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Marie conservait toutes ces paroles dans son cœur

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Pour bien juger de l’intérieur de Marie, voyons ce que Dieu a fait pour elle, et ce qu’elle a fait pour Dieu.

Dieu, l’ayant prédestinée à être la mère de Jésus-Christ :

1. l’a préservée du péché originel ;

2. L’a enrichie des plus grandes grâces dès le moment de sa conception ;

3. Lui a donné de très-bonne heure, et peut-être dès le sein de sa mère, l’usage de la raison;

4. Il l’a élevée à la maternité divine, et lui a donné une part spéciale et unique à la croix, et ensuite à la gloire de Son Fils.

Marie a répondu à ces grâces de Dieu,

1. En vivant avec une attention sur elle-même aussi grande, aussi continuelle que si elle eût eu quelque chose à craindre de la concupiscence et de ses suites.

Quelle doit donc être notre vigilance, nous qui avons éprouvé tant de fois les funestes effets de la concupiscence !

2. En s’appliquant à suivre tous les mouvements de la grâce avec tant de fidélité, qu’elle n’a jamais commis le péché le plus léger ; qu’elle a mérité à tous les instants de sa vie une nouvelle augmentation de grâce ; qu’elle n’a pas fait un seul acte intérieur, pas une seule action extérieure qui n’ait eu pour but de l’unir plus étroitement à Dieu.

Quel modèle pour une âme qui s’est donnée pleinement à Dieu !

3. En faisant continuellement de sa raison l’usage le plus parfait. Et quel usage en a-t-eile fait ? Elle l’a soumise constamment aux lumières de la foi ; elle en a fait un sacrifice perpétuel à la raison suprême, qui est Dieu ; elle ne s’est jamais permis un seul raisonnement sur les desseins de Dieu, et sur sa conduite à son égard, quoique cette conduite fût pleine de mystères et de contradictions apparentes.

Jamais nous n’avancerons dans la vie intérieure si nous ne faisons le même usage de notre raison. Dieu conduit les âmes par des voies opposées à toutes les vues humaines ; il se plaît à renverser tous nos jugements, à déconcerter toutes nos prévoyances, à tromper toutes nos attentes.

Nous n’avons qu’un seul parti à prendre, qui est de ne point nous regarder, de ne point raisonner sur ce que Dieu opère en nous, et de nous conduire par la foi et par l’obéissance.

4. En se disposant, sans le savoir, à la maternité divine par ce qui devait humainement la priver à jamais de cet honneur.

Toutes les filles de Juda s’empressaient de se marier, afin de compter le Messie dans leur postérité. La stérilité était pour elles un opprobre. Marie se croit indigne de prétendre à la qualité de mère de Dieu. Dès l’âge le plus tendre, elle se présente au temple ; elle y consacre à Dieu sa virginité, et, selon les idées de sa nation, elle renonce pour jamais à la plus haute prétention des personnes de son sexe et de sa tribu.

Ce n’est pas en aspirant à de grandes choses, en concevant de grandes vues et de grands desseins qu’on parvient à la sainteté, ni qu’on se dispose aux desseins de Dieu, bien différents des nôtres. C’est en s’humiliant, en s’enfonçant dans sa bassesse et dans son néant, en se reconnaissant indigne de toute grâce, en craignant toute vue d’élévation, et en la rejetant comme une suggestion de l’esprit d’orgueil.

Quant à la croix de Jésus-Christ, Marie y a eu une si grande part, que depuis la naissance de son Fils jusqu’à sa mort, elle a ressenti le contre-coup de tout ce qu’il a souffert non-seulement de la part des hommes, mais de la part de Dieu. Pour s’en former quelque idée, il suffit de considérer qu’elle avait pour son Fils un amour aussi grand que puisse l’avoir une créature : qu’elle l’aimait incomparablement plus qu’elle-même ; qu’elle lui était intimement unie, mais d’une union telle, que Dieu n’en peut pas former de plus grande ; qu’elle ne vivait point en elle-même, mais dans son Fils ; que tous les sentiments qu’éprouvait Jésus-christ se communiquaient au cœur de sa mère avec toute la force et l’étendue dont une pure créature était capable.

Élevons-nous donc à ce qui se passait dans l’âme de Jésus-Christ, touchant la gloire de son Père outragée par les hommes, touchant sa sainteté déshonorée par le péché, touchant sa justice dont il était la victime, touchant tant de millions d’âmes à qui son sang devait être inutile, et même funeste par l’abus qu’elles en devaient faire.

Et disons hardiment que l’âme de Marie éprouvait à proportion les mêmes impressions. Jésus-Christ s’est sacrifié sur la croix en se livrant à toute la rigueur de la justice divine. Marie s’est sacrifiée elle-même, et plus qu’elle-même en sacrifiant Jésus-Christ, et en consentant à l’accomplissement des desseins de Dieu sur la rédemption du genre humain : en sorte que les plus grands sacrifices de la vie intérieure sont incomparablement au-dessous du sien, et par l’étendue, et pour l’intimité, et pour la douleur incompréhensible qu’elle ressentit.

Quand nous aurons passé par les dernières épreuves, si Dieu nous en fait la grâce, nous aurons alors une faible idée des épreuves de Marie. Pour le commun des chrétiens, il ne voit dans la passion de Jésus-Christ que les tourments du corps, et dans Marie, que la compassion qu’elle eut des tourments de son Fils.

L’intérieur de Marie fut donc une copie, mais la copie la plus ressemblante de l’intérieur de Jésus-Christ. Comme Jésus s’immola continuellement à son Père durant tout le cours de sa vie, Marie immola aussi continuellement Jésus dans son cœur, et s’immola avec lui au Père céleste. Comme Jésus s’humilia et s’anéantit jusqu’à se regarder comme chargé des iniquités de l’univers, Marie s’humilia et s’anéantit en se regardant comme la mère de ce pécheur universel, de cet objet de la malédiction divine ; et elle entra pour elle-même, autant qu’il était possible, dans les dispositions de son Fils.

Comme Jésus aima les hommes jusqu’à leur donner non-seulement la vie de son corps, mais la vie de son âme, Marie a aimé les hommes jusqu’à leur donner dans Jésus-Christ ce qui lui était plus cher que sa propre vie et que son âme.

Que dirai-je à présent de l’oraison de Marie ? Qui pourrait en parler dignement ? Jésus-Christ fut l’unique objet de ses pensées, l’unique objet de son amour ; depuis sa résurrection, elle ne fut plus que de corps sur la terre, et son âme le suivit, pour ainsi dire, dans le ciel. Elle ne fit plus que languir après son Fils, et que s’élancer vers lui par des désirs d’une véhémence inexprimable. Son unique distraction, si on peut l’appeler de ce nom, fut de prier pour l’Église naissante, et de s’intéresser à son progrès.

Avec une si haute élévation de sentiments, que fut la sainte Vierge à l’extérieur ?

Une femme du commun, une femme pauvre et vivant de son travail, occupée pendant trente ans à Nazareth du soin d’un petit ménage, confié depuis à saint Jean, qui partagea avec elle les oblations des fidèles. Quel bruit a-t-elle fait dans le monde ? Par quelle grande œuvre s’est-elle signalée aux yeux des hommes ? Qu’a-t-elle fait à l’extérieur pour la propagation de l’Évangile ?

Cependant, c’est la Mère de Dieu, c’est la plus sainte des créatures ; c’est celle qui a eu le plus de part à la rédemption du genre humain et à l’établissement de la religion chrétienne. Oh ! que les idées de Dieu sont différentes des nôtres ! Oh ! que les voies qu’il prend pour parvenir à ses fins sont éloignées de nos voies ! Que l’obscurité, que la retraite, la solitude, la prière en silence, sont agréables à ses yeux, et mille fois plus grandes que toutes les œuvres d’éclat !

Oh ! que c’est être tout devant Dieu que de n’être rien, de ne prétendre à rien, de n’aspirer qu’à être ignoré, oublié, méprisé, regardé comme ce qu’il y a au monde de plus vil et de plus abject I Si la vie de la sainte Vierge ne nous apprend pas cette grande vérité, si elle ne nous la fait pas aimer, si elle n’étouffe pas en nous tout désir d’être quelque chose, si elle ne nous convainc pas que, pour se retrouver en Dieu, il faut se perdre tout à fait en soi-même, quel exemple plus sensible, quelle leçon plus puissante sera capable de nous persuader ?

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Jésus et Marie démontrent à tout chrétien que Dieu ne tire de véritable gloire ici-bas que de notre anéantissement. Ils nous démontrent encore que, plus on a été anéanti sur la terre, plus on est grand, heureux, puissant dans le ciel. Quelle est donc la solide dévotion envers la sainte Vierge ? L’imitation de son intérieur, de ses bas sentiments d’elle-même, de son amour pour l’obscurité, le silence, la retraite ; de son attrait pour les petites choses ; de sa fidélité à la grâce ; de la simplicité de son recueillement et de son oraison, dont l’unique objet fut Dieu et sa volonté, Jésus-Christ et son amour ; du sacrifice continuel d’elle-même, et de ce qu’elle aimait et devait aimer plus qu’elle-même.

Demandons-lui tous les jours qu’elle nous serve de guide et de modèle dans la vie intérieure. et qu’elle nous obtienne les grâces qui nous sont nécessaires pour répondre aux desseins de Dieu sur nous. Ces desseins sont certainement des desseins de mort et de destruction.

Source : Manuel des âmes intérieures – Abbé Grou – 1885

Publié par Napo

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