La pensée des grâces reçues doit augmenter l’humilité et nous rendre plus humbles pour servir encore mieux Notre-Seigneur.
Notre-Seigneur apparut à Sainte Catherine de Sienne pendant qu’elle faisait oraison et lui dit :
« Sais-tu, ma fille, ce que tu es et ce que je suis ? Si tu apprends ces deux choses, tu seras bienheureuse. Tu es celle qui n’est pas et moi, je suis Celui qui suis. Si tu gardes en ton âme cette vérité, jamais l’ennemi ne pourra te tromper, tu échapperas à tous ses pièges ; jamais, tu ne consentiras à poser un acte qui soit contre mes commandements, et tu acquerras, sans difficulté, toute grâce, toute vérité, toute clarté. »
(Vie, par le bienheureux Raymond, 1re part., ch. 10.)
Cette parole rappelle celle qui fut dite à sainte Thérèse :
« La véritable humilité pour l’âme consiste à connaître ce qu’elle peut et ce que je suis. » (Relation, 64.)
Et à la vénérable Marie-Céleste, le Seigneur dit :
« Comme ma grandeur est infinie, infinies sont pour ainsi dire ta pauvreté et ta misère. Sache que tu n’as jamais reçu assez de lumière pour les connaître comme il convient. Lorsque tu apprendras les grâces et les dons que je fais à ton prochain, tu t’y complairas et m’en remercieras, comme si je te les avais donnés, et ce sera pour toi un fruit d’humilité, un accroissement de charité et pour moi une gloire accidentelle »
(Vie, p. 60.)
« Songe que tu es un fumier recouvert d’une petite motte de terre », disait Jésus à Benigna.
(Vie, p, 209.)
« Ma fille, dit Notre-Seigneur à sainte Gertrude, toutes les fois que, songeant à ton indignité, tu te reconnaitras indigne de mes faveurs et que tu t’en remettras à ma tendresse, autant de fois tu me paieras la rente que tu dois sur mes biens. »
(Liv. 2, ch. 30 ; éd. lat., p. 99.)
La Mère Anne-Marguerite Clément reçut un jour cette grave leçon :
« Si ton humilité n’est pas plus profonde que celle de toutes les âmes qui sont sous ta conduite et auxquelles je n’ai as fait tant de grâces qu’à toi, tu n’auras pas de part avec moi. »
(Vie, 191,5, ch. 34, p. 491.)
Et le divin Maître lui en donna en une autre circonstance le vrai motif :
« Ne compte pour rien les trésors que j’ai mis en toi ; la beauté que l’épouse apporte à son Époux n’est autre chose que les dons de sa libérale Bonté. »
(P. 450.)
Dieu dit au Frère Pacifique de l’ordre de Saint-François, en lui montrant, au milieu des splendeurs du Ciel, un trône étincelant d’or et de pierreries :
« Ce trône, qui fait ton admiration et qu’un ange a perdu par sa révolte, est destiné à l’humble François d’Assise »
Le lendemain, à l’heure de la récréation, Frère Pacifique dit familièrement au saint patriarche :
– Père, que pensez-vous de vous-même ?
– Je pense, répondit François, que je suis le plus misérable et le dernier des pécheurs !
– Comment osez-vous le dire et même le penser ? répliqua le frère.
– Oui, s’écria François, je suis bien convaincu que, si Notre-Seigneur avait accordé tant de grâces à d’autres personnes, elles en auraient profité mieux que moi.
Et le frère se retira, méditant en son cœur cet oracle de l’Évangile :
« Quiconque s’élève sera abaissé ; quiconque s’abaisse sera élevé. »
« C’est grande folie, ma fille, disait Jésus à sainte Thérèse, de faire attention aux vanités du monde ; jette les yeux sur moi et vois combien j’ai été pauvre et méprisé par lui ; à quoi servira ta noblesse au jugement de Dieu ? Crois-tu donc que les grands du monde sont grands devant moi, et devez-vous, vous autres, être estimés pour la naissance ou pour les vertus ? »
(Relation, 5, et Fond., 14.)
Combien Dieu aime l’humilité
« C’est pour l’amour de toi que je me suis fait petit, pour t’apprendre à t’abaisser, disait Jésus à Anne-Marguerite Clément ; je me suis caché pour t’apprendre à te cacher et à te rendre semblable à moi. Vois combien je t’aime : je me cache dans ton humanité et ta bassesse pour t’abîmer dans ma divinité… Je veux que tu sois un trésor caché à tout le monde et connu de moi seul. »
Et, comme cette sainte religieuse s’humiliait devant Lui et disait comme la Chananéenne n’être qu’une chienne, indigne des faveurs de son Maître, elle entendit ces douces paroles :
« Oui, tu es une chienne, et c’est pour cela que je te rassasie des miettes de ma table, car j’aime les petits, je me communique à eux et mon plaisir en terre est d’être avec les humbles. »
(Vie, 1686, 3° part., ch. 21.)
Une autre fois, il lui dit comme à sainte Catherine de Sienne :
« Je suis Celui qui suis et toi celle qui n’est rien. Applique ton esprit à y penser et ne sors jamais de ta bassesse et de ton rien. Si tu veux être du nombre de mes disciples, suis les leçons que je leur ai données : renonce à toi-même, c’est-à-dire à ce fond d’orgueil qui croit être quelque chose ; prends ma croix, embrasse le mépris et la confusion et marche sur les pas que je t’ai tracés par mes abaissements. »
(Vie, 1686. 3° part., ch.25.)
Le divin Maître lui dit encore :
« L’humilité m’attire ; la pureté me reçoit ; l’oraison me nourrit ; la pauvreté fait mes délices ; l‘obéissance me lie et la charité me serre. »
(Vie, 1915, p. 408.)
Un jour de la Visitation, elle fut appliquée sur ces paroles : Sapientia aedificavit sibi domum : la Sagesse s’est construit une demeure.
Alors le Seigneur lui dit :
« La Sagesse a trois demeures : le sein adorable du Père, le sein virginal de Marie, et l’âme humble. » (Vie, 1915, p. 424 ; cf. p. 370.)
Dieu soutient ceux qui abîment leur néant dans sa grandeur, au milieu de ses luttes, de ses tentations, Marguerite-Marie avait recours à son cher Maître, qui lui répondait :
« Reconnais donc que tu ne peux rien sans moi, qui ne te laisserai point manquer de secours, pourvu que tu tiennes toujours ton néant et ta faiblesse abîmés dans ma force. »
(Éd. Gauthey, t. 2 , p. 58.)
« Abîme-toi dans ma grandeur et prends garde de n’en jamais sortir, parce que, si tu en sors, tu n’y rentreras plus. »
(T. 1er, p. 109,)
Une fois écrivait la sainte à la Mère de Saumaise (avril 1687), Il me dit avec une voix pleine d’autorité :
« Je te rendrai si pauvre, si vile, si abjecte à tes yeux, et je te détruirai si fort dans la pensée de ton cœur, que je pourrai m’édifier sur ce néant. »
(T.2, p. 362.)
Un jour Il lui apparut sous la forme d’un enfant lumineux qui vint se poser sur ses bras croisés ; ce qui lui fit dire : Mon Seigneur et mon Dieu, par quel excès d’amour abaissez-vous ainsi votre grandeur infinie ?
« Je viens, ma fille, te demander pourquoi tu me dis si souvent de ne pas approcher de toi. »
Vous savez, ô mon Souverain, que c’est que je ne suis pas digne de m’approcher de Vous et bien moins de vous toucher.
« Apprends que plus, tu te retires dans ton néant, plus ma grandeur s’abaisse pour te trouver. » (T. 1er, p.110,)
Notre-Seigneur, rappelant à Marie-Josèphe Kumi qu’ll avait fait choix d’elle pour travailler au salut des âmes, elle s’excusait sur son néant et son indignité.
« Ne puis-je pas, reprit le Sauveur, déverser ma grâce ou je veux ? Sache que, ces temps-ci, la superbe des savants et les vices des orgueilleux sont montés si haut que je ne puis plus les tolérer. Je choisis les simples pour mes instruments. »
(Vie, ch. 15.)
« Le Saint-Esprit prend soin des âmes humbles, disait Jésus à Benigna. Quand est-ce qu’un enfant est porté entre les bras ? Quand il est convaincu que de lui-même il ne peut pas marcher. » (Vie, p. 300.)
« Si tu veux me trouver, disait Jésus à sainte Véronique Juliani, trouve d’abord le rien ; si tu veux me posséder, arrête-toi dans le rien ; si tu veux me contenter, appuie-toi sur le rien, non pas pour qu’il soit apprécié, mais pour qu’il soit méprisé, avili, mis sous les pieds de tous. Si tu veux m’aimer tout de bon, apprends du rien comment tu dois le faire ; tu m’aimeras, tu me serviras, tu seras toute mienne quand tu auras retrouvé le principe, le milieu et la fin de ton être. »
(Diario, 3 giugno 1697).
J’ai eu une lumière, raconte la même sainte, qui m’a donné la connaissance de mon néant et une grande estime des humiliations et des souffrances. À ce moment, le Seigneur s’est montré portant une croix pesante ; Il m’a éclairée sur la vertu d’humilité et Il m’a dit :
« Je veux que tu apprennes cette vertu de telle façon qu’elle ait toujours la première place dans toutes les œuvres que tu accompliras ; afin qu’elles me soient toutes offertes dans un esprit d’humilité. »
(8 maggio 1699.)
«Je suis Celui qui suis et je me suis fait ton Époux ; toi tu es celle qui n’est pas, car tu n’es rien. Mais comme je suis l’amour souverain, je t’ai aimée et je t’aime ; et si grand est mon amour que je te porte toujours dans mon Cœur. »
(14 maggio 1697.)
« Je suis Celui qui suis, et toi, tu es celle qui n’est pas, c’est-à-dire néant, poussière et pourriture. Tu dois marcher dans cette voie. » (3 novembre 1715).
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« Cache-toi toi-même et manifeste-moi. IL en est temps, je t’invite à la bataille ; je te veux sur la croix. Cache-toi dans la souffrance, dans mon amour, dans la mort à toi-même, détachée de tout, dépouillée de tout. Renonce-toi généreusement et opère tout avec amour et par amour. »
(23 gennaro 1696.)
« Ma fille, plus tu seras humble, plus l’amour grandira en toi. Le pur amour veut avec une pure souffrance une vie détachée, humiliée et persévérante. »
(23 agosto 1715.)
Source : Recueil d’Apparitions de Jésus aux Saints et aux Mystiques – Abbé Auguste Saudreau – 1882