Chapitre II – Dieu Amour
I.Amour de Dieu le Père pour son Fils et du Fils de Dieu pour son Père
Le Père éternel parla ainsi par la bouche de sainte Madeleine de Pazzi :
« l’âme de mon Verbe, se tenant dans mon sein, me regarde et je la regarde moi-même avec un regard de contemplation, d’admiration, d’amour, d’anéantissement, de pureté, de paix, de conseil, de piété, de libéralité, de miséricorde, de justice, de bonté, de sagesse, de puissance, de communication, de vérité, d’union, d’éternité, de clarté, de transformation et de glorification…O ma fille, épouse de mon fils unique, écoutez attentivement, si vous voulez comprendre ce que je vais vous dire : au moment où l’âme du Verbe entra dans mon sein (au jour de l’Ascension) elle me regarda, mais d’un regard ineffable et incompréhensible pour vous, et ce regard fut pour elle la source d’une joie immense.
Sans doute elle jouissait déjà de la gloire auparavant, puisqu’elle ne cessa de m’être unie depuis son Incarnation, mais elle en reçut alors une auréole plus éclatante que je lui donnais en récompense de la victoire qu’elle venait de remporter sur la mort et le péché ; comme aussi de l’obéissance et de l’amour avec lequel elle avait accompli l’œuvre de votre Rédemption, que je lui avais imposée, amour si ardent et si immense que nulle créature ne peut s’en faire une idée, bien loin de le comprendre. La beauté de cette âme, rehaussée par la splendeur de cette gloire
nouvelle et par cet amour immense, que je voyais dans mon Verbe pour la créature, me plut tellement, qu’au moment ou elle entra dans mon sein et fixa ses regards sur moi, je fixais aussi les miens sur elle, et ce regard réciproque, qui rendit plus ardent ce foyer d’amour et plus éclatante cette gloire de la divinité, fit jaillir sur la terre une abondante et ineffable rosée de grâces… »
Demande de l’âme : Dites-moi, je vous prie, ô mon Père, ce que le Verbe regardait dans votre sein.
Réponse du Père :
« Il regardait la divinité et l’égalité qu’il tient de moi, qui suis, en qualité de Père le principe et la source vitale de la Très Sainte Trinité, à laquelle son âme était unie en moi. Il regardait avec une complaisance infinie cette Essence divine qu’il avait reçue de moi, et son âme se contemplant en moi comme dans un miroir voyait les grâces immenses, les trésors infinis qui Lui avaient été communiqués par cette union et qu’elle recevait à un titre nouveau en vertu de ce regard. » (Ire part., ch. XXIV.)
Dieu nous a aimés avant de nous créer et cet amour est tout gratuit Notre-Seigneur dit à sainte Catherine de Gênes :
« Si tu savais combien j’aime les âmes tu ne pourrais plus jamais savoir autre chose en cette vie ; car cette connaissance te ferait mourir ; et si tu vivais, ce serais par l’effet d’un miracle… Mon amour est infini et je ne puis qu’aimer ce que j’ai créé. La cause de mon amour n’est autre que lui-même, et comme tu n’es pas capable de l’entendre, demeure en paix et n’entreprends pas de chercher ce que tu ne saurais trouver. » (Dialogue, IIe part., ch. V, p. 347.).
Seigneur, disait la même sainte, qu’est ce donc que l’homme dont vous avez tant de soin ! Je ne sais si vous êtes son Seigneur ou son serviteur ; il semble que l’amour vous ait aveuglé à tel point que vous ne connaissiez plus nos misères.
Le Seigneur lui répondit : Tu demandes une chose si grande que tu ne saurais la comprendre ; mais pour contenter ton intelligence faible et
pauvre, je t’en montrerai quelque chose ; si je t’en donnais une plus claire vue, tu ne pourrais vivre, à moins que la grâce ne te soutînt…
« Sache d’abord que je suis Dieu immuable et que j’aimais l’homme avant de le créer. Je l’aimais d’un amour infini, pur, simple, sans cause aucune ; je ne puis pas ne pas aimer ce que j’ai créé et destiné selon son degré à contribuer à ma gloire. De plus j’ai amplement pourvu l’homme de tous les moyens convenables pour parvenir à sa fin. Je lui ai accordé des dons naturels et des grâces surnaturelles, qui, de ma part, ne lui manquent jamais. De plus mon amour infini l’entoure par divers moyens et voies afin de le soumettre à ma providence, et je ne trouve rien qui me soit contraire que le libre arbitre dont je l’ai doué. Je combats toujours ce libre arbitre par l’amour jusqu’à ce que l’homme me le donne et m’en fasse un présent ; puis, après l’avoir accepté, je le réforme peu à peu par une opération secrète et avec un soin amoureux et jamais je ne l’abandonne que je ne l’ai mené à la fin à laquelle il est destiné. » (IIIe part., ch. 1er, p. 372.)
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Dieu nous aime malgré nos défauts qu’Il combat sans cesse
« Quant à ton autre question : pourquoi j’aime cet homme qui m’est si contraire et qui est plein de misères, dont l’infection monte de la terre au ciel, je te réponds : à cause de mon infinie bonté et du pur amour dont j’aime l’homme, je ne puis m’arrêter à ses défauts, ni cesser de faire mon oeuvre, laquelle consiste à le combler toujours de bien.
Je lui montre ses faiblesses à ma lumière et les lui fais connaître ; lorsqu’il les connaît, il les pleure, et lorsqu’il les pleure, il s’en purifie. Mais je suis offensé par l’homme lorsqu’il met obstacle à l’opération que j’ai ordonnée pour le mener à sa fin, en d’autres termes lorsque mon amour ne peut agir selon les besoins de la créature ; cet obstacle, c’est le péché.
Quant à cet amour que tu demandes à connaître, tu ne saurais le comprendre, car il n’a ni forme ni mesure ; tu ne peux le connaître par la voie de l’entendement, parce qu’il n’est pas intelligible ; il se connaît quelquefois par ses effets. Quiconque qui n’aurait pas perdu la foi et verrait les effets que je produis dans les hommes par ces rayons d’amour que je répands secrètement dans leurs cœurs, en serait certainement enflammé à tel point qu’il ne pourrait vivre, car la véhémence de cet amour le réduirait à néant.
Quoique la créature soit presque toujours dans l’ignorance à cet égard, tu vois cependant que poussés par cet amour inconnu, des hommes abandonnent volontairement le monde, les biens, les amis, les parents ; les autres amours et les plaisirs leur deviennent alors odieux. Cet amour porte l’homme à se vendre pour être esclave, à devenir sujet des autres jusqu’à la mort ; il augmente tellement qu’il ferait endurer mille martyres, comme l’expérience le fait voir continuellement. » (Dialogue, IIIe part., ch. Ier.) .
L’amour de Dieu pour nous est toujours en éveil
L’Éternel dans son Ineffable clémence jeta sur Catherine (de Sienne) un regard plein de tendresse et voulut lui expliquer comment la divine providence ne manque jamais à personne. Il s’exprime ainsi :
« O ma fille bien aimée, combien de fois te l’ai-je répété, oui je veux faire miséricorde au monde et assister chacun selon ses besoins ; mais l’homme ignorant trouve la mort où j’ai placé la vie et il se rend ainsi cruel à lui-même. Moi, je veille toujours et je veux que tu saches que ce que je donne à chacun est réglé par mon infinie providence. Avec ma providence j’ai créé l’homme et quand je l’ai regardé en moi-même, je me suis passionné pour la beauté de ma créature, car il m’avait plu de la créer à mon image et à ma ressemblance. » (Dialogue, ch. CXXXV, n°1 et 2.)
Sainte Brigitte vit un jour, assis entre les saints sur un siège majestueux, Jésus-Christ, qui lui dit ces paroles :
« Je suis la vraie charité ; tout ce que j’ai fait de toute éternité je l’ai fait par amour ; de même tout ce que j’ai fait et ferai procèdera de mon amour. Mon amour est aussi grand et aussi incompréhensible maintenant qu’il l’était le jour de ma passion, quand par ma mort, dans un excès d’amour je délivrai des limbes tous mes élus. S’il était possible que je mourusse tout autant de fois qu’il y d’âmes en enfer, je souffrirais pour chacune d’elle comme je souffris alors pour toutes ; mon corps serait encore tout disposé à endurer tous ces tourments. » (Liv.VII, ch. XIX.)
L’amour de Dieu pour nous est fort, éternel, plein d’ardeur
O Seigneur, disait Mechtilde de Magdebourg, aimez-moi beaucoup, aimez moi souvent, aimez-moi longtemps… Elle entendit cette réponse :
« Que je t’aime souvent, cela est dans ma nature, car je suis moi-même l’amour. Que je t’aime fortement, c’est selon mon désir, car je veux être fortement aimé. Enfin que je t’aime longtemps, cela est du ressort de mon éternité, car je suis sans fin. » (Liv. IV, ch. V.)
Sainte Mechtilde vit le Seigneur ouvrir la plaie de son très doux Coeur, et il lui dit :
« Regarde toute l’étendue de mon amour pour bien le connaître ; tu ne pourras le trouver nulle part plus clairement que dans les paroles de l’Évangile car on n’en jamais entendu qui exprimassent un amour plus fort ou plus tendre que celles-ci : Comme mon Père m’a aimé, ainsi je vous ai aimé (Jean XV, 9), ainsi que d’autres semblables que j’ai adressées tant à mes disciples qu’à mon Père en comblant ceux-là de mes bienfaits. » (Ière part., ch. XXI.).
Un jour Notre Seigneur dit à sainte Angèle de Foligno :
« Ma fille, ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée. »
Cette parole, écrit la chère sainte, me porta dans l’âme un coup mortel, car mes yeux s’ouvrirent, et je vis dans la lumière de quelle vérité cette parole était vraie. Je voyais les actes, les effets réels de cet amour et jusqu’où, en vérité, il avait conduit le fils de Dieu. Je vis ce qu’il supporta dans sa vie et dans sa mort pour l’amour de moi par la vertu réelle de cet amour indicible qui lui brûlait les entrailles. Non, non, il ne m’avait pas aimée par moquerie, mais d’un amour épouvantablement sérieux, vrai, profond, parfait, et qui était dans ses entrailles. Et alors, mon amour à moi, mon amour pour lui m’apparut comme une mauvaise plaisanterie, comme un mensonge abominable. Ici, ma douleur devint intolérable, et je m’attendais à mourir sur place. Et d’autres paroles vinrent qui augmentèrent mes souffrances :
« Ce n’est pas par grimaces que je me suis fait ton serviteur, ce n’est pas de loin que je t’aie touchée. »
« Eh bien ! moi, m’écriai-je, c’est tout le contraire. Mon amour n’a été que plaisanterie, mensonge et affectation. Je n’ai jamais voulu approcher de vous en vérité, pour partager les travaux que vous avez endurés pour moi, et que vous avez voulu endurer ; je ne vous ai jamais servi dans la vérité et dans la perfection, mais dans la négligence et dans la duplicité. » (Hello,ch. XXXIII ; Doncoeur, p.240 ; Ferré, p. 341.)
Une nuit que sainte Mechtilde se trouvant éveillée saluait le Seigneur du plus profond de son coeur, elle Le vit venir à elle du palais du ciel et lui dire en plaçant son Coeur divin sur son propre coeur :
« Une abeille ne se précipite jamais dans les prés verdoyants pour y butiner parmi les fleurs avec plus d’avidité que je suis prêt à venir dans ton âme quand elle m’appelle. » (IIe part., ch. III.)
Un jour, la même sainte s’inclinant sur le sein de son Bien-aimé entendit à l’intérieur du Coeur divin résonner comme trois battements :
« Ces trois battements, lui dit le Seigneur marquent trois paroles que j’adresse à l’âme aimante. La première est : viens, c’est-à-dire sépare-toi de toutes les créatures ; la seconde est : entre, avec la confiance d’une épouse ; la troisième : dans le lit nuptial qui est le Coeur divin. » (Ire part., ch. XX.)
L’amour de Dieu pour nous est d’une profondeur infinie.
Il m’arriva, raconte Marcelline Pauper, qu’étant au lit une voix forte m’éveilla, me disant :
« Lisez. »
Je vis une grande lumière et une main qui me présenta ce mot écrit en lettres d’or :
« amour ».
Je considérai fort attentivement l’O qui se trouve au milieu de ce mot, dont la figure était très parfaite. La voix me dit :
« Considère »
et je vis dans cette main écrit de même en caractères d’or : Croix, l’O également au milieu d’une beauté infinie et il me fut dit :
« L’un s’éprouve par l’autre. » (Vie, ch. VI.)
Le coeur de l’homme fait les délices de Jésus.
Le Coeur de Jésus se révélait à sainte Mechtilde :
« Rien ne me donne autant de délices que le coeur de l’homme, dont je dois toutefois souvent me passer. J’ai tous les biens en abondance, le coeur de l’homme seul m’échappe souvent. » ( IVe part., ch. XXXIV.)
Les maux comme les biens viennent de l’amour.
Notre-Seigneur, dit Soeur-Marie-aimée de Jésus, me montra qu’il m’avait créée pour lui en me plaçant dans le choeur de ses vierges ; que de même que dans la cire une partie est recueillie pour brûler devant son tabernacle, et l’autre pour des usages vulgaires, de même il m’avait attirée dans le cloître afin que son amour me consumât en sa sainte présence. Puis Il lui découvrait de combien de maux elle eût été affligée en cette vie, si elle avait eu le malheur d’être assez ingrate pour Lui préférer une créature ; et elle comprit que la vengeance de ce céleste Epoux eût été une vengeance d’amour dans le seul but de la ramener à Lui. Et Notre-Seigneur lui dit :
« Si l’épouse infidèle eût été si ardemment aimée, combien penses-tu que doit l’être l’épouse fidèle ? »
L’amour souffre de ne pouvoir donner.
Étant à l’Église devant le Saint Sacrement, raconte Madeleine Vigneron, Notre-Seigneur me fit connaître que le refus des grâces Lui est insupportable, car Il n’est dans le Saint Sacrement que pour les communiquer. Ne trouvant personne sur qui décharger son amour, cet amour est comme un feu renfermé qui Le consumerait entièrement s’il en était capable et qui Lui causerait beaucoup plus de souffrances que son Père ne Lui en avait envoyé sur la croix. (Vie, IIe part.,ch XV)
Jésus est heureux d’avoir souffert pour nous
La vigile de sainte Claire, Marguerite de Cortone après avoir reçu dévotement le corps du Fils de Dieu, l’entendit lui dire :
« Fille bénie, pour l’amour de qui j’ai pris un corps dans le sein de la bienheureuse Vierge Marie, qu’elles soient bénies, ces peines auxquelles je me suis soumis pour toi ! Qu’elle soit bénie aussi mon Incarnation. Bénis soient également les travaux que j’ai endurés ! Béni soit enfin l’amour qui m’a uni aux hommes ! Je compte peu de justes en ce moment parmi mes enfants par rapport au nombre des méchants. N’en eussé-je qu’un seul dans le monde, je bénirais à cause de lui toutes les souffrances que j’ai endurées. » (Sa vie, par son confesseur, traduction Brivain, ch. V, § 44.).
Notre bon Sauveur me dit, raconte Julienne de Norwich :
« Vois combien je t’ai aimée. »
« Ma bien-aimée vois donc, moi qui suis ton Seigneur et ton Dieu, ton créateur et ton bonheur sans fin, quelle satisfaction et quelle joie je trouve dans ton salut, et par amour pour moi, réjouis-toi avec moi. Je t’ai aimée à ce point qu’avant de mourir pour toi, je le désirais ardemment. Et maintenant que je l’ai fait, après avoir souffert volontiers tout ce que j’ai pu souffrir, mes souffrances les plus affreuses sont changées en une joie, en un bonheur éternel pour toi comme pour moi. Comment pourrait-il se faire que si tu me demandes n’importe quoi de ce qu’il te plaît, je n’éprouve pas un grand plaisir à te l’accorder. » (Xeme Révélation,trad. Meunier, p.96.)
« Es-tu contente de ce que j’ai souffert pour toi ? »
dit à Julienne de Norwich le bon Sauveur.
« Oui mon bon Maître, soyez-en béni. »
« Eh bien si tu en es satisfaite, je le suis encore davantage ; c’est pour moi une joie, un bonheur, une satisfaction sans fin d’avoir enduré ma passion pour toi, et si je pouvais souffrir encore plus, je le ferais. » (Ch. 22.)
Il est heureux parce que ses souffrances sont la cause de notre bonheur :
« Tant que j’ai été sur la terre, a-t-il dit à Marguerite de Cortone, mon corps n’a pas eu un seul jour de bonheur complet, et pourtant j’enivre ici-bas mes amis des joies célestes en leur donnant le repos et la paix. » (Vie intime, IX, 38.)
L’amour de Dieu est gratuit
La Mère Françoise de la Mère de Dieu étant un jour dans un profond sentiment de sa bassesse et de son indignité, disait à Notre Seigneur : Vous savez ce que je suis ; que ne faites-vous vos miséricordes à des âmes qui vous soient fidèles, pourquoi vous arrêter à un si chétif rien ? Il lui dit :
« Je sais bien que vous n’êtes rien, et ce n’est pas à cause de ce que vous êtes, mais parce que vous avez dérobé mon coeur. Oui, par ma seule bonté, je me suis laissé dérober mon coeur, et parce que par ma miséricorde, je me suis établi en vous, je ne puis rien vous refuser. » (Vie. Ch. XIII, P 186.)
Une autre fois, le Seigneur lui dit :
« Celles auxquelles je veux me donner ne doivent pas penser qu’elles sont mieux disposées que les autres, mais je veux me donner à elles pour les exciter à m’aimer et me servir plus fidèlement. Quand je suis venu sur la terre, je n’y ai trouvé que pécheur et péchés, et je n’ai pas laissé de venir pour les attirer à moi. Ainsi, quoiqu’il y ait de l’imperfection dans une âme, je ne laisse pas de me donner à elle pour l’attirer par ma bonté. » (Vie, ch. XXVIII, p .384.)
Dieu aime certaines âmes d’un amour de préférence
Dieu dit un jour à sainte Véronique Juliani :
« Je t’ai choisie pour ma plus grande gloire. Ce qui te manque, je le suppléerai par ton amour. Je veux te faire tant et de si grandes grâces, que tu deviennes un incendie d’amour : tu seras embrasée et tu communiqueras tes ardeurs au prochain comme je le voudrai ; et j’opérerai tout par ton intermédiaire. Mais je te fais savoir que désormais je ne veux plus d’ingratitude, mais fidélité et pur amour. » (Diario, 10 giugno 1699.)
Combien d’âmes aimées d’un amour de prédilection, prévenues de grâces de choix, ne répondent pas aux desseins de Dieu !
La fidélité rend l’âme plus chère à Dieu
A une personne, très vraisemblablement sainte Gertrude qui nous a transmis ce fait, qui priait pour sainte Metchilde le Seigneur dit :
« Ma bien-aimée pour qui tu m’as si souvent rendu des actions de grâce, entre les vertus insignes qu’elle possédait, m’a plu surtout pour les suivantes : pour son parfait renoncement à elle-même, pour l’union parfaite de sa volonté et de la mienne, car elle n’a jamais voulu que l’accomplissement de ma volonté et toutes mes oeuvres et mes jugements avaient toujours son assentiment. Ensuite elle était très compatissante, portant secours et consolation avec une admirable affection à tous les affligés. Quatrièmement elle aimait absolument le prochain comme elle-même et de toute sa vie elle n’a fait aucun mal au prochain. Cinquièmement elle eut un coeur tranquille et pacifique et jamais elle ne permit qu’il y séjournât rien qui pût troubler mon repos en elle… rendez-moi grâces pour tout le bien que j’ai opéré et opère encore en elle et que j’opérerai dans toute l’éternité, spécialement pour ces délices et ce doux repos que j’ai goûtés en elle, pour ce courant de félicité que j’ai versé en
elle, pour la sainte opération de mon Esprit en elle, et pour la parfaite jouissance qui me permettait de goûter en elle mes délices les plus chères » (Ve part., ch.XXVI.)
Jésus intercède près de son Père pour l’âme imparfaite et indifférente
Dans sa jeunesse la vénérable Élisabeth Canori bien que remplissant fidèlement ses devoirs de religion n’était pas pieuse. Plus tard, comme elle demandait à Jésus : Mon bien-aimé Jésus, que pensiez-vous quand j’étais si éloignée de vous ? Peut-être pensiez-vous à m’écraser des foudres de votre justice. Et Jésus, dit-elle, lui répondit :
« Non, ma chère fille ; je plaidais ta cause auprès de mon Père avec autant d’instances que si ma félicité eût dépendu de la possession de ton amour. » ( Ch. III..)
Une autrefois. Il lui déclara que ses ingratitudes n’avaient ni diminué, ni altéré l’amour qu’Il avait toujours eu pour son âme et ne l’avait pas empêché de Lui accorder toutes les grâces qu’Il lui aurait accordées si elle eût correspondu fidèlement. (Ch. XXXV.)
Il lui avait donc été donné de regagner par sa générosité les pertes qu’elle avait faites.
II. Tendresses de Jésus
Le Seigneur se plaît à nous redire son amour
Toutes les fois que la vénérable Esprite de Jésus, du Tiers-Ordre de Saint-Dominique, prononçait le très saint Nom de Jésus, elle croyait entendre ce doux Sauveur lui répondre dans le fond de son coeur :
« Je te regarde toujours ! »
et lorsqu’elle disait :
« Où êtes-vous, mon Dieu ? »
elle croyait entendre la même voix lui dire :
« Je suis dans ton coeur, mon amour ! »
Quand elle élevait les yeux vers le ciel, Dieu la remplissait d’une pensée très vive de l’amour qu’il avait pour elle ; elle croyait alors intérieurement ces paroles du prophète :
« Je t’ai aimé de toute éternité ! »
Lorsqu’elle se sentait triste à la vue de ses misères, elle croyait que Jésus lui disait :
« Je t’aime de tout mon coeur. »
Un jour après la sainte communion, son âme étant pénétrée de la pensée de l’amour qu’avait pour elle son Sauveur, Il lui dit :
« Mon épouse, ma fille, mon coeur est à toi, mon coeur t’aime, tous les anges te regardent, et ils sont ravis de voir l’amour que j’ai pour toi ! » Ch. X.)
Comme sainte Gertrude s’étonnait que Jésus la comblât de ses faveurs et de ses largesses divines, elle si peu digne, le Seigneur lui dit :
« L’amour m’a forcé. » (Liv. III, ch. XVI)
Comment Jésus prend ses complaisances dans l’âme fidèle
Elles sont touchantes les louanges adressées par Jésus à Soeur Mechtilde :
« Tu es une lumière devant mes yeux, tu es une lyre à mes oreilles, tu es la voix de mes paroles, tu es l’honneur de ma sagesse, tu es une vie dans moi vivant, tu es une louange dans mon existence. » (Liv. IV, ch. IX.)
Et une autre fois :
«Tu es mon désir, tu es le sentiment de mon amour, tu es un doux rafraichissement pour mon sein, tu es un baiser puissant de ma bouche, tu es la joie délicieuse de mes merveilles. Je suis en toi et tu es en moi ; nous ne pouvons être plus rapprochés, car nous sommes tout deux fondus et passés en une seule forme et nous resterons ainsi éternellement sans nous lasser jamais. » (Liv. IV, ch. X.).
« Je t’ai désirée avant le commencement du monde ; je te désire et tu me désires. Quand deux désirs ardents se rencontrent, c’est l’amour parfait. » (Liv. VII, ch. XVI.).
Jésus prend ses délices dans tout ce que ses bien-aimés font pour Lui
Sainte Gertrude disait au Seigneur :
« Je ne puis rien trouver sur la terre en quoi je puisse me plaire, sinon vous seul, mon Seigneur si doux. »
« Et moi, répondit le Seigneur, je ne trouve au ciel et sur la terre aucunes délices sans toi, parce que je t’associe par l’amour à toutes mes joies en sorte que je ne jouis d’aucune douceur que je n’en jouisse avec toi ; car plus il y a pour moi de douceur, plus il y a pour toi de fruit. » (Liv. Ier, ch.XI.)
« Mon amour s’est tellement enlacé en toi que je ne puis vivre heureux sans toi…Celui qui a toujours été privé d’un membre, n’en éprouve pas de douleur, comme celui à qui on le coupe lorsqu’il a grandi ; aussi depuis que j’ai placé mon amour sur toi, je ne pourrais souffrir que nous fussions séparés. » (Liv. III, ch. V.)
« L’oeil de ma divinité se plaît d’une manière ineffable à s’arrêter sur toi, que j’aie crée si belle et si agréable en tout par tant de grâces et de faveurs dont je t’ai enrichie. Mon oreille reçoit comme les sons de la plus douce harmonie, toutes les paroles d’amour que tu m’adresses quand tu me pries pour les pécheurs ou pour les âmes du purgatoire, ou que tu reprends, ou que tu instruis, ou que tu profères de quelque manière que ce soit une parole pour ma gloire. Quand même il n’y aurait aucune utilité pour personne ou aucun résultat, toutefois à raison de ta bonne volonté et de l’intention pure qui n’a que moi pour objet, cela résonne avec suavité dans mes oreilles et vient m’émouvoir jusqu’au fond de mon divin Coeur.
L’espérance aussi qui te fait sans cesse soupirer après moi exhale pour moi une odeur délicieuse. Tes gémissements et tes désirs sont à mon goût plus agréables que les mets les plus exquis. Enfin je trouve dans ton amour les charmes des embrassements les plus doux. » (Liv.III, ch. I.)
Une nuit que Gertrude, forcée par la maladie, n’avait pu rester que fort peu de temps à Matines : Que peut-il vous revenir de gloire, mon Seigneur dit –elle, des courts instants qu’une indigne comme moi a pu consacrer aux divins offices ?
«Quel avantage, lui fut-il répondu, un époux peut-il retirer des tendresses que son épouse pendant l’espace d’une seule nuit lui prodigue pour contenter son propre coeur ? Or aucun époux n’a jamais pu trouver autant de charme aux caresses de son épouse que je n’en goûte même dans le court instant où mes élus me donnent leur coeur pour que je me délecte avec eux. » (Liv. IV, ch. XXXVIII.)
Aime-moi, puisque je t’aime
Marguerite de Cortone, toute confuse des paroles de tendresse que Jésus lui adressait, s’en regardait comme très indigne et disait :
« Si ces paroles flatteuses que je viens d’entendre sont celles de l’ennemi qui se transforme en ange de lumière, je t’ordonne de cesser de parler et de t’éloigner. »
« Celui qui te parle, répondit Jésus, est Celui que tu as crucifié, Celui qui t’a ressuscitée de la mort du péché, Celui qui t’appelle aux amertumes de la pénitence, par lesquelles l’âme se purifie de toute souillure. Moi, ton Rédempteur, que tu aimes et que tu recherches en tout, je te dis que tu es ma fille bien-aimée, que je veux t’enrichir des dons les plus précieux de ma grâce à ce point que nulle femme de ton temps n’en a encore reçu de si grands…Aime-moi donc, puisque je t’aime. Publie mes louanges et je te louerai et te ferai louer dans le monde entier…Toutes les grâces que tu as reçues jusqu’à ce jour ne sont rien en comparaison de celles que je te réserve, car l’oeil ne saurait voir, le coeur n’oserait penser ni croire aux grâces sublimes que je me dispose à t’accorder…
Ma fille, mon Père t’aime, ma Mère et tous les saints aussi…Tu es ma fille, parce que tu m’obéis. Tu es mon épouse, parce que je suis ton seul amour; tu es ma Mère parce que tu accomplis dans la mesure de tes forces les volontés de mon Père et j’ajoute que sur la terre il n’y en a pas que j’aime plus que toi. Cependant que ces paroles ne te remplissent pas de présomption, car ces consolations tu ne les a pas encore achetées ; un temps viendra ou tes souffrances t’apprendront le prix que m’a coûté ton salut. »
« Seigneur Jésus, pourrai-je supporter ces peines ? »
« J’en ai souffert de plus grandes pour toi, ma fille »,
répondit Jésus. (Vie intime, ch. IV, § 3, 7, 8.)
Les invitations affectueuses de l’Epoux divin.
Jésus dit à sainte Véronique Juliani :
«Je suis ton Epoux. Quand donc te décideras-tu à m’aimer véritablement ? Je suis tout à toi ; je viens à toi pour t’attirer en moi ; je viens à toi pour faire une seule chose avec moi ; je viens à toi pour te transformer toute en moi. » (Diario, 18 giugno 1697.)
Le Seigneur, dit la bienheureuse Marie-Madeleine Martinengo, dans son infinie bonté m’adressait intérieurement des paroles d’une céleste douceur. Si, transpercée de douleur pour mes péchés, je Lui demandais pardon, Il me répondait dans le sanctuaire intime de mon coeur :
« Ma fille, tu as été déjà purifiée dans mon sang. »
Si je Lui demandais sa sainte dilection, je voyais s’ouvrir son divin Coeur. Il plaçait dans cette fournaise d’amour mon coeur qui restait enflammé de saintes ardeurs. Si je lui disais : Mon Dieu, je suis toute à vous, Il me répondait :
« Et moi, ma fille, je suis tout à toi. »
A chaque parole que je lui adressais, j’entendais en retour des paroles de vie éternelle qui me liquéfiaient de douceur. Elle n’était encore que pensionnaire. (Vie, ch. II.)
Le vénérable Bernard-François de Hoyos ayant passé par des épreuves intimes très pénibles, reçut, le 15 août 1730, la faveur du mariage spirituel :
« Désormais, lui dit le Seigneur, tu es à moi et je suis à toi ; tu peux te dire et signer Bernard de Jésus ; tu es Bernard de Jésus et je suis Jésus de Bernard ; mon honneur est le tien, et ton honneur est le mien. » (Vida, ch. XII.)
« Ma fille disait le Seigneur à la bonne Armelle, tu est la fille de l’amour. »
Jésus dit à Soeur Saint-Martinien, le 17 octobre 1861, après la sainte communion :
« tu es mon épouse, tu es ma fille, tu es chère, oui, bien chère à mon Coeur ; ma Mère et mes saints t’aiment ; mon Père et l’Esprit-Saint te voient ils contemplent avec plaisir le triomphe de ma grâce en toi. Je t’aime, mais aime moi bien, toi aussi. Ne crains pas, je serai toujours avec toi ; mais sois-moi bien fidèle. Fais connaître tout à ton père spirituel et obéis en tout et partout. Demande-moi ce que tu voudras, car je suis ton Epoux, mais aussi ton Créateur, ton Dieu, ton Père ; demande, ne crains pas. »
Une autre fois, le 1er novembre 1861, Jésus lui dit encore :
« Aime-moi et je t’aimerai ; si mon Coeur a besoin d’être aimé, le tien en a aussi besoin. Prends part à mes peines et je prendrai part aux tiennes. »
Ma bien-aimée est à moi et je suis à elle
Jésus adressait parfois à Sœur Marie-Josèphe Kumi des paroles d’une ineffable tendresse :
« J’ai une épouse qui demeure cachée en mon Coeur et qui est au gré de mon Coeur ; elle a ma forme ; elle est vêtue de la couleur de mon vêtement, elle tient les clefs à la main, et en véritable épouse, elle règne sur les inépuisables trésors de ma charité. Les flèches de son amour blessent mon Coeur. Le sien est toujours ouvert pour que je puisse y venir à volonté et me soulager par sa tendresse des injures que je reçois des hommes. La bonne volonté de son coeur m’a tellement charmé que je l’ai faite maîtresse de mes trésors ; elle est enrichie de l’or de mon pur amour ; plongée dans la mer insondable de la paix, et pourtant elle ne s’y abreuve pas (c’est-à-dire elle ne recherche pas sa satisfaction) ; elle se trouve sur la terre et ne la touche pas, parce qu’elle n’y est attachée à rien. Elle ne voit pas le ciel, parce qu’elle agit moins pour lui que par amour. Elle s’élève chaque jour plus haut dans la perfection de l’amour parce qu’elle s’abaisse dans son néant. Elle est imprimée dans mon Coeur et moi dans le sien. » (Vie, ch. IX.)
Le duel d’amour
Dans une lettre à sainte Jeanne de Chantal, le P. Galice, barnabite, raconte un combat mystérieux qui s’était engagé entre le divin Maître et sa fidèle servante Anne-Marguerite Clément dont il était le directeur : Notre-Seigneur vint assaillir son coeur de la plus vive blessure d’amour qu’elle eut encore éprouvé et il lui dit :
« Je veux t’enrôler dans ma milice, je veux te couvrir de mes armes… Je veux t’apprendre à devenir habile au combat, non pas contre le monde et le diable ; ce sera contre moi-même que tu te serviras de mes propres armes ; il faut que nous entrions dans la lice pour combattre à nous deux. »
Il lui montra ensuite une armure complète et se servit des armes dont parle saint Paul pour lui en donner l’explication.
« L’amour doit commencer cette guerre, continua le divin Maître, le même amour la poursuivre et ton pauvre coeur l’achever. Je ne veux point d’autre but à mes coups que ton coeur même. Je prétends le faire mourir d’amour. »
Puis comme un habile archer Il lança trois flèches brûlantes du feu de son amour dans le coeur de sa servante, qui crut qu’elle en perdrait la vie…Mais le combat n’était pas achevé ; elle devait combattre à son tour. Jésus donc lui ordonna de se remettre sur pied et de porter des coups à son Coeur divin.
« Voici ton blanc, dit-Il en lui montrant ce Coeur ? et le but de tes flèches. »
Cette jeune guerrière, se sentant peu habile, faisait résistance : Quoi Seigneur, blesserai-je votre divin Coeur. Avec quelles armes puis-je le faire ?
« Tes flèches, repartit Jésus, ne sont autres que les mouvements de ton amour envers moi ; aime-moi donc et tu blesseras mon Coeur. »
Elle le perça en effet par la force de l’amour que l’amour même alluma en elle et fit une ouverture suffisante pour se cacher dans ce Coeur adorable, où Jésus l’unit à Lui. (Vie, de 1915, p. 279.)
Une autre fois, c’était la veille de la fête de la conversion de saint Paul, son divin Epoux lui dit :
« Tu me persécutes plus violemment que Saul, mais bien différemment, car tu me persécute par la violence de l’amour ; tu ne me donnes point de repos… Tu as blessé mon Coeur par la pointe de tes désirs et par les flèches de tes amours ; tu as été si impitoyable que tu m’as blessé de toutes parts. »
Elle vit le Coeur divin tout couvert de plaies, dont une était assez grande pour lui donner entrée. Elle y fut tirée par cet Amant victorieux…Le lendemain Jésus revenant à elle, lui dit :
« Je veux à mon tour entrer dans ton coeur et y amener toute la Trinité. »
Et le Père y prit place, ainsi que le fils et le Saint Esprit. (Ibid., p. 438.).
Jésus lui dit encore :
« Je suis un aigle royal qui ne se nourrit que de coeurs. » (p. 413.)
Jésus à ses intimes agonisants
Peu de temps avant de mourir, Angèle de Foligno dit à ceux qui l’entouraient : Jésus Christ, Fils de Dieu, m’a présentée au Père. (Ferré, p. 515 ; Doncoeur, p. 349.) Et plus tard elle entendit ces paroles :
« O mon épouse, ô toute belle, ô toi que j’ai aimée en vérité, je ne veux pas que tu viennes à moi chargée de douleurs, mais parée de la joie inénarrable. Il convient au roi de revêtir celle qu’il aima depuis longtemps d’un manteau royal. »
Et on me montra un manteau de lumière, capable de vêtir une âme… Et le Verbe me dit :
« Viens, ma bien aimée, que j’ai aimée d’un grand amour ; viens, car tous les saints t’attendent en grande joie. Je ne te confierai ni aux anges ni aux saints ; je viendrai en personne et je t’enlèverai moi-même. Tu es telle qu’il faut pour me convenir ; tu es très haute devant ma Majesté. » ( Hello, ch.LXX ; Doncoeur, p. 352 ; Ferré, p. 519.)
III.Jésus veut être aimé
Le ciel doit être désiré par amour
« On demande, dit le Seigneur à Brigitte, pourquoi les peines de l’enfer ne sont point vues. Si les peines de l’enfer étaient vues comme elles sont, l’homme sécherait de crainte et chercherait le ciel non par esprit d’amour, mais par crainte. Or c’est parce que personne ne doit désirer le ciel par crainte de la peine, mais par la charité, que je cache la peine des damnés. » (Liv. V, ch. II.)
Donne-moi ton coeur
Souvent la divine Sagesse se montrait à Henri Suzo sous une forme d’une exquise beauté et avec un sourire plein de grâce et de majesté ; elle lui disait :
« Mon fils, donne-moi ton coeur. Ne crains rien, je serai avec toi. Je te secourrai dans toutes les peines, parce que je t’aime d’une manière toute spéciale. Pour preuve de ma tendresse, je veux changer ton nom. Tu ne sera plus Frère Henri, tu seras Frère Amant ; si le monde l’ignore, les anges du ciel le sauront, et les hommes mêmes l’apprendront un jour, afin qu’ils voient combien mes serviteurs me sont chers. » (Œuvres, trad. Cartier, § 41, d’après Surius.)
Je t’aime beaucoup plus que tu ne m’aimes ! Le Seigneur me provoquait à l’amour, rapporte sainte Angèle Foligno, et Il disait :
« Ô ma fille chérie, ô ma fille et mon temple ! ô ma fille et ma joie ! Aime moi, car je t’aime beaucoup plus que tu ne m’aimes. »
Parmi ces paroles, en voici qui revenaient souvent :
« Ô ma fille, ma fille et mon épouse, que tu m’es douce ! »
Puis Il ajoutait :
« Oh ! je t’aime beaucoup. Ô ma fille et mon épouse ! je me suis posé et reposé en toi ; maintenant pose-toi et repose-toi en moi. Tu as prié mon serviteur François. François m’a beaucoup aimé, j’ai beaucoup fait en lui, mais si quelque autre personne m’aimait plus que François, je ferais plus en elle. » (Hello, ch. XX ; Doncoeur, p. 60 ; Ferré p. 49.)
Et Il se plaignait de la rareté des fidèles et de la rareté de la foi et Il gémissait et Il disait :
« J’aime d’un amour immense l’âme qui m’aime sans malice (sans doute : sans mêler à l’amour qu’elle a pour moi quelque autre affection déréglée). A une telle âme je ferais de plus grandes grâces qu’aux saints des siècles passés, par qui Dieu fit les prodiges qu’on raconte aujourd’hui. Or, personne n’a d’excuses, car tout le monde peut aimer ; Dieu ne demande à l’âme que l’amour car il aime, lui, Il est l’amour de l’âme. »
Et qu’elles sont profondes ces dernières paroles, ajoutait Angèle, Dieu ne demande à l’âme que de l’aimer ! Il m’expliquait sa passion et tout ce qu’Il a fait pour nous et Il ajoutait :
« Regarde bien ; trouves-tu en moi quelque chose qui ne soit pas amour ? »
Il se plaignait de trouver en ce temps peu de personnes en qui il puisse déposer sa grâce… (Ch. XX, Bolland., n° 50, 51 ; Ferré, p.83 ; Doncoeur, p.79.)
« Tu ne peux jamais répandre sur moi de parfums si doux, dit le Sauveur à Sainte Mechtilde, que de me faire reposer sans interruption dans ton âme. » (Liv. IV, 9.)
Jésus parlait de même à Sainte Brigitte :
« O toi ma fille, que j’ai choisie pour moi, aime-moi de tout ton coeur, non pas comme un fils ou une fille, ou comme les parents aiment leurs enfants, mais plus que tout ce qui est au monde ; car moi qui t’ai créée, je n’ai épargné aucun de mes membres pour l’amour de toi, et j’aime tellement ton âme, que j’aimerais mieux être crucifié une autre fois, si c’était possible, que de m’en priver. » (Liv, Ier, ch. Ier.)
Jésus, pour être plus aimé, communique quelque chose de son amour
La Mère Anne-Marguerite Clément voyait souvent Notre Seigneur qui se réjouissait de la conquête de son coeur, comme ferait un victorieux qui s’est assujetti un royaume. Une fois ce bon Sauveur lui fit connaître la joie qu’Il avait eue de s’incarner pour elle. Elle voulut Lui donner son coeur en retour, mais elle se souvint qu’elle l’avait mis dans le Coeur de Dieu et qu’elle n’avait plus rien à offrir. Jésus lui dit
« Donne-moi celui que je te donne ; désormais tu auras les oeuvres de ce coeur nouveau ; pour cela met ta main dans le mien pour y puiser tout ce que tu voudras. »
Et que peut-on puiser dans ce coeur divin, si ce n’est l’amour ? (Vie, 1915, p. 437.)
Jésus cache son amour pour aviver nos désirs
Le divin Sauveur me dit, raconte sainte Angèle de Foligno :
« Je t’aime d’un amour immense, mais je ne te le montre pas, je te le cache… Mes yeux voient tes défauts, mais c’est comme si je ne m’en souvenais plus. J’ai déposé, j’ai caché en toi mon trésor. »
Comme Il me cachait, me disait-Il, son amour à cause de mon impuissance à le porter : si vous êtes, lui dis-je, le Dieu tout-puissant, vous pouvez me donner la force de porter votre amour. Il répondit :
« Tu aurais alors ce que tu désires et ta faim diminuerait ; je veux au contraire que tu me désires, que tu aies faim de moi, que tu languisses d’amour. » (Hello, ch. XXI ; Ferré, p. 79 ; Doncoeur, p.78.)
Les préférés de Jésus. Ils doivent tout faire par amour
Jésus dit à Gertrude-Marie, pendant sa retraite de 1902 :
« J’ai des préférences pour toi ; tu dois en avoir pour moi. La preuve de mes préférences, ce sont mes grâces de choix ; la preuve des tiennes, ce sera ta générosité. Tu prépares ton année, tu cherches les moyens de me faire plaisir, et moi, ton Dieu, je te prépare mes faveurs. Plus tu sens le besoin de me donner, plus mon coeur sent le besoin de te combler de faveurs. Change tout en or de l’amour ; transforme chacun de tes actes en une pièce d’or pour payer la dette des ingrats. A mesure que tes répugnances augmenteront, que la vertu te deviendra plus pénible, donne d’avantage et plus joyeusement » (Ch. VI.)
Jésus m’a dit :
« Je t’enrichis pour que tu enrichisses les autres. » (Ch. CXCIV.)
Adorable jalousie de Jésus
Sainte Rose de Lima vit la Vierge du Rosaire abaisser ses regards, avec un visage joyeux, sur l’enfant-Jésus qu’elle tenait dans ses bras, puis la regarder elle-même. Le divin Enfant en fit autant et dit :
« Rose de mon coeur, soyez pour toujours mon épouse fidèle. » ( Vie, ch. XVI.)
Il est dit dans l’écriture que Dieu est jaloux ; en effet, toute rivalité lui déplaît, n’existât-elle que dans une fleur. Rose de Lima cultivait des fleurs pour les autels, ses soins surtout se portaient sur un basilic qui, à cause de son parfum, lui semblait plus digne d’être offert au Roi des cieux. Un matin, elle trouva sa plante chérie déracinée. Sensible à cette perte, elle se retirait en gémissant, lorsque Jésus vint à sa rencontre, et lui dit:
« pourquoi vous affligez-vous? Moi, qui suis la fleur des champs, je vous reste. N’êtes-vous pas plus heureuse de me posséder que votre basilic et toutes vos plantes parfumées, qui ne durent qu’un instant ? Je veux être votre basilic, et c’est pour cela que j’ai détruit l’autre. Reversez donc sur moi l’amour que vous lui portiez. »
Dès lors, toutes les fleurs devinrent indifférentes à Rose, et Notre Seigneur l’aima plus tendrement que jamais, comme il le fit connaître à une pieuse femme de Lima :
« Je porte ma Rose, lui dit il, dans l’endroit le plus intime de mon Coeur, parce que le sien est tout à moi, et que j’en ai seul la possession tranquille. » (Ch. XX.)
« Aime-moi de tout ton coeur, de toutes tes forces et de toutes tes puissances, disait Jésus à Anne-Marguerite Clément, car je ne veux pas que tu aimes autre chose que moi. Je veux être l’unique roi de ton coeur. Si tu m’aimes, je te pardonnerai tous tes péchés ; l’amour est la pénitence que je te demande. Aime-moi donc, ma fille, car je suis ton Dieu et ton salut. » (Vie,1915, p. 461.)
IV. Délicatesse de Jésus
Combien Jésus est sensible à ce que l’on fait pour Lui et contre Lui
Pendant que Françoise de la Mère de Dieu vaquait avec activité à ses fonctions de maîtresse des novices, Notre Seigneur la tenait toujours bien près de Lui, soit pour l’aider dans sa charge, soit pour procurer sa sanctification personnelle. Si quelques-unes de celles dont Notre-Seigneur lui donnait le soin se laissaient aller en quelque dissipation ou infidélité, Il s’en plaignait à elle, lui disant :
« Une telle m’a fait telle et telle chose. »
Si d’autres fois ces âmes embrassaient quelques pratiques de vertu avec fidélité, Il s’en réjouissait avec elle, lui disant :
« Telle soeur que vous aimez a fait telle chose pour moi. »
Comme fois elle admirait cette bonté et cette familiarité de Notre-Seigneur, et en était toute confuse, Il lui dit :
« Qu’est-ce qu’un père ne fait point pour son enfant? Pourquoi vous étonnez-vous ; ne suis-je point votre père ? » (Vie, ch.
XIII.)
Bénédictions accordées à ceux qui font du bien aux amis de Jésus
Le Seigneur dit à Marguerite de Cortone :
« Ma fille, si je considérais les oeuvres des habitants de Cortone, ils mériteraient d’être châtiés de différentes manières, mais eu égard à leur respect et à leur dévouement pour toi, je leur ferai grâce et ils n’auront rien à souffrir du péril qui les menace. J’accorderai la même faveur à tous ceux qui par amour pour moi t’aimeront et te protègeront. Au contraire, j’affligerai ceux qui te molesteront soit par leurs paroles, soit par leurs actions, soit même dans le coeur. »
Aussitôt la sainte intercéda pour ceux-ci, à l’exemple de Moïse priant pour sa soeur et pour ceux qui l’outrageaient. (Vie intime,ch. VI, § 11.)
Une autre fois le Seigneur lui dit :
« Dis à tel Frère Mineur (le P. Giunta) de te visiter et de te consoler par amour pour moi. Je l’en récompenserai par de grandes grâces sur la terre et par une gloire plus grande dans le ciel…Tous ceux pour lesquels tu me prieras en ressentiront de suite l’heureux effet. Je vais plus loin en t’assurant que j’aime ceux qui t’aiment ; et ceux qui ne t’aiment pas ne sentiront point la saveur de ma grâce. » (Ibid., ch. IX, § 26.)
« Sache, dit un jour le Seigneur à la vénérable Marie-Céleste, que je donne des grâces et des bienfaits à tous ceux qui t’aiment ou qui te font quelque bien, et je recevrai comme fait à moi-même ce qu’on te fera à toi, car je me réjouis de voir aimé ce que j’aime. Vois donc jusqu’où va mon amour pour toi. » (Vie, p. 154.)
Combien le Seigneur est un ami fidèle et délicat ! N’a-t-il pas dit à son peuple :
« Si tu écoutes ma voix et si tu fais tout ce que je te dis, je serai l’ennemi de tes ennemis et j’affligerai ceux qui t’affligent. » (Exode, XXIII, 22).
Auparavant il avait dit à Abraham :
« Je bénirai ceux qui te béniront et je maudirai ceux qui te maudiront. » (Genèse, XII, 3.)
S’il a dit :
« Toutes les fois que vous aurez fait – de pareilles oeuvres de charité – au moindre de mes frères, c’est à moi que vous l’aurez fait » (Matth., XXV, 40 ),
combien est-il plus sensible encore à tout ce que l’on fait pour ou contre ses vrais amis !
Bontés de Dieu pour les amis de ses amis
Parlant de Sainte Mechtilde à une autre religieuse, qui semble bien avoir été sainte Gertrude, le Seigneur dit :
« Tous ceux qui l’aimeront à cause de moi, je les attirerai à moi avec plus de douceur et d’intime suavité ; à ceux qui me loueront ou me rendront pour elle des actions de grâces et me féliciteront d’avoir élu et perfectionné une telle âme, je donnerai ce qui leur aura plu davantage en elle, et j’ajouterai même ce qui m’y aura plu davantage à moi-même. Quand elle sera à ses derniers moments et que je viendrai pour la prendre avec moi, à vous qui alors avec désir et dévotion préparerez vos coeurs pour ma grâce, me remerciant pour les bienfaits que je lui ai départis, je vous donnerai selon vos désirs les grâces suivantes : à certains je verserai les consolations spirituelles ; à d’autres j’accorderai, soit l’illumination de l’âme, soit la ferveur de l’amour ; à d’autres une sagesse intelligente ou une utile doctrine qu’elles enseigneront au prochain, à d’autres l’avancement dans la religion afin qu’elles servent d’exemple à autrui. » (Ve part., ch. XXVI.)
« A tous ceux qui ont confiance en toi, dit Jésus à sainte Lutgarde, et qui seront aimés de toi, je ferai du bien à cause de toi. » (Ch. VIII.)
Et un jour qu’elle priait pour un pécheur, le Seigneur lui répondit :
« Voici que je lui pardonne parce qu’il s’est confié en toi ; je ferai la même miséricorde à ceux que tu aimes et qui mettent en toi leur espérance.» (Ch. IX)
Comment se fait-il, pensait une fois la Mère Françoise de la Mère de Dieu, que ce sont toujours les mêmes pour lesquelles Notre-Seigneur m’accorde toujours ses grâces particulières ? Et elle Le priait de se donner à toutes. Jésus-Christ lui demanda ;
« N’aimez-vous pas celles qui m’aiment ? »
Elle répondit : oui, mon Seigneur, et je voudrais leur faire quelque bien, parce qu’elles vous aiment. Il lui dit :
« et moi aussi, j’aime qui vous aime et comme vous n’avez rien à leur donner, je veux y suppléer et me donner moi-même aux personnes qui vous aiment. » (Vie, ch. XXVIII, p. 384.)
« Je prendrai soin de récompenser ou de venger tout ce qui te sera fait, a dit Jésus à Sainte Marguerite-Marie. » (Ed. Gauthey, II, p. 192.)
Et à Sainte Angèle de Foligno :
« demande-moi une grâce pour toi, pour tes compagnons, pour tout ceux que tu veux, et prépare-toi à recevoir, car je suis beaucoup plus prêt à donner que toi à recevoir. » ( Hello, ch. XX ; Doncoeur, p.61 ; Ferré, p. 51.)
Jésus aime nos amis plus que nous ne les aimons
Françoise de la Mère de Dieu suppliait instamment Notre Seigneur de délivrer une âme du purgatoire. Jésus lui dit avec un grand témoignage d’amour :
« Je suis saint et ma sainteté ne peut souffrir aucune impureté. J’ai plus de désir de la délivrer qu’elle et vous n’en avez ; mais il faut que mon ordonnance soit accomplie ; j’excite à prier pour elle » (Vie, ch. X, p. 130)
V. Les plaintes de l’amour
Le Coeur de Jésus est bien mal payé de ses bienfaits
Un jour, le Saint Sacrement étant exposé, Marguerite-Marie vit son bon Maître tout éclatant de gloire, avec ses cinq plaies, brillantes comme autant de soleils. De sa sacrée humanité sortait des flammes, surtout de sa divine poitrine. L’ayant ouverte, Il lui découvrit son divin Coeur, les merveilles de son amour et jusqu’à quel excès il l’avait porté à aimer les hommes dont Il ne recevait que de l’ingratitude :
« Ce qui m’est plus sensible, lui dit il, que tout ce que j’ai souffert en ma passion. S’ils rendaient quelque retour à mon amour, j’estimerais peu ce que j’ai fait pour eux, et voudrais, s’il se pouvait, en souffrir davantage ; mais ils n’ont que des froideurs et rebuts pour tous mes empressements à leur faire du bien. Mais, du moins, donne-moi ce plaisir à suppléer à leur ingratitude, autant que tu pourras en être capable. » (Ed. Gauthey, II, p.71.).
Une autre fois l’aimable Coeur de Notre-Seigneur se présenta à Marguerite-Marie, en lui disant ces paroles :
« J’ai une soif ardente d’être honoré des hommes dans le Saint Sacrement, et je ne trouve presque personne qui s’efforce, selon mon désir, de me désaltérer, usant envers moi de quelque retour. » (II, p.876.)
Il disait encore :
« Si tu savais combien je suis altéré de me faire aimer des hommes, tu n’épargnerais rien pour cela … J’ai soif, je brûle du désir d’être aimé (II, p. 600)
L’Amour n’est pas aimé
Marie-Dominique Moes était encore une enfant quand elle entendit ces plaintes du Sauveur :
« Ah ! ma chère enfant, combien je suis content de trouver de la compassion chez toi ! Comme je trouve peu d’âmes qui m’aiment ! Au lieu d’amour je ne trouve que haine et mépris. Si seulement ces âmes connaissaient l’amour immense que je leur porte, il ne serait pas possible qu’elles me méconnussent à un tel point. Combien je voudrais toutes les cacher dans mon coeur ; mais non, elles ne le veulent pas. Elles passent à côté de moi, comme si je n’avais rien fait pour elles. Ma chère enfant, je veux établir ma demeure dans ton petit coeur enfantin. Je m’y cacherai lorsque mes enfants ingrats m’y persécuteront. Ton coeur doit partager mes souffrances Et parce que tu désires tant souffrir davantage encore avec moi, j’arrangerai les choses de manière à te faire trouver de plus grandes douleurs dans tes maux d’yeux, ainsi que de la négligence et des privations au lieu de pitié. Par ces souffrances et plusieurs autres tu seras préparée à l’oeuvre que je veux accomplir par toi malgré toutes les contradictions et persécutions. » (I Teil, Kap. II, n. 5, seite 41.)
Le jour de la fête du Sacré-Coeur, en 1859, Jésus dit à Marie-Dominique :
« Ô hommes aveuglés, qu’êtes-vous devenus ? N’ai-je pas répandu tout mon sang pour vous et ne me suis-je pas donné moi-même à vous en nourriture ? Et tout cela ne suffit pas pour faire naître en vous un amour réciproque ? Ah ! quelle douleur pour mon Coeur aimant ! » (1 Teil, Kap. XIV, seite 224.).
Notre Seigneur, dit encore la même servante de Dieu, s’est plainte à moi de l’ingratitude des hommes envers son Coeur si affectueux; Il s’est plaint surtout des âmes qui Lui ont promis une inviolable fidélité et qui malgré cela continuent de méconnaître son amour. Puis il me parla de ces âmes ferventes qui procurent à son Coeur une grande joie et qui lui servent comme de refuge quand Il est repoussé par tant d’ingrats.
« Heureuses les âmes, dit Il, dans lesquelles je fais mon entrée ; elles seront rendues participantes de tout le torrent de mes grâces. » (III Teil,Kap. Vin, n. 3, seite 623, 624.)
Jésus a sans cesse sous les yeux le spectacle des péchés de tout l’univers Sainte Catherine de Sienne pleurait en pensant aux maux de l’Église
« Ma bien douce fille, lui dit le Seigneur tes larmes sont toutes puissantes, parce qu’elles sont répandues par amour pour moi. Je ne puis résister à tes désirs. Mais regarde les souillures qui déshonorent le visage de mon épouse. Elle porte comme une lèpre affreuse l’impureté ; l’amour propre, l’orgueil et l’avarice de ceux qui vivent dans son sein.» (Dialogue, ch. XIV)
« Rappelles toi qu’avant la peste, je t’ai montré combien j’avais en horreur le vice impur et combien le monde en était infecté… Je te fis voir alors l’univers tout entier. Tu vis ce malheureux péché dans presque toutes les conditions, et les démons qui s’enfuyaient pour ne pas le voir, et l’infection qu’il causait ; la peine que tu en ressentais dans ton âme était si grande que tu te croyais sur le point de mourir. Et tu n’apercevais pas pour toi et pour mes autres serviteurs un endroit où vous puissiez vous réfugier, car cette lèpre était répandue partout ; tu ne trouvais aucun asile parmi les petits et les grands, parmi les vieux et parmi les jeunes… la plupart avaient l’âme et le corps souillés de ce vice maudit. Je t’ai montré cependant, au milieu de tous ces coupables, un certain nombre de préservés ; car, parmi les méchants j’ai toujours des élus dont la vertu et les bonnes oeuvres retiennent ma justice et m’empêchent de commander aux rochers d’écraser les coupables, à la terre de les engloutir, aux animaux de les dévorer et aux démons d’emporter leur âme et leur corps. Je cherche même des moyens pour pouvoir leur faire miséricorde en les faisant changer de vie ; j’y emploie mes serviteurs qui sont purs de cette lèpre et je les fais prier pour eux. » (Dialogue, ch. CXXIV.)
Une nuit, raconte la Soeur Mechtilde, je vis Notre-Seigneur sous la forme d’un pèlerin qui semblait voyager par toute la chrétienté. Je tombais à ses pieds et lui dis :
« Cher pèlerin, d’où venez-vous ? »
Il répondit :
« Je viens de Jérusalem (il voulait dire l’Église), et j’ai été chassé de chez moi. Les païens ne me connaissent pas, les Juifs ne veulent pas de moi et les chrétiens m’attaquent. »
Je priais alors pour l’Église. Notre Seigneur se plaignit des affronts qu’il avait essuyés de la part des chrétiens, rappelant tout le bien qu’Il leur avait fait dès le commencement, combien Il avait travaillé pour eux et ajoutant qu’il cherchait encore tous les jours une place où il pût répandre ses grâces.
« Avec leur libre arbitre, dit Il, ils me chassent du logis de leur coeur ; quand ils mourront, tels je les trouverai, tels je les jugerai. » (Liv.VIII, ch. XIII.)
Jésus voit renouveler sa douloureuse passion
Non moins touchantes sont les plaintes adressées par le Sauveur à Sainte Brigitte :
« J’ai voulu que mon corps pur de tout péché fût déchiré pour les péchés de tous, depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête et qu’il fut cloué à la croix. Il est maintenant immolé tous les jours sur l’autel, afin que l’homme m’aime davantage et se ressouvienne plus souvent des bienfaits dont je l’ai comblé. Mais maintenant je suis oublié de tous, négligé, méprisé et chassé de mon propre royaume comme un roi à la place duquel le larron infernal est élevé et honoré. C’est dans le coeur de l’homme que je devais régner, et j’avais bien le droit d’être son roi et seigneur puisque je l’avais créé et racheté. Or il a enfreint la foi qu’il m’avait promise au baptême, il a violé et méprisé les lois que Je lui avais données, il aime sa propre volonté et dédaigne de m’écouter. En outre il exalte le démon, ce pernicieux larron, et il lui a donné sa foi…il est donc juste et raisonnable qu’il expérimente sa tyrannie…Mais bien que je sois si méprisé, je suis si miséricordieux que quiconque me demandera pardon et s’humiliera, je lui pardonnerai toutes ses fautes, mais celui qui persistera à me mépriser, je le visiterai en ma justice, en sorte qu’il tremblera de peur à ma voix. » (Liv. Ier, ch. Ier.)
« Combien il y a maintenant dans le monde de gens de la même trempe que ceux qui me crucifièrent. Ils m’attachent au bois par la volonté qu’ils ont de pécher ; Ils me flagellent par leur impatience, car ils ne veulent pas supporter une parole pour l’amour de moi ; ils me couronnent des épines de leur orgueil ; ils percent mes mains et mes pieds par le fer de leur je les écrasais, ceux qui resteraient me serviraient par crainte, tandis que c’est par amour qu’ils doivent me servir… Je mourrais certes de grand coeur, poussé par l’incomparable amour que j’ai pour l’homme, si cela était possible. » (Liv. Ier, ch. xxx.)
Il y a dans le monde un terrible abus des grâces
« Les pécheurs, dit le Père éternel à sainte Marie-Madeleine de Pazzi, sont plongés dans un gouffre si profond qu’il ne faut pas moins que toute ma puissance et ma bonté pour les en retirer. Aussi mes élus sont maintenant plus persécutés que jamais. Le temps est venu où les hommes pêchent plus par malice que par fragilité ; plus ma bonté leur prodigue de grâces et de bienfaits, plus on voit augmenter leur perversité. Si quelque chose pouvait exciter l’étonnement des esprits bienheureux, ce serait sans aucun doute, cette malice extrême des créatures, qui est d’ailleurs si faiblement combattue par ceux qui la connaissent…Ne voyez vous pas que le jardin de mon Église est tout environné de ronces et d’épines et que les fleurs des bons désirs en sont tellement étouffées qu’ils ne peuvent qu’à grand peine produire leurs fruits ?
La bonté que je communique à mes créatures trouve tant d’opposition dans la sagesse humaine qu’elle demeure presque partout stérile. La vie des hommes n’est plus qu’un vain étalage de cérémonies trompeuses, et quand on s’approche du saint tribunal, institué par mon Verbe pour rendre aux pécheurs la grâce qu’ils ont perdue, il semble qu’on y va plutôt pour s’excuser que pour s’accuser ; ce qui fait qu’on augmente ses péchés plutôt que d’en obtenir le pardon.
Les chrétiens, mes enfants, ne s’inquiètent plus de leurs obligations, ils n’ouvrent plus les yeux pour voir ce qu’ils doivent corriger… D’où vient ce lamentable relâchement ? Du maudit respect humain, de l’amour propre et de l’orgueil qui jette un voile sur leurs yeux… Ma fille bien-aimée, j’ai fait de toutes les créatures comme autant de canaux magnifiques que j’ai rempli d’une onde pure et limpide, mais elles la convertissent en une fange impure. »(IVe part. , ch. XXI.)
Il y a quelques jours, raconte Gemma Galgani, à peine eus-je reçu Jésus dans la communion qu’il m’adressa cette parole :
« Dis-moi, ma fille, m’aimes tu ? Si tu m’aimes tu feras tout ce que je veux de toi. »
Puis il continua en soupirant :
« Quelle ingratitude et quelle malice il y a dans le monde ! Les pécheurs s’obstinent à vivre dans le péché ; les âmes viles et lâches ne se font aucune violence pour dompter la chair ; les âmes affligées tombent dans l’abattement et le désespoir ; chaque jour en tous l’indifférence va en s’aggravant et personne ne se réveille. Pour moi du haut du ciel je ne cesse de dispenser grâces et faveurs à toutes mes créatures, lumière et vie à l’Église, vertu et force à ceux qui la dirigent, sagesse à ceux qui doivent éclairer les âmes vivant dans les ténèbres, constance et force à ceux qui sont appelés à me suivre, grâces de toutes sortes à tous les justes et même aux pécheurs qui restent dans leurs antres ténébreux; je leur fais parvenir jusque-là ma lumière, jusque-là je cherche par tous les moyens à les attendrir, à les convertir.
Et à tout cela qu’est-ce que je gagne? Quelle correspondance est-ce que je trouve dans mes créatures que j’ai tant aimées? Personne ne se soucie plus de mon Coeur ni de mon amour. Je suis oublié comme si je ne les eusses jamais aimés, comme si je n’eusse jamais souffert pour eux, comme si je fusse pour tous un inconnu ! Mon coeur est constamment dans la peine ; presque toujours je reste seul dans les églises, et lorsque l’on s’y réunit en grand nombre on a de tout autres motifs, et je dois souffrir de voir mon église, ma maison changée en un théâtre et lieu de divertissement. Beaucoup sous des dehors hypocrites me trahissent par des communions sacrilèges. »
Jésus aurait continué, mais je fus contrainte de Lui dire : O Jésus, Jésus je n’en puis plus. (Ch. XXX.).
« Il est besoin, lui dit une autre fois Jésus, d’une grande expiation particulièrement pour les péchés et les sacrilèges des ministres du sanctuaire. Si ce n’était des anges qui assistent à mon autel, combien de ceux-là je foudroierais sur le coup. » (Ch. XXXII.)
Jésus compte sur la terre bien peu de vrais amis
Notre Seigneur dit à sainte Thérèse :
« Ah ! Ma fille qu’il y en a peu qui m’aiment véritablement ! S’ils m’aimaient, je ne leur cacherais pas mes secrets. Sais-tu ce que c’est que m’aimer véritablement ? C’est de bien comprendre que tout ce qui ne m’est pas agréable n’est que mensonge. Cette réalité que tu ne comprends pas maintenant tu l’entendras clairement un jour par le profit qu’en retirera ton âme. » (Vie, ch. XL.)
Françoise de la Mère de Dieu entendit de la bouche du Sauveur des plaintes semblables :
« Oh! combien j’ai peu de vrais amis, en comparaison du grand nombre de ceux qui m’offensent, je veux que vous suppléiez. »
Et Il lui montra que ce qu’il demandait de ses vrais amis est une adhérence, une adoration et un amour perpétuel envers Lui. (Ch. XIV.)
« Je cherche partout des âmes pour me donner et communiquer à elles, et j’en trouve si peu dans lesquelles je puisse faire pleinement ce que je veux, » (Ch. XV.)
Une autre fois Il lui fit comprendre l’excès de ses bontés et la valeur des dons qu’Il veut faire aux âmes, et Il se plaignit à elle de ce qu’il trouve si peu de coeurs disposés à le recevoir, de ce que les uns lui ferment la porte par le péché et l’ingratitude ; de ce que d’autres ont des coeurs petits qui ne se soucient point de recevoir ses grâces, pourvu qu’ils se sauvent, sans vouloir prendre part aux intérêts de sa gloire. Il lui dit :
« Ne soyez pas ainsi, je veux que vous ayez un grand coeur, un coeur étendu par la charité sur toute la terre, pour prendre mes intérêts et pour réparer, par amour et zèle de mon honneur ce que tant d’âmes manquent de me rendre. Je vous ai choisie pour mon lieu de refuge, et pour vous donner les grâces que les autres refusent.» (Ch. XXVIII.)
Elle le vit un jour tout couvert de petites croix. Il lui dit :
« Ce sont les péchés et les imperfections de toutes les âmes qui m’ont été autant de croix. Oh ! Qu’il y en a peu, ma fille, qui pensent à mes souffrances comme je le désire ; pensez-y pour tout ceux qui ne le font point. Il y a en cela un grand gain, car je vous donnerai tout ce que je leur donnerais s’ils y pensaient. » (Ch. XXXIII)
Une autre fois après la sainte communion, le divin Sauveur lui dit :
« Je veux vous donner vie, mais auparavant il faut que je détruise votre vie propre. Quand je veux être vie à une âme et être sa seule vie, je suis premièrement en elle, non seulement comme un serviteur, mais comme un valet ; car bien souvent un serviteur ne fait que suivre son maître, tandis que le valet nettoie la maison. Ainsi je suis en cette âme, la nettoyant, la purifiant et ôtant toutes les ordures, pour la rendre une demeure qui me soit agréable ; car je ne peux prendre de plaisir en elle qu’elle ne soit toute purifiée. Mais quand je l’ai rendue nette, alors je n’y suis plus comme serviteur, mais comme maître absolu. Je me repose en elle, j’y établis ma demeure et je me rends seul vivant en cette âme. Je suis l’unique principe de ses actions, de ses mouvements, de ses respirations, de ses paroles, et de ses pensées.
Elle ne peut plus agir ni se mouvoir que par moi. Comme je suis sa vie, je donne une vertu, une valeur, une efficacité à tout ce qui procède d’elle, selon le bon plaisir de ma volonté, afin qu’en aucune chose, elle ne s’en puisse détourner en un seul point ! Oh ! qu’il y en a peu en qui je trouve lieu de donner cette vie ! Qu’il y en a peu qui veuillent souffrir ce qu’il faut porter pour la recevoir ! Je l’offre à beaucoup mais peu la reçoivent. »
Mais mon Seigneur, dit Françoise, dans le monde entier n’y en a-t-il pas des milliers qui vous donnent lieu ? Il lui répondit en soupirant et en poussant une douloureuse exclamation :
« Oh ma fille, je ne veux point vous le dire, je vous affligerais trop. » (Ch. XXIX.)
Notre-Seigneur dit à Marie-Aimée que bien petit était le nombre des âmes qui ne se recherchaient point en Le servant et qui pouvaient dire à son exemple : Pour moi, je ne recherche point ma gloire. (Ch. XVII.)
Jésus persécuté par ceux qu’Il a le plus aimé
Un jour à son réveil, la bienheureuse Marguerite-Marie entendit une voix qui lui disait :
« le Seigneur se lasse d’attendre ; Il veut entrer dans son grenier pour cribler son froment et séparer le bon grain d’avec le chétif. Mon peuple choisi me persécute secrètement ; il a irrité ma justice ! Mais je manifesterai ses péchés secrets par des châtiments visibles. Je criblerai les coupables, dans le crible de ma sainteté de justice, pour les séparer d’avec mes bien-aimés, les ayant séparés, je les environnerai de cette même sainteté qui se met entre le pécheur et ma miséricorde, et quand elle a une fois environné le pécheur, il est impossible qu’il se reconnaisse, sa conscience demeure sans remords, son entendement sans lumière, son coeur sans contrition ; il meurt enfin, dans son aveuglement. »
Lui découvrant ensuite son Coeur tout déchiré et transpercé de coups :
« Voilà, lui dit-il les blessures que je reçois de mon peuple choisi. Les autres se contentent de frapper sur mon corps ; les religieux attaquent mon Coeur qui n’a jamais cessé de les aimer. Mais mon amour cédera enfin à ma juste colère, pour châtier ces orgueilleux attachés à la terre, qui me méprisent et n’affectionnent que ce qui m’est contraire, me quittant pour les créatures, fuyant l’humilité pour ne chercher que l’estime d’eux-mêmes. Et leurs coeurs étant vides de charité il ne leur reste plus que le nom de religieux. » (Ed. Gauthey, II, p. 173.)
Quelles sont les causes des tristesses de Jésus
Sainte Véronique Juliani écrivait à son confesseur la lettre suivante que nous abrégeons :
Votre Révérence m’ayant commandé de demander à Dieu la raison pour laquelle le crucifix est devenu si triste, je l’ai demandé pendant cinq nuits.
La première nuit, il me dit que l’une des raisons est le peu de cas que l’on fait de sa sainte Passion ; on la médite, il est vrai, mais en courant, et personne n’imprime profondément dans son esprit les peines et les douleurs qu’Il a endurées pour notre amour.
La seconde nuit, se montrant plus que la première fois défiguré et le visage baigné de larmes :
« Vois, dit-ll, comment je suis traité et à quoi je suis réduit. Tout ceci provient des horribles blasphèmes que vomissent sans cesse contre moi mes créatures. »
La troisième nuit, Il se montra tout meurtri et défiguré :
« Je me fais voir ainsi à toi, dit et à beaucoup d’autres, afin de les porter à aimer d’un amour véritable les souffrances et les croix. Mais je vois tout le contraire car peu nombreuses sont celles qui aiment la croix en union avec ma volonté. »
La quatrième nuit, Dieu me montra un lieu obscur tout plein d’instruments de douleurs. Au milieu il y avait une croix toute resplendissante dont les rayons illuminaient tout le reste et faisaient voir distinctement tous ces instruments de mort. Le Seigneur m’inspira que tous ces instruments ainsi éclairés par la croix signifiaient que nos souffrances doivent être unies aux mérites de la très sainte croix et à toutes les douleurs qu’Il endura dans sa Passion. Le lieu obscur où étaient déposés ces instruments signifiait que celui qui n’unit pas ses souffrances à celles de Jésus, demeure enseveli dans les ténèbres et n’a aucun mérite devant Dieu. Il me parut que le Seigneur me dit en même temps que l’on manquait beaucoup en cela dans notre monastère, que les souffrances de quelques-unes étaient comme cachées dans les ténèbres, parce qu’elles étaient endurées par force et que la perte d’un si précieux trésor était une des raisons du changement remarqué dans son image.
La cinquième nuit Notre Seigneur me découvrit trois points particuliers qui Lui déplaisaient souverainement :
1° Le peu de respect que l’on a pour les supérieures ;
2° Les aigreurs et rancunes dont l’ennemi tire tant d’avantages et qui nuisent grandement aux âmes ;
3° La manière de vivre trop commodément et non selon la sainte pauvreté. (Diaro, vol.II, p. 713.)
Cette nuit, rapporte ailleurs la même sainte, le Seigneur m’a fait connaître que maintenant dans le monde entier, il n’y a que péchés.
« Tous me fuient et feignent de ne pas entendre mes appels et mes inspirations. »
Alors il m’a fait voir une multitude d’âmes entraînées par le démon ; et Il m’a fait comprendre que c’était des âmes de religieux.
« Je te les fais voir, dit-Il, afin que tu aies à coeur de prier pour eux. Il y en a que tu reconnaîtrais, mais je ne veux pas te les manifester.. » (Diario, 14 giugno 1797.)
Gertrude-Marie reçut elle aussi, plus d’une fois les plaintes du doux Sauveur : Depuis vendredi 26 avril, une tristesse profonde pèse sur mon âme, une tristesse que Notre-Seigneur me fait partager. Je Lui en ai demandé la cause :
« C’est que, m’a répondu Jésus, en ce moment il y a des âmes qui m’abandonnent, des âmes que j’aime d’un amour spécial, des âmes que j’ai comblées ! des âmes sur lesquelles j’avais droit de compter pour me consoler, pour me dédommager de l’oubli, de l’ingratitude des autre hommes ! Et ces enfants privilégiés, ces âmes choisies m’abandonnent ! » (30 avril 1907.)
Ce matin Jésus s’est présenté à moi sous la figure d’un voyageur et Il m’a dit :
« Viens avec moi ; je parcours le monde entier, je frappe à la porte de tous les coeurs, la plupart m’en refusent l’entrée. Viens, accompagne-moi partout ; quand je frapperai, tu prieras ; quand je serai rebuté, tu me consoleras. » (22août 1907.)
Aujourd’hui, après la communion, j’ai vu dans le Coeur de Jésus des milliers et des milliers d’épines. Les unes ne laissaient apercevoir qu’une toute petite tête ; d’autres plus ressorties laissant paraître une large tête. En me faisant remarquer les premières, Notre-Seigneur m’a dit :
« Ces épines enfoncées si avant dans mon Coeur représentent les péchés souvent renouvelés. A chaque péché l’épine s’enfonce davantage. » (17 janvier 1907.)
« Mon Coeur déborde déborde de toutes parts. Il ne peut plus contenir toutes les grâces que les âmes refoulent sans cesse. Prends, ma fille, prends. » (26 décembre 1906.)
Les déceptions de Jésus
Au mois de mai 1910 une religieuse visitandine de Paris étant à l’article de la mort eut une visite de Jésus qui la guérit miraculeusement et qui lui dit :
« … Et surtout aime-moi. J’ai tant besoin d’amour et j’en trouve si peu, même auprès des coeurs qui me sont consacrés. Je suis l’Epoux fidèle ; en moi il n’y a pas de déception ; mais qu’elles sont rares mes épouses auprès desquelles je ne rencontre pas bien des déceptions. »
« Les religieuses ne sont pas toujours assez religieuses, dit aussi le Sauveur à Gertrude-Marie, elles ne sont pas assez mortifiées ; elles ne savent pas assez s’oublier ; même les meilleures ne sont pas tout ce qu’elles devraient être. » (27 novembre 1906.)
Beaucoup d’âmes religieuses aiment peu parce qu’elles ne désirent pas assez l’amour Adressant une exhortation à ses religieuses le 13 octobre 1553, sainte Catherine de Ricci entra en extase et leur rapporta alors des paroles que Jésus l’avait chargée de leur dire :
« Lève-toi, prends avec moi ta croix ; anime-toi à instruire tes Soeurs par mes exemples, et dis leur que, par amour pour elles, je me suis passionné pour la croix, voulant agir et faire, avant d’enseigner. Va donc avec ardeur et dis à mes filles qu’il ne doit pas leur paraître pénible de porter leur croix par amour pour moi, puisque moi, l’auteur de l’amour, j’en ai porté une si pesante par amour pour elles. »
« Leurs croix à elles, c’est l’observance des trois voeux, des règles et des constitutions, observance dont bien peu se préoccupent, et, s’il y en a encore quelques-unes qui y pensent, elle n’est que le dernier de leur souci, tandis qu’elle devrait être leur affaire la plus importante. Elles m’ont toutes oublié, elles ont toutes négligé mon amour, moi qui les ai tant aimées et qui ai tant souffert pour elles ! Oh ! qu’ai-je dû faire pour toi et pour elles, que je n’aie point fait ? Les grâces qui leur ont manqué, ce sont elles-mêmes qui s’en sont privé volontairement par leurs mauvaises dispositions, ou en ne les demandant pas, ou en ne les cherchant pas, ou en ne les désirant pas. Moi, je n’attendais, pour les leur donner que de les voir désirer ardemment et demander avec ferveur. On ne donne pas des joyaux et des perles à ceux qui n’en connaissent pas le prix. Ni moi non plus, je ne livre pas mes dons et mes faveurs à ceux qui ne savent pas les apprécier. Je ne les donne qu’aux âmes qui les recherchent jusqu’à se rendre importunes en les demandant, nuit et jour, à force de soupirs et de larmes. »
« Elles ne se souviennent plus de moi, elles ont presque entièrement oublié de m’aimer. Et pourtant qui aime ne désire et ne mérite rien tant que d’être aimé. Oh ! Dis-moi, est ce qu’elles ne sont pas mes délices? Est-ce qu’elles ne sont pas consacrées à mon service et au zèle de ma gloire ? Eh ! Ne voient-elles donc pas où en est le monde et combien peu s’y souviennent de moi ? C’est que la voie de la perdition est large et suivie par le grand nombre, tandis que celle de la perfection est étroite et difficile au commencement ; mais à quiconque y entre pour mon amour, je sais la rendre bientôt douce et facile. Non, ce n’est pas moi qui néglige quelque chose pour leur venir en aide ; ce sont elles qui négligent d’invoquer mon secours et de penser à moi, moi qui ai tant d’amour pour elles, moi dont elles font les délices et qui me sens si heureux de me trouver au milieu d’elles. »
« Mais je ne veux plus qu’elles persévèrent dans cette voie : Je veux qu’elles secouent le sommeil de leur négligence, quelles sortent de leur ornière et qu’elles se gardent de tout murmure, dans la mesure de leurs forces. Loin de moi de vouloir qu’elles s’attristent outre mesure de mes reproches et qu’elles en demeurent abattues et découragées. Non, je ne désire que de les voir revenir à moi avec confiance, moi qui peux et veux les changer en ferventes religieuses. Je sais bien qu’elles ne peuvent rien sans ma grâce ; mais qu’elles mettent courageusement la main à l’oeuvre, pleines de confiance en mon secours, et je les délivrerai de toute peine et de toute angoisse. Quelles viennent à moi, qui les attends les bras ouverts sur la croix.
Quelles prennent de grand coeur, sur leurs épaules, leur croix des trois voeux, des règles et des constitutions, et que rien ne soit plus capable de la leur faire abandonner. Qu’elles l’étreignent vigoureusement avec les mains des bonnes oeuvres à l’exemple de tant de vierges saintes qui ont renoncé a toutes les choses du monde et à elles-mêmes pour mon amour et qui ont sacrifié leur propre vie dans un saint et généreux martyre. Aussi quand leur Epoux est venu au-devant d’elles, voyant la lampe de leur coeur allumée et toute pleine de l’huile de la charité et des bonnes oeuvres, il les a introduites avec allégresse dans le lieu de leurs noces éternelles. » (Vie, ch. XX.)
Source : Recueil d’Apparitions de Jésus aux Saints et aux Mystiques – Ch II – Abbé Auguste Saudreau.
Bordel, tellement magnifique !