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La relation entre la France et l’Église dans l’histoire

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La relation entre la France et l'Église dans l'histoire

De nombreux récits parlent et expliquent cette relation durable, respectueuse, entre la France et l’Église depuis des siècles et des siècles et jusqu’en 1789.

Une rapide coup d’œil sur notre Histoire montre avec éclatante netteté que notre Pays est victorieux et prospère tant qu’il reste fidèle à sa vocation et rudement châtié quand il est infidèle.

Clovis est vainqueur parce qu’il accomplit la volonté divine.

Charles Martel à Poitiers brise l’invasion musulmane qui menace le monde Catholique ; la protection divine se manifeste sans tarder en faveur de son fils : Pépin monte sur le trône comme étant le prince le plus digne de régner. Le Pape Etienne vient lui-même sacrer le nouveau Roi et, en lui, cette seconde branche de la Race Royale.

À peine le Souverain Pontife est-il rentré à Rome que le Roi des Lombards assiège la Ville Éternelle.

Etienne II fait appel à Pépin :

« O Francs, il est connu que parmi toutes les Nations qui sont sous le soleil, la vôtre est la plus dévouée à l’Apôtre Pierre. L’église que lui a confiée Jésus-Christ, son Vicaire, Vous en demande la délivrance »
( L.Abbe : Acta conciliorium et epistolae decretales ac ; constitutiones Summorum Pontifieum ; Parigiis 1714 à 1715 Tome 6 )

Et Pépin de voler au secours du Pontife. Il passe deux fois les Alpes, écrase les Lombards et crée le Domaine Temporel du Pape.

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La récompense divine ne tarde pas : à Pépin le Bref succède Charlemagne. Animé d’une foi profonde et doué d’une puissante intelligence, Charlemagne doit d’abord faire la guerre pour assurer la sécurité de ses peuples contre les incursions des Saxons, des Slaves et des Avars à l’Est, contre les Arabes en Espagne. Il organise contre eux des « États militaires » et parvient par les armes à convertir les Saxons. Enfin, le Royaume des Lombards : aussi Léon III, pendant la nuit de Noël de l’an 800, à Rome, couronne le Roi de France Empereur d’Occident.

L’Empereur gouverne avec une grande sagesse tous ses États, envoyant partout ses « missi dominici » pour contrôler les actes et les jugements des gouverneurs. La prospérité renaît, la population se multiplie, les villes et les villages se développent et pour assurer les communications, l’Empereur établit un réseau de routes, construit des ponts, etc….

Son activité ne s’arrête pas là. Il veut donner à ses peuples l’instruction et la foi : aussi appelle-t-il auprès de lui les plus éminentes sommités et à côté de chaque église et de chaque monastère il établit une école. Il réalise pleinement le programme que son conseiller Alcuin lui soumet :

« Il vous appartient d’exalter et de conserver la Sainte Église de Dieu parmi le peuple chrétien et d’ouvrir à tous la voie du salut éternel ! »

Il aime à participer aux discussions théologiques et à présider des conciles. Il pose le principe que les lois de l’Eglise sont lois de l’Etat. Ses Capitulaires sont un admirable code de lois chrétiennes. Il réforme les abus dans l’Eglise et choisit les évêques parmi les prêtres les plus dignes et les plus instruits. Son prestige est tel, même en Orient, qu’il obtient la propriété et les clefs du Saint Sépulcre et exerce une sorte de protectorat sur la Terre Sainte.

En 802 paraît un admirable capitulaire.

« Qu’y lisons-nous ? Écrit Monseigneur Baudrillart, que tous les hommes libres prendront l’engagement de se vouer au service de Dieu, et le détail de leurs devoirs suit. Qu’y lisons-nous encore ? Que la raison d’être de l’Empire c’est l’unité de la foi et de la charité entre tous ses membres : que le but des conquêtes de l’Empereur c’est l’extension de la foi catholique : car l’Empereur est le propagateur et le défenseur de la religion chrétienne »
( Mgr Baudrillart : La Vocation de la France p.15 )

L’Empereur signe ses Capitulaires : Charles sous le règne du Christ. Royal sacerdoce qui s’étend sur le monde antique.

« Le Royaume de France embrassera toutes les limites de l’Empire Romain » avait dit Saint Rémi.

Tournons quelques pages :

Les derniers Carolingiens ne se montrant plus à la hauteur de leur tâche, c’est le Prince le plus digne de régner qui monte sur le Trône : Hugues Capet, Duc de France et Comte de Paris, descendant salique de Pépin d’Héristal, et non salique de Charlemagne par Adélaïde, fille de Louis le Débonnaire et épouse de Robert Le Fort, le vainqueur des Normands.

Depuis plus d’un siècle, la Providence avait permis à cette branche de la Famille Royale de se distinguer par les exploits de Robert le Fort, d’Eudes et de Robert, de Hugues le Grand et d’incarner très réellement la grandeur et l’indépendance du Pays. Dieu avait ainsi préparé l’élection de Mont-Notre-Dame où fut choisi le nouveau Roi, grâce à l’influence de l’Archevêque de Reims, Adalbéron, au prestige et aux services d’Hugues Capet et de ses ancêtres.

Le nouveau Roi s’assure l’appui de l’Église et affirme le principe de l’hérédité mâle en faisant sacrer de son vivant son Fils Robert. La piété de ce dernier et la clairvoyance d’Henri Ier, qui fait prévaloir l’ordre de primogéniture mâle, assurent peu à peu au Roi de France un prestige que Saint Grégoire VII le Grand va proclamer au temps de Philippe Ier quand il écrira que les Rois de France sont :

« autant au-dessus des autres monarques que les souverains sont au-dessus des particuliers »
( Greg VII, Magn EP. Lib IV, cp 6 , tome II col.795)

Comment ne pas mentionner également Louis VI et son grand ministre, le moine Suger, ainsi que les deux éminents théologiens qui illustrèrent cette époque : Saint Bernard et Abélard.

C’est à ce moment que la politique pontificale et la politique royale vont suivre une direction parallèle qui leur permettra dès lors de s’appuyer réciproquement. L’Église est-elle opprimée par le Saint Empire notamment lors des élections pontificales ? Le grand mouvement de libération partira de France, de Cluny, avec Hildebrand.

« À partir du XIIe et jusqu’à la fin du XIIIe, le Roi de France vient généralement en aide au Saint-Siège. En 1107 le Pape Pascal II traqué par l’Empereur Henri V se réfugie à Paris où Philippe Ier et son fils Louis lui font le plus magnifique accueil ; c’est de Troyes en Champagne, au sein d’un Concile d’Évêques Français, qu’il lance l’anathème contre l’Empereur d’Allemagne ; c’est en France aussi que vient Calixte II et qu’il se met en mesure de terminer par un Concordat la querelle des investitures ; en France qu’aux heures les plus tragiques de la querelle du Sacerdoce et de l’Empire, les Papes viendront demander à la Fille ainée de l’Église aide et refuge.

Alexandre III résidera deux années dans notre Patrie, et de Sens, où il aura transporté tout le gouvernement pontifical, il régira l’Église Universelle
»
(Mgr Baudrillart, op. cit, p.21)

C’est lui qui déclara la France :

« Un Royaume chéri et béni de Dieu dont l’exaltation est inséparable de celle de l’Église »
(Alex III, Epist. XXX tome X, Conc col 1.212 / Grégoire XI. Tome XI, Conc col 367)

Aussi lorsque le Plantagenet menacera la France, c’est la Papauté qui l’arrêtera, car elle se rend compte que la France est le centre réel de l’équilibre européen. C’est la raison pour laquelle Innocent III, lors de son conflit avec Philippe-Auguste, loin de chercher à disposer de la Couronne de France comme il le fait de celles d’Allemagne et d’Angleterre proclamera au contraire dans une de ses célèbres Décrétales que le Roi de France n’a AUCUN SUPÉRIEUR AU TEMPOREL ( J. Leclerc : Chrétienté médiévale et Société des Nations – N*15 3 août 1932 ) car il sait qu’il est la pierre angulaire de l’Europe chrétienne et que les principes qui guident sa conduite sont la vérité même :

« À moi appartient le soin de tout ce qui touche le glaive temporel, disait Philippe-Auguste, le gouvernement du royaume me suffit. Je laisse aux hommes de Dieu à traiter les choses du service de Dieu »

Le Roi était un chrétien et avait le sens des choses surnaturelles ainsi que le prouve le fait suivant :

« Les Vaisseaux de Philippe-Auguste voguaient vers la Terre Sainte. En Sicile, ils furent assaillis par une violente tempête. Le Roi ne perdit pas contenance, il ranima le courage et la confiance des Matelots :

« Il est minuit, dit-il, c’est l’heure où la communauté de Clairvaux chante Matines, Ces Saints Moines ne nous oublient jamais. Ils vont apaiser le Christ ; ils vont prier pour nous, et leurs prières vont nous arracher au péril « 

Philippe-Auguste était un chrétien et comprenait que la prière attire sur le monde toutes les bénédictions »
( Révérend Père Janvier, Carême 1924, première Conférence p.32)

Tout chrétien qu’il est, il n’hésite pas et il a raison, à s’opposer à la politique pontificale s’il la juge dangereuse pour la France. Le cas se produit en 1198 lors de la succession impériale. Malgré les avertissements lumineux du Roi, le Pape fait triompher la candidature d’Othon de Souabe qui, à peine élu, se retourne contre son bienfaiteur. Alors le Souverain Pontife humblement reconnaît son erreur et fait appel au Roi de France :

« Ah! si nous avions pénétré aussi bien que vous le caractère d’Othon, il ne nous aurait pas trompé ! Le fils impie persécute sa Mère… qui peut désormais avoir confiance en lui puisqu’il ne nous tient pas parole, à nous le Vicaire du Christ ! Nous vous parlons à notre honte, car vous nous aviez bien dit de nous méfier de cet homme… »
(Cité par André Rousseaux : La politique religieuse de la Monarchie.)

Ainsi, l’histoire montre que si dans le domaine spirituel le Successeur de Pierre jouit de toutes les lumières du Saint-Esprit, il n’en est plus de même dans les questions temporelles. C’est le Roi de France qui sur ce terrain en bénéfice, car c’est lui qui a mission, de par la volonté divine, de les régler et qui reçoit d’en haut, grâce à son Sacre, les lumières et les grâces qui lui sont nécessaires à ce sujet.

Grande leçon qui prouve que le Pape et le Roi doivent chacun rester dans leur domaine et être toujours unis : le Pape éclairant et guidant le Roi dans le domaine spirituel et le Roi éclairant et guidant le Pape dans la politique temporelle.

Vers la fin du règne de ce grand Roi, la protection divine va se manifester ostensiblement.

En 1214, l’Empereur d’Allemagne Othon, excommunié depuis peu, veut ravir sa couronne à Philippe-Auguste et envahit la France avec 200 000 hommes. Le Roi appelle toutes les paroisses de France : 60 000 volontaires répondent… Il va à Saint-Denis, communie, prend l’oriflamme et part à la bataille.

Les Français ont à lutter contre un ennemi plus de trois fois supérieur ; ils fléchissent tout d’abord sous le nombre mais :

« soudain, vers trois heures, du fond de la plaine ensoleillée, apparaît déployée la Sainte Oriflamme ; une force mystérieuse s’échappe de ses plis : sa vue déconcerte, puis épouvante les ennemis. Ils cèdent, brisent leur lignes et bientôt fuient de toutes parts…En ce jour, naquit la grande Patrie Française. »
(Chamoine de Roquetaillade : Les grands pèlerinages de France, Saint Denis)

Pour longtemps le péril allemand est écarté : l’Église et la France sont sauvées. Philippe Auguste a bien mérité de l’une et de l’autre.

À son fils incombera une autre tâche : détruire l’hérésie albigeoise dont les conséquences religieuses et politiques peuvent être considérables, puisqu’elle aboutit à un malthusianisme avant la lettre et à l’extinction de la race. Louis VIII la combat hardiment et meurt au retour de l’expédition.

Source : La mission divine de la France – Marquis de la Franquerie P.49

Publié par Napo

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