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Le pape défroque un prêtre philippin pour des prétendus abus sexuels

Un éminent prêtre philippin, célèbre pour avoir encouragé la dévotion au Rosaire et une apparition mariale controversée, a été révoqué par le pape François pour avoir prétendument abusé de mineurs.

Le diocèse de Borongan a annoncé dimanche sur sa page Facebook que le Saint-Père "a démis de ses fonctions le père Pio Cultura Aclon". Le prêtre "n'est plus clerc et ne peut plus exercer de ministère sacerdotal dans l'Église".

Des centaines de partisans du père Aclon ont critiqué la déclaration diocésaine signée par l'évêque de Borongan, Crispin B. Varquez, et le chancelier, le père James B. Abella, beaucoup soulignant que le champion d'une vision mariale controversée était "un prêtre pour toujours selon l'ordre de Melchizédek".

La circulaire, datée du 18 juillet, ne précise pas la raison de l'expulsion du père Aclon de l'état clérical, mais le service de presse de la Conférence des évêques catholiques des Philippines a révélé que le prêtre avait été défroqué "pour abus sexuels sur mineurs".

"Aclon a servi pour la dernière fois dans un petit séminaire à Borongan avant que le diocèse ne le suspende de ses fonctions cléricales", a expliqué le service d'information de la CBCP.

Le prêtre exige des preuves

Le prêtre défroqué a riposté dans un message sur Facebook et a demandé au diocèse de prouver qu'il avait bien été démis de ses fonctions par le saint-père.

"Je vous donne 10 jours pour nous fournir la lettre. Vous pouvez l'envoyer à mon conseiller juridique, la juge Harriet Demetriou. Je répète, envoyez-moi la lettre du pape François", a-t-il écrit. "Les questions de ce type sont communiquées à la personne concernée et non sur les plateformes de médias sociaux."

"L'évêque de Borongan devrait s'expliquer sur cette affaire parce qu'il a violé, une fois de plus, non seulement mon droit canonique, mais aussi mon droit civil ! " a ajouté M. Aclon, en joignant l'avis du diocèse.

La vendetta des évêques ?

Plusieurs partisans du père Aclon ont accusé la hiérarchie de s'en prendre au prêtre en raison de son plaidoyer en faveur de l'apparition mariale populaire connue sous le nom de "Marie, médiatrice de toutes les grâces", qui aurait été aperçue à Lipa, Batangas, en 1948.

Il a également été spéculé que la laïcisation du prêtre en juillet pourrait avoir été une mesure de représailles pour une affaire déposée contre le supérieur dominicain, le père Winston Cabading, qui a été arrêté après avoir attaqué la dévotion populaire à "Marie, Médiatrice de toutes les grâces". La police a arrêté le père Cabading en mai pour "offense aux sentiments religieux". Le procès contre le théologien a été intenté par une fervente catholique, Harriet Demetriou, ancienne juge du tribunal anti-corruption Sandiganbayan et ancienne responsable des élections aux Philippines.

La juge Demetriou, fervente adepte des visions de Lipa, avait déjà défendu bénévolement le père Aclon lorsqu'il avait été suspendu de dire la messe en public "en raison de son ardent plaidoyer en faveur de l'authenticité des apparitions de Lipa".

Plus de 200 témoignages d'individus, de familles et de communautés dont le père Aclon avait touché la vie ont été envoyés dans six enveloppes brunes au bureau de l'évêque Tobias (le vicaire judiciaire) après que le prêtre a été sanctionné en 2017.

Apparition de Lipa

Les visions de Lipa auraient été vues par Sœur Teresita Castillo, une postulante carmélite. Lors de la dernière apparition à Castillo, la Sainte Vierge se serait identifiée en disant :

"Je suis la médiatrice de toutes les grâces."

Quinze apparitions ont été rapportées. Marie est apparue en robe blanche et tenait un chapelet en or.

Les visions ont d'abord été déclarées "non surnaturelles" en 1951 après une enquête menée par six évêques philippins dirigés par le cardinal Rufino Santos. En 1991, l'évêque local a rouvert le dossier.

Défiant le Vatican et ses collègues évêques, l'archevêque de Lipa de l'époque, Ramón Argüelles, a officiellement approuvé les apparitions en septembre 2015, les déclarant "surnaturelles et dignes de foi".

La Congrégation pour la doctrine de la foi de l'époque a répondu en décembre 2015, arguant que le pape Pie XII avait fait une confirmation "définitive" en 1951 contre "les prétendues apparitions" et déclaré qu'elles "n'étaient pas d'origine surnaturelle".

En juin 2016, l'abbé Argüelles s'est rétracté et s'en est remis au jugement du Saint-Siège.

Bombe à retardement sexuelle

Le renvoi du père Aclon a relancé le débat sur l'inconduite sexuelle du clergé philippin. Dans son livre Altar of Secrets : Sex, Politics, and Money in the Philippine Catholic Church, le journaliste d'investigation Aries Rufio expose la "bombe à retardement" que constituent les prêtres prodigues.

Il affirme que dans le diocèse de Pampanga, près d'un tiers des prêtres avaient des relations sexuelles ou engendraient des enfants, notant qu'on lui a fourni une liste de 35 prêtres fornicateurs sur la centaine que compte le diocèse.

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Dans tout le pays, une cinquantaine de prêtres en moyenne se trouvent dans une "situation conflictuelle" à tout moment, presque tous accusés d'avoir des liaisons illicites, note l'abbé Oscar Cruz, retraité, chef d'une section de dispense et de renvoi au sein de la CBCP qui enquête sur les prêtres qui s'égarent.

M. Rufio cite l'anecdote d'une rencontre entre le nonce apostolique, l'abbé Giuseppe Pinto, et un prélat à la retraite.

Lorsque Pinto a assuré à l'archevêque philippin que l'Église "soutiendrait les enfants conçus par des prêtres", le prélat a répondu : "Mais, Votre Excellence, si vous faites cela, vous serez responsable de la faillite de l'Église catholique aux Philippines !"

Cet article a été publié originellement par Church Militant (Lien de l’article).

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