Cette neuvaine aux neuf chœurs des Anges est encore très avantageuse pour bien se préparer à la célébration des fêtes de Notre-Seigneur et de sa très-sacrée Mère
Les catholiques enseignent qu’il ne faut pas s’arrêter superstitieusement aux nombres, et c’est la doctrine de la sainte Église : mais l’on peut dire, sans superstition, qu’il y a de certains nombres mystérieux et consacrés par la piété des fidèles.
Comme celui de quarante, que les saints Pères remarquent avoir été sanctifié en la personne de Notre-Seigneur, et en celle des anciens prophètes : celui de trois, qui étant multiplié trois fois, compose le nombre neuvième, qui nous représente la très-sainte Trinité : c’est pourquoi dans le ciel il y a trois hiérarchies d’Anges, et chaque hiérarchie est composée de trois chœurs, et c’est parmi ces neuf chœurs que les élus seront placés.
L’usage des fidèles a rendu ensuite de ces vues, la dévotion des neuvaines célèbre : et la séraphique sainte Thérèse nous apprend qu’elle pratiquait cette dévotion, qu’elle faisait quantité de neuvaines en ses besoins. C’est donc une louable pratique de faire des neuvaines, et spécialement en l’honneur des neuf chœurs des Anges, y ayant des motifs tout particuliers qui nous y doivent exciter.
Je suis témoin des grâces extraordinaires qui ont été accordées par cette dévotion : j’ai vu des choses merveilleuses arriver pendant que l’on honorait tous les saints Anges par cet exercice, et la puissance des démons ruinée en des choses d’importance ; et c’est un moyen très-efficace pour obtenir les secours du Ciel dans les calamités publiques et dans les besoins particuliers.
Nous avons assez dit que les saints Anges nous assistent dans tous nos besoins, soit corporels, soit spirituels, et nous en dirons encore quelque chose dans la suite de ce traité : et parmi ces troupes célestes, les Archanges et les Principautés doivent être particulièrement invoqués pour le bien des royaumes et des provinces, et pour ceux qui les gouvernent.
Les Anges qui prennent le soin plus immédiat des cieux, des éléments et des saisons, dans le temps des guerres, des pestes, et des famines, et autres malheurs publics. Les Puissances, contre les sorciers, magiciens et leurs maléfices ; contre les diables, leur rage et leur malice : les Vertus, pour obtenir de Dieu, tout bon, les secours extraordinaires en nos nécessités, puisque c’est de ces esprits bienheureux que Dieu se sert souvent pour opérer ses merveilles et ses miracles, selon le témoignage de saint Grégoire.
La neuvaine aux anges
Le premier jour de la neuvaine : les Anges du dernier chœur ; on peut leur demander la foi, qui est le commencement et le fondement de la vie spirituelle.
Le second jour : les Archanges : l’on demandera le zèle de l’intérêt de celui que la foi nous fait connaître, et on souhaitera la même connaissance par la foi à tous les infidèles et hérétiques.
Le troisième jour : les Principautés : on priera pour la conservation et augmentation de la foi dans les pays catholiques : et comme la foi doit être accompagnée de la bonne vie, on offrira ses vœux pour l’anéantissement du péché, et pour la réformation de l’intérieur.
Le quatrième jour : les Puissances : on invoquera leurs secours contre la force des démons qui nous combattent dans les voies de la foi, et dans les desseins que nous prenons de la mortification chrétienne.
Le cinquième jour : les Vertus : on en implorera leur assistance, pour surmonter les difficultés que la chair et le monde nous livrent dans le chemin de la vie spirituelle, et pour obtenir une sainte générosité dans la pratique des vertus chrétiennes.
Le sixième jour : les Dominations : afin que nous connaissions les ordres de Dieu, ce qu’il demande de nous, et afin que sa divine volonté nous soit manifestée.
Le septième jour : les Trônes : afin qu’ils nous obtiennent un parfait assujettissement, et un entier abandon à la divine volonté, en quoi consiste cette paix qui surpasse tout sentiment.
Le huitième jour : les Chérubins : pour l’établissement de la lumière de Jésus-Christ en nous, et l’éloignement de toutes les maximes du monde qui lui sont opposées.
Le neuvième jour : les Séraphins : pour le règne et le triomphe du pur amour dans nos coeurs.
L’on peut pratiquer la même dévotion dans les calamités publiques, qui nous arrivent et continuent, parce que nous n’en regardons pas assez la cause. L’on s’en prend aux uns et aux autres, et il faut s’en prendre à soi-même et à ses péchés. Dieu ne nous frappe que pour être regardé, et l’on n’arrête les yeux que sur les créatures.
On demande sa paix, et on lui fait toujours la guerre ; nos vies ne changent pas, et nos péchés s’augmentent. O que le secours des saints Anges nous est nécessaire ! et qu’il est bon de leur faire des neuvaines, les priant d’apaiser la juste colère de Dieu, et de travailler à la destruction du péché, son cruel ennemi, et à ruiner les desseins des puissances de l’enfer.
Cette dévotion de neuvaines est encore très avantageuse pour bien se préparer à la célébration des fêtes de Notre-Seigneur et de sa très-sacrée Mère, s’entretenant tous les jours avec les Anges du chœur que l’on honorera, leur témoignant les désirs que l’on a de bien aimer notre bon maître et notre bonne maitresse, les priant de suppléer à notre peu d’amour, et de les remercier pour nous, de les louer, de les bénir, de nous en obtenir la solide dévotion, et l’augmentation de notre foi.
En plus des neuvaines
Or, pour bien faire ces neuvaines, chacun peut suivre l’attrait de la grâce et le conseil de quelque bon serviteur de Dieu. Cependant, pour en donner quelques moyens, ceux qui en auront la commodité, pourront faire célébrer neuf messes en l’honneur des neuf chœurs des Anges, faire bruler neuf cierges, donner neuf aumônes ; au moins l’on entendra neuf messes, l’on fera neuf actes de mortification, soit extérieure, soit intérieure ; neuf génuflexions tous les jours ; l’on récitera neuf fois la salutation angélique, si l’on n’a pas le loisir de dire neuf Pater ; exercice de piété que le Ciel a révélé même à sainte Mechtilde : l’on visitera neuf fois quelque chapelle ou autel dédié à Dieu en l’honneur des saints Anges, ou l’autel où repose le très saint Sacrement qui y est accompagné de ces princes de sa cour.
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Outre cela, on communiera, selon l’avis de son directeur ; l’on se mettra à genoux trois fois le jour, le matin, vers le midi et le soir, où l’on se prosternera devant les Anges du chœur que l’on honore particulièrement ce jour : on s’adressera à eux le long de la journée, par quantité d’oraisons jaculatoires : l’on tâchera de s’entretenir quelque temps avec ces esprits d’amour.
Si l’on s’unit plusieurs ensemble, il y aura encore plus de bénédiction ; pour lors l’on pourra chacun choisir son jour pour visiter quelque église, quelques pauvres, et, si on le peut, pour jeûner, afin que pendant la neuvaine il y ait un jeune continuel.
Source : La dévotion aux neuf choeurs des Saints Anges – M. Henri-Marie Boudon – Docteur en Théologie et Grand Archidiacre d’Évreux – 1668