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L’amour de Dieu ne va pas sans le zèle du salut des âmes

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L'amour de Dieu ne va pas sans le zèle du salut des âmes

Le Seigneur fit comprendre à sainte Catherine de Sienne que l’amour de Dieu ne va pas
sans le zèle du salut des âmes.

« Rien ne m’est si agréable que le désir de souffrir jusqu’à la mort des peines et des épreuves pour le salut des âmes ; plus on souffre, plus on prouve qu’on m’aime ; l’amour fait connaître davantage ma vérité, et, plus on la connaît, plus on ressent de douleur des peines qui m’offensent. Ainsi, en me demandant de punir sur toi les péchés des autres, tu demandes l’amour, la lumière, la connaissance de la vérité car l’amour se proportionne à la douceur et augmente avec elle. »

La pensée de la vie future, puissant motif de zèle

Depuis quatre heures déjà, on gardait la dépouille mortelle de Catherine de Sienne, quand on vit la sainte toute en pleurs revenir à la vie. Contrainte par l’obéissance à dire ce qu’elle avait et ce qui lui était arrivé:

« Je pleure et quelle âme ne pleurerait pas à ma place, se voyant retournée dans cette vallée de misères, après avoir goûté les douceurs du Paradis. Mon cœur fut vraiment divisé en deux parties, et mon âme, réellement séparée de mon corps, se trouva dans un monde qui nous est inconnu. J’ai vu la divine Essence et c’est pour cela que je souffre tant de rester enchaînée en mon corps. Si je n’étais pas retenue par l’amour de Dieu et par l’amour du prochain, pour lequel j’ai été rappelée à la vie, je mourrais de douleur. Ma grande consolation est de souffrir, parce que je sais qu’en souffrant j’obtiendrai une vue de Dieu plus parfaite. Aussi les tribulations, loin d’être une peine pour mon âme, lui sont une jouissance. J’ai vu les tourments de l’enfer et ceux du Purgatoire ; aucune parole n’est capable de les rendre. Si les pauvres hommes en avaient la moindre idée, ils aimeraient mieux souffrir mille fois la mort que d’en supporter la peine la plus légère pendant un seul jour. Je croyais être déjà en possession de la gloire, lorsque mon cher Epoux me dit »

« Tu vois quelle gloire perdent et quels supplices souffrent ceux qui m’offensent. Retourne donc à la vie et montre-leur l’égarement où ils sont et le danger qui les menace. Le salut de beaucoup d’âmes le demande ; tu ne vivras plus comme tu vivais jusqu’ici : désormais, tu ne te confineras plus dans une cellule ; il te faudra même quitter ta ville natale pour sauver des âmes. Je serai toujours avec toi, je te conduirai et te ramènerai, je te confierai l’honneur de mon nom, et tu enseigneras ma doctrine aux petits comme aux grands, aux laïques comme aux prêtres et aux religieux. Je te donnerai une parole et une sagesse auxquelles nul ne saura résister ; je te mettrai en présence des pontifes et de ceux qui gouvernent l’Église et les peuples, afin de confondre, comme je le fais toujours par ce moyen, l’orgueil des forts. »

(Vie, par le bienheureux Raymond, 2° part. ch. 6)

Le malheur des âmes déchues.

« Ouvre l’œil de ton intelligence, dit le Seigneur à la même sainte, et regarde ceux qui se noient volontairement dans le fleuve du monde ; vois l’abîme où ils tombent par leur faute.

Ils sont devenus d’abord infirmes et malades, quand ils ont conçu le péché mortel dans leur âme ; quand ils l’enfantent par leurs œuvres, ils perdent la vie de la grâce: et comme les morts sont insensibles et n’ont pas de mouvement par eux-mêmes, mais seulement quand on les remue, ainsi ceux qui sont noyés dans le fleuve de l’amour déréglé du monde sont morts à la grâce ; et parce qu’ils sont morts, leur mémoire perd le souvenir de ma miséricorde ; l’œil de leur intelligence ne voit plus, ne reconnaît plus ma vérité ; car ils sont insensibles, ils ne pensent plus qu’à eux-mêmes et ils n’ont plus que l’amour de leur sensualité.

Leur volonté aussi est morte à ma volonté, parce qu’elle n’aime que des choses mortes. Les trois puissances de l’âme étant mortes, toutes leurs opérations actuelles et mentales sont mortes, quant à la grâce ; l’âme ne peut se défendre de ses ennemis et n’échappe qu’autant que je la secoure moi-même. Toutes les fois, il est vrai, que ce mort, en qui reste encore le libre arbitre, demandera mon secours pendant sa vie mortelle, il pourra l’obtenir, mais il ne pourra rien par lui-même.

Il a voulu asservir le monde, et il a été asservi par une chose qui n’est pas, c’est-à-dire par le péché ; car le péché n’est rien que la privation de la grâce, comme l’aveuglement est la privation de la lumière. Ceux qui commettent le péché sont esclaves du péché. Je les avais faits des arbres d’amour par la vie de la grâce, et ils se sont faits des arbres de mort ; car ils sont morts, comme je te l’ai dit.

Sais-tu où est la racine de cet arbre ? Dans l’orgueil ; l’amour d’eux-mêmes entretient cet orgueil, l’impatience en est la moelle, le fils en est l’aveuglement. Ce sont ces quatre vices qui tuent l’âme de celui qui est devenu un arbre de mort, parce qu’il n’a pas puisé la vie dans la grâce ; à l’intérieur de l’arbre se nourrit le ver de la conscience, que l’homme vivant dans le péché sent bien peu, parce qu’il est aveuglé par l’amour-propre. Les fruits de cet arbre sont mortels, car ils ont tiré la sève de la racine empoisonnée de l’orgueil.

La pauvre âme est pleine d’ingratitude, et de là vient tout le mal. Si elle était reconnaissante des bienfaits reçus, elle me connaîtrait ; si elle me connaissait, elle se connaîtrait elle-même et resterait dans mon amour. » (Dialogue, ch. 31)

L’âme est si belle qu’on ne peut trop souffrir pour la sauver.

Afin d’encourager le zèle de Catherine de Sienne pour le salut des âmes, Notre-Seigneur lui montra une âme dont elle avait obtenu le salut. Sa beauté était telle, m’a dit la sainte, que nulle parole ne saurait l’exprimer. Et cependant l’âme qui lui était ainsi apparue n’avait pas encore revêtu la gloire de la vision béatifique, mais elle avait l’éclat que donnent la création et la grâce du baptême.

« Très douce fille, disait le Seigneur, voici que par toi j’ai recouvré cette âme déjà perdue. Ne te semble-t-elle pas bien gracieuse et bien belle? Qui donc n’accepterait pas n’importe quelle peine pour gagner une créature si admirable? Si moi, qui suis la souveraine Beauté, Moi, de qui vient toute autre beauté, je me suis épris d’amour pour la beauté des âmes, au point de vouloir descendre sur terre et répandre mon propre sang pour les racheter, combien plus devez-vous travailler les uns pour les autres, afin de ne pas laisser perdre de si belles créatures. Si je t’ai montré cette âme, c’est pour te rendre plus ardente à procurer le salut de tous, et pour que entraînes les autres à cette œuvre, selon la grâce qui te sera donnée. »

Catherine remercia le Roi des Cieux, son Epoux, et Le supplia humblement, avec tout le désir de son cœur, de vouloir bien lui accorder la grâce de voir toujours dans la suite la beauté des âmes qui vivaient avec elle, afin d’avoir plus d’ardeur à procurer leur salut. Le Seigneur y consentit et lui dit:

« Parce que, méprisant la chair, tu t’es attachée totalement à moi, qui suis l’Esprit Souverain, et parce que tu as si laborieusement et si fructueusement prié pour le salut de cette âme, voici que je donne à ton intelligence une lumière qui lui permettra de voir la beauté ou la repoussante laideur des âmes qui se présenteront devant toi. Tes sens intérieurs percevront l’état des esprits, comme tes sens extérieurs perçoivent l’état des corps. Et tu auras cette connaissance non seulement pour ceux qui te seront présents, mais pour toutes les personnes dont ton zèle cherchera le salut, et pour lesquelles tu prieras avec ferveur, quand même jamais elles n’auraient été ou ne devraient être présentes à tes sens corporels. »
(Vie, par le bienheureux Raymond, 2° part., Ch. 4)

Le divin Maître expliqua à la vénérable Marie-Céleste la raison profonde de son amour pour les âmes :

« Considère la beauté de ces âmes que j’ai créées à ma ressemblance. Alors tu ne t’étonneras plus que je sois venu du Ciel, que je sois mort en croix pour elles. Tout cela est l’effet de ce même amour par lequel comme Dieu, je m’aime moi-même, parce qu’en ces âmes se manifestent ma bonté, ma sagesse, ma toute-puissance, ma pure substance spirituelle et toutes ces beautés réunies que tu as pu contempler et qui se trouvent dans mon divin cœur. Déjà je suis l’Epoux que tu épouses dans l’amour la bonté, maintenant je veux que tu épouses aussi l’objet des complaisances de mon amour et de ma bonté, c’est-à-dire les âmes » (Vie, p. 377)

Le défaut de zèle est parfois l’effet de la lâcheté ou de l’égoïsme spirituel.

Instruction de Notre-Seigneur à saint Brigitte:

« L’homme spirituel cède à la lâcheté quand, sentant la douceur de ma grâce, il aime mieux se reposer en cette douceur qu’aller aider les autres afin qu’ils participent avec lui à la même douceur. Eh quoi! Saint Pierre et saint Paul ne ressentirent-ils pas une grande et indicible douceur de mon Esprit? Si la suavité intérieure qu’ils ressentaient m’eût été plus agréable que la conversion des âmes, ne se fussent-ils pas cachés en terre plutôt que d’aller parmi le monde? Néanmoins, afin de rendre les autres participants des douceurs indicibles qu’ils ressentaient et pour les gagner et les attirer à Dieu, ils aimèrent mieux sortir que de demeurer dans la solitude, et garder pour eux seuls les grâces dont Dieu les comblait. De même maintenant mes amis, bien qu’il leur plaise de demeurer dans la solitude et d’y goûter les joies qu’ils y trouvent, en sortent néanmoins afin de rendre les autres participants des suavités dont ils jouissent. Car comme celui qui possède de grandes richesses n’en jouit pas seul, mais les communique aux autres, de même mes grâces et mes faveurs ne doivent pas être cachées, mais doivent être communiquées à tous, afin que tous en soient édifiés. »
(Liv. 2, ch.14)

Le Père éternel donna à sainte Catherine de Sienne une instruction semblable:

« Je veux te faire connaître combien se trompent ceux qui s’attachent tellement à la consolation que, voyant les besoins spirituels ou temporels du prochain, ils ne font rien pour les soulager, sous prétexte de mieux faire ; ils disent : cela m’ôte la paix de l’âme et m’empêche de réciter mes prières à l’heure convenable.

Ils croient m’offenser parce qu’ils n’ont plus de consolations, mais leur amour-propre spirituel les abuse. Si j’ordonne des prières vocales et mentales, c’est pour que l’âme puisse arriver à la charité envers moi et envers le prochain, c’est pour qu’elle persévère dans cette charité. Elle m’offense plus en abandonnant la charité du prochain pour prier et pour conserver la paix, qu’en laissant ses exercices pour assister le prochain.

Aussi l’âme me trouve dans la charité du prochain, tandis qu’elle me perd dans les consolations où elle me cherche. Car, en n’assistant pas le prochain, la charité du prochain diminue par là même. Dès que la charité du prochain diminue, mon amour pour elle diminue, et avec mon amour diminue aussi la consolation.

En voulant gagner on perd, en voulant perdre on gagne ; car celui qui renonce à la consolation pour le salut du prochain, me gagne et gagne le prochain en l’assistant et en le servant avec charité. Celui qui ne le fait pas, au contraire, est toujours dans la peine, car souvent la nécessité, les liens de l’affection, les infirmités corporelles ou spirituelles le contraindront à s’occuper du prochain ; alors il le fera avec chagrin, avec ennui et trouble de conscience, il deviendra insupportable à lui-même et aux autres.

Si vous lui demandez : Pourquoi ressentez-vous de la peine ? Il vous répondra : Il me semble que j’ai perdu la paix et la tranquillité d’esprit ; je n’ai pas fait mes exercices ordinaires, et je crois que j’ai offensé Dieu. Il n’en est rien ; mais, parce qu’il ne regarde que sa propre consolation, il ne sait connaître et discerner véritablement où est son offense. S’il le savait, il verrait que l’offense ne consiste pas à être privé de consolation spirituelle et à laisser l’exercice de la prière lorsque les besoins du prochain le réclament, mais à manquer de charité pour le prochain, qu’on doit aimer et servir par amour pour moi. Tu vois donc que l’âme se trompe elle-même à cause de son amour-propre spirituel. »
(Dialogue, ch. 59)

Source : Auguste Saudreau – Les Divines Paroles

Publié par Napo

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