En Éthiopie l’état d’urgence récemment déclaré permet aux autorités les arrestations de missionnaires salésiens, car ils sont considérés comme des « partisans » des forces rebelles tigréennes. Parmi eux, il y a eu également 72 chauffeurs de camions d’aide humanitaire et 16 autres membres du personnel humanitaire des Nations Unies.
Les forces gouvernementales éthiopiennes ont fait une descente dans un centre géré par les Salésiens de Don Bosco à Addis-Abeba et ont arrêté 17 personnes, dont des prêtres, des frères religieux et des employés, dans un climat général d’incertitude et de tension dans le pays, provoqué par la guerre qui dure depuis un an entre le gouvernement et les forces tigréennes.
Selon les rapports, le raid a été effectué le 5 novembre dans un centre de Gottera, à Addis-Abeba, la capitale. Les 17 personnes arrêtées ont été emmenées vers une destination inconnue et le motif de leur arrestation reste inconnu.
Entre-temps, les salésiens, qui travaillent en Éthiopie depuis 1975, continuent de prier pour la paix et l’unité dans le pays, ainsi que pour le retour sain et sauf de leurs frères arrêtés.
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Une situation tendue
La guerre en Éthiopie n’a pas épargné les civils, puisque des milliers de personnes sont mortes et des millions ont été déplacées, contraintes de fuir leurs maisons à la recherche d’environnements plus sûrs. La situation a été aggravée par des conditions proches de la famine, notamment dans la région septentrionale du Tigré, où des barrages gouvernementaux ont été mis en place pour empêcher la nourriture, les médicaments et d’autres aides d’atteindre les forces tigréennes.
Le 2 novembre, le gouvernement éthiopien a déclaré l’état d’urgence pour une durée de six mois après que les forces dissidentes du Tigré eurent affirmé avoir pris le contrôle de deux villes stratégiques et envisagé de marcher sur Addis-Abeba.
L’état d’urgence permet au gouvernement d’imposer un couvre-feu et d’arrêter les personnes soupçonnées de soutenir les forces tigréennes qui combattent le gouvernement depuis un an.
Répression gouvernementale
Le dimanche 7 novembre, le chef de la Commission éthiopienne des droits de l’homme, Daniel Bekelea avait déclaré que la Commission avait reçu des informations faisant état d’arrestations de Tigréens dans la capitale et qu’elle surveillait ces arrestations.
La police, pour sa part, a nié avoir pris pour cible l’ethnie tigréenne, affirmant que les personnes arrêtées étaient soupçonnées d’avoir des liens avec le Front populaire de libération du Tigré (TPLF).
Mercredi 10 novembre, les Nations unies ont déclaré que les forces de sécurité éthiopiennes avaient arrêté et détenu quelque 72 chauffeurs de camions de livraison d’aide qui travaillaient pour le Programme alimentaire mondial (PAM) à Semera, la capitale régionale d’Afar et le point de passage des convois d’aide qui s’efforcent d’atteindre la région du Tigré.
La veille, mardi, l’ONU avait déclaré que 16 membres de son personnel local et leurs personnes à charge avaient été arrêtés à Addis-Abeba. L’origine ethnique des membres du personnel de l’ONU détenus n’avait pas été précisée dans l’immédiat, mais des sources indiquaient qu’il s’agissait de Tigréens.
Début octobre, les autorités éthiopiennes avaient expulsé sept hauts fonctionnaires des Nations unies, les accusant de s’ingérer dans les affaires intérieures du pays.
Les églises ne sont pas épargnées
Dans une interview accordée à Vatican News, le père Giuseppe Cavallini, un missionnaire combonien qui travaille en Éthiopie depuis 30 ans, expliquait que même les églises n’ont pas été épargnées par la répression gouvernementale.
«Il y a quelques jours », disait-il, « les militaires sont entrés dans la cathédrale catholique d’Addis-Abeba à la recherche de personnes d’ethnie tigrinya. Et ces raids sont effectués dans toute la capitale.»
Le père Cavallini notait également que de nombreuses églises et missions dans d’autres endroits, y compris au Tigré, ont été pillées ou détruites au cours des combats. Il se souvient, en particulier, d’une mission combonienne dans la région occidentale de Benishangul qui a été rasée, obligeant les prêtres et les religieuses à fuir.