Le Maréchal Pétain vient de prendre le pouvoir. Le gouvernement est à Bordeaux. Dix millions de Français réfugiés refluent vers le Sud dans les conditions les plus dramatiques.
Vous êtes donc un Français, venant de subir la guerre non préparé qui nous a compressé comme une petite feuille. Voilà ce qu'un Français en 1940 allait vivre maintenant sous le Maréchal Pétain.
Les Allemands projettent de multiples colonnes blindées, cisaillant nos dernières défenses. À l'ouest, une colonne allemande approche de Vire et va couper la route des côtes de la Manche à la Xe armée.
D'autres colonnes prononcent leur avance vers Le Mans d'une part, et Rennes d'autre part. Au centre, l'ennemi occupe Orléans et vient au contact de la Loire en amont de cette ville et jusqu'à Nevers.
À l'est, il tient Autun, Dijon, Besançon, lance ses éléments avancés dans la région de Belfort. Les troupes de la région fortifiée, prises à revers et bientôt ceinturées, sont isolées dans leur béton.
Enfin, l'armée de Bretagne, encerclée, se désagrège de plus en plus. Partout le front est rompu. Le front ? Pas même. Il ne reste que des noyaux de résistance, sans liaison ; des îlots de courage où s'usent les dernières cartouches.
C'est la fin. La fin tragique d'un monde qui n'a pas su vivre, d'un régime qui n'a pas su commander. Les Français sont vaincus. Il faut cesser le combat. Avec une tristesse infinie, le Maréchal PÉTAIN en annonce le terme :
« Français... C'est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut tenter de cesser le combat. Je me suis adressé cette nuit à l'adversaire pour lui demander s'il est prêt à rechercher avec moi, entre soldats, après la lutte et dans l'honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités. Que tous les Français se groupent autour du gouvernement que je préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour n'obéir qu'à leur foi dans le destin de la patrie. »
Le 25 juin 1940, à 0 h 35, l'armistice entre la France et l'Allemagne d'une part et la France et l'Italie d'autre part mettait fin aux hostilités. L'heure de la reconstruction sonnait. Dans un présent chargé de deuils et de misères, il fallait liquider le passé et préparer l'avenir.
Qu'a donc fait le Maréchal Pétain une fois au gouvernement, quelles mesures a-t-il prit exactement sous les ruines de notre pays ?
Ajournement du parlement
Dès la signature de ce double armistice, le Maréchal PÉTAIN, dans un nouveau message, s'adresse aux Français. Il nous dit nos erreurs. Il nous livre son programme :
« Nous avons à restaurer la France. »
Et, sans plus attendre, hardiment et sans relâche, le Maréchal travaille à ce programme. Le régime de la défaite, ce régime qui, n'ayant pas su préparer la guerre, a osé la déclarer, ce régime vit encore légalement.
Le premier souci du Maréchal sera donc que, par la voix de ses élus, ce régime consacre son incapacité, avoue sa nocivité et renonce à ses droits. Le 10 juillet, par 569 voix contre 80, l'Assemblée nationale signe son abdication et remet le pouvoir entre les mains du Maréchal Philippe PÉTAIN.
La recherche des responsables de cette catastrophe
Du plus obscur citoyen au plus haut dignitaire de l'État, tous ont un devoir quotidien qui s'intègre dans l'œuvre nationale. Jusqu'alors beaucoup s'y étaient soustraits par paresse, par intérêt, ou encore, avec une perfide volonté, ils avaient trahi et leurs charges et leur pays.
La Cour suprême de Justice
Cependant, avec une bonté paternelle, le Maréchal n'a pas voulu rejeter de la communauté nationale et sans appel tous ceux que l'erreur avait égarés ; mais il en est dont le rôle dans le régime précédent eut une importance trop lourde de conséquences, et qui devront répondre de leurs actes devant les tribunaux.
Ceux-là seront traduits devant la Cour suprême de Justice. D'autres seront déférés devant la Cour martiale. Enfin, la recherche des responsabilités ne se limitera pas, dans le temps, aux quelques mois qui ont précédé la défaite, elle remontera dans le passé sur les dix dernières années.
Mais, pour être génératrice d'ordre et d'honnêteté, la justice se doit d'être totale et inflexible. Elle doit frapper tous les coupables, où qu'ils soient, à quelque rang qu'ils se trouvent. Des hommes publics ont fauté par leur incapacité ou leur veulerie.
La Cour suprême les jugera. D'autres, anonymes et nombreux, se groupent sous l'égide de sociétés aux rites compliqués et secrets et dont les buts avoués n'ont fait, durant des années, qu'entraver les réformes amorcées.
Dissolution des sociétés secrètes
La justice tient quitte de leurs erreurs passées ces Français égarés, mais elle ne tolérera pas qu'en France semblables organisations protègent les agissements occultes des individus. La loi du 13 août 1940 prescrit la dissolution de toutes les sociétés secrètes, édicte des peines d'emprisonnement pour toutes tentatives de reconstitution, ordonne la confiscation des biens des sociétés dissoutes.
Épuration de l'administration
De plus, nul ne peut être fonctionnaire :
1 ° S'il ne déclare sur l'honneur soit ne jamais avoir appartenu à l'une des organisations visées par la loi, soit avoir rompu toute attache avec elle ;
2° S'il ne prend l'engagement d'honneur de ne jamais adhérer à une telle organisation au cas où elle viendrait à se reconstituer. Et quiconque aura fait une fausse déclaration sera réputé démissionnaire et puni des peines prévues par la loi.
Le 17 juillet, le Journal officiel publie un des textes législatifs des plus importants. Nul ne pourra appartenir à la magistrature, à l'administration, à l'armée s'il n'est Français et de père français. Le barreau, la médecine et le corps des architectes comporteront semblable exclusive.
Révision des naturalisations
D'autre part, complétant ces mesures d'assainissement, le gouvernement du Maréchal décide la révision des naturalisations accordées sous le régime de la loi du 10 août 1927. Une commission examinera chaque dossier et décidera de chaque cas.
Ceux dont les services à la cause nationale paraîtront probants seront confirmés dans la nationalité française ; les autres, malheureusement trop nombreux, admis à cette distinction et sans autre titre que leur aptitude à flatter les passions et à utiliser les faiblesses nées des combinaisons louches et de la politique, seront déchus de la qualité de Français.
Statut des Juifs
Enfin, le gouvernement du Maréchal, fondé sur l'autorité et la discipline, se devait de compléter ces réformes essentielles par l'abrogation des lois d'exception dont le décret Crémieux est le prototype.
Définissant ensuite sa pensée, le gouvernement aborde franchement la question juive. Elle existe, mais une loi défendait d'en parler ! On en parlera. Pour la trancher et la ramener aux justes proportions qu'elle n'aurait jamais dû dépasser.
Point d'antisémitisme violent et passionné, mais une conscience exacte des dangers que présente l'envahissement constant des cadres par des juifs de tous les pays. Et des mesures appropriées : Plus de juifs dans l'administration, la politique, la justice, les affaires étrangères, l'armée, l'enseignement, la presse, le cinéma, la radiodiffusion et les professions libérales.
Ces carrières leur sont fermées. Il leur reste certaines professions commerciales et industrielles. Il leur reste aussi leurs biens personnels. (Loi du 2 juin 1941.) Les mesures appliquées procèdent d'un sentiment de défense et de protection et non d'une haine irraisonnée.
Aussi des dérogations seront prononcées en faveur de tous les juifs qui, par leur action passée, ont hautement prouvé qu'ils n'avaient jamais donné à la France des raisons d'inquiétude.
Qui gouverne ?
Et maintenant que le Maréchal a fait table rase, qui va gouverner ? Le Maréchal. À l'anarchie d'hier succède un État hiérarchique : Le Maréchal entouré des collaborateurs qu'il choisit selon leur mérite.
Le Maréchal, cet homme providentiel, porte en lui, avec les qualités les plus solides de notre race, le signe indiscutable de sa grandiose mission. Et cette mission jaillit déjà en un inflexible tracé, projetant sur l'avenir l'inébranlable volonté de rendre à la France le sens de sa grandeur.
Ainsi, en quelques mois, alors que le désordre et l'anarchie rendaient vain tout effort, la volonté et le souci d'autorité du Maréchal ont libéré l'État des multiples étreintes qui l'emprisonnaient. Hier, on se servait de l'État pour des fins personnelles. Aujourd'hui, sous la conduite du vainqueur de Verdun, la devise de tous les Français sera : SERVIR.
Primum Vivere
Vivre avant tout. Oui. Et pour vivre, se nourrir. Entretenir la machine humaine, l'aider à gravir la rude et longue côte du redressement national. Se nourrir ? C'est poser le problème complexe et difficile du ravitaillement. Examiner ce problème n'est pas le résoudre, mais c'est éclairer les esprits et leur permettre d'apporter à l'œuvre gouvernementale le concours intelligent et patient de chacun. Nous allons donc essayer brièvement de faire ici l'exposé de la question.
Quelques réformes du gouvernement du Maréchal Pétain
Allocations familiales
Déjà en vigueur depuis plusieurs années, elles ont été obligatoirement généralisées.
La loi du 15 février 1941 en détermine ainsi le taux :
2 enfants : 10 %, du salaire moyen mensuel ;
3 enfants : 30%
4 enfants : 60%
et une augmentation de 30 % par enfant au-delà du quatrième.
Prime à la première naissance
a) L'enfant doit ètre de nationalité française, né viable, légitime et de premier rang.
d) L'enfant doit naitre dans les deux années qui suivent la célébration du mariage, mais une loi du 15 février 1941 augmente ce délai d'une durée égale à celle de la mobilisation du mari (captivité comprise évidemment).
Allocation de la mère au foyer remplacée par l'allocation de salaire unique
(Prévue par la loi du 29 mars 1941), attribuée aux familles françaises ne bénéficiant que d'un seul revenu professionnel.
Le taux en est ainsi fixé :
20 % du salaire moyen mensuel pour un enfant (jusqu'à cinq ans) ;
10 % du salaire mensuel pour un enfant après cinq ans ;
25 % pour deux enfants ;
30% plus de deux enfants.
Le logement
La lutte des classes fatale à la nation a dressé les classes les unes contre les autres. Les causes ? C'est le taudis dans la cité laide ou l'ouvrier passe des
« hivers sans lumière et sans feu. C'est la vie de nomade, sans terre sans toit. » Maréchal PÉTAIN.
Le problème du logement ne peut se résoudre à coups de décrets. Il impose une étude sérieuse. Il appelle le concours d'architectes qualifiés. Il est subordonné à des questions diverses : décentralisation , aménagements des gros centres industriels, retour à la terre.
Toutefois, il est intolérable qu'un propriétaire d'immeuble refuse de louer un appartement à un père de famille sous le prétexte qu'il a des enfants. La loi du 5 février 1941 réprime sévèrement ce refus. D'autre part, l'habitat rural a retenu l'attention du gouvernement qui apporte tous ses soins à l'élaboration de mesures permettant un aménagement rapide de nos campagnes.
Le divorce
La loi du 2 avril 1941 restreint les causes du divorce, établit un délai pendant lequel aucune demande en divorce ne sera reçue, modifie la procédure du divorce et de la séparation de corps en permettant au juge d'ajourner les parties et en supprimant la publicité des débats, limite les cas de conversion de séparation en divorce.
La loi prévoit la condamnation de l'époux coupable à des dommages-intérêts. Enfin, elle punit et réprime toute publicité tendant à encourager et faciliter le divorce.
La lutte contre l'alcoolisme
Est sévèrement conduite. La loi du 23 août 1940 a remédié aux situations les plus urgentes :
En interdisant la vente ou l'offre à titre gratuit des boissons apéritives titrant plus de 16° d'alcool ou renfermant plus de un demi-gramme d'essence par litre. En outre, les boissons tolérées ne pourront être consommées que quatre jours par semaine. Mais d'autres textes sont en préparation. Il s'agit de la santé des Français. Le gouvernement se doit de ne rien négliger.
De nombreuses autres mesures ont été prises en faveur de la famille
- Les mères de familles nombreuses ont droit à une carte de priorité ;
- L'embauchage des pères de famille est désormais privilégié ;
- Le régime fiscal des successions a été réformé et protège le patrimoine familial.
Enfin, il convenait de veiller à la santé des parents et des enfants. Dans ce but, la France a été divisée en vingt régions sanitaires comportant chacune :
a ) des services d'hygiène publique et sociale ;
b) des hôpitaux:
c) des services d'assistance sociale ;
d ) des services de protection de l'enfance et d'aide à la famille.
Des délégués régionaux veilleront à toutes les questions relatives à l'organisation de la famille, à son logement et à l'aide financière et matérielle qui lui est accordée par l'État.
La jeunesse
L'école et les maîtres seront libérés de la politique et du syndicalisme fanatiques. Des mesures ont été prises. L'école va donc retrouver son rôle : former des cerveaux et éduquer des hommes. Dans nos écoles, on apprendra l'histoire, la géographie, les lettres et les sciences, mais on apprendra aussi l'amour de la patrie, le respect de la personne et de la famille, la politesse et le savoir- vivre.
On inculquera à l'enfant le respect et l'amour du travail. On lui révélera le sens et la beauté d'être bon et généreux. L'école française de demain enseignera, avec le respect de la personne humaine, la famille, la société, la patrie. Elle ne prétendra plus à la neutralité.
« La vie n'est pas neutre ; elle consiste à prendre parti hardiment. » Maréchal PÉTAIN.
Ainsi l'école et la famille se compléteront.
Le secours National
Qui parle de la guerre doit penser aux misères et aux souffrances qu'elle suscite. Le Secours national, créé durant la grande guerre, a été reconstitué le 19 octobre 1939, pour venir en aide aux malheureux et renouveler ce "miracle d'union et de charité."
Ses ressources :
- La générosité publique ;
- Les dons de l'étranger ;
- Les subventions du gouvernement
Son œuvre :
Aide aux réfugiés :
En organisation des centres d'accueil, des secours d'urgence, en créant des ouvroirs, des vestiaires, en procédant au ravitaillement des réfugiés sur la route.
Des secours individuels :
Là où les lois existantes n'ont rien prévu ; là où le malheur s'abat et mine l'édifice familial, le Secours national s'efforce de réduire la misère. Il faut lui signaler les détresses non secourues, il faut que ses correspondants locaux connaissent les souffrances pour pouvoir les soulager.
L'assistance par le travail :
Plus de 500.000 femmes de mobilisés et de prisonniers ont obtenu par le Secours national un travail rémunéré. Et s'il ne peut fournir ce travail, il dirige les demandeurs vers des œuvres privées.
Enfin, le Secours national s'est efforcé d'aider le plus possible les œuvres rurales, en favorisant le retour à la terre, l'exploitation des terres abandonnées, l'utilisation du crédit agricole, la création de jardins ouvriers.
Partout où il y a des misères, le Secours national veut être présent. Mais il faut l'aider. Les Français le savent et, pendant la campagne d'hiver, ils ont donné largement.
Voici quelques chiffres :
200 millions de francs recueillis depuis l'armistice ;
3 37 116 millions investis dans des achats de denrées alimentaires, vêtements ou objets mobiliers ;
370.000 réfugiés secourus ;
1.700.000 heures de travail procurées aux ouvriers de confection ou de réparation ;
8 millions de pièces de vêtements distribuées cet hiver.
Qui, devant ces chiffres, a le droit de désespérer ? S'il en est, nous leur livrons ces quelques mots magnifiques, puisés au hasard, tant le choix est difficile :
D'Annecy, avec un billet de 100 francs :
« Je suis femme d'ouvrier, mère de quatre enfants de moins de 7 ans, ayant bien à faire mais, avec un peu de courage et comme nous habitons la campagne, nous avons devancé le désir du Maréchal. »
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De Montmerle :
Un jeune garçon de 11 ans envoie 15 francs et ajoute :
« Excusez -moi de vous envoyer une si petite somme, je l'ai ramassée en portant du pain après les heures de classe. »
Nous pourrions continuer longtemps ainsi ; jamais le livre d'or de la bonté française ne sera clos.
Source : L'œuvre du Maréchal Pétain - Édition du secrétariat général de l'information - 1941
NOUS VOILA.