Le prêtre Franciscain Saint Pierre Régalat 1390-1456 est la première fleur de sainteté qui se soit épanouie dans le premier Ordre de Saint François sous le ciel de l’Espagne.
Né d’une famille distinguée par sa noblesse et sa vertu, le jeune Pierre âgé de dix ans se sentit un vif désir de se consacrer au Seigneur et sollicita la grâce d’être admis dans l’Ordre Séraphique. Il éprouva une longue opposition de la part de sa mère, mais il montra, par sa persévérance, que cette pensée n’était le fruit ni de l’imagination, ni d’une ferveur passagère.
Dans ce même temps, un homme suscité de Dieu, Pierre de Villaclet, travaillait à étendre en Espagne la réforme inaugurée par saint Bernardin de Sienne et saint Jean de Capistran. L’âme
toute brûlante d’amour et avide de sacrifices, notre jeune Saint n’hésita pas à se placer sous un tel maître dont l’austérité et la sainteté de la vie rappelaient les plus beaux jours de l’Ordre Séraphique : aussi notre Bienheureux avança-t-il rapidement dans les sentiers les plus élevés de la perfection.
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Après la mort de son maître, saint Pierre Régalat fut appelé à lui succéder dans le gouvernement de plusieurs couvents de l’Observance, et il était digne de ce choix à tous égards : grand amateur de la sainte pauvreté, il ne portait qu’un vêtement usé et couvert de pièces, marchait nu-pieds et ne consentit à prendre des sandales que dans sa vieillesse.
Sa vie était, pour ainsi dire, un jeûne non interrompu au pain et à l’eau. Nous ne détaillerons pas ses autres pénitences, disons seulement qu’elles furent en rapport avec la soif d’immolation qui le dévorait.
Dans ses entretiens avec le ciel, ce serviteur de Dieu apparaissait aux yeux de tous comme un séraphin ; de son cœur embrasé s’échappaient, comme d’une fournaise ardente, des gerbes de flamme : à plusieurs reprises ses frères le virent environné d’une auréole de feu, élevé de terre et immobile, des heures entières.
Il arriva même, une nuit, que les habitants du voisinage, ayant aperçu des jets de flamme au couvent, crurent à un incendie et accoururent pour l’éteindre : c’était tout simplement notre Saint qui était ravi en extase et environné d’une nuée lumineuse.
Il était envers ses frères d’une charité et d’une sollicitude admirables. Une hirondelle venait troubler par son gazouillement la prière de ses religieux, il lui ordonna de s’en aller et fut obéi sur-le-champ. À sa prière, un envoyé mystérieux apporta au couvent le repas pour ses frères réunis devant les tables vides du réfectoire.
Il lui arriva souvent de se transporter avec la rapidité de l’éclair d’un couvent dans un autre pour y présider divers exercices. Quand, ayant à traverser un fleuve, il ne trouvait pas de barque à sa disposition, l’homme de Dieu jetait son manteau sur les flots ; puis, faisant sur l’eau le signe de la croix, il s’avançait sur son manteau comme sur une nacelle. Il lui arrivait fréquemment de transporter ainsi d’une rive à l’autre son compagnon et même la bête de somme dont il se servait pour aller à la quête.
La vie de saint Pierre Régalat était, à vrai dire, une suite non interrompue de miracles. Arrivé à sa dernière heure, il pria le Gardien de lui faire, pour l’amour de Dieu, la charité d’un pauvre habit ; après, il expira paisiblement en prononçant en union avec Jésus cette suprême parole :
« Seigneur, je remets mon âme entre vos mains. »
Il avait, avant de mourir, guéri le neveu de l’évêque, accouru pour lui administrer les derniers sacrements, et dont il avait annoncé à ses frères l’arrivée, quoiqu’on ne l’attendît nullement en ce moment.
PRIONS
Seigneur qui avez daigné associer aux délices de votre gloire, le Bienheureux Pierre votre bienaimé serviteur, daignez par ses mérites et son intercession, nous accorder la grâce de mener à son exemple une vie pénitente afin d’arriver un jour au bonheur éternel. Ainsi soit-il.
Source : Nos Saints ou abrégé de la vie des Saints – Par un frère mineur de Montréal – 1899