« Guerre à Satan ! » Au cri de « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! » crions : « La Franc-Maçonnerie, voilà l’ennemi ! »
Le vie de l’homme sur la terre, Job nous l’apprend n’est rien moins qu’une lutte continuelle.
D’un côté Jésus-Christ et ses anges nous invitent à nous ranger sous l’étendard de la croix pour servir Dieu et combattre les puissances des ténèbres, nous promettant, pour prix de notre fidélité et de la victoire, la couronne de la vie éternelle ; de l’autre Satan et ses compagnons de révolte, jaloux du domaine que Jésus-Christ a acquis sur nos âmes, nous sollicitent sans cesse à renier sa royauté et à renoncer à son service, pour suivre leurs suggestions perverses, faisant miroiter à nos yeux des plaisirs et des honneurs imaginaires, mais ne nous réservant, en réalité, qu’une éternité malheureuse.
« Et c’est un grand honneur pour l’homme, remarque Charles Sainte-Foi, que le ciel et l’enfer. Dieu et Satan, les anges et les démons se disputent ainsi sa conquête et sa possession, et qu’ils l’estiment assez pour entrer directement en lice à son sujet. »
Il est vrai de dire qu’il s’est passé un temps où les démons ont évité, au moins en Europe, d’attirer l’attention du genre humain. La philosophie du dix-huitième siècle mit en vogue le matérialisme le plus grossier, et accoutuma les peuples à ne plus croire qu’aux choses visibles ou palpables.
Alors Satan voulut bien se contenter de rester dans l’oubli aussi longtemps que Dieu lui-même serait oublié. Mais le matérialisme est trop absurde pour durer longtemps. La lumière de la foi, un moment obscurcie par les nuages du scepticisme matérialiste, brilla bientôt d’un nouvel éclat, et l’esprit du mal reparut aussitôt sur la scène, redoublant d’acharnement contre l’Auteur de la nature, dont la croyance et le culte commençaient de reprendre leur place dans la société, réveillée de sa léthargie par le cri de la conscience jusque-là étouffé, ainsi que par la trompette retentissante de L’Eglise qui, comme dans ses plus grands jours de deuil, sonnait partout l’alarme.
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Nous devons donc reconnaître, avec l’auteur déjà cité, que jamais peut-être l’action du démon n’a été plus profonde ni plus sensible qu’aujourd’hui. Il se passe au fond de la société, dans ces abîmes de ténèbres et de corruption qui touchent à l’enfer, il se passe des choses monstrueuses, inconnues, grâce à Dieu, pour la plupart des hommes, des choses qui feraient désespérer de l’avenir du monde, et sembleraient donner raison à ceux qui croient que la fin des temps est proche, si, à côté de ces prodiges du mal, le bien n’avait aussi ses héros et ses miracles. Le culte de Satan est formellement constitué et pratiqué en Europe, surtout dans certaines parties et dans certaines villes où l’impiété et l’athéisme ont fait plus de progrès.
Ce culte s’est allié la démagogie, et recrute ses adeptes parmi les tristes victimes de ses théories, qui ne tendent à rien moins qu’au renversement de toutes les choses divines et humaines.
Longtemps, ajoute le R. P. Berthe, en public comme dans leurs premières loges, ils dissimulèrent l’infernale conjuration, parce que ni les peuples ni les rois n’avaient assez progressé pour la comprendre ; mais aujourd’hui qu’ils règnent sur presque tous les trônes et gouvernent les parlements et les ministres, ils travaillent à ciel ouvert…
Nous connaissons aujourd’hui la Franc-Maçonnerie, ses institutions, ses rituels, ses initiations exécrables, ses serments dont l’enfer seul a pu donner les formules, et le tout se résume dans le blasphème de Proudhon, l’enfant terrible de la secte : Moi , je dis : le premier devoir de l’homme intelligent est de chasser incessamment l’idée de Dieu de son esprit et de sa conscience. Esprit menteur. Dieu imbécile, ton règne est fini ; cherche parmi les bêtes d’autres victimes. Te voilà détrôné et brisé !… Viens, Satan, viens, calomnié des prêtres et des rois, que je t’embrasse, que je te serre sur ma poitrine.
Il y a longtemps que tu me connais et que je te connais. Tes œuvres, ô le béni de mon cœur! ne sont pas toujours ni belles, ni bonnes, mais elles seules donnent un sens à l’univers et l’empêchent d’être absurde… Dieu, c’est hypocrisie et mensonge; Dieu, c’est tyrannie et misère; Dieu, c’est le mal! Toi seul, Satan, ennoblis le travail et mets le sceau à la vertu
Helas! la parole du blasphémateur n’a trouvé que trop d’écho dans les cœurs dépravés des chevaliers
de l’équerre et du triangle.
«Guerre à Dieu, voilà le progrès !» a osé hurler l’un des suppôts de Satan. « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! » s’est écrié l’un des leaders du mouvement maçonnique, aux applaudissements de tous les sectaires. Et, afin qu’on ne se méprenne pas à leur dessein, la loge a eu soin d’expliquer à ses membres qu’elle use du mot cléricalisme comme d’un leurre pour ceux qui conservent encore un certain attachement, à l’Eglise catholique, mais qu’en pratique, cléricalisme et catholicisme sont synonymes pour tout vrai franc-maçon.
Ces infernales vociférations n’annoncent-elles pas sur la terre, parmi les hommes, une rébellion analogue à celle qui eut lieu autrefois au ciel parmi les anges et qui provoqua de la part du prince de la milice céleste ce cri d’indignation : « Michaël? » c’est-à-dire : Qui est semblable à Dieu ?
Tel fut le cri de ralliement qui groupa autour de saint Michel tous les anges fidèles pour combattre et terrasser les esprits superbes et rebelles. Il doit y avoir aussi un cri de ralliement pour les hommes qui veulent décidément rester fidèles à leur Dieu et lutter courageusement contre les orgueilleux suppôts des anges déchus.
Au cri diabolique de « Guerre à Dieu ! » répondons hautement : « Guerre à Satan ! » Au cri de « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! » crions à être entendus de tout le monde : « La Franc-Maçonnerie, voilà l’ennemi ! »
Aussi le petit ouvrage que nous offrons au public est-il principalement destiné à faire appel aux catholiques de bonne volonté contre le prince des ténèbres et sa synagogue, la Franc-Maçonnerie, dont le plan avoué consiste à s’unir au démon pour propager la révolution, cette œuvre satanique; et le triomphe à renverser l’Eglise, c’est-à-dire le royaume de Jésus-Christ sur la terre.
Mais la Franc-Maçonnerie, si funeste qu’elle soit à la société, n’est pas le seul moyen qu’emploie Satan pour perdre les hommes ; ce serpent antique a encore recours à une foule d’artifices pour tendre des pièges à la simplicité des âmes droites et les enlacer, comme à leur insu, dans le réseau de ses filets . Voilà pourquoi nous avons pris à tâche de poursuivre l’ennemi du genre humain dans toutes ses embuscades, afin de démasquer son infernale tactique et de prémunir les fidèles contre ses divers stratagèmes si habilement déguisés.
Sans doute , en lisant dans ce livre tant de faits merveilleux, qui cadrent mal avec les idées sceptiques de notre époque, plusieurs nous accuseront d’un excès de crédulité. Pour nous disculper à ce propos, nous croyons ne pouvoir mieux faire que de reproduire ici les observations que fait saint Alphonse de Liguori dans les Gloires de Marie.
« On voit des gens, dit-il, qui se vantent d’être sans préjugés et se font gloire de n’ajouter foi qu’aux miracles consignés dans les saintes Ecritures; quant aux autres, ils les regardent comme des récits fabuleux et des contes de bonnes femmes. »
Un auteur savant et pieux, le Père Jean Crasset, fait à ce sujet une réflexion fort juste : il dit qu’autant les gens de bien sont disposés à croire les miracles, autant les hommes pervers sont portés à s’en moquer; et il ajoute que, comme ce serait une faiblesse de tout croire sans distinction, de même rejeter des miracles attestés par des témoins graves et pieux, c’est ou une infidélité, si l’on juge les miracles impossibles à Dieu, ou une témérité, si l’on refuse de croire à de pareils témoignages.
Nous pouvons ajouter foi aux récits d’un Tacite, d’un Suétone, et nous pourrions, sans témérité, rejeter ceux d’auteurs chrétiens qui ne manquent ni de science ni de probité?
« Il y a moins de danger, disait le Père Canisius, à croire à admettre ce qui est rapporté avec quelque probabilité par des personnes pieuses, sans être contesté par les savants, et sert d’ailleurs à édifier le prochain, qu’à le rejeter avec un esprit dédaigneux et téméraire. »
Ces observations, faites par des auteurs d’un tel poids, justifient suffisamment, nous semble-t-il, la liberté que nous avons prise de rapporter, pour l’édification du lecteur, un si grand nombre de traits prodigieux, écartant soigneusement ceux dont l’authenticité ne nous paraissait pas assez établie.
Néanmoins, pour nous conformer entièrement au décret d’Urbain VIII, nous déclarons que les faits relatés dans cet ouvrage, sur lesquels l’Eglise ne s’est pas prononcée, n’ont d’autre fondement que la foi humaine, et que nous soumettons humblement le tout au jugement infaillible du Siège Apostolique, auquel seul appartient la décision de pareilles matières. Nous avons composé ce petit ouvrage d’après le conseil de quelques zélés missionnaires, nos frères dans l’apostolat, et nous osons l’offrir, malgré ses imperfections, à tous ceux qui ont à cœur de combattre le mouvement satanique qui envahit notre malheureuse société, et de se préserver eux-mêmes des artifices innombrables du malin esprit, l’éternel ennemi du genre humain; mais nous l’offrons principalement à l’enfance et à la jeunesse, dont l’âme est, aujourd’hui, menacée d’une incrédulité et d’un athéisme effrayants.
Daigne l’Auteur de tout bien bénir notre humble travail et en faire un instrument de régénération et de salut pour notre chère et infortunée patrie !
Source : Guerre à Satan : Missionnaire Apostolique 1892