Comment un esprit lent où une intelligence vive, peut appréhender comment Dieu règne dans l’éternité et au-delà…
II Lui est absolument coéternel de tout pouvoir, comme de tout connaitre et d’exister toujours identique à lui-même. Aussi, à ce pôle suprême des choses où il dispose les lois de toutes les natures, il embrasse tous les temps, passé, présent et futur, dans le secret de sa prescience, de sorte qu’absolument rien de nouveau ne se présente à lui, que rien, selon les phases de son cours, ne s’éloigne de lui. Mais encore il ne porte pas vers ce qui est opposé des regards opposés, délaissant le présent ou le futur, quand il est attentif au passé ; ou, inversement, détournant les yeux du passé quand il regarde le présent ou le futur ; mais seulement par une vue unique et simple de sa majesté totalement présente il saisit tout à la fois ; et cela non pas d’une façon confuse et indistincte : non, il discerne tout et distingue le propre de chaque chose.
Il est bien clair que celui qui est assis dans un théâtre ne voit pas tout à la fois : quand il dirige ses regards devant soi il ne voit pas derrière soi ; mais celui qui, au lieu d’être dans le théâtre, est au-dessus et le domine de plus haut, celui-là saisit d’un seul coup d’œil absolument toute la circonférence intérieure du théâtre. Ainsi, Dieu tout-puissant, parce qu’il domine d’une façon incomparable le déroulement de toutes choses, les voit toutes à la fois en sa présence, entièrement offertes à sa vue.
Et pour que ce que nous disons non seulement puisse être saisi par une intelligence vive, mais puisse être aisément compris par l’esprit le plus lent, disons qu’il y a pour nous plus de moments différents dans cet instant très bref où nous disons : « ciel », que pour Dieu lorsqu’il pénètre du regard les étendues infinies de tous les siècles à la fois. En effet, lorsque nous disons la première syllabe de ce petit mot, reste la seconde, et quand nous le prononçons, la première est déjà passée. Tandis que Dieu, d’un regard unique et ineffable, voit tout d’un coup toutes choses à la fois et, les voyant, distingue chacune ; enveloppant toutes choses il les pénètre, et les pénétrant il les enveloppe.
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Ce qui fait dire à l’Apôtre Pierre :
« Voici une chose, très chers, que vous ne devez pas ignorer : c’est que devant Dieu un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour »
Et comme le nombre mille est parfait, il l’a mis pour signifier l’étendue et la durée de tous les siècles. De là encore ce que dit le psalmiste :
« Mille ans à tes yeux sont comme le jour d’hier qui s’en est allé »,
Puisque tout ce que nous attendons à venir, Dieu, le connaissant déjà parfaitement, le considère comme du passé. Il est, en effet, comme il le dit lui-même,
« l’Alpha et l’Oméga, le Principe et la Fin »,
et par son prophète :
« Avant moi il n’y a aucun dieu créateur, et il n’y en aura pas après moi. »
Puisqu’en vérité, dominant toutes choses de leur crime suprême, inexprimablement, il enferme en sa profondeur et en son dessein éternel, comme dans un cercle, non seulement toute l’étendue des temps, mais tous les lieux et l’ensemble des créatures, et puisque toute ces choses, il les contemple à jamais d’un coup d’œil unique et d’une vue simple, lui seul mérite pleinement d’être appelé puissant, lui seul éternel, lui seul immortel. D’où cette parole de l’Apôtre :
« Au Roi des siècles, immortel et invisible, au seul Dieu, honneur et gloire »,
et encore :
« Le bienheureux et unique Souverain, le Roi des rois et Seigneur des seigneurs, qui seul possède l’immortalité et habite une lumière inaccessible, que nul d’entre les hommes n’a vu ni ne peut voir. »
Car même la vertu angélique, quel que soit son pouvoir, n’est pas par soi, mais par lui, et bien qu’elle soit immortelle et que sa vie bienheureuse ne soit limitée par absolument aucun terme, néanmoins, parce qu’elle change selon les lieux et les temps, on ne peut la dire coéternelle à son Créateur, puisque par nature et par essence il est lui-même la puissance, lui-même l’immortalité, lui-même l’éternité. D’où, aussi, cette parole de Moïse :
« Le Seigneur règne pour l’éternité et au delà »,
car même la béatitude angélique, selon le mode propre à sa condition, paraît non sans raison éternelle, puisqu’il est certain qu’elle n’est limitée par absolument aucun terme ; et l’on peut dire avec raison qu’elle vit pour l’éternité, puisque sa vie bienheureuse ne finit jamais. Mais c’est non seulement pour l’éternité, mais « pour l’éternité et au delà », que règne celui qui, au sein de sa prescience, tient enfermé le déroulement de tous les siècles, et qui, d’un regard qui pénètre tout, les saisit ensemble, non pas comme passés ou futurs, mais comme réellement présents et exposés à sa vue ; qui régit toutes choses par son empire absolu ; aux lois de qui tout obéit ; qui dispose toutes les créatures au grè de son libre choix ; à toutes mesure et règle l’ordre de leur existence ; de toutes diversifie les formes et les espèces ; à toutes, selon sa volonté, accorde les pouvoirs qui conviennent à leurs natures ; de qui et par qui est tout ce qui est, et tout ce qui est sans lui indubitablement n’est rien.
Source : Lettre sur la toute-puissance Divine – Saint Pierre Damien docteur de l’Église ✝ 1072
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