L’Église catholique s’engage dans une réforme majeure en vue d’introduire un nouveau délit canonique pour combattre les abus spirituels, notamment ceux liés à la manipulation conduisant à des actes de violence sexuelle. C’est ce qu’a expliqué Mgr Víctor Manuel Fernandez, préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, dans une récente interview accordée au journal espagnol Alfa y Omega.
Cette initiative fait suite à l’annonce, en novembre dernier, de la création d’un groupe de travail chargé de définir ce nouveau délit dans le Code de droit canonique. Actuellement, de tels cas sont traités en vertu de la norme générale du canon 1399, une disposition critiquée pour son manque de précision juridique. Ce canon permet de sanctionner des actes graves non explicitement mentionnés dans le droit canonique, mais son application répétée dans des affaires fréquentes souligne la nécessité de règles spécifiques.
Selon Mgr Fernandez, cette réforme vise à protéger les fidèles contre ceux qui utilisent leur position de guide spirituel pour manipuler et abuser, en exploitant la beauté et la profondeur de la foi catholique.
Initialement, le groupe de travail devait également inclure le concept de « faux mysticisme » dans les nouvelles dispositions. Toutefois, cette notion sera finalement traitée séparément dans le cadre des processus d’évaluation des miracles au Vatican. Pour les cas d’abus spirituels, la manipulation de contenus doctrinaux n’est pas nécessairement impliquée. Mgr Fernandez a souligné que même des textes fondamentaux de la foi catholique, comme le Catéchisme ou les écrits de grands mystiques comme saint Jean de la Croix, peuvent être dévoyés à des fins criminelles.
Les dernières années ont mis en lumière des cas marquants d’abus spirituels mêlés à des violences sexuelles. Parmi eux, celui de l’ancien jésuite Marko Rupnik, accusé d’avoir exploité son influence spirituelle et artistique pour commettre des abus, ou encore celui du fondateur de la communauté Famille de Marie, accusé de confondre direction spirituelle et autorité abusive.
Concernant le cas Rupnik, Mgr Fernandez a confirmé que les enquêtes préliminaires menées par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi sont terminées et que les éléments nécessaires pour un procès ont été rassemblés. Il s’agit maintenant de constituer un tribunal indépendant pour juger cette affaire.
La Conférence épiscopale allemande (DBK) a publié en 2023 un guide sur la gestion des abus spirituels, soulignant que ces derniers ne sont que partiellement couverts par le droit canonique actuel, même après sa réforme en 2021. Parmi les infractions reconnues, on retrouve l’abus des informations obtenues en confession, l’abus de pouvoir, la violation du secret de la confession ou encore la contrainte à des actes sexuels. Cependant, ces dispositions restent insuffisantes pour répondre à la complexité des systèmes d’abus spirituels.
Cette réforme en cours témoigne de la volonté de l’Église de protéger les fidèles et de prévenir les dérives. En systématisant les cas existants et en élaborant des normes spécifiques, l’Église cherche à garantir justice et transparence.
Ce chantier, bien que complexe, montre que l’Église ne reste pas inerte face à des crimes qui touchent au cœur même de sa mission spirituelle. C’est un appel à la vigilance et à la sanctification des ministres, afin que la foi catholique demeure une lumière pour tous et non un prétexte à des actes contraires à l’Évangile.
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