O mon cher lecteur, mon ami, ne craignons jamais de trop aimer la bonne Sainte-Vierge, notre Mère. Plus nous l’aimerons, plus elle nous aimera.
« O ma chère Souveraine ! lui disait un jour naïvement le jeune Frère Alphonse Rodriguez de la Compagnie de Jésus, agenouillé devant une de ses images ; ô ma chère Souveraine ! Si vous saviez combien je vous aime ! Je vous aime tant,.. que vous ne pouvez m’aimer davantage. »
Et la sainte et douce Mère de Dieu lui apparaissant et le regardant avec une ineffable tendresse, lui répondit en souriant :
« Tu te trompes, mon fils. Car je t’aime bien plus que tu ne saurais m’aimer.»
Comment un véritable enfant de Dieu peut et doit honorer la Sainte-Vierge. D’abord, comme nous venons de le dire, il ne peut jamais trop l’aimer ; or, le premier des hommages que la Sainte Vierge demande de nous, c’est notre amour plein, de tendresse, de pureté, de ferveur.
Qu’est-ce qu’une mère demande, avant tout, de ses enfants, si ce n’est d’être aimée d’eux tendrement, sincèrement ? Comme conséquence de cet amour filial, la Sainte Vierge attend de nous une confiance sans bornes dans toutes les circonstances, heureuses ou douloureuses, de notre vie. C’est le rôle de la mère d’être le refuge et la consolation de ses enfants dans leurs peines, la confidente de leurs joies, le soutien de leurs espérances ; elle les relève, elle les encourage quand ils ont mal fait et quand ils viennent verser dans son sein les larmes de leur repentir. Rien n’honore autant la bonté, la miséricorde du cœur maternel de Marie que cette confiance profonde de ses enfants.
Ensuite, la Très Sainte Vierge demande de nous une vie sainte et innocente ; car elle a horreur du péché, et cherche avant tout, dans le cœur et la vie de ses enfants d’adoption, la chère ressemblance de son Fils Jésus. Ce qu’elle aime en nous, c’est ce que le Père céleste aime en nous, à savoir, Jésus, et tout ce qui est de Jésus.
Voulons-nous plaire à la Sainte-Vierge et l’honorer dignement ? Soyons humbles et obéissants, soyons doux, patients et charitables, soyons purs, menons une vie sans tache et sans souillure, faisons pénitence, prions beaucoup, demeurons intérieurement unis à Jésus et très fidèles à sa grâce. Entre toutes ces belles vertus, n’oublions pas que c’est surtout l’humilité et la chasteté qui charment le cœur de Marie.
En quatrième lieu, honorons assidûment par quelques pieuses pratiques, autorisées par l’Église, la bonne Mère et l’auguste Souveraine de nos cœurs. Par exemple, récitons chaque jour, avec une vraie piété, le Rosaire, ou du moins le chapelet : c’est la plus simple peut-être et la plus populaire de toutes les pratiques destinées à honorer la Sainte-Vierge ; et, dès le temps de saint Dominique, plus de cinq millions de bons fidèles étaient déjà inscrits dans l’Archiconfrérie du saint Rosaire.
Les Souverains Pontifies, afin d’y pousser de plus en plus les chrétiens, n’ont cessé d’enrichir le Rosaire de quantité de précieuses Indulgences, lesquelles ont été depuis étendues au simple chapelet, parce que le grand nombre ne pouvait, faute de temps, réciter le Rosaire en entier. Si, pour un motif ou pour un autre, vous ne pouviez chaque jour réciter votre chapelet, récitez-en, croyez-moi, une partie, ce que vous pourrez, ne serait-ce qu’une petite dizaine le matin et le soir, cela vous portera grandement bonheur et, un jour, vous retrouverez dans le ciel ces Ave Maria changés pour vous en autant de rayons de gloire.
Beaucoup de personnes pieuses ont encore l’excellente habitude, fort traditionnelle, de réciter chaque jour les Heures du petit office de la Sainte-Vierge. C’est un moyen aussi simple que pieux de se renouveler, trois ou quatre fois dans le cours de la journée, dans le recueillement et dans la prière.
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Si vous êtes malade ou empêché pour une raison quelconque de prier longuement, dites de temps à autre quelques pieuses petites prières à la bonne Vierge ; comme serait l’invocation si connue de la médaille miraculeuse :
« O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ! »
Ou simplement l’invocation des noms sacrés de Jésus et de Marie.
Un jour que sainte Gertrude, étendue sur son lit de douleur, souffrait tellement de la tète, qu’elle ne pouvait achever un Ave Maria, elle se contenta naïvement de rouler par instants les grains de son Rosaire dans ses doigts, disant à chaque grain seulement : « Ave MARIA ! » La Bienheureuse Vierge lui apparut radieuse et lui dit, en la bénissant :
« Ma fille, ton amour et ta bonne volonté m’ont rendu ces courtes invocations aussi précieuses que si tu m’avais offert de longues prières. »
Ayons soin de porter toujours sur nous un signe quelconque de notre appartenance à la sainte et immaculée Vierge MARIE, tel qu’une médaille portant son image, ou le scapulaire du Mont-Carmel, ou celui de l’Immaculée-Conception. Gardons, s’il se peut, sa sainte image dans notre chambre, devant notre table de travail ou au chevet de notre lit.
Jadis, c’était un usage presque général d’entretenir une petite lumière devant cette image domestique de la Sainte-Vierge, en signe de vénération perpétuelle. Ce pieux usage subsiste encore en Italie, dans le Tyrol et dans quelques autres pays de foi. Je vous le recommande, ami lecteur, si la chose vous est possible. Quand vous sortirez de votre chambre et quand vous y entrerez, ce sera pour vous une occasion toute naturelle de vous rappeler la Sainte-Vierge et de lui demander sa bénédiction maternelle.
Je vous recommande également, quand vous le pourrez, d’aller, selon la sainte coutume de l’Église, visiter les grands sanctuaires où Marie fait éclater davantage les effets de sa puissance et de sa bonté. On puise, dans ces lieux privilégiés, des grâces qui marquent souvent dans la vie, et deviennent des secours merveilleux pour la sanctification et le salut.
Les pèlerinages aux sanctuaires de la Sainte-Vierge, quand on y apporte une foi vive et une grande pureté d’intention, sont encore un excellent moyen d’honorer la Mère de Dieu. Telles sont, entre beaucoup d’autres, les pratiques de piété par lesquelles un vrai chrétien peut témoigner à la bonne Sainte-Vierge sa vénération, sa dévotion et son amour.
Cher lecteur, la seconde fleur, la seconde belle rose que je vous présente, comme à un véritable enfant de Dieu. La première, c’est l’amour du Pape, Vicaire de Jésus-Christ ; et son parfum, c’est la foi, c’est l’humble et sainte soumission de la foi. Le parfum de celle-ci, c’est l’espérance, ainsi que la sainte pureté. Sa place toute naturelle est à côté de la première : l’amour de la Mère de Dieu, à côté de l’amour du Vicaire de Dieu ; la douceur de l’espérance, à côté de la force de la foi; la chasteté, à côté de l’humilité.
O parfum céleste, qui de nos cœurs monte infailliblement jusqu’au cœur de JÉSUS-CHRIST, et nous prépare le ciel ! Après ces deux premières roses, il me reste à considérer la troisième, qui, vous vous le rappelez, n’est autre que l’amour du Saint-Sacrement.
Source : Oeuvres de Mgr de Ségur – Tome 11 – 1893