si tu n’as pas d’argent, tu n’as pas droit aux médicaments », dit-il avec douleur. Ce jour-là, il comprit que le Christ souffrait dans ces corps oubliés.
« J’ai vu Jésus dans un malade mental »
Au début, lui aussi fuyait les fous des rues, jetés aux pierres, couverts de crasse, que beaucoup prenaient pour des possédés. Mais en 1990, son regard changea : « J’ai vu Jésus souffrir dans un de ces malades. » Il commença à leur donner à manger, à leur laver les pieds, à leur offrir un abri. Les guérisons commencèrent à se multiplier, mais surtout, les regards changèrent : ceux qu’on méprisait redevenaient des hommes.
En 1994, il fut appelé dans un village pour libérer un jeune homme enchaîné au sol depuis des années, les membres noués par des fils de fer, rongés par les vers. Grégoire le délivra avec des outils de fortune. Le jeune lui dit avant de mourir : « Je ne sais pas pourquoi on m’a fait ça, mais je vous remercie, vous m’avez redonné ma dignité. » Cette scène tragique marqua à jamais Grégoire : depuis, il n’a plus cessé d’aller de village en village pour libérer les enchaînés, corps et âme.
Une œuvre portée par la foi et la charité
Aujourd’hui, la Communauté Saint Camille compte 18 centres à travers le Bénin, le Togo et la Côte d’Ivoire. Dans ces foyers, les malades soignent les malades, preuve éclatante que l’amour guérit plus que la peur. Beaucoup de ces centres vivent grâce à la Providence et au soutien des fidèles. Au cœur de chacun d’eux se trouve une église, centre spirituel et refuge d’espérance.
Mais Grégoire dénonce aussi les sectes qui pullulent en Afrique, « voyant des démons partout » et profitant du désespoir des familles. Ces faux prophètes enferment, battent et affament les malades au nom d’une prétendue délivrance spirituelle. « Ce n’est qu’un commerce, une illusion diabolique », affirme-t-il sans détour.
La force du pardon et de la Providence
Pour Grégoire, chaque malade est une image du Christ. Il ne voit pas seulement la souffrance psychique, mais la souffrance morale d’un continent qui, souvent, rejette les plus faibles. « Quand je vois quelqu’un enchaîné, je vois l’humanité tout entière », dit-il avec des mots simples et bouleversants.
Son témoignage rappelle celui des grands saints : il ne s’est pas fait moine, il n’a pas fondé d’ordre religieux, mais il a choisi d’aimer jusqu’au bout, dans la poussière et les plaies des oubliés. Là où la société voit des démons, il voit des frères. Là où d’autres parlent de folie, il parle d’espérance.
Et c’est ainsi qu’un simple réparateur de pneus est devenu, par la grâce de Dieu, un réparateur d’âmes.
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