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Saint Léon le Grand jusqu’à son pontificat

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Saint Léon le Grand jusqu'à son pontificat

Anastase le Bibliothécaire, qui écrivait au IXe siècle, nous dit que Saint Léon le Grand était toscan et fils de Quintianus. Il n’y a pas de raison de contester le nom de son père; mais ce qu’Anastase, et d’autres historiens d’après lui, nous disent de son lieu d’origine, ne parait pas s’accorder avec les témoignages contemporains.

Non seulement saint Prosper, qui fut l’ami de saint Léon, nomme expressément la ville de Rome comme la patrie de celui-ci- ; mais lui-même se sert de la même expression d’une manière qui ne laisse guère de doute, lorsque, pour s’excuser de ne pas assister au concile qui se préparait à Éphèse, il écrit à l’impératrice Pulchérie que, dans les circonstances présentes, il ne peut « abandonner sa patrie et le siège apostolique ». Il est donc fort probable que, si sa famille était d’origine toscane, lui du moins, il est né à Rome.

Nous ignorons quel était le rang social de ses parents, mais sa science et la pureté de son style semblent bien montrer qu’il avait reçu une très bonne éducation. Le P. Quesnel pense qu’il fut baptisé à Rome (ce qui n’a rien d’ailleurs que de très vraisemblable), et par les mains de celui qui fut plus tard le pape saint Zosime. Bref, nous ne savons à peu près rien de sa vie jusqu’à l’année 418.

À cette époque, un acolyte du nom de Léon fut envoyé à Carthage, pour porter à l’évêque Aurélius la condamnation des pélagiens par le pape Zosime. À la lettre du pape était jointe une brève épître de Sixte, prêtre de la sainte église romaine, celui qui devait succéder à Célestin Ier sur le trône pontifical.

Saint Augustin parle à plusieurs reprises de cette épître dans les lettres qu’il écrit lui-même au prêtre Sixte, et il y nomme, au moins une fois, l’acolyte Léon. Tout porte à croire qu’il s’agit bien ici de Léon le Grand : la date de l’ambassade, la confiance dont il jouissait certainement alors et qui est bien prouvée par les missions de même nature qui lui furent confiées dans la suite, enfin sa connaissance profonde des différentes doctrines qui avaient cours de son temps et du pélagianisme en particulier.

On ne sait en quelle année il fut fait diacre; mais ce fut probablement sous le pontificat de Célestin, pendant lequel il jouissait déjà d’une grande autorité. C’est sous ce pontificat que Cassien écrivit son traité de l’Incarnation, dont Gennade parle en ces termes :

« C’est à la prière de Léon, archidiacre de la ville de Rome dont il fut plus tard l’évêque, que Cassien écrivit ses sept livres sur l’Incarnation, pour réfuter Nestorius. C’est alors qu’il cessa d’écrire en terminant sa vie, à Marseille, sous le règne de Théodose et de Valentinien»

La préface de cet ouvrage, sous forme d’une épitre adressée à Léon, dit très clairement que ce furent les conseils pressants de celui-ci qui déterminèrent l’auteur à l’entreprendre. En 431, c’est à lui que s’adresse saint Cyrille pour le prier de s’opposer aux projets ambitieux de Juvénal de Jérusalem. Nous trouvons le fait raconté par Léon lui-même dans une lettre à Maxime, évêque d’Antioche, où il s’applique à démontrer par des exemples que tout ce qui est contraire aux canons de Nicée a toujours été jugé inacceptable.

« Au concile d’Ephèse, dit-il, qui condamna l’impie Nestorius et sa doctrine, l’évêque Juvénal crut pouvoir parvenir à se faire déclarer patriarche de la Palestine, et voulut appuyer son audace extrême sur des écrits fictifs. Cyrille, Évêque d’Alexandrie, de sainte mémoire, indigné à bon droit de ses menées, me fit savoir par une lettre quel était l’objet de son ambition ; et il me pria avec instance de faire en sorte que personne ne prêtât son concours à cette injuste entreprise. »

Ensuite, si l’on ne tient pas compte de quelques événements, certainement légendaires et médiocrement intéressants, qu’il serait trop long de rapporter ici, il faut arriver sans transition à l’année 439.

« En cette année, nous dit saint Prosper d’Aquitaine dans sa trop brève, mais très précieuse chronique, Julien d’Eclane, qui avait favorisé très ouvertement l’erreur des Pélagiens, mais qui était possédé d’un désir immodéré de recouvrer son évêché perdu, s’efforça de rentrer dans la communion de l’Église en multipliant les artifices pour faire croire à sa conversion. Mais le pape Sixte, à l’instigation du diacre Léon, sut déjouer ces embûches et arrêta complètement cette funeste entreprise. »

Nous voyons par là quelle était déjà l’autorité du diacre Léon, dont les papes recherchaient et suivaient les conseils dans les circonstances les plus graves du gouvernement de l’Église. Et, si l’on avait une pleine confiance dans sa sagesse et dans sa perspicacité, qui savaient deviner les ruses des hérétiques et écarter les séducteurs du troupeau fidèle, on n’en avait pas moins dans son éloquence et son habileté diplomatique, auxquelles on avait recours même dans les affaires profanes.

En cette même année 439, un différend s’éleva, nous ne savons à quel propos, entre Aëtius et Albinus, généraux de l’armée romaine en Gaule. Leur querelle menaçait de dégénérer en guerre civile, et cela, dans un moment où les Barbares étaient un danger perpétuel pour l’Empire, alors gouverné par Placidie, veuve de Constance, et par son fils Valentinien III, qui n’était âgé que de vingt et un ans.

Léon fut envoyé, peut-être par Placidie elle-même, pour mettre la paix entre les deux rivaux. Nous sommes en droit de conclure, tant du texte de Prosper, que de l’ensemble des événements contemporains, qu’il réussit dans sa mission. Néanmoins, il était encore en Gaule lorsque mourut Sixte III, au mois d’août de l’année 440.

La voix publique fut unanime à désigner Léon comme son successeur, et une députation lui fut envoyée pour le prier d’accepter le souverain pontificat et le ramener triomphalement dans sa patrie. Rome resta en cette occasion plus de quarante jours sans pontife, attendant le retour de celui qu’elle avait choisi avec beaucoup de patience, de calme et de confiance.

Ce délai ne nous paraît pas aussi long qu’il parut l’être aux contemporains, ou du moins à saint Prosper ; il est probable néanmoins que Léon ne fit attendre ainsi ses concitoyens que parce qu’il voulut, avant de quitter les Gaules, terminer à souhait l’importante mission qui lui avait été confiée.

Il fut ordonné dès son retour, vraisemblablement dans les derniers jours de septembre de l’an 440, et devint ainsi le quarante-septième évêque de l’église de Rome. Or, depuis saint Pierre, le premier pape, le titre d’évêque de Rome était inséparable de celui de chef légitime de toute la chrétienté.

Ce titre était non seulement un insigne honneur, que Léon accepta avec autant de simplicité que de modestie, se réjouissant « de servir plus que de commander »; c’était plus encore, surtout à cette époque critique, une charge énorme et une responsabilité effrayante, que le nouveau pape ne se dissimulait en aucune façon :

« Si le sacerdoce, dit-il, impose des obligations à tous les prêtres, combien cette obligation est pour nous plus lourde et plus étroite ! Car la grandeur même de l’œuvre entreprise devient une occasion très fréquente de faillir. En effet, si chaque pasteur conduit son troupeau avec une sollicitude particulière, sachant qu’il devra rendre compte des brebis qui lui sont confiées, nous devons, nous, prendre part aux soucis de tous, et il n’est aucune partie du ministère qui nous soit étrangère.

Comme le monde entier a recours au siège du bienheureux apôtre Pierre, et que l’on attend de nous qui l’occupons cet amour de l’Église universelle qui a été recommandé à cet apôtre par Notre-Seigneur, nous portons une charge d’autant plus lourde que nous avons de plus grands devoirs envers tout le monde. »

Bien rarement en effet, tant avant qu’après saint Léon, le chef de l’Église eut besoin d’un pareil ensemble de qualités rares et très diverses pour n’être pas inférieur à une tâche que les circonstances politiques et religieuses, non moins que l’état des esprits, rendaient de jour en jour plus difficile, et qui pouvait paraître désespérante pour des forces humaines. Toutes les vieilles bases de l’ancienne société semblaient s’écrouler sans remède, et l’on ne croyait plus à tout ce qui avait fait sa force.

« L’antique empire, dit Arendt, dont la naissance remontait à près de quinze siècles, ressemblait alors à un cadavre tombé depuis longtemps en putréfaction, et qui n’a plus besoin que d’être poussé par une main hardie pour retomber dans le néant d’où il est sorti. »

Lui qui avait compris le monde, il ne comprenait plus guère que l’Italie, et pour combien de temps encore ? Autour de lui s’établissaient de toutes parts, au milieu de luttes meurtrières qui portaient partout la désolation, les puissances jeunes et vivaces des Barbares.

Les Bretons dans leur île éloignée, les Francs et les Burgondes en Gaule, les Wisigoths en Espagne avaient secoué le joug, et ils imposaient leur domination ou la défendaient contre des populations rivales.

Genséric et ses Vandales, après avoir passé d’Espagne en Afrique, venaient de s’emparer de Carthage et de forcer l’empereur Valentinien à une paix humiliante ; et ils ne devaient pas s’arrêter là.

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Enfin, les Huns, ces barbares asiatiques si différents des peuples de l’Europe qu’ils leur paraissaient plus semblables à des bêtes fauves qu’à des hommes, les Huns, quoiqu’éloignés encore, ne devaient pas tarder à envahir l’Occident, à y répandre la terreur parmi les vainqueurs comme parmi les vaincus, et à porter insolemment leurs armes victorieuses jusque sous les murs de Rome.

Source : Saint Léon le Grand – Aldophe Regnier – 1910 – Imprimatur 1910

Publié par Napo

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