La récente annonce concernant les adaptations liturgiques pour les communautés indigènes mayas, approuvées par le Vatican, soulève des questions fondamentales sur la direction que prend l’Église en matière de liturgie. Portée par le cardinal mexicain Felipe Arizmendi, cette initiative prétend intégrer des éléments culturels locaux dans la célébration de la messe. Mais est-ce vraiment fidèle à la tradition catholique, ou est-ce un énième pas vers une dilution de la liturgie sacrée ?
Dans un article publié récemment, le cardinal Arizmendi a justifié ces changements en attaquant directement les défenseurs de la liturgie traditionnelle. Il affirme que ces derniers « voudraient que rien ne change dans la messe » et rappelle que « ni Jésus ni les apôtres n’ont célébré avec le Missel tridentin » car celui-ci ne date que du XVIe siècle. Un argument simpliste et fallacieux : la Tradition catholique ne repose pas sur une simple reconstitution archéologique des rites apostoliques, mais sur un développement organique guidé par le Saint-Esprit. Parler de l’absence de latin ou de Missel tridentin au temps de Jésus pour justifier des innovations liturgiques modernes relève d’un anachronisme intellectuel déconcertant.
Jésus a célébré la Pâque selon le rite juif prescrit par la loi mosaïque, sans inventer des formes « nouvelles » de culte. En revanche, l’introduction de danses ou de mouvements pendulaires rythmés, comme mentionné dans le rituel approuvé par Rome, n’a aucun fondement dans les Écritures ni dans la Tradition de l’Église.
Le concept d’inculturation, bien que légitime en principe, devient ici problématique lorsqu’il dénature l’universalité de la messe et introduit des éléments flous ou ambigus. Le cardinal insiste pour dire que « rien n’est païen ni contraire à la foi catholique » dans ces adaptations. Cependant, il est difficile de ne pas s’interroger lorsque des pratiques rituelles semblables à des danses païennes sont légitimées sous couvert de « mouvements corporels« .
Le document officiel du Vatican, Varietates legitimae (1994), qui encadre l’inculturation, souligne que celle-ci doit toujours préserver l’essence du rite romain. Or, la mention d’actions de grâce avec des « mouvements corporels rythmés » dans le nouveau rituel pour les Mayas pousse les limites de cette légitimité. Si ces danses ne sont pas païennes, pourquoi leur donner une place si centrale dans une célébration où l’attention devrait être tournée vers le Sacrifice eucharistique ?
Alors que le Vatican montre une grande indulgence pour ces adaptations liturgiques controversées, il agit avec une sévérité implacable envers les catholiques attachés à la forme extraordinaire du rite romain. Cette contradiction flagrante met en lumière une politique liturgique incohérente et injuste. D’un côté, on parle d’ouverture et de flexibilité pour des pratiques indigènes, parfois proches du folklore ou du syncrétisme. De l’autre, on muselle les fidèles de la Tradition qui demandent simplement de vivre leur foi dans la continuité de ce qui a nourri l’Église pendant des siècles.
La messe, dans son essence, est universelle. Elle transcende les frontières culturelles précisément parce qu’elle est enracinée dans une tradition commune à toute l’Église. En introduisant des formes trop spécifiques à certaines cultures, on risque de fragmenter l’unité liturgique et de réduire la messe à une simple expression culturelle locale.
Si l’inculturation peut être un outil pastoral utile, elle ne doit jamais se faire au détriment de la sacralité et de l’universalité de la liturgie. Le cardinal Arizmendi et ceux qui défendent ces innovations devraient se souvenir que la messe n’est pas un terrain d’expérimentation culturelle, mais le Sacrifice de Notre Seigneur offert à Dieu pour le salut du monde. L’histoire nous enseigne que toute déviation liturgique majeure finit par affaiblir la foi des fidèles. Gardons donc en mémoire ces paroles de saint Paul :
« Je vous exhorte, frères, à tenir fermes les traditions que vous avez reçues de nous » (2 Thessaloniciens 2, 15).