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Les joies que ressentent les âmes au purgatoire

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Voici les trois sujets de joie pour ces âmes au purgatoire : premièrement, elles sont confirmées en grâce, sûres de leur salut, incapables de pécher désormais.

Seconde joie du Purgatoire, joie d’expiation ; les pénitents en ce monde trouvent leur bonheur à souffrir pour expier leurs fautes ; il en est de même, à plus forte raison, des âmes du Purgatoire, de plus elles voient que ces souffrances effacent leurs souillures et les rendent de plus en plus agréables à Dieu, et cela ajoute à leur bonheur.

Troisième joie du Purgatoire, joie de l’amour ; la charité qui remplit le cœur de ces âmes leur rend tout facile.

Pour avoir une idée exacte de ce vaste royaume de l’expiation, il faut réunir ces deux points de vue et en faire la synthèse ; c’est ce que je me propose ici. J’ai assez parlé des souffrances du Purgatoire, il est temps maintenant de dire un mot de ses joies. Les joies du Purgatoire ! voilà un titre qui paraîtra bien extraordinaire.

Je me rappelle, qu’ayant eu un jour la pensée de prêcher sur ce sujet, dans une communauté religieuse, et devant un auditoire qui me semblait capable de comprendre, j’obtins ce résultat d’étonner beaucoup, et de scandaliser presque les âmes à qui je m’adressais. Et cependant il y a là autre chose qu’un paradoxe ou qu’un jeu d’esprit.

Oui ! le séjour de la douleur et de l’expiation a ses joies ; joies austères, comme celles des prisonniers, mais qui, dégagées de tout élément sensible, n’en pénètrent que mieux jusqu’au fond même de l’âme. À tout considérer, je pense que les joies de ce monde n’approchent pas de ces joies, et que les âmes du Purgatoire, lorsqu’elles pensent à leurs amis de la terre, éprouvent pour eux plus de compassion que d’autres sentiments.

Dante, errant avec Virgile dans les espaces sans limites, se sent ébloui à la vue d’un Ange qui traverse la mer et fait avancer une barque, toute chargée d’âmes qui se rendent au Purgatoire. Leur esquif glisse légèrement sur les flots, dont il effleure à peine la surface, tandis que les âmes, qui, depuis un instant, viennent de laisser derrière elles la vie, la mort et le jugement, chantent, avec un sentiment de joie mêlé de tristesse, le psaume de la délivrance, In exitu Israel de Egypto.

C’est là de la poésie, dira-t-on ; oui, mais c’est en même temps de la Théologie et de la plus belle.

Dante était théologien, en même temps que poète, ne l’oublions pas, et, dans sa grande épopée, il résume toutes les croyances de son époque, à propos de la vie future. Entrons donc hardiment dans notre sujet.

Je laisse de côté les joies accidentelles du Purgatoire, les secours que ces âmes reçoivent de leurs amis restés sur la terre, les abréviations quelquefois inespérées de peine, la miséricorde de Dieu qui trouve à s’exercer là comme partout.

Les visites de la très sainte Vierge et des anges protecteurs, tout cela sera traité ailleurs ; pour le moment, je veux parler des joies essentielles du Purgatoire, de ces joies qui sont de tous les instants, et pour toutes les âmes, même pour les plus délaissées, et j’en découvre trois.

Les joies de la confirmation en grâce, les joies de l’expiation et les joies de l’amour.

Première joie : L’âme se sent confirmée en grâce et par là-même sûre de son salut éternel, et dans l’heureuse impuissance de pécher désormais. L’incertitude du sort éternel, la facilité au péché, cette double infirmité de notre nature est une des plus lourdes croix de l’âme chrétienne.

Quand, par une belle nuit étoilée, je lève les yeux vers cette voûte céleste, qui n’est, d’après le psalmiste, que l’escabeau des pieds du Seigneur, et que je me dis : par delà les espaces sans limites, il y a le trône de Dieu, le séjour de N.-S. Jésus-Christ, de la sainte Vierge et des Saints ; là, j’ai ma place, qui m’a été assignée au jour de mon baptême ; là, je dois un jour être éternellement heureux avec Dieu et ses Saints, alors l’âme s’élève, et le pauvre cœur se fond de désirs et d’amour ; mais voilà qu’au plus intime de ma conscience, j’ai entendu une voix qui disait :

« Peut-être ? Le Ciel est pour toi, c’est certain, mais peut-être que tu ne seras pas fidèle ; peut- être que tu ne persévéreras pas, et celui-là seulement sera sauvé qui aura persévéré jusqu’à la fin.« 

Oh ! alors, comme le cœur se resserre, et quelle amertume dans ce doute ! et si, après cela, je descends en moi-même, et que je me considère avec mes défauts et mes fautes de chaque jour, avec ce penchant au mal qui est au fond du cœur de tout homme, alors je suis bien forcé de me dire que, si je suis sauvé, ce qui n’est pas sûr, ce ne sera que grâce à la très grande miséricorde de Dieu ; et quand même mes rechutes continuelles dans le péché ne compromettraient pas mon salut éternel.

Quel plus grand supplice, pour une âme qui aime Jésus, que de traîner après soi le fardeau de ce corps de mort ! quelle fatigue de porter toujours au tribunal les mêmes fautes, de ne se relever que pour tomber et se relever encore, de prendre toujours des résolutions qu’on ne tient jamais, et de batailler des années entières pour se corriger d’un défaut de rien quelquefois !

Mais, patience ! voici venir le temps où le péché sera détruit ; plus de fautes, plus d’ingratitudes, plus de trahisons ; et aussi plus de craintes pour l’avenir ! en ce monde, les saints eux-mêmes doivent trembler ; des exemples terribles sont venus prouver que les plus hautes vertus, les plus glorieux privilèges ne mettent pas toujours à l’abri d’une chute finale, mais pour l’âme du Purgatoire, c’est fini, c’est bien fini, quelles qu’aient été dans sa vie passée sa tiédeur, ses fautes, ses crimes peut- être, la pénitence a tout réparé.

Peut-être un dernier acte, un cri de suprême repentir, exhalé avec un dernier souffle, a été l’instrument du salut, n’importe ; désormais tout est sauvé ; l’arbre est tombé du bon côté, il y restera ; peut-être l’expiation sera bien longue et bien sévère, mais qu’importe ! tout prend fin de ce qui n’est pas éternel ; la peine finira, les flammes expiatrices s’éteindront, et alors commencera le jour sans fin de l’éternité bienheureuse.

Mais, que dis-je ? les peines passeront ; elles passent ; chaque minute ajoutée à son expiation est une minute qui rapproche l’âme de sa récompense ; avec quelle sainte impatience, mais aussi, avec quelle joie intime et profonde, cette âme prédestinée doit compter les années, les mois, les jours, les instants qui s’écoulent, et qui, en s’écoulant, la rapprochent de Dieu.

Non, je ne crains pas de le dire, dans cet état d’une âme sainte, délivrée du péché avec ses honteuses misères, et sûre d’arriver au but final de ses désirs, il y a une large compensation à tous les supplices que j’ai décrits, et n’y eût-il que cela, je ne crains pas de le dire, avec le père Faber, je préférerais une des dernières places dans ce séjour de la sécurité, à toutes les joies trompeuses et incertaines de ce monde.

Mais comme on serait peut-être tenté de m’accuser d’exagération, je veux montrer que les âmes du Purgatoire qui parlent par expérience, sont du même sentiment que moi. Un des faits les plus intéressants et les mieux prouvés de l’histoire de l’Église de Pologne, c’est ce qui arriva en 1070 à saint Stanislas, évêque de Cracovie.

Boleslas, prince impie et cruel, était alors sur le trône et persécutait le saint par tous les moyens en son pouvoir ; il excita contre lui les héritiers d’un certain Pierre Milès, qui était mort depuis trois ans, en laissant une terre à l’église ; les héritiers, bien sûrs d’être soutenus, intentèrent un procès au saint, et tous les témoins, s’étant trouvés subornés ou intimidés, le saint fut condamné à restituer la terre en litige ; alors, voyant que la justice des hommes lui faisait défaut, il en appela hardiment à la justice de Dieu et promit de faire comparaître, comme témoin, celui qui reposait dans le tombeau depuis trois ans.

Sa parole fut accueillie naturellement avec des sarcasmes et de grossières plaisanteries, mais après trois jours de jeûne et de supplications solennelles, l’Évêque, s’étant rendu avec tout le clergé à la tombe de Pierre Milès, la fit ouvrir ; comme on s’y attendait, on ne trouva que des ossements tombant en poussière, et déjà les rires de l’incrédulité triomphante s’élevaient de tous côtés, quand le saint commandant au mort, au nom de Celui qui est la résurrection et la vie, soudain ces ossements se raffermirent, se rapprochèrent, se couvrirent de chair, et aux regards stupéfaits de tout un peuple, on vit le mort, tenant le saint évêque par la main, paraître devant Boleslas, et certifier la vérité de la donation qu’il avait faite.

C’est ainsi que l’iniquité, qui se croyait déjà sûre du succès, fut confondue : mais voici qui vient à notre sujet. Lorsque Pierre Milès eut fait sa déposition, saint Stanislas lui demanda lequel il préférait de retourner au tombeau ou de vivre encore quelques années, le ressuscité répondit :

– À cause de mes nombreux péchés, je suis en Purgatoire, où je souffre beaucoup ; cependant je préfère mourir de nouveau que de rester dans une vie si misérable et si périlleuse.

-Mais ne pourrais-tu pas faire pénitence de tes fautes et éviter ainsi de retomber dans les supplices dont je t’ai tiré ?

– Cela est vrai, mais je pourrais aussi me perdre et me damner pour toujours ; j’aime donc beaucoup mieux achever ma peine, que de rentrer dans la vie, avec l’incertitude de plaire à Dieu et d’y faire mon salut.

La plus grande grâce que vous puissiez m’accorder, O Père très saint, c’est de prier le Seigneur d’abréger mes supplices, et de me recevoir au plus tôt parmi ses élus.

– Je le ferai, répondit l’Évêque.

Alors, accompagné de tout son clergé, il reconduisit processionnellement le mort au sépulcre, celui-ci s’y recoucha aussitôt, et à l’instant ses os se détachèrent et retombèrent en poussière. On croit que le saint obtint promptement la délivrance de cette âme.

Mais cet exemple est très remarquable, en ce qu’il montre une âme du Purgatoire, après avoir fait l’essai de ses plus cruels supplices, préférer cet état si douloureux à l’incertitude où nous sommes, tant que nous restons en ce monde. (Vid. Bolland. vita sancti Stanislai, 7 maii .)

J’ai dit en second lieu les joies de l’expiation : Pour comprendre cela, il suffit d’avoir eu une fois dans
sa vie, un vrai repentir de ses fautes. N’est-il pas vrai qu’alors, le pécheur saintement irrité contre lui-même prend à cœur les intérêts de la justice de Dieu, trop longtemps outragée ? alors le pénitent ne se contente pas de supporter chrétiennement ces peines de chaque jour, qui, dans la pensée de Dieu, doivent servir de supplément à la pénitence sacramentelle, trop souvent disproportionnée au nombre et à la gravité des fautes.

Il se fait lui-même l’exécuteur des justices divines. Alors, on voit apparaître les disciplines, les haires, les cilices, toutes ces saintes inventions de la pénitence, qui ont étonné le monde plus que n’avaient fait les délicatesses et les raffinements de volupté du paganisme.

Pour s’être permis des plaisirs défendus, le pécheur repentant se privera désormais des satisfactions les plus légitimes ; il commandera à ses yeux de ne pas voir, à ses oreilles de ne pas entendre, à sa langue de garder un silence perpétuel ; il se consumera dans les jeûnes et dans les veilles, il passera les jours au travail et les nuits à la prière ; et après tout cela, il se plaindra encore de n’avoir pas fait assez pour apaiser Dieu et satisfaire à sa justice.

Si l’on était tenté de m’accuser d’exagération, je dirais : relisez la vie de tous les saints, qui tous, même les plus justes, se sont livrés aux saintes folies de la pénitence chrétienne. Relisez la vie des Pères du désert, ces héros de la pénitence. Voyez ce qui se fait autour de nous, à la Trappe, chez les Chartreux, au Carmel, dans tous les ordres religieux voués plus spécialement à l’expiation, et vous direz après si ce tableau est exagéré.

Tout cela existe dans le Purgatoire, à un degré bien supérieur à ce qui n’a jamais été dans les plus saints pénitents, pendant leur vie ; c’est ce qui explique comment ces saintes âmes, dévorées d’un désir brûlant d’expier leurs fautes, trouvent leur joie dans leurs supplices. Mais il faut laisser parler là-dessus Sainte Catherine de Gênes, que l’on pourrait appeler avec raison le docteur des joies du Purgatoire, tant elle a reçu de lumières à cet égard.

« Dieu me découvre dans les âmes du Purgatoire deux opérations de sa grâce, dont il leur donne à elles-mêmes la vue

La première opération leur fait souffrir avec bonheur leurs peines ; elles les regardent comme une grande miséricorde de Dieu à leur égard, considérant d’un côté l’incompréhensible majesté de Dieu, et de l’autre l’audace de leurs offenses, et les châtiments qui leur étaient dus.

Ces âmes souffrent donc leurs peines avec tant de joie que, pour rien au monde, elles ne voudraient qu’on leur en enlevât le moindre atome ; elles savent trop combien justement elles les ont méritées, et combien saintement, elles sont ordonnées de Dieu, de sorte que, pour ce qui est de la volonté, loin de se plaindre de ce qu’elles souffrent, elles l’acceptent de la main de Dieu, avec autant de bonheur que si elles étaient déjà au Ciel.

La seconde opération de la grâce dans les âmes est un ineffable contentement qu’elles éprouvent, en se voyant dans l’ordre de Dieu, et en considérant ce que son amour et sa miséricorde font en elles. Dieu imprime en un instant dans leur esprit la vue de ces deux opérations, et parce qu’elles sont en état de grâce, elle les entendent et les comprennent chacune selon sa capacité.

Elles en éprouvent une grande joie qui ne diminue jamais, mais qui va toujours croissant, à mesure qu’elles approchent de Dieu. Et cependant, la joie en elles n’ôte rien à la peine, et la peine n’ôte rien à la joie. »
(Traité du Purg, ch . XVI .)

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C’est ainsi que les âmes du Purgatoire acceptent avec joie leurs supplices, pour satisfaire à la justice de Dieu, et ce qui les encourage encore plus à souffrir, c’est qu’elles voient s’opérer en elles, grâce à ces mystères de la souffrance, la transformation qui doit, en les purifiant de plus en plus, leur permettre de s’unir enfin à leur Dieu dans le Ciel.

Source : Abbé Louvet – Le Purgatoire d’après les révélations – 1883

Publié par Napo

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