Les évêques de la Conférence épiscopale nordique, actuellement réunis pour leur Assemblée plénière de printemps à Tromsø, en Norvège, ont écrit aujourd’hui une lettre ouverte au président de la Conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing.
Votre Excellence, cher frère
La Conférence des évêques nordiques est, comme celle des évêques allemands, en session cette semaine. Nous vous envoyons nos salutations cordiales de Tromsø, en vous accompagnant, vous et tous nos collègues allemands, de nos prières pour votre rencontre à Vierzehnheiligen et pour les défis pastoraux et sociaux toujours plus complexes de notre temps.
Des liens forts unissent les catholiques de nos pays à l’Église catholique d’Allemagne. Le rétablissement de la vie catholique après la Réforme a eu lieu ici en grande partie grâce au soutien des catholiques d’Allemagne. Un certain nombre d’évêques, de nombreux prêtres et d’innombrables religieuses ont généreusement donné leur vie pour la mission dans le Nord. Par leur témoignage du Christ et leur amour de l’Église, ils ont posé les fondations sur lesquelles nous continuons à bâtir. Le soutien financier de l’Église allemande reste à ce jour vital pour la vie catholique dans les pays nordiques. Pour tout cela, que Dieu vous récompense richement !
L’Église est confrontée à d’immenses défis au niveau mondial. Il est évidemment nécessaire que nous, en tant qu’évêques, réfléchissions à la meilleure façon de les relever afin d’être fidèles au Christ, de répondre aux besoins des femmes et des hommes de notre temps et de communiquer la vérité de notre foi.
Cela dit, l’orientation, la méthode et le contenu du Chemin synodal de l’Église d’Allemagne nous inquiètent. Nous sommes conscients que le besoin ressenti de changements doit être considéré dans le contexte de la situation concrète de l’Allemagne. Pourtant, ni les thèmes abordés ni les espoirs, nourris par certains, de résultats concrets ne sont des préoccupations exclusivement allemandes. Les terribles blessures causées par les abus appellent à la guérison. Il nous incombe à tous d’y répondre. Nous souhaitons répondre. Tout doit être fait pour reconnaître la souffrance des victimes et prévenir les abus futurs. C’est une question de justice, un impératif chrétien. C’est aussi une question de crédibilité de l’Église.
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Le Saint-Père convoque toute l’Église à une recherche synodale du potentiel de vie dans la vie et le travail actuels de l’Église. Ce processus présuppose une conversion radicale. Tout d’abord, nous devons redécouvrir les promesses de Jésus et les communiquer comme notre source de joie, de liberté et d’épanouissement. Nous sommes invités à faire nôtre, avec gratitude et révérence, le dépôt inaltéré de la foi transmis par l’Église. Dans le monde entier, un certain nombre de catholiques se posent des questions sur le style de vie et la formation des prêtres, le rôle des femmes dans l’Église, l’éventail des opinions sur la sexualité humaine, etc. Dans la recherche légitime de réponses aux questions de notre temps, nous devons néanmoins respecter les limites fixées par les sujets qui représentent des aspects immuables de l’enseignement de l’Église.
Depuis toujours, les vraies réformes de l’Église sont parties de l’enseignement catholique fondé sur la Révélation divine et la Tradition authentique, pour le défendre, l’expliquer et le traduire de manière crédible dans la vie de tous les jours – et non pas par capitulation devant l’esprit du temps. Nous vérifions chaque jour à quel point le Zeigeist est inconstant.
Le processus synodal mondial a suscité de grandes attentes. Nous espérons tous une revitalisation de la vie catholique et de la mission de l’Église. Cependant, le risque existe que, dans la mesure où nous restons enfermés dans les paradigmes de la pensée processuelle et du changement structurel, nous finissions par concevoir l’Église comme un projet, l’objet de notre action. Le processus synodal présuppose l’image de l’Église comme peuple de Dieu en pèlerinage. Il est évident qu’un tel peuple a besoin d’être raisonnablement organisé.
Cependant, le « peuple de Dieu » n’est qu’une des nombreuses images avec lesquelles la Tradition décrit la nature de l’Église. Pour que notre discernement synodal porte du fruit, il doit être enrichi et orienté par ces autres dimensions. Il nous semble primordial, précisément en ce moment, de nous concentrer sur le mystère sacramentel de l’Église. De quelle manière pouvons-nous, maintenant, contempler – et vivre – l’Église avec émerveillement également comme corpus mysticum, comme Épouse du Christ, comme médiatrice des grâces ? L’Église ne peut pas simplement être définie comme une communauté visible. L’Église est un mystère de communion : communion de l’homme avec le Dieu trinitaire ; communion entre les fidèles ; communion de toutes les Églises particulières avec le Successeur de Pierre.
Nous constatons que les catholiques qui constituent et portent la vie de nos paroisses et de nos communautés ressentent instinctivement ce mystère sacramentel mais ne sont pas nécessairement ceux qui sont enclins à remplir des questionnaires ou à participer à des discussions de groupe. N’oublions pas, dans le cadre du processus synodal, de prêter attention à leur témoignage également.
En ce moment, alors que l’Europe, sujette à de profondes divisions, menace d’exploser, nous constatons que nous avons besoin d’un critère d’unité plus élevé. Le Christ seul est notre espérance ! En son nom, l’Église est appelée à être « un germe durable et sûr d’unité, d’espérance et de salut pour tout le genre humain » (Lumen Gentium, 9). Ce n’est que si la vie ad intra de l’Église est enracinée dans le Christ, que si nous vivons de la plénitude de sa révélation, que nous serons à la hauteur de cette vocation. Nous ne pouvons guère attendre une nouvelle plénitude de vitalité catholique d’un appauvrissement du contenu de notre foi.
Nous sommes convaincus que l’Eglise en Allemagne, même dans les affres de la crise actuelle, possède un potentiel de renouveau. Nous sommes tous appelés, comme au premier jour de l’Évangile, à une conversion radicale et à la sainteté. Avec gratitude, nous nous souvenons des grands saints allemands, des théologiens qui nous ont merveilleusement enrichis, et de la foule de missionnaires allemands envoyés aux extrémités de la terre pour travailler dans l’humble obscurité. Nous sommes sincèrement reconnaissants pour la générosité des catholiques allemands qui ont contribué, dans le monde entier, à soulager la souffrance et à permettre la croissance. De ce patrimoine, des graines de bénédiction germeront également aujourd’hui.
Nous espérons et prions donc pour que la foi qui nous a été transmise, la vie gracieusement transformée dans le Christ, continue à être défendue dans l’Église, même face à une société qui se transforme violemment.
Nous vous souhaitons, à vous et à tous nos collègues de la Conférence épiscopale allemande, courage et espoir pour préserver l’unité. Nous restons fraternellement unis à vous dans la poursuite de ce grand dessein. Avec confiance, nous confions l’Église en Allemagne à l’intercession de Marie, Mère de l’Église.
Avec tous nos vœux pour un Carême béni,
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