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Satan et ses amis en France dans la lutte contre Dieu

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En France, les grands du monde n’étaient pas plus sages : un sieur André Dubuisson fut enfermé à la Bastille en 1749, pour avoir fait voir le diable au duc d’Orléans à prix d’argent.

Le maréchal de Richelieu, étant ambassadeur à Vienne, voulut aussi voir le diable ; il paya fort cher un charlatan, et se couvrit de ridicule. Aussi, disant un jour avec fatuité devant Louis XV que les Bourbons avaient peur du diable : c’est qu’ils ne l’ont pas vu comme vous, lui répondit le monarque.

La marquise de Pompadour allait chez une sorcière, nommée la Bonteinps, interroger l’avenir, dans un blanc d’œuf ou dans du marc de café, sur ses destinées et sur celles de l’État. Le poète Guimant de Latouche, qui l’y accompagnait une fois, mourut de frayeur au bout de trois jours des prédictions qui lui furent faites pendant qu’il considérait une jeune fille regardant dans une carafe remplie d’eau.

Quand apparut, on ne sait d’où, le comte de Saint-Germain, avec un fastueux étalage de richesses dont on n’a jamais connu l’origine, la cour et la ville tombèrent en admiration devant ses prestiges. Personne n’aurait eu garde de révoquer en doute son assistance aux noces de Cana et à la bataille de Marignan.

Cagliostro trouva une foi aussi candide en 1779 à Strasbourg, à Paris en 1785. Il occupa à lui seul les cent voix de la renommée. Tous ceux qui ne croyaient pas à l’Évangile, crurent fermement à Cagliostro et au nombre prodigieux de ses jours, dont la dernière période écoulée était de 5587 ans.

Mais le plus grand courant allait à la franc-maçonnerie. Lorsque Voltaire fut reçu dans la loge des Neuf-Sœurs, rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice, le mardi 7 avril 1778, présidée par le vénérable Jérôme de la Lande, l’astronome, il fut présenté par l’abbé Cordier de Saint-Firmin. Édifiante paternité de la part d’un dignitaire de l’Église, se portant pour garant de la dignité d’Ecrlin.

Voltaire signait Ecrlin, ce qui veut dire : écrasons l’Infâme ; l’infâme, c’était Jésus. Il y avait ce jour-là le comte Alexandre de Strogonoff, chambellan de l’impératrice de Russie, le comte d’Ossun, le prince Emmanuel de Salm-Salm, le comte de Milly, le comte de Turpin-Crissé, le prince Camille de Rohan, le marquis de Saisseval, le comte de Sesmaisons, le comte de Jouy, le marquis de Lort, le chevalier de Villars, le comte de Noé, le président de Meslai.

Qu’allaient donc faire là ces grands seigneurs ? Ils allaient conspirer contre Dieu, contre la royauté et contre leurs titres de noblesse, en compagnie des Condorcet, des Diderot, des d’Alembert, des Cabanis, des Dupaty; donner l’accolade à l’imbécile Court de Gébelin, au docteur Guillottin, qui leur préparait un instrument de supplice, au frère Chic, premier violon de l’électeur de Mayence, aux musiciens Salantin, Caravoglio, Olivet.

Qu’ils étaient bien à leur place, surtout flanqués des abbés Bignon, Rémy et Pingré ! Prêt à ceindre le tablier d’Helvétius, fondateur de la loge, Voltaire porta pieusement cette relique à ses lèvres, puis il fut couronné de lauriers par Larive, acteur de la Comédie Française.

Lorsque enfin le désordre fut à son comble dans les mœurs, dans la foi, dans les idées, Satan suscita Weishaupt, pour en précipiter les conséquences. Weishaupt, professeur de droit canon à l’université d’Ingolstadt, inaugura le 1ᵉʳ mai 1776 la première loge d’une nouvelle maçonnerie de son invention, qu’il appela illuminée, mais qui n’avait rien de commun que le nom avec l’illuminisme.

C’était le système de conspiration universelle contre toute supériorité divine ou humaine le plus savamment combiné qui eût encore été mis au jour : l’auteur ne se proposait rien moins que l’abolition de Dieu, du culte, des rois et des lois, et l’établissement du règne de la raison.

Il creusa une mine sous les bases de l’ordre social tout entier, et la chargea avec une violence inouïe, en attendant l’étincelle qui ne pouvait manquer de la faire éclater. Nous n’avons pas à suivre dans ses détails et ses développements cette œuvre infernale, quoique démoniaque dans son inspiration, parce qu’elle appartient à l’histoire politique plutôt qu’à nous. L’abbé Barruel l’a recueillie dans ses Mémoires sur le jacobinisme, où elle est plus à sa place.

En 1790, l’Allemagne tout entière et la France étaient illuminées à la manière de Weishaupt. La maçonnerie française, l’ancienne maçonnerie, illuminée ou non, était dépassée, débordée, presque chassée des loges.

Tous les maçons étaient dès lors des conspirateurs ardents, qui se donnaient la main d’un bout de l’Europe à l’autre. La révolution française éclata enfin à son jour, et couvrit l’Europe de ruines et de sang ; on en sait l’histoire. Mais le lion démuselé dévora ses nourriciers : les auteurs de la révolution même furent ses victimes.

En 1790, il y avait encore cent cinquante loges dans Paris, quoique déjà beaucoup, désertées par la noblesse, eussent cessé leurs travaux ; en 1796, il n’y en avait plus que trois. Les autorités révolutionnaires avaient fait fermer les loges des provinces ; la loi des suspects n’avait pas excepté les maçons ; les chefs des partis qui dominèrent successivement, se firent guillotiner les uns les autres ; en 1797, on ne parlait plus de franc-maçonnerie ni d’illuminisme, mais il restait encore de çà de là quelques débris, quelques tisons fumants, que Satan rassemblerait.

Sans doute, ces terribles jouteurs, qui avaient déclaré la guerre à Dieu, ne croyaient plus à rien, ni au diable, ni à quelque superstition que ce puisse être, ni à la révélation, de quelque part qu’elle pût venir ? C’est le contraire.

Il est vrai qu’il n’était pas possible d’exercer en public l’art de la cartomancie, de la chiromancie ou de la nécromancie, ni de consulter ostensiblement les gens savants dans ces sortes de sciences, crainte de se voir dénoncé comme conspirateur ou du moins suspect aux terribles comités de salut public ; mais, en secret, les choses n’en allaient pas moins leur train.

Les citoyennes savaient faire la cartomancie pour elles-mêmes et pour leurs amis ; il fut cassé bien des œufs dont le blanc ne servit d’aliment qu’à la curiosité : comme c’était le moyen le moins compromettant de consulter l’avenir, on en usa fréquemment, même de fougueux conventionnels , les Brutus de ce temps-là.

Et les songes donc ! Heureux qui savait les interpréter, plus heureux encore celui qui trouvait un bon interprète. Le Liber Mirabilis, déterré à la bibliothèque nationale, on ne sait par qui, faillit causer une contre-révolution : la prophétie de Jean Prècheguerre, c’est-à-dire Savonarole, pour l’an 1510, se trouvant l’expression littérale des événements qui s’accomplissaient alors, inspira aux lecteurs le désir d’en chercher la suite dans le reste du recueil ; le nombre des curieux s’accrut démesurément ; on fit des copies, qu’on se communiqua au péril de la vie.

Les choses allaient leur train, lorsque le directoire, informé du danger que courait la république, fit mettre le livre sous le scellé, où il devait rester longtemps. Une extatique, du nom de Suzanne Labrousse, avait acquis peu auparavant une grande attention en haut lieu. Dom Gerle, membre de l’assemblée constituante, la prônait partout ; il demanda même à l’assemblée la permission de la présenter à la barre, pour la faire discourir sur l’avenir de la république ; mais les membres reculèrent devant un si grand scandale : ils passèrent à l’ordre du jour.

La duchesse de Bourbon (Louise Marie Thérèse Bathilde d’Orléans), qui avait toujours de l’admiration et de la crédulité en réserve, les deux évêques constitutionnels Pontard et Fauchet, en faisaient leur oracle. Elle était si persuadée elle-même de la divinité de ses visions, de ses révélations et de sa mission, qu’elle entreprit le voyage de Rome, pour convertir à ses idées le pape et le sacré collège.

Elle se fit mettre en prison au château Saint-Ange. Susanne Labrousse eut une émule dans Catherine Théot. Celle-ci se donna pour une nouvelle Eve, destinée à reconstituer le genre humain, perdu par la faute de la première. Elle se faisait appeler la Mère de Dieu, et débitait ses visions dans un galetas de la rue Contrescarpe. Elle trônait au milieu d’un culte idolâtrique.

Elle prédisait les plus grands malheurs pour l’univers, ses sectateurs exceptés. Une multitude de malades assiégeaient jour et nuit sa maison, pour se faire guérir. De très-grands personnages avaient pris rang parmi ses disciples ; il eût été surprenant de n’y pas trouver dom Gerle et la duchesse de Bourbon ; celle-ci y avait fait affilier son médecin, le docteur Lamothe. La marquise de Chastenay, Robespierre étaient au nombre de ses enfants; elle daignait même honorer Robespierre du nom de son cher fils.

Catherine Théot baisait le récipiendaire en sept endroits du visage, et lui passait la langue sur les lèvres, pour lui communiquer le Saint-Esprit. Robespierre subit pieusement cette cérémonie. L’association noua plusieurs intrigues politiques avec l’émigration, avec le célèbre ministre anglais Williams Pitt. Mais, vers la fin du mois de mai 1794, le commissaire Sénart vint, accompagné d’agents, terminer brusquement la pièce, en se présentant tout à coup au milieu d’une réunion à laquelle il n’était pas attendu.

Il jeta en prison la prophétesse, dom Gerle et les principaux acteurs. Beaucoup de membres de l’assemblée déposèrent, séance tenante, qu’ils avaient été, les uns guéris miraculeusement par l’illuminée, les autres qu’ils avaient vu Dieu vêtu d’une robe blanche lui parler à l’oreille ; ceux-ci, qu’ils avaient vu le Saint-Esprit voltiger sur son tablier ; ceux-là, qu’ils avaient vu son front environné d’une auréole de lumière.

Le tout fut consigné sur le procès-verbal et signé des déposants. Robespierre, aussi contrarié que honteux d’un pareil dénoûment, ne reparut plus au comité de salut public et rarement à la Convention ; mais l’aventure valut du moins à la France le fameux décret sur l’existence de l’Être suprême. Robespierre ne pouvait plus douter de l’existence de Dieu, puisqu’il avait vu le Saint-Esprit voltiger sur le tablier de Catherine Théot.

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Le 17 juin suivant, le citoyen Vadier, juge rapporteur, entretint la justice et le public en un langage pompeux de la grande conspiration de la Mère de Dieu ; puis on n’en parla plus : les événements passaient si vite alors ! et d’ailleurs l’accusée mit fin à la procédure, en mourant à la Conciergerie cinq semaines après son arrestation.

Source : Histoire de Satan – Abbé Lecanu – 1861

Publié par Napo

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