Retrouvez dans ce livre, la plus ancienne apparition mariale depuis la naissance de notre Sainte Mère Marie.
Un miracle c’est quoi ?
On parle de « miracle » quand Dieu intervient en dérangeant l’ordre habituel des causes, les lois de la nature. Mais la notion de miracle n’a pas été la même au cours des siècles.
Pendant longtemps on a pu tenir pour miraculeux des faits stupéfiants, peu fréquents, que l’on n’arrivait pas à expliquer. Au XVI siècle et dans les premières années du XVII siècle, remarque Jean de Viguerie, on appelait encore miracles des faits qui ne méritaient pas ce nom, soit des phénomènes naturels (orages, comètes, éclipses) siut des événements simplement providentiels (victoire militaire, fin d’une guerre ou d’une épidémie).
Avec le temps, on apprend à ne plus confondre et à distinguer le miracle de ce qui n’en est pas. La science expérimentale, alors toute neuve, y aide, expliquant des phénomènes autrefois inexpliqués, elle rend à la nature ce qui est de son ordre.
Mais on doit convenir qu’à toute époque, une apparition de la Vierge est, en soi, un miracle ( au sens qu’en donnent les dictionnaires d’aujourd’hui :
« Un fait qui ne peut s’expliquer par des causes naturelles et qui est attribué à une intervention divine »
La théologie Catholique enseigne que le miracle est toujours fait par Dieu pour servir de signe. Et on doit observer que le miracle qu’est l’apparition ne survient jamais sans finalité. La Vierge apparait toujours pour faire quelque chose ou pour demander quelque chose. Elle demandera qu’un sanctuaire soit bâti ou qu’une dévotion nouvelle se répande, elle interviendra pour guérir, sauver, convertir ou éclairer.
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L’apparition à l’empereur Auguste Octave
La plus ancienne apparition mariale signalée est celle dont aurait bénéficié à Rome l’empereur Auguste Octave ( 27 av J-C/9 ap J-C) sur le Capitole, à l’emplacement de l’actuelle église Santa Maria d’Aracoeli.
Un temple y était dédié à Junon Moneta « Celle qui avertit ». Selon la tradition rapportée par un manuscrit du XII siècle, alors que l’empereur Auguste avait interrogé la sibylle de Tibur pour savoir si il y aurait un jour un homme plus grand que lui, dans une grande splendeur, une vierge lui apparut, sur l’autel du temple, tenant en ses bras un enfant, et une voix venant du ciel dit :
« Voici la vierge qui va concevoir le sauveur du monde » puis « Celle-ci est la chère fille de Dieu »
De nombreux auteurs chrétiens ont identifié cette vierge apparaissant à l’empereur païen comme la Vierge Marie et l’apparition comme une annonce de la naissance du Christ. Le fait, dont le caractère merveilleux pourrait s’accorder avec les apparitions attestées par l’histoire, ne peut pourtant être tenu pour authentique. Le récit, très tardif, qui rapporte l’événement supposé est à l’évidence une composition érudite de traits tirés de sources multiples.
Les 2 apparitions les plus anciennes de Marie
- L’apparition à Grégoire le Thaumaturge est la plus ancienne apparition privé de la Vierge actuellement attestée
- L’apparition au Puy serait la plus ancienne apparition publique.
L’apparition à Grégoire le Thaumaturge
Grégoire, évêque du III siècle, alors qu’il s’interrogeait avec angoisse sur la manière de prêcher correctement la doctrine de la Trinité, vit la Vierge Marie et saint Jean l’Evangéliste lui apparaitre. Comme en une évidence aveuglante, ses questions trouvèrent réponse. Et il put prêcher une doctrine trinitaire exacte. De fait la Profession de foi de Grégoire le Thaumaturge contient un très bel exposé sur la Trinité, qui sera repris par le V concile oecuménique.
Le récit de cette apparition se trouve dans la « Vie du bienheureux Grégoire le Thaumaturge écrite par saint Grégoire de Nysse ( 335-395 ), plusieurs décennies avant le concile d’Ephèse. L’apparition à Grégoire le Thaumaturge est donc la plus ancienne apparition de la Vierge actuellement attestée, apparition à caractère privé, c’est-à-dire destinée essentiellement à l’édification personnelle du voyant.
Saint Jean l’Evangéliste lui donne même un symbole de foi, appelé par la suite le symbole de saint Grégoire le Thaumaturge, et dont l’Eglise de Néocésarée se servit longtemps pour enseigner les catéchumènes, au témoignage de saint Grégoire de Nysse :
Je crois en un seul Dieu, Père du Verbe vivant, de la Sagesse subsistante et puissante qui est l’expression éternelle de lui-même, principe parfait du Fils unique et parfait qu’il engendre. Un seul Seigneur, unique engendré de l’unique, Dieu de Dieu, Verbe efficace, Sagesse embrassant et contenant l’univers, puissance créatrice de toute créature, vrai Fils d’un vrai Père. Et un seul Saint-Esprit tenant de Dieu l’être divin, révélé aux hommes par le Fils dont il est le parfait semblable, vie causant la vie, sainteté donnant d’être saint. Trinité parfaite, immuable, inséparable en gloire, éternité, domination.
L’apparition de la Vierge Marie au Puy
Si l’on se réfère aux mariographes des siècles passés, qui s’appuient eux-mêmes sur des récits plus anciens ( le plus ancien datant du XII siècle), on peut reconstituer ainsi le récit de cette première apparition mariale en France.
Au temps de saint Georges, premier évêque de Velay au Ier siècle, une femme, nommée Vila, atteinte depuis longtemps d’une forte fièvre dont elle n’arrivait pas à se débarrasser, se fit porter, une nuit, sur le mont Anis, s’allongea sur une pierre, qui passait pour guérir les fièvres, et s’y endormit. La Vierge lui apparut, lui demanda d’aller trouver l’évêque Georges pour qu’il construise sur les lieux une église qui lui soit dédiée.
La guérison de Vila serait le signe qui convaincrait l’évêque de la réalité de l’apparition. Vila se réveilla effectivement guérie et alla trouver l’évêque. Celui-ci, convaincu du récit qu’elle lui avait fait, se rendit sur le mont Anis avec son clergé. C’était le 11 juillet. Deux prodiges eurent lieu : l’endroit où avait eu lieu l’apparition et lui seul, était couvert de neige et un cerf, tout à coups, s’y lança et traça de ses bois les pourtours de la futur église.
L’Evêque Georges ne pouvant, faute de moyens financiers, entreprendre la construction de l’église, fit du moins entourer le périmètre sacré d’une palissade en bois. Près de deux siècles plus tard, en 221 dit la tradition, une autre dame, percluse de tous ses membres, eut, en son sommeil, une vision de la Vierge qui lui commanda d’aller se faire porter sur le mont Anis et que là, elle recouvrerait las santé. Ce qu’elle fit. Près de la palissade édifiée jadis par l’évêque Georges, la Sainte Vierge lui apparut en lui ordonna d’aller demander à l’évêque, qui s’appelait Vosy, de construire l’église jadis demandée.
L’évêque Vosy se montra prudent, jeûna et pria trois jours avec son clergé, avant de venir sur le mont Anis. Puis il alla jusqu’à Rome consulter le pape Calixte. Le souverain pontife ayant approuvé le projet, l’évêque Vosy ordonna la construction d’une église à l’emplacement des deux apparitions. Telle est, élaguée de quelques autres prodiges de moindre signification, la légende de Notre-Dame-du-Puy.
Etude critique des manuscrits de Puy
L’étude critique des manuscrits a été réalisée. Les deux événements rapportés plus haut sont issus, en réalité, de document différents. Une étude linguistique et historique permet de montrer diverses incohérences dans cette double apparition, aux épisodes si étrangement similaires. Saint Georges, par exemple, ne fut pas le premier évêque du Puy, mais probablement le huitième. Vosy fut le premier évêque et n’a construit aucune église au Puy.
C’est un autre évêque, Scutaire (évêque dans les années 415-430), qui a construit le premier sanctuaire. Mais cette étude critique, qui pulvérise la légende d’une apparition dés la première moitié du 1er siècle, a dégagé aussi un noyau de véracité qui est loin d’être négligeable.
On sait que le premier sanctuaire dédié à Notre-Dame du Puy, comprenait en effet un dolmen ( la fameuse pierre qui a guéri les dames des récits anciens). On sait aussi que ce dolmen était vénéré au moins depuis le VI siècle. N’est-ce pas parce qu’il y eut bien une apparition mariale en cet endroit, voire sur cette pierre, que le sanctuaire a été construit ? Il a fallu un événement surnaturel pour que, dans ces siècles de christianisation de la Gaule, on ait osé inclure un dolmen dans une cathédrale.
Les pierres « Païennes » étaient généralement abattues et enfouies, celles qui ont subsisté et ont parfois continué à être vénérées des fidèles, l’ont été sans l’accord du clergé. Souvent d’ailleurs elles étaient situées à l’écart des lieux de culte et des habitations. Ici au Puy, le dolmen est dans la cathédrale. A Fayard estime que ce « mégalithe, étant donné son passé de culte païen, ne pouvait avoir été inclus dans la cathédrale et y reste encore après XV siècles sans que l’évêque eût jugé authentique et surnaturelle l’apparition qui fit de lui un objet chrétien. En ce cas le jugement favorable de l’évêque ne s’est pas tardivement rallié à un mouvement de vénération populaire que les lois de l’Eglises l’eussent au contraire obligé à combattre et à extirper.
L’apparition aurait donc précédé de peu la construction du premier sanctuaire. Mais, quand les récits de l’événement on été collationnés, on a voulu le relier à l’histoire la plus ancienne de la christianisation dans la région. On ne peux manquer de rapprocher l’origine du sanctuaire de Notre-Dame-Du-Puy de celle de la plus grande des églises élevées en l’honneur de la Vierge Marie : la basilique Sainte-Marie-Majeures, à Rome.
Le Puy, donc, peut prétendre au titre de plus ancien lieu, connu à ce jour, d’apparition mariale à caractère public, mais situer les faits au Ier siècle n’est pas possible.
Source : Yves Chiron « Enquête sur les apparitions de la Vierge«