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Attila face au Saint Pape Léon Ier aux abords de Rome

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Attila fut si heureux de la présence du Saint Pape Léon Ier, qu’il mit fin à la guerre et se retira au-delà du Danube, après avoir promis la paix.

Attila se met, en 431, à la tête des Huns établis en Pannonie, envahit avec eux l’empire d’Orient, force l’empereur Théodose le Jeune à lui payer tribut ; puis il entre en Germanie, et de là en Gaule, suivi de cinq cent mille hommes ; il est précédé par sa réputation, et utilement servi par l’épouvante qui se répand à son approche. Dans un moment de panique, les Parisiens sont sur le point d’abandonner leur ville : mais sainte Geneviève les rassure en leur prédisant qu’ils seront épargnés ; et, en effet, le barbare est vaincu d’avance par les prières de la vierge, et, avant même d’arriver à Paris, il change subitement de route et va porter plus loin ses ravages.

Mais le danger n’est que déplacé ; les peuples s’unissent pour le repousser, et, en 451, les armées d’Aétius, de Mérovée, roi des Francs, et de Théodoric, roi des Goths, livrent aux Huns deux sanglantes batailles. Dans la seconde, aux champs Catalauniques, Attila perd plus du quart de son armée.

Mais il ne s’attarde pas longtemps à déplorer ses pertes ; il se retire en Pannonie, pour y réorganiser ses troupes, et, dès le printemps de l’année suivante, il réapparaît dans le nord de l’Italie, où il saccage Aquilée et d’autres villes. Aétius ne se croit plus en état de faire face aux Barbares. Il est même, un instant, sur le point de céder aux conseils de la peur, de quitter Ravenne et l’Italie avec l’empereur Valentinien, et de se réfugier avec lui en Orient ; mais il comprend que ce projet n’est pas moins honteux que dangereux, et il l’abandonne.

Cependant, Rome était désormais à la merci du conquérant. On délibéra ; mais, comme il ne pouvait être question de résistance sérieuse, l’empereur, le sénat et le peuple ne purent rien trouver de mieux à faire que d’envoyer une députation à Attila pour lui demander la paix.

Conduire cette ambassade et parlementer avec le barbare était une tâche pénible, difficile, et qui n’allait pas sans une grave responsabilité. La piété du Saint Pape Léon Ier et sa haute situation, non moins que la capacité remarquable dont il avait fait preuve à mainte reprise, le désignaient tout naturellement pour l’accomplissement de cette tâche.

Il n’hésita pas à l’accepter, et à joindre cette nouvelle responsabilité à tant d’autres. Il prit avec lui plusieurs hommes respectables, parmi lesquels Aviénus, personnage consulaire, et Trigétius, ancien préfet du prétoire, et il partit, confiant en Dieu, dont le secours ne manque jamais aux pieuses entreprises.

« Et sa confiance, dit Prosper », ne fut pas trompée ; car le roi reçut dignement toute cette ambassade, et il fut si heureux de la présence du souverain pontife, qu’il mit fin à la guerre et se retira au-delà du Danube, après avoir promis la paix.

C’est aux environs de Mantoue qu’eut lieu cette mémorable rencontre du pape et du roi des Huns. Cet événement a donné lieu à une tradition à laquelle de très bons esprits, depuis bien des siècles, n’ont pas craint d’ajouter foi.

« Le bon sens des peuples, dit Alexandre de Saint-Chéron, dans l’impossibilité d’expliquer par des raisons purement humaines cet événement prodigieux, l’attribua tout entier à l’influence miséricordieuse de Dieu, et de là s’est perpétuée une tradition vénérable, universellement répandue au VIIe siècle, recueillie par plusieurs historiens. »

Dans les siècles suivants, d’après laquelle l’apôtre saint Pierre (d’autres disent saint Pierre et saint Paul) serait apparu devant Attila pour lui ordonner, de la part de Dieu, d’écouter la prière du souverain pontife.

Comme Attila, dit la Légende dorée, était accusé par ses soldats, irrités de voir le vainqueur du monde vaincu par un prêtre, il leur répondit :

« J’ai agi comme je devais le faire, et pour vous et pour moi ; car, à la droite de cet homme, j’ai vu paraître un vaillant soldat, l’épée à la main, qui m’a dit : Si tu ne lui obéis pas, tu périras avec tous les tiens. »

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L’histoire de cette apparition, qui a laissé des traces nombreuses dans la littérature et même dans la liturgie, a de même inspiré fort heureusement les artistes. On connaît la belle fresque que Raphaël exécuta dans l’une des salles du Vatican, et qui nous représente la célèbre entrevue du Saint Pape Léon Ier avec le roi des Huns : dans la campagne romaine, éclairée au loin par les incendies qu’ont allumés les vainqueurs, le pape, accompagné du groupe des députés, se tient à cheval auprès de la croix, et il lève la main comme pour bénir ; tandis qu’au-dessus de lui les deux apôtres descendent du ciel, l’épée a la main, et arrêtent la marche d’Attila et de ses barbares, surpris d’obéir malgré eux a une puissance irrésistible et mystérieuse.

Sans doute il faut se garder d’appliquer toujours à l’histoire religieuse, et surtout à l’histoire des miracles, la même critique qu’à l’histoire profane : ce serait vouloir asservir l’action libre et toute-puissante de la Providence aux lois étroites de notre existence terrestre. Il n’y a assurément rien de déraisonnable à croire à l’intervention visible des apôtres en cette occasion.

Toutefois, il faut reconnaître que la chose doit paraître peu vraisemblable à qui ne l’examine que par des moyens humains.

« Quoiqu’il en soit de cette apparition, dit un pieux historien, il est certain que cette ambassade fait grand honneur au Saint Pape Léon Ier, et que la ville de Rome fut délivrée, avec l’aide de Dieu, par une assistance manifeste des saints apôtres Pierre et Paul. »

Peut-être Léon fut-il aussi servi par les circonstances mêmes. S’attaquer à la ville éternelle paraissait aux Barbares une sorte de sacrilège et la mort prématurée d’Alaric était un exemple effrayant. Le P. Grisar, qui exprime cette idée en se fondant sur un passage de Jordanès, ajoute très judicieusement :

« Léon le Grand aurait-il fait valoir de semblables considérations aux yeux du prince barbare, ce qui est possible, et aurait-il commandé au prince effrayé, avec hauteur et dignité, d’épargner les murs sacrés de Rome, en lui faisant redouter la puissance des princes des apôtres qui reposaient dans l’enceinte de la ville, cela eut été conforme à son caractère patriotique et chrétien, autant qu’approprié aux circonstances et à la nécessité du moment. »

Ce qu’il y a de certain, c’est qu’Attila marchait sur Rome dans les dispositions les plus hostiles, probablement décidé à poursuivre la vengeance de ses défaites en Gaule, et que le Saint Pape Léon Ier a su détourner le fléau.

Quelles furent les conditions de la paix promise par le chef des Huns, ces conditions furent-elles même discutées, on ne saurait trop le dire. Attila s’en retourna chez lui, et il méditait peut-être de nouvelles conquêtes, lorsqu’il mourut subitement, l’année même qui suivit la célèbre entrevue de Mantoue. Sa mort inattendue délivra le monde d’un grand danger et d’une grande terreur et la puissance redoutable des Huns ne tarda pas à s’évanouir. Dans les oeuvres mêmes de saint Léon, nous trouvons une allusion, un peu vague, à l’invasion d’Attila et aux misères dont elle fut la cause ; nous n’en trouvons aucune à la part qu’il a prise lui-même à la délivrance de Rome.

Mais, s’il ne cherchait pas sa propre gloire, d’autres en ont pris soin et les témoignages contemporains nous suffisent.

Source : St Léon le Grand (Ve SIÈCLE) par ADOLPHE REGNIER

Publié par Napo

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