Une lettre envoyée par le nouvel archevêque de Toulouse ordonne aux séminaristes de son archidiocèse de ne plus porter de soutanes, ce qui a provoqué la colère et l'inquiétude d'un certain nombre de fidèles catholiques dans le pays.
La lettre, datée du 2 juin et destinée à rester privée, a rapidement été divulguée et reprise par les médias français. L'archevêque Guy de Kerimel - qui a pris ses fonctions en décembre 2021 - y réaffirme des opinions exprimées la veille lors d'un dîner avec des séminaristes de l'archidiocèse, notamment son opposition au port de la soutane avant l'ordination.
Mentionnant son interrogation sur le port de la soutane et du surplis par certains d'entre eux lors de la confirmation d'un étudiant quelques jours plus tôt, le prélat a déclaré qu'il leur avait dit qu'il "ne souhaitait pas que les séminaristes s'affichent d'une manière trop cléricale." En effet, selon lui, l'image qu'ils projettent ainsi n'est pas " ajustée " à leur statut non ordonné de fidèles laïcs. Il justifie également sa position en affirmant que "la priorité d'un jeune en formation au sacerdoce ministériel est de grandir et de renforcer sa relation avec le Christ dans l'humilité et la vérité, sans chercher à entrer dans un personnage", et qu'"il doit laisser grandir en lui la charité pastorale et se rendre accessible à tous […] avant de se préoccuper d'afficher une identité très marquée."
La lettre a donc représenté une occasion de fixer le code vestimentaire des séminaristes pour le diocèse à l'avenir : "Le port de la soutane n'est pas autorisé au séminaire, c'est la loi en vigueur. Je demande donc que cette loi soit appliquée en dehors du séminaire dans le diocèse de Toulouse, y compris pour les diacres", a-t-il précisé, ajoutant que dès l'admission au séminaire, il est possible de porter un "signe distinctif" comme "un col romain ou une simple croix."
Mgr de Kerimel a fondé son argumentation sur le canon 284 du Code de droit canonique, qui confie aux conférences épiscopales le soin de déterminer les vêtements ecclésiastiques que les clercs doivent porter, "selon les légitimes coutumes locales."
Sa prise de position a suscité la controverse sur les réseaux sociaux et sur certains sites internet catholiques. Cité par le magazine Valeurs actuelles, un prêtre du diocèse a qualifié les arguments du prélat de "fallacieux", réaffirmant l'importance fondamentale de la soutane dans la vie du prêtre, y compris pour les séminaristes lorsqu'ils "aspirent à la prêtrise et que la soutane les aide à se mettre dans la peau du prêtre". La soutane, a-t-il dit, "est un rappel du sacerdoce, elle nous rappelle que dans tout ce qu'il fait, un prêtre est un prêtre, elle aide et pousse à vivre comme un prêtre et aide les gens à se tourner vers lui sans honte ni crainte."
Certains commentateurs ont également reproché au prélat d'agir en fonction des tendances sociétales, alors que l'effet du rapport sur les abus sexuels dans l'Église de France a été d'augmenter encore les actes anticatholiques au cours des derniers mois, notamment contre les prêtres.
Un contexte tendu
Par ailleurs, cet incident est survenu dans un contexte particulièrement tendu entre une partie de la hiérarchie de l'Église locale et les communautés catholiques traditionnelles particulièrement florissantes en France.
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L'année dernière, suite à la publication du motu proprio Traditionis Custodes, Mgr de Kerimel, alors à la tête du diocèse de Grenoble-Vienne, dans le sud-est de la France, s'était déjà attiré de vives critiques de la part de ses fidèles traditionnels en mettant fin à la mission diocésaine de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, qui célèbre la messe en latin, et en limitant la célébration de la messe traditionnelle en latin. Ces fidèles, qui affirment compter environ 500 personnes au total, ont répondu à la décision de l'archevêque en organisant un boycott de la collecte qui aurait causé une perte importante des revenus du diocèse pour l'année 2021.
Et le jour même de la fuite de la lettre de Mgr de Kerimel, les fidèles de France ont appris avec consternation la suspension des ordinations de prêtres et de diacres dans le diocèse de Toulon, dans le sud-est de la France, jusqu'à nouvel ordre.
Cet article a été publié à l'origine par le National Catholic Register sur NCR. Il a été réimprimé et traduit avec la permission de l'auteur.