Pénitente du Tiers-Ordre, Sainte Marguerite de Cortone, la Madeleine de l’Ordre Séraphique, a été donnée au monde comme un témoignage mémorable de la miséricorde infinie de Dieu pour les pauvres pécheurs.
Née en 1247 à Laviano Pérouse, en Ombrie est décédée à Cortone le 22 février 1297 est une franciscaine du Tiers-Ordre canonisée en 1728, dont la fête liturgique se célèbre le 22 février.
Livrée à elle-même à l’age de sept ans, d’un caractère volage et douée de grands avantages naturels, contrariée par des chagrins domestiques, toutes ces causes contribuèrent à enfoncer la malheureuse enfant dans les sentiers de la perdition.
À l’âge de dix-huit ans Sainte Marguerite de Cortone abandonna la maison paternelle pour vivre avec un gentilhomme de Montepulciano qui l’avait séduite.
Durant neuf ans de vie criminelle, Marguerite devint le scandale de toute la contrée. Mais un jour elle se trouve subitement en présence du cadavre de son amant assassiné. C’est là que la divine Miséricorde attendait la pécheresse, pour faire d’elle une héroïne de pénitence.
Marguerite songe au jugement de Dieu, elle a horreur de sa vie et verse des larmes en abondance. Chassée de la maison paternelle par sa marâtre, seconde épouse de son père, Marguerite s’éloigne avec son fils qui pleure. Elle s’arrête sous un figuier du jardin pour donner un libre cours à sa douleur et à ses larmes.
Là, se livre en son âme un terrible combat ; le Seigneur triomphe et lui inspire de se retirer à Cortone, pour y faire pénitence sous la direction des Franciscains. Après trois années d’épreuves, elle est admise enfin dans le Tiers-Ordre.
Alors elle est transformée par le feu du divin amour. Désormais elle réduira son corps en servitude pour l’amour de Celui dont le Corps sacré fut victime des péchés du monde.
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Les nuits de Sainte Marguerite de Cortone se passeront dans la prière et la contemplation ; au souvenir de ses péchés elle gémit et sanglote avec tant de force qu’elle semble prête à expirer dans l’excès de sa douleur. Jamais avare ne fut avide de son or, dit son confesseur, comme elle l’était de sa propre destruction.
Elle embrasse si passionnément les privations de la pauvreté qu’un jour, apercevant une cassette en bois, où elle déposait son pain, elle la donne au premier mendiant qui se présente, et se contente, pour le même usage, d’un vieux plat à moitié brisé.
Le misérable débris lui-même, elle le rejette bientôt comme une richesse superflue. Elle mendiait son pain, et quand on lui en offrait un entier, elle pensait que c’était par égard pour son ancienne prospérité, elle le refusait. Plus tard, la Sainte le prit pour ses chers pauvres.
Dans l’hiver, elle arrachait de son pauvre foyer le bois que la charité y jetait, doublement heureuse de souffrir le froid et de soulager les indigents. Notre-Seigneur eut pour agréable ce parfait dépouillement :
« Ma fille, lui dit-il un jour, tu t’es dépouillée, tu t’es abandonnée, pour moi et moi je te recueille dans le sein de mon amour. »
La sainteté de Marguerite avait pour base l’humilité ; elle avait conclu un tel mépris d’elle-même qu’elle ne concevait pas que Dieu pût avilir ses dons au point de les conférer à une créature si perverse et si immonde. Le démon essayait parfois de la pousser vers l’abîme du désespoir, en lui représentant que les péchés de sa jeunesse ne pouvaient être pardonnés, ou encore qu’elle ne persévérerait pas, et qu’ainsi sa damnation était assurée. Mais alors, saisie d’effroi, elle tournait vers Dieu ses regards et son cœur, et le doux Sauveur venait la fortifier et la consoler.
Une fois, tentée par le démon de la vaine gloire, elle monte sur la terrasse de sa demeure, au milieu de la nuit, et là, elle s’écrie de toutes ses forces :
« Levez-vous, habitants de Cortone, levez-vous sans perdre de temps, armez-vous de pierres pour chasser de cette ville la plus criminelle, la plus indigne de toutes les femmes, qui a rempli le monde de ses scandales ! »
Elle fait le récit des fautes de sa vie en versant des torrents de larmes. Ceux qui l’entendent se sentent pénétrés de componction, ils se frappent la poitrine et se disent :
« C’est la pauvre pénitente ; que Dieu oublie ses péchés et les nôtres à cause d’elle. »
Trois ans après sa conversion, le Seigneur assura Marguerite que sa contrition et ses souffrances la réintégraient dans sa pureté virginale. On comprend facilement de quelles divines ardeurs devait être embrasé le cœur de cette sainte pénitente. Cependant, à cause de sa vie passée, elle craignait de s’approcher trop souvent de la table sainte. Mais le Seigneur la reprit, et lui ordonna de se soumettre à son confesseur, que lui-même inspirait.
Grande instruction pour les personnes pieuses, mais pusillanimes, qui, malgré l’avis du Directeur, se tourmentent sans cesse et s’éloignent quelquefois de la communion, au grand détriment de leur âme.
Le Divin Maître favorisa sa fidèle servante du don des miracles, d’intimes et mystérieux entretiens, de visions admirables ; il lui donna de contempler, dans le ciel, le trône de Dieu, celui de Marie et celui de saint François, qu’il lui déclara être celui de Lucifer ; puis II ajouta :
« As-tu remarqué ce grand espace vide qui entourait ce trône ? Il sera rempli par les frères de son Ordre qui auront marché sur ses traces. »
La servante de Dieu apprit par révélation qu’à la fin des temps les Franciscains seraient appelés à combattre contre l’Antéchrist. Une autre fois II appelait l’Ordre de saint François « mon Ordre, » « le jardin de mon amour. »
Jésus répondait à Marguerite qui lui demandait pourquoi il l’appelait ainsi :
« Je ne trouve nulle part ailleurs dans le monde une aussi belle école de l’amour divin. »
Dieu avait choisi Marguerite pour remplir dans son Eglise une grande mission en faveur des pauvres pécheurs : il l’avait destinée à ramener les âmes égarées, en sa double qualité de pécheresse convertie et de pénitente favorisée du ciel.
Elle commença son apostolat en faisant pénitence pour les pécheurs. Plus tard, vers les dernières années de sa vie pénitente, Notre-Seigneur voulut qu’elle se dévouât au salut des âmes d’une manière active. Elle implora alors le secours de sa grâce et se livra à sa carrière apostolique avec tant d’ardeur qu’il n’y eut point de vice qu’elle ne combattît, de pécheurs qu’elle ne s’efforçât de convertir.
Dieu féconda ses efforts et c’était par milliers que les égarés revenaient au Dieu des miséricordes. Des pécheurs endurcis venaient de tous les points de l’Italie, de la France et de l’Espagne, pour rompre la glace de leur cœur au contact de la parole embrasée de la Pénitente.
Sainte Marguerite accomplit encore tous les jours cette mission auprès des pécheurs, par la puissance d’intercession dont elle jouit au ciel en leur faveur et par l’exemple qu’elle leur a laissé. Ne pouvant rapporter ici toutes les merveilles que le Seigneur opéra par l’intercession de sa Servante, rappelons seulement cette parole que Jésus lui dit un jour :
« Tout ce que tu demanderas à mon Père te sera accordé, et ceux qui auront recours à toi recevront une grâce spéciale. »
Le corps de sainte Marguerite repose à Cortone, préservé depuis six siècles de toute corruption. Ce précieux dépôt était confié, jusqu’à la réunion de l’Ordre, aux Franciscains de l’Observance. Cette illustre pénitente fut canonisée par Benoît XIII, en 1728.